
Xavier Dorison Scénariste de Long John Silver
Xavier Dorison Scénariste de Long John Silver
Sceneario.com : comment à débuter cette association avec Matthieu Lauffray ?
Xavier Dorison: Entre Mathieu et moi, c'est une longue histoire d'amitié et de collaboration de plus de 10 ans et que je ne pourrais pas résumer ici... Pour faire court, j'ai écrit les séquenciers des 4 tomes de LJS en les "visualisant" dessinés par Mathieu... Et sans espérer une seconde que ce soit possible ! A la fois pour des raisons de disponibilité et, sans doute, parce que je n'osais pas espérer qu'ils lui plaisent. François Lebescond a eu le courage que je n'avais pas et a joué les entremeteurs. Mathieu a aimé et a trouvé la disponibilité en question....
Après, il s'est "emparé" du sujet (dans le meilleur sens du terme) et nous le travaillons ensemble. Nous sommes maintenant comme les personnages de cette histoire. Tous les deux sur le bateau, essayant de le faire avancer en utilisant nos forces et métiers respectifs... C'est une véritable aventure, et ça tombe plutôt bien !
Sceneario.com : Faire une suite à une œuvre très connue comme L’île au Trésor, c’est un peu risqué, l’éditeur a-t-il été facile à convaincre ?
Xavier Dorison: Le vrai risque ne vient pas de l'éditeur, qui a été un soutien dés le départ, mais plus de la légitimité que l'on peut, ou pas, avoir à reprendre un personnage célèbre... Entre le vol et l'hommage, la ligne est ténue... Comme nous l'avons dit en préface de LJS, le but initial du projet est de retrouver et recréer une partie, même infime, du sentiment d'évasion et de rêve créé par Stevenson. C'est sur cette base de "sincérité" que j'ai pris le risque...
Sceneario.com : Dans quel état d’esprit, se met-on quand on veut imaginer une telle suite ?
Xavier Dorison: Dans l'esprit classique d'un scénariste, c'est à dire totalement schizophrène ! Une partie de la création vient d'une approche totalement "sentie", "affective".... Quelles images a t'on envie de revoir ? Quel plan ? Quelle atmosphère ? Il faut fermer les yeux, écouter le bruit de la mer, le vent, et se laisser aller...
Et en même temps, (au juste après !) il faut faire fonctionner sa partie cérébrale ! Comment fonctionne un navire ? Quels sont les routes ? Qui étaient vraiment les pirates ? Quelle était leur psychologie, leur base sociologique ? Sur quoi repose leur mythe ? Etc... Là, c'est de la recherche, de la construction... Du travail, quoi !
Sceneario.com : Stevenson n’avait pas clairement définit la fin de son personnage, est-ce plus motivant pour lui créer un futur ?
Xavier Dorison: Plus que s'il lui avait collé une balle en pleine tête !
Sérieusement, la vraie ouverture que donne Stevenson est que l'on ne SAIT PAS, objectivement, si Long John est un salaud ou pas. Il a commis des actes "positifs" envers Jim, mais Stevenson s'est arrangé pour, toujours, les justifier par l'intérêt propre et direct de notre pirate. Clairement, Long John fait souvent preuve de concupiscence, parfois de solidarité, mais de générosité ?... Nul certitude sur le sujet. Chaque lecteur se fait son opinion. Et pour le coup, cette "suite" va nous donner l'occasion de donner notre réponse sur le personnage...
Sceneario.com : Le personnage de Long John Silver, même dans l’œuvre de Stevenson doit pour donner sa pleine mesure avoir un adversaire à sa mesure, est-ce le cas de Lady Hastings introduite ici ? N’aurait-il pas été possible de faire une suite sur long John sans cette esprit de confrontation ?
Xavier Dorison: Comme vous le verrez dans le tome 2, Vivian n'est pas à proprement parlé une "rivale", mais plus une "adjuvante". Là où son rôle va devenir fondamentale, c'est que, par son attitude, et par "contraste", elle va permettre à Silver de se révéler à lui-même. C'est un phénomène totalement normal ; c'est par la différence à l'autre que nous finissons par savoir qui nous sommes ! Là où la situation va se pimenter un peu, c'est que Vivian, robes et apparence mises à part, semble (et je dis bien "semble") être la transcription féminine de Silver. Elle manipule, elle séduit, elle ment et elle ne pense qu'à elle... Les deux personnages ont des munitions différentes, mais utilisent les mêmes armes...
Sceneario.com : Les références au roman ne sont pas légion, même si l’on note certain clins d’œil, est-ce pour ne pas perturber le lecteur ?
Xavier Dorison: Il y en aura d'autres par la suite, mais le but n'est pas de jouer les "raccords". Et, effectivement, dans cette histoire il ne faut, surtout pas, de clin d'oeil. Nous sommes totalement au premier degré. En aucun cas, il ne faut dire au lecteur "détendez-vous, ce n'est pas sérieux".... Là encore, la nuance tient à peu de chose, mais peut changer complètement le ton.
Sceneario.com : Comment sont nés les personnages secondaires de cette aventure ?
Xavier Dorison: Certains sont venus directement de la documentation sur les pirates, par exemple "le grisou", est venu en lisant des détails sur les "trucs" des cannoniers. J'imaginais ces marins au contact du feu, de la poudre, enfournant des "boulets ramés" (accrochés par des chaînes) dans leurs canons... Et j'ai vu un type couvert de suie !
Livesey est venu après une petite introspection... Et Vivian m'est littéralement "apparue" en lisant l'essai d'Elisabeth Badinter sur Madame D'Epinay et Madame du Châtelet (comme quoi...). Le mélange des deux caractères me paraissait particulièrement savoureux et leur "horreur" des enfants, plutôt amusante...
Sceneario.com : Cette suite, sera-t-elle l’occasion de revoir les autres protagonistes de l’œuvre de Stevenson ?
Xavier Dorison: Pas plus que dans le tome 1....
Sceneario.com : Si vous aviez a attribuer un prix de la meilleur BD 2007, vers laquelle iriez vous???
Xavier Dorison: Making Comics par Scott Mc Cloud
Sceneario.com : En toute modestie de notre part, qu'avez vous ressenti en recevant "Le Prix 2007 des Rédacteurs de Sceneario.com.
Xavier Dorison: Un grand plaisir. Le but est toujours de communiquer des envies et un rêve. Etre reconnu par des professionnels ou par ses paires laisse penser que l'on ne s'est pas totalement planté...
Xavier Dorison: Entre Mathieu et moi, c'est une longue histoire d'amitié et de collaboration de plus de 10 ans et que je ne pourrais pas résumer ici... Pour faire court, j'ai écrit les séquenciers des 4 tomes de LJS en les "visualisant" dessinés par Mathieu... Et sans espérer une seconde que ce soit possible ! A la fois pour des raisons de disponibilité et, sans doute, parce que je n'osais pas espérer qu'ils lui plaisent. François Lebescond a eu le courage que je n'avais pas et a joué les entremeteurs. Mathieu a aimé et a trouvé la disponibilité en question....
Après, il s'est "emparé" du sujet (dans le meilleur sens du terme) et nous le travaillons ensemble. Nous sommes maintenant comme les personnages de cette histoire. Tous les deux sur le bateau, essayant de le faire avancer en utilisant nos forces et métiers respectifs... C'est une véritable aventure, et ça tombe plutôt bien !
Sceneario.com : Faire une suite à une œuvre très connue comme L’île au Trésor, c’est un peu risqué, l’éditeur a-t-il été facile à convaincre ?
Xavier Dorison: Le vrai risque ne vient pas de l'éditeur, qui a été un soutien dés le départ, mais plus de la légitimité que l'on peut, ou pas, avoir à reprendre un personnage célèbre... Entre le vol et l'hommage, la ligne est ténue... Comme nous l'avons dit en préface de LJS, le but initial du projet est de retrouver et recréer une partie, même infime, du sentiment d'évasion et de rêve créé par Stevenson. C'est sur cette base de "sincérité" que j'ai pris le risque...
Sceneario.com : Dans quel état d’esprit, se met-on quand on veut imaginer une telle suite ?
Xavier Dorison: Dans l'esprit classique d'un scénariste, c'est à dire totalement schizophrène ! Une partie de la création vient d'une approche totalement "sentie", "affective".... Quelles images a t'on envie de revoir ? Quel plan ? Quelle atmosphère ? Il faut fermer les yeux, écouter le bruit de la mer, le vent, et se laisser aller...
Et en même temps, (au juste après !) il faut faire fonctionner sa partie cérébrale ! Comment fonctionne un navire ? Quels sont les routes ? Qui étaient vraiment les pirates ? Quelle était leur psychologie, leur base sociologique ? Sur quoi repose leur mythe ? Etc... Là, c'est de la recherche, de la construction... Du travail, quoi !
Sceneario.com : Stevenson n’avait pas clairement définit la fin de son personnage, est-ce plus motivant pour lui créer un futur ?
Xavier Dorison: Plus que s'il lui avait collé une balle en pleine tête !
Sérieusement, la vraie ouverture que donne Stevenson est que l'on ne SAIT PAS, objectivement, si Long John est un salaud ou pas. Il a commis des actes "positifs" envers Jim, mais Stevenson s'est arrangé pour, toujours, les justifier par l'intérêt propre et direct de notre pirate. Clairement, Long John fait souvent preuve de concupiscence, parfois de solidarité, mais de générosité ?... Nul certitude sur le sujet. Chaque lecteur se fait son opinion. Et pour le coup, cette "suite" va nous donner l'occasion de donner notre réponse sur le personnage...
Sceneario.com : Le personnage de Long John Silver, même dans l’œuvre de Stevenson doit pour donner sa pleine mesure avoir un adversaire à sa mesure, est-ce le cas de Lady Hastings introduite ici ? N’aurait-il pas été possible de faire une suite sur long John sans cette esprit de confrontation ?
Xavier Dorison: Comme vous le verrez dans le tome 2, Vivian n'est pas à proprement parlé une "rivale", mais plus une "adjuvante". Là où son rôle va devenir fondamentale, c'est que, par son attitude, et par "contraste", elle va permettre à Silver de se révéler à lui-même. C'est un phénomène totalement normal ; c'est par la différence à l'autre que nous finissons par savoir qui nous sommes ! Là où la situation va se pimenter un peu, c'est que Vivian, robes et apparence mises à part, semble (et je dis bien "semble") être la transcription féminine de Silver. Elle manipule, elle séduit, elle ment et elle ne pense qu'à elle... Les deux personnages ont des munitions différentes, mais utilisent les mêmes armes...
Sceneario.com : Les références au roman ne sont pas légion, même si l’on note certain clins d’œil, est-ce pour ne pas perturber le lecteur ?
Xavier Dorison: Il y en aura d'autres par la suite, mais le but n'est pas de jouer les "raccords". Et, effectivement, dans cette histoire il ne faut, surtout pas, de clin d'oeil. Nous sommes totalement au premier degré. En aucun cas, il ne faut dire au lecteur "détendez-vous, ce n'est pas sérieux".... Là encore, la nuance tient à peu de chose, mais peut changer complètement le ton.
Sceneario.com : Comment sont nés les personnages secondaires de cette aventure ?
Xavier Dorison: Certains sont venus directement de la documentation sur les pirates, par exemple "le grisou", est venu en lisant des détails sur les "trucs" des cannoniers. J'imaginais ces marins au contact du feu, de la poudre, enfournant des "boulets ramés" (accrochés par des chaînes) dans leurs canons... Et j'ai vu un type couvert de suie !
Livesey est venu après une petite introspection... Et Vivian m'est littéralement "apparue" en lisant l'essai d'Elisabeth Badinter sur Madame D'Epinay et Madame du Châtelet (comme quoi...). Le mélange des deux caractères me paraissait particulièrement savoureux et leur "horreur" des enfants, plutôt amusante...
Sceneario.com : Cette suite, sera-t-elle l’occasion de revoir les autres protagonistes de l’œuvre de Stevenson ?
Xavier Dorison: Pas plus que dans le tome 1....
Sceneario.com : Si vous aviez a attribuer un prix de la meilleur BD 2007, vers laquelle iriez vous???
Xavier Dorison: Making Comics par Scott Mc Cloud
Sceneario.com : En toute modestie de notre part, qu'avez vous ressenti en recevant "Le Prix 2007 des Rédacteurs de Sceneario.com.
Xavier Dorison: Un grand plaisir. Le but est toujours de communiquer des envies et un rêve. Etre reconnu par des professionnels ou par ses paires laisse penser que l'on ne s'est pas totalement planté...