Interview

Un entretien avec Luc Brunschwig

Holmes T4 couv

Sceneario.com : Commençons par le tome 4 d’Holmes. (Tiens, au fait, on n’est pas loin de Bob Morane avec Holmes et le personnage du Colonel Moran, l’un des criminels imaginé par Conan Doyle) ! Cette série, avec Cecil au dessin, n’est pas le genre de récit habituel que nous voyons sur le personnage de Sherlock Holmes. Ce n’est pas vraiment une enquête du célèbre détective du 221 Bis, Baker Street ?

Luc Brunschwig : En effet. Lorsqu’avec Cecil nous avons commencé à réfléchir ce projet, nous nous sommes dits qu’il serait fou d’espérer nous montrer aussi fûtés que Sherlock Holmes et son créateur Conan Doyle. Sherlock doit ses incroyables capacités au fait que la société anglaise victorienne était très codifiée. Il « suffisait » donc de posséder une connaissance pléthorique des codes de cette époque pour décoder d’un regard tout un tas de choses… Or cette connaissance nous ne l’avions pas.  Nous avons donc décider de mener l’enquête à travers les yeux d’un personnage dont les capacités d’analyses nous semblaient plus proches des nôtres, à savoir l’ami et complice de Sherlock Holmes, le docteur Watson.

Mais quelle enquête souhaitions nous mener ? Il nous est très vite apparu qu’en fait, le seul mystère que Watson ait jamais eu envie de percer était celui du mystère qui entoure l’étrange personnalité de son compagnon d’aventures. Nous avons donc décidé de situer notre récit au moment de la mort de Sherlock Holmes aux Chutes de Reichenbach. Après la mort de ce dernier, quelques éléments viennent mettre la puce à l’oreille du docteur… et si les raisons de la mort de son ami n’était pas celles que Sherlock lui a laissé entendre dans sa lettre d’adieu ?

Cette enquête va l’amener à croiser la route des parents de Sherlock, son frère Mycroft et à lever le voile sur ce qui a construit le détective et en a fait cet être misanthrope, phalocrate, drogué et surtout, révêler pourquoi un garçon issu de la petite noblesse anglaise est devenu un détective privé, métier terriblement déshonorant aux yeux de sa famille.

Sceneario.com : Et pourtant, il y a un suspense, un mystère et tu arrives à jouer avec les nerfs des lecteurs. Comment fais tu ? Comment arrives tu à passionner le lecteur avec ce récit inattendu ?

Luc Brunschwig : Je crois que contrairement à beaucoup de personnages de polar du 19e et du 20e siècle qui étaient des enquêteurs et juste cela, une vraie envie de savoir et de comprendre Sherlock Holmes, de percer sa part d’ombre, les trous béants que Conan Doyle a laissé dans son histoire personnelle, a enflé au fil des décennies. Des romans ont été écrits qui abordaient ce sujet. Des films ont tenté de décoder le mystère Holmes. Cet homme fascine. Et je crois que c’est l’envie d’en savoir toujours plus sur lui, qui maintient l’intérêt de nos lecteurs sur notre propre récit.  D’autant que nous avons une vraie ambition de rester distrayant mais surtout de proposer aux lecteurs une explication surprenante à ce qui a construit la personnalité de Sherlock.

Holmes T4 couv

Sceneario.com : D’ailleurs, ce nouvel opus propose diverses intrigues dont une qui nous renvoie pendant la Guerre de Crimée. Comment as-tu choisi cette période ? Il y a-t-il quelque chose de spécial ? Ou bien est ce une part de l’actualité récente qui t’en a donné l’idée ?

Luc Brunschwig : Cette période à clairement quelque chose de spéciale pour nous, qui nous permettait d’exprimer beaucoup des préoccupations qui ont concouru à bâtir ce récit. Il y avait trois éléments en particulier qui se télescopaient durant cette guerre :

1) c’est la première guerre post révolution industrielle. La première guerre moderne menée avec des armes de destruction massive, qui a provoqué des pertes énormes et des blessures d’un nouveau genre.

2)  alors que la femme anglaise était corsetée et considérée comme le bras droit de son mari et non un être à part entière, une femme, Florence Nightingale a osé braver tous les interdits pour se rendre sur le champ de bataille et soigner les blessés, des blessés dont on s’occupait alors dans des conditions d’hygiènes lamentables.

C’était la naissance des infirmières au sens moderne du termes, administratrices, hygiènistes, assistantes médicales formées pour assurer des soins performants. C’était surtout la première fois que des femmes anglaises accèdaient à des lieux qui n’étaient jusque là accessibles qu’aux hommes.

3) Sherlock Holmes naît durant ce conflit.

Sceneario.com : Ton Holmes est aussi un très bon récit de famille. Dans tes œuvres, il y est souvent question de famille. Est-ce quelque chose d’important pour toi ?

Luc Brunschwig : Je suis resté chez mes parents avec mon frère jusqu’à mes 30 ans, avec, à portée de main, une tripotée de cousins, d’oncles, de tantes avec lesquels j’ai partagé presque toute ma vie.On ne parle jamais aussi bien que de ce qu’on connait bien… Ma famille était plutôt folklorique, entre rigueur juive alsacienne d’un côté et les origines italiennes plus bouillonnantes de mon grand-père maternel… tout ça donnait des choses rigolotes, exaspérantes aussi. Comme beaucoup de familles, il y avait des secrets, le souvenir de la seconde guerre mondiale et de ses horreurs et des comportements incompréhensibles (si on n’avait pas été jeté un œil dans les coulisses). J’adore jeter un œil dans les coulisses. C’est ce qui motive mon écriture depuis 25 ans maintenant…

Sceneario.com : Sur Holmes, tout est déjà écrit ou bien, te laisses tu quelques ouvertures pour laisser évoluer la série avec de nouvelles idées ?

Luc Brunschwig : Avec le prochain tome (le tome 5), nous engageons l’avant dernier volume de la série. L’heure est venue de refermer les pistes et de toucher au cœur de notre propos. Vous trouverez d’ailleurs dans le tome 5, une des scènes qui, je pense, va le plus surprendre… celle autour de laquelle tout le reste s’est construit. Ensuite, il faudra boucler cette histoire et le faire de façon chaleureuse, incarnée. Il n’est pas question de se contenter de faire tomber les dominos avec une espèce de froideur chirurgicale. C’est dans l’expression de ces moments d’humanité, dans les rapports entre les différents personnages, que je me réserve encore le droit aux surprises.

Holmes T4 couv

Sceneario.com : Cecil t’émerveille t’il toujours autant par son talent ? Est-ce qu’il intervient dans ton scénario ? Interviens tu dans sa partie ?

Luc Brunschwig : Travailler avec Cécil est une chance rare et un enchantement pour la rétine, c’est clair. Peu de dessinateur se donne au point de consacrer tout leur temps durant 3 années pour réaliser chaque volume de la série. C’est non seulement un travail d’orfèvre mais c’est surtout le travail d’un artiste qui cherche à incarner autant ses personnages que l’époque qu’ils traversent. Or c’est précisément le challenge de notre histoire : raconter comment la famille Holmes traverse son temps, vit les heurts de l’histoire de la seconde moitié du 19e siècle, un changement radical de la façon dont l’Angleterre voit le monde. Je pense qu’une des raisons de cette implication totale, voir un peu folle, est que le projet nous est commun. C’est en discutant en décembre 2000 du personnage de Sherlock que nous nous sommes rendus compte de notre fascination commune pour la légende et de notre envie d’y apporter notre pierre.

Donc, oui, Cecil participe à l’élaboration du scénario au niveau de ses thématiques et moi, je me permets d’intervenir dans son dessin pour que nous soyons toujours au plus juste de l’émotion de nos personnages.

Holmes T4 couv

Sceneario.com : Il y a aussi, en ce mois d’octobre 2015, la sortie du très attendu Bob Morane Renaissance au Lombard. Rapidement, peux tu nous dire comment tu t’es retrouvé associé à cette reprise.

Luc Brunschwig : C’est Christophe Bec qui m’a proposé le projet au début de l’année 2012. Depuis quelques mois, il travaillait avec le Lombard à l’idée d’une reprise des aventures de Bob Morane. Comme Christophe souhaitait se consacrer  uniquement à la partie graphique, ils cherchaient ensemble un scénariste pour l’accompagner dans ce challenge.

Mon nom a été évoqué et Christophe a pris contact avec moi. Sur le moment, je n’avais pas de réponse et j’ai demandé à ce qu’on me laisse le temps de voir ce que je pouvais faire du personnage. J’ai très vite réalisé qu’un aventurier comme Bob Morane a cet avantage rarissime de traverser le monde, d’être le témoin de la façon dont celui-ci évolue. Or, c’est précisément une thématique récurrente dans mes scénarios : l’évolution de la société, où notre monde va, comment, et surtout pourquoi ? Bob Morane pouvait devenir pour moi un magnifique moyen de parler de tous ces sujets sociaux, géopolitiques, mais aussi d’en parler de façon extrêmement dynamique. J’ai dit banco.

Malheureusement, l’idée de transposer Bob Morane dans un contexte modernisé n’a pas été retenu par Christophe Bec qui avait davantage envie de travailler sur l’aspect vintage du monde dans lequel le personnage est habitué à évoluer.

Du coup, je me suis retiré de l’équation, sans me douter que quelques mois plus tard, le Lombard allait me demander si j’étais toujours dans l’envie de développer ce Bob Morane contemporain.

Sceneario.com : Etais-tu un fan des romans d’Henri Vernes ? Des précédentes adaptations en bandes dessinées ? As-tu relu certaines œuvres de Vernes pour te plonger dans cette aventure ? Est-ce la chanson du groupe Indochine qui te hante depuis sa sortie dans les années 80 ?

Luc Brunschwig : J’avoue que je n’étais pas du tout lecteur des romans d’Henri Vernes. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai hésité dans un premier temps à dire, oui. Mais en me plongeant dans son travail, j’ai compris tout le potentiel du personnage. Outre le regard qu’il pouvait porter sur le monde, Morane défend des valeurs de solidarité et d’entraide qui ne sont pas vraiment très en vogue en ce moment, dans nos sociétés de plus en plus individualistes et repliées sur leurs acquis. Pourtant, ce sont des valeurs avec lesquelles j’ai grandi et qui me semblent essentielles. J’avais envie de développer un tel personnage et essayer de voir comment ses valeurs pouvaient rester crédibles dans un monde qui a de plus en plus tendance à les moquer.

Sceneario.com : Quels ont donc été tes influences  pour Bob Morane?

Luc Brunschwig : Je suis depuis l’adolescence un fan de comics américains. Pour Bob Morane et ses acolytes,  il me semblait essentiel de les réinventer commes les américains osent réinventer leurs grandes icônes presque toutes les décennies.

Aujourd’hui, un Batman ou un Captain América qui ont pourtant plus de 70 ans restent des personnages d’une totale modernité, parce qu’ils ont été repensé par de nouvelles générations d’auteurs souvent très talentueux.

Imaginons maintenant que les américains représentent toujours Batman dans son justaucorps un peu ridicule… existerait-il encore… ? Y aurait-il des gens pour lire ça ? Donc, nous avons décidé de faire pareil et de recréer Bob Morane, de lui redonner des motivations justifiant son implication dans l’histoire contemporaine. C’est un surdoué, d’origine très modeste, diplômé des grandes écoles, qui a été élevé par sa tante dans des valeurs de générosité. Il s’engage dans l’armée pour mettre son savoir au service des autres… mais il va aller de désillusion en désillusion. C’est la façon dont ces désillusions vont le construire, le révolter et en faire l’Aventurier qui constitue la trame des premiers tomes de la série.

Sceneario.com : Comment est née cette collaboration avec Aurelien Ducoudray ?

Luc Brunschwig : En fait, on m’a proposé Bob Morane a un moment où je n’étais pas sûr de poursuivre une carrière de scénariste. Je traversais une période de grandes difficultés dans l’écriture et j’envisageais très sérieusement de me reconvertir dans autre chose d’ici quelques années. Il ne me semblait donc pas correct de m’engager auprès du Lombard alors que je pensais quitter ce métier assez rapidement.

Je leur ai donc proposé de créer cette nouvelle vision de Bob Morane en compagnie d’un second scénariste qui pourrait donc poursuivre naturellement le travail engagé une fois que j’aurais raccroché les gants.

Heureusement, dans l’intervalle, le plaisir d’écrire est revenu, presque plus intense encore qu’avant cette période troublée. Mais la collaboration avec Aurélien se justifie toujours, ne serait ce que parce que mon compagnon est un baroudeur bien plus crédible que je ne le serais jamais. Il a commencé comme reporter photographe et a traversé une partie de l’Europe et de l’Afrique pour réaliser des documentaires.

Et puis, Aurélien est un dialoguiste naturel qui ramène de l’énergie et de la légèreté dans la lecture, aérant le propos et le rendant plus digeste.

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Sceneario.com : Comment a été choisi Dimitri Armand pour la partie graphique ?

Luc Brunschwig : Dimitri était le choix de Gauthier Van Meerbeeck le directeur éditorial du Lombard. Gauthier le voulait pour les influences très modernes et très bien digérés qu’il exprimait dans son graphisme. Un dessin à la croisée des 3 influences majeurs de la BD : le comics, le franco-belge et le manga. Très vite, nous avons échangé sur les réseaux sociaux avec Dimitri. Nous avons découvert un garçon charmant, volontaire, très impliqué dans ce qu’il fait. C’était très amusant d’ailleurs, parce que même si Bob Morane était une commande d’éditeur, l’histoire que nous lui proposions lui plaisait tellement, exprimait tellement de choses qui lui parlaient, qu’il nous a dit avoir la sensation de travailler sur un projet personnel. Ca nous a enchanté.

Sceneario.com : Est-ce que la vision graphique de spersonnages a-t-elle été difficile à trouver ? Ou bien d’entrée, les personnages sont sortis du crayon d’Armand ?

Luc Brunschwig : Lors de notre premier contact, Dimitri nous a dit que Gauthier lui avait envoyé notre note d’intention dans laquelle nous développions les histoires de vie et les caractéristiques physiques et psychologiques de chacun des personnages que nous souhaitions mettre en scène dans ce tome 1. Il avait commencé à croquer certains personnages. Bob Morane évidemment, mais surtout Bill Ballantine. Je dis « surtout » parce que son personnage était tellement fort visuellement, il semblait avoir une telle assise, qu’on pouvait presque lire en lui, une histoire, certes proche de la nôtre, mais qui s’enrichissait encore de nouvelles pistes. Et quand un dessinateur vous donne du grain à moudre, c’est quasi gagné d’avance.

Pour Bob Morane, ça  a été un peu plus difficile. Dans les premières propositions, Bob nous semblait un peu trop transparent, manquant d’aspérités. Nous avons réfléchi tout ça à trois, en évoquant des acteurs qui pourraient jouer le rôle et au final, on s’est mis d’accord sur un mix entre Mel Gibson jeune et Javier Bardem. J’avoue que le challenge paraissait un peu improbable, mais là encore, Dimitri a relevé le défi haut la main.

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Sceneario.com : Le récit du ce nouveau Bob Morane est un excellent thriller qui démarre plutôt bien. Quels ont été les influences pour le point de départ de l’intrigue ?

Luc Brunschwig : L’influence, c’est vraiment notre monde, la façon dont je le vois et dont Aurélien le voit. Nous avons réfléchi à la façon dont la planète allait évoluer dans les prochaines années, quelles seraient les tendances sociales, technologiques et vers quoi tout cela allait nous entrainer.

Nous avions envie de parler du néo-colonialisme, cette façon insidieuse de pervertir un état sous couvert d’entraide pour qu’il se laisse piller par tel ou tel pays plus riche.

Nous évoquons dans ce premier tome les luttes souterraines entre les différentes nations intéressées par les richesses du sol africain d’où notre titre : les Terres Rares qui fait allusion à ses métaux précieux présent en faible quantité et qui permettent la mise au point de toutes les technologies modernes informatique et neuro-scientifiques nécessitant une conductivité extrêmement rapides des impulsions électriques.

Sceneario.com : Avez-vous posé quelques bases au départ pour les suites prévues ?

Luc Brunschwig : Oui. Nous allons travaillé par dyptiques et avons déjà prévu les trames pour les 4 premiers (soit 8 tomes). Nous avons voulu que certains événements au second plan de l’histoire principale deviennent la trame majeure du cycle suivant. Ou bien que les conséquences de la présence d’une nouvelle technologie puisse se ressentir sur plusieurs cycles. Le premier cycle va se dérouler sur le sol africain, le second en Ukraine, le troisième en Chine et le 4e marquera le retour de Bob Morane au Nigéria.

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Sceneario.com : Luc, comment travailles tu avec Ducoudray et Armand sur Bob Morane ?

Luc Brunschwig : Nous mettons l’histoire au point avec Aurélien puis nous faisons valider le scénario par Dimitri. Ensuite, Aurélien développe une suite dialoguée qu’il m’autorise à bousculer comme je l’entends afin de réaliser le découpage dynamique et percutant qu’exige ce type de récit très tendu. Je fais valider par Aurélien, puis nous envoyons à Dimitri qui nous fait ces remarques avant de nous proposer un découpage graphique que nous discutons ensemble, car à ce stade tout peut encore être améliorée sans que cela exige du dessinateur qu’il recommence tout. Une fois le découpage validée, Dimitri attaque les planches qui sont ensuite confiées à Facio, notre excellent coloriste qui vit à Mexico.

Sceneario.com : Cette fin d’année 2015 est aussi chargé puisque va sortir l’intégrale du Pouvoir des Innocents, dont on peut lire actuellement les « suites » chez Futuropolis : Car l’Enfer est Ici et Les Enfants de Jessica. Peux tu nous dire quelques mots sur cette série qui a marqué de nombreux lecteurs ?

Luc Brunschwig : Le Pouvoir des Innocents est ma toute première série. Le premier tome est paru en 1992, il y a donc 23 ans… On pourrait s’imaginer que le récit s’est éventé avec le temps, qu’il s’est ringardisé, mais, non. En fait, il n’a jamais eu autant d’échos dans la réalité. Ca parle de la façon dont la politique écrase les citoyens, comment les politiciens aux ordres de l’industrie et des grandes fortunes ont confisqué au peuple sa parole, en ne lui offrant que des solutions standards et dogmatiques, qui  ne prennent pas en compte l’intérêt des petites gens.

Le Pouvoir des Innocents est un thriller politique, qui raconte comment on va tenter de rendre au peuple l’espoir et son droit à avoir des dirigeants qui travaillent réellement et sincèrement pour leurs électeurs et non pour eux-mêmes.

C’est la série qui m’a fait connaître. Le premier et le dernier tome ont été nommés à Angoulême pour le meilleur scénario de l’année. L’aspect prophétique de ce récit me laisse encore pantois. J’ai écrit tout ça alors que je n’avais que 22 ans… espérant sans trop y croire composer un récit assez juste sur le monde. Jamais je n’aurai imaginé que cette justesse serait toujours valable si longtemps après sa création.

C’est un sujet de fierté et d’étonnement pour moi, parce qu’à l’époque j’étais tout sauf un spécialiste du sujet et qu’il y avait toutes les chances pour que je me vautre lamentablement.

Sceneario.com : Qu’est ce que cela te fait de la voir à nouveau « revenir » en intégrale, chez les libraires ?

Luc Brunschwig : Je ne sais pas si c’est une réponse valable, mais nous avons signé le tome 1 du Pouvoir des Innocents le 12 novembre 1990… Le hasard veut maintenant que cette intégrale sorte le 12 novembre 2015 soit 25 années jour pour jour après que j’ai démarré ma carrière de scénariste de BD. C’est un merveilleux cadeau d’anniversaire. Un cadeau inespéré.

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Sceneario.com : Quels sont tes projets à venir ?

Luc Brunschwig : En deux mots, il y aura une nouvelle collaboration avec Aurélien Ducoudray en compagnie du dessinateur Florent Bossard pour une série intitulée LEVIATHAN, un survival dans un Marseille victime d’une catastrophe dont on ne mesurera l’ampleur et les conséquences qu’au fur et à mesure du récit.

Il doit aussi y avoir une reprise de PHOTONIK, le super-héros créé en 1980 par Ciro Tota pour le magazine Mustang des éditions Lug. Je suis accompagné sur ce projet par Stéphane Perger. Sinon, il y aura tout au long de 2016, les suites du second cycle du Pouvoir des Innocents, de Bob Morane et je l’espère d’Urban.

Sceneario.com : Merci Luc pour ce temps passé avec nous.

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