Interview

Tommy Redolfi

Sceneario.com : Bonjour Tommy Redolfi ! Illustrateur et auteur de bandes dessinées, votre premier titre, Rayban Dog, paraît en 2003 aux éditions Paquet alors que vous n’avez que 24 ans. Pouvez-vous nous résumer votre parcours artistique et nous rappeler dans quelles conditions s’était déroulée votre première recherche d’éditeur ayant abouti ?

Tommy Redolfi : Après un bac L, j’ai intégré l’école d’arts graphiques Emile Cohl à Lyon. J’y ai passé 4 années à étudier tout ce qui concernait le dessin (modèles vivants, BD, animation, sculpture…) C’est pendant mes deux dernières années de scolarité que j’ai rencontré Pierre Paquet (des éditions Paquet) qui venait souvent avec ses auteurs à la librairie Expérience. Pour les regarder travailler, mais aussi pour jeter un coup d’œil aux books. Deux ans après l’obtention de mon diplôme sortait Rayban Dog

Sceneario.com : Depuis 2003, c’est pas moins de 6 bandes dessinées que vous affichez au compteur. Et parmi elles, la moitié sont des adaptations. Ce sont d’ailleurs des titres que vous signez seuls alors que les autres sont des collaborations avec des scénaristes. Doit-on déduire de ce constat que Tommy Redolfi ne se sent pas encore prêt à raconter ses propres histoires ?

Tommy Redolfi : Et bien si ! Et j’en ai une superbe au chaud mais comme je suis extrêmement superstitieux, je n’en parlerai pas avant que le projet soit signé !!! 🙂

Sceneario.com : Autre constat : vos 6 titres sont parus chez 5 éditeurs différents. Comment cela s’explique-t-il ? Une volonté de changer de cadre ? Le fait de propositions qu’il a fallu saisir, émanant d’un éditeur ou d’un scénariste à un moment propice ?

Tommy Redolfi : En fait, chaque cas est un cas particulier. J’ai commencé chez les éditions Paquet avec 2 albums. J’ai ensuite proposé à Pierre le projet Viktor pour sa collection Ink mais à ce moment-là, Pierre voulait privilégier les récits autobiographiques. Ce qui n’était pas le cas de Viktor. Je l’ai donc proposé à la Boîte à Bulles qui s’est montrée très enthousiaste. S’en est suivie une proposition de collaboration avec Sylvain Ricard (que j’avais rencontré quelques mois avant) sur le collectif Vampyres. Une commande des éditions Dupuis, en quelques sortes. Quant aux Contes d’Hoffmann, ils correspondaient complètement à la collection « Ex-Libris » des éditions Delcourt. J’aurais bien eu tort de m’en priver !

Sceneario.com : Viktor est une bande dessinée en noir et blanc quand toutes vos autres sont en couleurs. Ce choix vous a-t-il appartenu ? Et préférez-vous travailler en couleurs ou en noir et blanc ?

Tommy Redolfi : Viktor est un vieux conte. Le noir et blanc s’est immédiatement imposé. De plus, je voulais travailler l’aspect gravure tout en m’inspirant de films expressionnistes comme Le cabinet du docteur Caligari et l’aquarelle n’était pas la bonne technique de mise en valeur : l’image allait être beaucoup trop chargée. C’est la raison pour laquelle je me suis orienté vers une "mise en couleur" numérique plus discrète. Il est évident que je préfère travailler la couleur qui à mon sens raconte autant de choses (si ce n’est d’avantage) que le dessin lui-même. D’ailleurs, une réédition de Viktor pour enfants devrait paraître le 1er avril. En couleurs, cette fois-ci. Elles seront signées Svart.

Sceneario.com : Votre actualité, c’est le récent tome 1 du collectif Vampyres (Dupuis) où vous co-signez le dessin, et c’est aussi, encore plus fraîchement, le tome premier de la série Les contes d’Hoffmann, dans la collection Ex-Libris des éditions Delcourt. Alors dites- nous… Comment « entre-t-on » auteur dans cette collection Ex-Libris : a-t-il été fait appel à vous, auquel cas : avez-vous eu le choix parmi plusieurs œuvres à adapter ? Ou bien aviez-vous dans vos cartons ce projet à présenter qui a collé avec la ligne éditoriale de la collection ?

Tommy Redolfi : J’avais depuis longtemps dans l’idée d’adapter un des contes de Hoffmann. C’est le choix du conte qui a été très difficile. Curieusement, c’est José-Louis Bocquet (directeur de la collection Air Libre chez Dupuis) qui m’a orienté vers Jean-David Morvan qui dirige la collection Ex-Libris, pensant que le projet pouvait beaucoup l’intéresser. La rencontre avec le scénariste a été tout simplement magique.

Sceneario.com : Comment abordez-vous les adaptations que vous réalisez ? Quels sont les écueils à éviter ? Où sont les facilités ? Dans quelles mesures vous sentez-vous libre de vous en éloigner ?

Tommy Redolfi : Question difficile… Je pense que pour faire une bonne adaptation, il faut parvenir à ne plus être aveuglé par la qualité du récit original. Prendre le plus de recul possible pour en saisir l’idée dominante. Je pense que c’est ensuite à celui qui s’attelle à l’adaptation d’y transposer son propre univers.

Sceneario.com : Combien de tomes des Contes d’Hoffmann sont prévus ?

Tommy Redolfi : En ce qui me concerne, il est possible que ce soit le seul. Même s’il y en aurait encore tellement d’autres aussi passionnants…

     

Sceneario.com : Ah, et… une petite question subsidiaire, pour finir… Votre site internet est accessible en anglais, en italien. C’est à noter même si ces langues sont somme toutes assez familières sous nos latitudes, mais il est également disponible… en finnois ! Cela a -t-il un rapport avec une expérience artistique (on se souvient que la BD Finlandaise avait été à l’honneur il y a quelques années à Angoulême) ou bien l’ explication est-elle à chercher carrément ailleurs ?!?

Tommy Redolfi : Beaucoup de membres de ma famille étant Italiens, Américains et Finlandais, je me devais de tous les tenir informés de mon actualité ! 😉

Sceneario.com : Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions ! Et bonne continuation !!!

Tommy Redolfi : Merci à Sceneario.com et merci à vous, Sylvestre ! Votre critique autour de Viktor m’avait fait beaucoup de bien !

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