Interview

Wilfrid LUPANO pour L’Honneur des Tzarom chez Delcourt

Sceneario.com: Comment vous est venue cette histoire de tziganes intergalactiques ? Erriez vous sur une aire de gens du voyage, face à la pleine lune, lorsque l’inspiration est venue ?

 

Wilfrid LUPANO: Presque. J’avais, je crois, envie d’un grand bol d’air. Et paradoxalement, je suis allé le chercher là où il n’y en a pas : dans l’espace. La science-fiction ne m’intéresse plus beaucoup, car elle est assez largement en panne, mais c’est un genre qui offre encore de belles possibilités sur le registre du comique. L’espâââce reste un espace de libertés, alors profitons-en.

 

Sceneario.com: Les tziganes représentent le lointain, la liberté, la rébellion contre les codes établis. Ce sont des thèmes qui semblent vous attirer en permanence non ?

 

Wilfrid LUPANO: C’est exactement ça. A l’heure des caméras partout, des GPS, des passeports biométriques, les gens du voyage me paraissent finalement des gens assez libres. On leur fait d’ailleurs payer très cher cette liberté. Et depuis toujours. Ils me sont donc très sympathiques. Je ne suis pas un spécialiste de la culture gitane, mais cet univers m’a toujours fasciné. C’est un mode de vie alternatif, et on a grand besoin d’alternatives.

 

Sceneario.com: Vous profitez de l’album pour égratigner un peu nos dirigeants, par exemple quand vous décrivez l’aire des gens du voyage instaurée par le gouvernement galactique. Le parallèle avec la réalité est assez saisissant. Ca vous révolte ?

 

Wilfrid LUPANO: Egratigner n’est pas vraiment le mot, car comme tu as du t’en apercevoir, cet album n’a qu’une ambition : le divertissement. Mais enfin le campement est une constante de l’identité gitane: accueillir les gens du voyage sera de plus en plus problématique dans nos sociétés, où l’on n’existe qu’à la hauteur de ce qu’on possède, et où le droit du sol devient de plus en plus prépondérant. On peut s’amuser à dresser un parallèle intéressant : de nos jours, plus l’argent circule vite d’un pays à l’autre, plus les gens galèrent pour parvenir au même résultat. Pour voyager peinard, il vaut mieux être un billet de banque qu’un individu.

 

Sceneario.com: Pourtant, vous avez surtout voulu parler de la joie de vivre ici. L’ensemble est très festif, musical. Ne resterait-il pas des traces de votre vie professionnelle antérieure dans ces planches ?

 

Wilfrid LUPANO: Flûte, gaulé. J’avoue tout: même dans la bande annonce de la série, je me suis fait plaisir en empruntant un morceau des Tobrogoï, groupe que j’ai souvent programmé dans le dernier établissement dans lequel j’ai bossé: le Filochard, à Toulouse. Encore merci à eux de nous avoir permis d’utiliser ce morceau ultra festif. Mais c’est surtout Paul qui a pris en charge la dimension festive de la série: le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas lésiné ! On a même du le freiner, tant il est devenu accro aux tissus imprimés et aux couvertures multicolores. Vous verriez son appartement, depuis qu’il dessine cette série ! Et sa garde-robe ! Un attentat visuel !

 

Sceneario.com: Comment avez-vous rencontré Paul Cauuet ?

 

Wilfrid LUPANO: C’est la faute à Delcourt. Il y a quelques années, ils nous ont empaquetés ensemble dans du cellophane. Alors forcément, ça crée des liens. Bon, je me rends compte que cette phrase n’est pas très claire, alors je m’explique: lorsqu’Alim 1 est sorti, Delcourt a fait une opération de promotion à base de cartes à collectionner (oui, je sais…) et notre album était vendu sous cellophane AVEC un tome d’Aster, la précédente série de Paul Cauuet. D’où dédicace ensemble, rencontre… Et là stupeur et tremblement, j’ai découvert que Paul était Toulousain ! D’un commun accord, nous nous sommes immédiatement lancés dans une longue série de soirées PVF (Pain-Vin-Fromage) qui n’a fait de bien à personne, disons-le franchement. Et surtout pas à la bande dessinée.

 

Sceneario.com: En combien de tomes est prévue la série ? Est-ce un dyptique comme “Célestin-Gobe-la-Lune” ?

 

Wilfrid LUPANO: Non, nous envisageons de faire des épisodes indépendants qui sont tous en 2 tomes. Ainsi, le prochain tome clôt cette première aventure, et le troisième sera le début d’une autre.

 

Sceneario.com: Concernant Célestin, qui est un personnage très attachant, songez vous à une suite ?

 

Wilfrid LUPANO: Eh bien tout à fait. C’est à l’étude…

 

Sceneario.com: Sur quels projets travaillez vous actuellement ? Quelle sera votre actualité en 2010 ?

 

Wilfrid LUPANO: Je retravaille avec Yannick Corboz sur une série intitulée L’ASSASSIN QU’ELLE MÉRITE, à paraître chez Vent d’Ouest. Je prépare également une série intitulée L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LES ARMES À FEU, chez Delcourt, avec un jeune dessinateur, Paul Salomone. Je travaille également à une nouvelle série avec Morgann, avec qui j’ai déjà réalisée L’ivresse des Fantômes. La nouvelle série s’appelle LES BRANQUIGNOLS, mais ne sera publiée qu’en janvier 2011 chez Delcourt (pour que le tome suivant paraisse vite après !). Il y aura également quelques autres petites surprises, dont je me garde de parler pour l’instant car je suis chafouin.

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