Interview

Un expert nous parle de Special Branch

Sceneario.com : : Bonjour Hamo. Ce mois ci voit donc la sortie de Special Branch chez Glénat et dont le scénario est signé Roger Seiter. Mais avant d’aborder ce sujet, peux tu te présenter, nous conter ton parcours et nous dire qui est vraiment Hamo ?

HAMO : Je suis né en 1982 dans une charmante ville Belge du nom de Namur. J’y fais mon petit bonhomme de chemin depuis 28 ans. Dès ma petite enfance, j’ai pris goût au dessin et à la musique. La chance, sans doute, à une famille plutôt ouverte à la culture. J’ai donc commencé l’accordéon diatonique à 6 ans et suis entré aux ateliers créatifs de l’Académie des Beaux-Arts de Namur quelques années plus tard. Vers 14 ans, je montais mes premiers groupes de musique et donnais mes premiers concerts… Mais d’un point de vue scolaire, c’était le dessin que j’avais en ligne de mire. Mes parents m’ont toujours encouragé dans ce sens (ma mère était alors libraire jeunesse), mais il a fallu attendre "d’avoir mon bac" pour entamer réellement des études d’illustration. A 18 ans je suis entré à Saint-Luc à Liège avec dans l’idée d’y apprendre le dessin et de réaliser des livres illustrés pour enfants. J’en suis sorti 3 ans plus tard avec de nouvelles perspectives.

Sceneario.com : Quels ont été tes influences ? Qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer dans la bande dessinée ?

HAMO :En fait, j’ai réellement découvert la BD à Saint-Luc, à 18 ans. J’y étais venu pour dessiner et peindre. Mon plaisir de dessiner, je le devais à mon grand- père Georges, avec qui j’avais beaucoup peint étant enfant. Il réalise encore aujourd’hui de magnifiques peintures à l’huile représentant des paysages de notre région. Mon arrivée dans la BD, c’est donc vraiment un pur hasard. Les garçons de ma section rêvaient de faire la BD alors que moi je m’orientais vers l’illustration jeunesse. J’ai donc découvert leurs influences BD (Loisel, Tardi, Pratt, Bilal, Comes, Conrad, Franquin,…). Et au fil du temps, en perfectionnant mon dessin, j’ai pris gout à ce support et j’ai terminé mon cursus par une dernière année dans la section BD, qui venait d’ouvrir. A cette période là, j’ai gagné un concours BD, qui m’a offert mon premier voyage à Angoulême. Le déclic est certainement venu à ce moment là, en rencontrant pour la première fois de jeunes auteurs et certains éditeurs. Tout ce petit monde de la BD m’a paru fort sympathique. J’ai par la suite découvert pas mal d’auteurs dont le travail m’a beaucoup plu et qui m’ont forcément influencé. Matthieu Bonhomme, Denis Bodart, Hugo Pratt, Janry, Dodier, Gibrat, Boucq, Mignola, Guy Davis, Jacques Lamontagne,… J’en oublie certainement quelques uns.

Sceneario.com : Connaissais tu l’œuvre de Roger Seiter avant de te lancer dans Special Branch ? Avais tu lu Fog dont Special Branch est en quelque sorte une série dérivée ?

HAMO : Oui, j’avais adoré Fog! Et le jour ou un dessinateur, rencontré en festival, m’a dit que Roger cherchait de nouveaux collaborateurs, j’ai saisi ma chance et l’ai contacté. Je terminais le tome 3 de Noirhomme et cherchais alors de nouveaux projets.

Sceneario.com : Comment Roger Seiter t’a-t-il choisi ?

HAMO :Lorsque je l’ai eu au téléphone, il m’a dit qu’il avait lu Noirhomme (qui était enfait édité chez Casterman, tout comme la plupart de ses séries) et qu’il avait apprécié l’histoire. Le dessin lui semblait également prometteur. En fait, je crois qu’il a été un peu surpris de notre jeune âge, à Antoine et moi (nous avions commencé la série alors que nous avions 24 ans). L’idée qu’un jeune illustrateur se colle à ce projet l’enthousiasmait. D’ailleurs, quelques autres dessinateurs s’y étaient risqués, mais sans succès auprès des éditeurs. Peut-être suis-je tombé au bon moment. Il cherchait quelque chose d’assez grand public.

Sceneario.com : Comment travailles t’on avec ce scénariste ?

HAMO : Pour ma part, à distance. Je dis "pour ma part", parce qu’avant moi, Roger n’avait travaillé qu’avec des Alsaciens (et Roger est Alsacien). Alors qu’habitant en Belgique, 400 km nous séparent. C’était donc une nouvelle expérience pour lui. Vu que le projet était écrit depuis un bon bout de temps, Roger a suivi mon travail à distance… tout en m’encourageant. C’est quelqu’un de très positif, c’est un vrai plaisir de travailler avec lui. Nous nous voyons de temps en temps en festival et malgré notre assez grande différence d’âge, le courant passe à merveille. Pour le reste, il est assez confiant et intervient peu dans la réalisation des planches, pour autant que "tout roule". J’aime ce genre de relation de confiance.

Sceneario.com :: As-tu rapidement trouvé le style, les personnages pour la série Special branch ou a-t-il fallu un moment avant de trouver le bon dessin ? Ton scénariste t’a-t-il suggéré un style dès le départ ?

HAMO : Pour ce qui est de la partie graphique à proprement parler, ce premier tome a été un véritable laboratoire. Je voulais quelque chose de moins traditionnel que ce que j’avais fait sur Noirhomme. J’ai laissé tomber l’encrage pour un rendu au crayon et une mise en couleur plus vivante, avec textures et ambiances fortes. J’ai pour l’occasion repris le rôle de coloriste, ce qui a également été une sacré remise en question graphique, étant donné que c’était la première fois que je m’y collais. Mais je suis content de cette expérience. J’ai également pas mal chipoté entre dessin sur papier et travail sur logiciel.

Sceneario.com : Special Branch est une série qui se déroule fin XIXème en Angleterre. Dans ce tome 1, c’est surtout Liverpool qui est mis en avant. Comment as-tu redonné vie à ces décors, ces lieux, cette atmosphère particulière ?

HAMO : J’ai passé beaucoup de temps à m’imprégner du travail de Roger, à me familiariser avec les personnage et surtout avec ce bateau, qui est une sacrée pièce (on l’aborde surtout dans le tome 2). J’ai regardé quelques films sur l’époque et je me suis également rendu à Londres et Liverpool, faisant le même trajet que Charlotte et Robin dans l’album. Johaness Roussel (dessinateur de HMS avec Roger au scénar) m’a également refilé pas mal de documents intéressants.

Sceneario.com : Dans le tome 1, vous mettez en scène aussi le Great eastern, un des plus grands paquebots de son temps dont le premier nom fut le Léviathan. Avais tu déjà entendu parler de ce navire avant de te lancer dans Special Branch ?

HAMO : Franchement, non. Mais bon, c’était l’occasion de découvrir la chose. J’ai pris beaucoup de plaisir, à Liverpool, à "enquêter" sur ce bateau.

Sceneario.com : Dirais tu que Special Branch sont « Les Experts » du XIXème siècle ?

HAMO : Oui, c’est d’ailleurs le slogan de la série. Un lien avec "Cold case" peut être également fait, étant donné que Charlotte et Robin enquêtent sur un meurtre commis 20 ans plus tôt. C’est amusant de voir que notre histoire peut faire écho à des séries télé actuelles que quasiment tout le monde connait. Après tout, c’est une enquête, comme on aurait pu en mener dans les années 30 ou même aujourd’hui; si ce n’est que le contexte est celui de l’Angleterre à la fin du 19ème siècle et qu’il a fallu jouer avec ces codes.

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour une BD ?

HAMO : Page Noire, L’envolée sauvage,…

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour un livre ?

HAMO : Malheureusement, je ne lis plus de romans depuis longtemps…

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour un film ?

HAMO :The wrestler.

Sceneario.com : Quel a été ton dernier coup de coeur pour une musique ?

HAMO : Hocus Pocus.

Sceneario.com : Merci pour ce temps passé avec nous. Et bonne continuation !

HAMO : Merci à vous. A plus.

Publicité