Interview

Tarek et Vincent Pompetti pour Sir Arthur Benton T2.2

Sceneario.com : Bonjour, Tarek ! Avant toute chose, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous rappeler les grandes lignes de votre parcours artistique ?

Tarek : Que dire ? Je suis scénariste de bandes dessinées depuis bientôt dix ans et j’ai connu plusieurs éditeurs, dont le premier était Vents d’ouest avec la série Le Prophète de Tadmor. Mais avant cela, j’ai voyagé et habité dans de nombreux pays d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient… Le plaisir d’écrire est assez ancien : il se concrétise, en 1991, par la publication d’un livre d’art, Paris Tonkar, aux éditions Florent Massot (vendu en langue française dans 14 pays et actuellement la référence sur les débuts du Graffiti Art en France) puis le lancement d’une revue consacrée à l’art des rues, 1Tox.

En parallèle, j’étudiais à la Sorbonne l’histoire, l’Arabe classique puis l’histoire de l’art avec un passage à l’école pratique des hautes études en section de philosophie où je découvre un grand monsieur, Jean Jolivet, spécialiste de Saint-Thomas d’Aquin et Al-Farabi. Étude et écriture, deux occupations qui m’ont permis d’avoir une certaine rigueur dans mon travail de scénariste « multi-tâches » puisque j’écris aussi bien pour les ado-adultes que pour les plus jeunes. Et ce, depuis mes débuts…

Ainsi, chez Pointe Noire, j’étais directeur de la collection jeunesse P’tit Gibus dans laquelle j’ai sorti ma première BD jeunesse, il s’agissait de Chamouraï et les 40 Rannins. Les éditions Soleil ont été un tournant dans mon parcours mes albums jeunesses Cyrill et les ombres du bois cendré et Les aventures d’Irial rencontrent à la fois le succès populaire et celui du monde de l’éducation. Ces deux titres obtiennent de nombreux prix (j’ajouterai que tous mes albums jeunesses ont été primés et/ou reconnus par des institutionnels). Tout cela pour dire que j’ai beaucoup travaillé pour que mes livres se fassent, mais aussi que je suis allé à la rencontre du public depuis mes débuts, sans rechigner et avec joie… Donc, ce qui m’arrive par la suite avec Sir Arthur Benton ou Les Trois petits cochons n’est que la conséquence logique de mes premières années chez des éditeurs qui croyaient en moi (j’associe bien évidemment les dessinateurs qui ont réalisé les BD et qui ont eu le même comportement que moi).

Être présent dans les salons au contact de mes lectrices et de mes lecteurs est une chose importante pour moi car j’aime l’idée « d’échange » avec des gens qui ont lu mes histoires. Je continue toujours à me rendre dans certains petits salons en remerciement du soutien que les organisateurs nous ont apporté à nos débuts.

Sceneario.com : Aviez-vous prévu, avant que le premier cycle soit terminé, qu’une seconde trilogie suivrait ? Est-ce l’Histoire qui vous a démangé pour ne pas vous arrêter à la Seconde Guerre Mondiale ou bien sont-ce plutôt vos personnages qui vous ont prié d’utiliser un peu plus longtemps le potentiel qu’ils avaient encore ?

Tarek : Pour être franc, je n’avais prévu que la trilogie consacrée à la seconde guerre mondiale lorsque j’ai commencé l’aventure avec Stéphane Perger. Ce n’est qu’à la sortie du premier tome, Opération Marmara, que l’idée d’une suite a germé dans mon esprit, mais je n’en ai pas parlé au dessinateur à ce moment-là. Stéphane est avant tout une rencontre humaine et artistique marquante dans mon parcours. Après la sortie du tome 1, nous apprenons à nous connaître autrement que par email et téléphone, grâce aux nombreux salons où nous nous retrouvons pour des séances de dédicace. Je lui en parle à la fin du tome 2, mais d’une manière allusive… Entre-temps, je commence Raspoutine avec Vincent Pompetti et Œil brun , œil bleu chez Theloma (à cause de soucis financiers, l’éditeur nous rendra aimablement nos droits pour nous permettre de le terminer ailleurs)… Et à vrai dire, je ne savais pas encore que Stéphane ne dessinerait pas la suite. Lorsqu’il m’annonce qu’il ne s’engagerait pas dans un second cycle, je n’ai pas encore de piste pour un autre dessinateur. Cependant, il accepte qu’un autre dessinateur prenne la suite dans la mesure où celui-ci ne remet pas en cause la qualité intrinsèque de la trilogie. Le nom de Vincent s’impose assez facilement pour nous. Bref, la passation de la « plume » s’opère avec douceur. Il me faut un an pour écrire et mettre en place les nouvelles histoires… Vincent termine Raspoutine à cette époque.

Sceneario.com : On sait que Stéphane Perger travaille actuellement sur sa série Sequana. Est-ce la seule raison pour laquelle il n’a pas continué de mettre en images Sir Arthur Benton ?

Tarek : Je crois que Stéphane avait vraiment envie de faire Sequana, un projet qu’il porte depuis bien plus longtemps que Sir Arthur Benton. Une fois notre trilogie terminée, il enchaîne sur sa série où, selon moi, il réalise de magnifiques planches pas forcément comprises par certains. Je respecte son choix et j’ajouterai qu’il s’est comporté avec élégance dans le devenir de la série Sir Arthur Benton, s’impliquant dans l’exposition qui lui a été consacrée au Mémorial de Caen en 2008 et pour laquelle il a réalisé les affiches…

J’ai eu la chance de monter cette exposition avec l’équipe du Mémorial et, plus particulièrement, avec Isabelle Bournier et Franck Marie. Je dois avouer que ce projet était en discussion depuis 2006 et que, durant tout ce temps, j’ai discuté, fait des propositions pour aboutir au concept qui a servi à mettre sur pied l’événement muséal que plusieurs milliers de personnes ont eu la chance de voir. Le directeur du Mémorial, Monsieur Grimaldi, nous a soutenus tout au long de la préparation.

           

Enfin, Stéphane continue à réaliser la maquette des dossiers avec la même efficacité visuelle et graphique que pour nos albums communs. Pour une fois que les choses sont simples… Et j’aime le rappeler.

 

Sceneario.com : Ce tome 2 du cycle II s’attarde sur la Tchécoslovaquie, mais on sait que dans l’Europe de l’après-guerre, de nombreux autres événements auraient pu prétendre être traités par vous… et taillés pour Benton et Marchand. A-t-il été difficile de faire un choix sur le pays à mettre en lumière ou bien la Tchécoslovaquie s’est-elle imposée naturellement pour la série ?

Tarek : Tous les thèmes que nous traitons dans le cycle Guerre froide sont le résultat d’une discussion entre Vincent et moi. Cependant, le Coup de Prague de février 1948 est un tournant décisif aussi primordial que la construction du mur de Berlin ou la crise de Cuba. Le tome 1 concerne le tout début des tensions et, forcément, cela se déroule surtout à Berlin et en Autriche… Donc dans les anciens pays dirigés directement par les Nazis. C’est surtout pour le tome 3 que le choix s’est posé avec plus de force : nous avons tranché en faveur de… (Il faudra attendre la sortie du dernier tome de la série pour avoir la réponse !!!)

Sceneario.com : En qualité de scénariste de bandes dessinées, vous documenter sur des lieux, des époques et des gens doit forcément vous faire entrevoir dans les pays voisins des tas de choses qu’il serait tout aussi intéressant d’aborder. Comment gérez-vous cette frustration de ne pas avoir assez d’une vie pour pouvoir parler de tout ?

Tarek : Je ne suis jamais posé cette question. Ma formation m’a appris à travailler sur un sujet précis en tenant compte de tout le reste sans pour autant être frustré. Toutefois, je vais sûrement faire des livres avec de nouvelles personnes pour explorer des domaines encore vierges et qui me tiennent à cœur. Mais là encore, je ne peux en dire plus !

Sceneario.com : Benton et Marchand tutoient l’Histoire, mais le réalisme vous empêche d’en faire des héros qui seraient encore alertes au milieu de conflits plus récents comme les guerres d’ex-Yougoslavie, ou plus éloignés sur la planète. Jusqu’où iront-ils ? Le savez-vous déjà ? Et… Leurs personnages vous inspirent-ils déjà des « cousins à eux » que vous allez envoyer vers d’autres aventures historiques ?

Tarek : Ce que je peux dire, c’est que cette série se terminera avec le prochain tome. Pour la suite, je ne sais pas encore ou, du moins, je pense que je ferai une pause avant de prendre la décision de faire des histoires issues de cet univers ou pas.

Sceneario.com : Vous êtes un auteur prolifique. Auriez-vous deux-trois trucs à nous dire sur les projets qui attendent dans vos cartons (ou qui en débordent !) ?

Tarek : On me le dit souvent et pourtant, sans fausse modestie, d’autres collègues scénaristes sortent par an ce que j’ai publié ces dix dernières années. En revanche, je pense que la plupart de mes albums (très différents et s’adressant à des publics très divers) ont été remarqués grâce au nombre croissant de lecteurs qui me suivent et aux diverses récompenses que j’ai obtenues dont le Saint-Michel du meilleur scénario en 2007 pour Sir Arthur Benton. Les trois petits cochons et Le petit Mamadou Poucet ont été sélectionnés à Angoulême en 2007 et 2008 pour le prix Poitou-Charentes, sans parler des traductions à l’étranger… Donc pas prolifique, mais régulier et présent en BD adulte tout comme en BD jeunesse à la fois en librairie et sur le terrain : ateliers, conférences, expositions et utilisation de certaines BD dans les programmes scolaires ou dans les recherches universitaires.

Pour le moment, je suis sur la réédition de Paris Tonkar. Sinon, mes autres projets… J’en ai plusieurs et je n’en dirai pas un mot sauf peut-être que je vais travailler avec des éditeurs différents, correspondants à mes nouveaux choix d’écriture, en France et ailleurs, dans les domaines de la bande dessinée, du documentaire, du dessin animé, de la littérature et peut être même dans le cinéma ! J’en ai dit assez, je crois.

Sceneario.com : Merci pour avoir bien voulu répondre à ces quelques questions. Je me tourne maintenant vers Vincent Pompetti… Bonjour ! Et… Même supplice, puisque c’est la première interview que vous donnez à Sceneario.com : pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous rappeler les grandes lignes de votre parcours artistique ?

Vincent Pompetti : Bonjour. Qui sommes-nous vraiment, c’est une question difficile. Comment résumer un individu, si on part du principe que l’on évolue ? Je dirais simplement que j’ai, aussi loin que je me rappelle, toujours eu le dessin dans le sang. Je savais qu’il allait être le point central de ma trajectoire. Pourtant, je suis également un grand lecteur et le plaisir de raconter, de créer des histoires passe avant tout. Dans ma prime jeunesse, j’étais plutôt cyclothymique : je m’investissais des semaines ou des mois dans un sujet afin d’en connaître, à mon sens, tous les recoins. La BD ne pouvait donc que me plaire. Toutefois, ce n’est qu’à la fin de mes études aux Beaux-arts de St-Luc que cela s’est décidé. J’ai commencé ensuite par faire une œuvre de jeunesse, en couleurs directes, dans la collection Carrément BD de Glénat.

La peinture et la couleur sont très importantes dans le sens où ce qui m’intéresse, c’est la vie, que l’histoire soit la plus vivante possible. Que l’on sente le mur vieilli, les différentes expressions sur les visages, ou encore une atmosphère. Lorsque j’ai rencontré Tarek, j’ai compris que nous avions nombre de points communs et j’ai décidé de collaborer avec lui sur le long terme, tout en continuant à écrire des projets à mon rythme.

Sceneario.com : Si l’on fait abstraction d’une participation de Stéphane Perger à la série Le Poulpe, en 2001, on peut dire qu’on a découvert son style avec la série Sir Arthur Benton et qu’on a pour ainsi dire associé son nom à celui de la série. Or, lorsque le cycle II a débuté, c’est votre signature qu’on a découverte à la place de la sienne. Alors, qu’est-ce qui a été le plus dur ? La comparaison par les lecteurs et la critique entre vos coups de pinceaux, ou, plus pratiquement, les adaptations qui vous ont peut-être été nécessaires de faire pour que votre style prenne le relais naturellement ?

Vincent Pompetti : Lorsque Tarek m’a proposé concrètement de faire ce second cycle, j’ai pesé le pour et le contre : la deuxième guerre, la géopolitique du 20e siècle, les films noirs, Hitchcock, les années 40-50 stylisées, tout cela m’intéresse beaucoup et je pensais un jour faire de la place pour un projet se déroulant à cette époque. Elle dégage un charme intemporel comme dans les peintures de Hopper. C’est arrivé plus vite que prévu, finalement !

Bien entendu, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est que prendre la suite de Stéphane qui s’est révélé avec force sur le premier cycle, était assez délicat : quel que soit le point de vue que vous adoptez, il y a un risque d’incompréhension sur le court terme et de comparaison qui va en faveur du créateur à priori. Cependant, il ne s’agit pas d’une série banale : d’une part, c’est Tarek, avec sa volumineuse documentation, sa vision d’ensemble, sa synthèse de l’univers de l’époque, qui pose réellement les marques. Ensuite pour le dessin, je me suis dit que pour aimer celui de Stéphane, il faut avoir l’esprit aventureux et souple. Ce même esprit devrait donc accepter de voir ce que cela donne avec un autre.

La bande dessinée est de l’artisanat ou de l’art, mais pas un concours. J’ai donc fait confiance à la créativité du lecteur. Stéphane et moi avons en commun d’aimer la culture « comics » et un personnage comme Batman a été repris par des centaines de dessinateurs, après tout. Ce qui m’a aussi décidé, c’est ma façon d’aborder un album ou une série. Pour moi, c’est comme préparer un voyage, cela représente un moment dans la vie, qui est vécu avec passion. Passé le travail d’assimilation des personnages à reprendre, j’ai regardé devant moi, en jouant simplement sur les ressemblances naturelles des deux dessins. Les lieux et les couleurs se répètent, les jeux d’ombres… Tout cela a instauré une continuité alors que nous avons des parcours et des styles assez différents. Par exemple, je ne sens pas Marchand de la même manière, c’est sans doute lui que j’ai le plus transformé. Stéphane traite les cheveux en masse, c’est moins le cas pour moi. L’important était dans le feeling : ça ressemble assez à un acteur qui joue un homme célèbre en fait.

Comme je le disais, je donne à chaque album son cachet. Pour le premier, c’était celui de la transition : transition des styles, où j’ai du gérer le basculement, transition des personnages, qui n’ont plus les mêmes ennemis et qui se repositionnent, transition d’époque, les ruines n’annonçant pas encore le monde de demain… C’était un exercice d’équilibriste enrichissant. Le tome 2 puis le tome 3 que je suis en train de réaliser voient la guerre froide s’installer complètement, avec sa paranoïa et ses grandes manœuvres en coulisse. J’ai élargi la gamme de couleurs à des tons plus colorés et feutrés. J’ai eu depuis le début une vision pour ce cycle : les premiers technicolors, le teint un peu délavé, puis les clairs-obscurs.

Sceneario.com : Vous avez déjà travaillé avec Tarek sur la trilogie Raspoutine et sur le one-shot Œil brun, œil bleu. Le fait que Tarek avait peut-être des habitudes de travail avec Stéphane Perger sur Sir Arthur Benton a-t-il fait que votre collaboration sur le cycle II se fait différemment que pour vos autres titres communs ?

Vincent Pompetti : C’est le scénario de Tarek qui varie je pense. Ce nouveau cycle est plus martial que Œil Brun oeil bleu par exemple, mais aussi différent du premier. Tarek a poursuivi une logique de docu-fiction, avec des textes explicatifs des enjeux plus présents, en alternance avec l’histoire en « live ». Dans le premier cycle, c’était une course-poursuite en flash-back (pour faire vite)… Je vais faire une comparaison bizarre, mais c’est un peu comme le livre Le Seigneur des Anneaux : une histoire d’aventure, puis décrochage avec les personnages qui s’arrêtent et égrènent leurs connaissances civilisationnelles au coin du feu. Une lecture avec deux plaisirs différents : l’Histoire et la fiction.

Sceneario.com : Vous réalisez Sir Arthur Benton en couleurs directes. Quelles sont les difficultés de cette méthode au regard des exigences de la série pour laquelle vous devez représenter des lieux et des gens de manière réaliste (Benton, par exemple) mais aussi de manière à ce qu’ils soient facilement reconnaissables (Staline, ou d’autres personnages politiques connus…) ?

Vincent Pompetti : Aujourd’hui nous avons de la chance, il existe des tonnes de films et de documentaires, de reconstitution ou d’époque. S’imprégner de cette ambiance est déjà un grand pas vers une vision nette. En fait, on ne s’en rend pas toujours compte, mais une partie importante du travail est immatérielle. Lorsque je passe à la colorisation d’une scène, des images et des ambiances se fixent grâce à cela.

Il faut ensuite synthétiser et faire des choix tranchés en fonction de la narration, qui détermine tout. L’essentiel est qu’il n’y ait rien de gratuit et pourtant de s’être fait plaisir. Pour moi la couleur n’est pas un problème, mais la solution. Pour reprendre la couleur sous l’angle du problème, je dirais qu’il ne faut pas en faire de trop, mais l’exigence de chaque case ou planche peut varier. Par exemple, parfois Benton est plus gouaché, notamment la séquence à Venise, pour rendre un aspect plus fort que la légèreté du lavis, qui est parfois de mise lors de plan au soleil ou à l’arrière-plan.

Pour les personnages historiques, il y a deux manières je pense : soit recopier exactement une photo et là, cela jure avec le style ou l’interpréter, le mouler dans votre univers graphique, quitte à ce qu’ils ressemblent moins. J’ai choisi la deuxième option et Stéphane aussi je pense. Qui plus est, cela permet de caricaturer un peu et ça permet au feeling de passer. Comme je le disais plus haut, c’est semblable à faire l’acteur.

Sceneario.com : Combien de temps vous faut-il pour réaliser un album ? Et qu’est-ce qui a changé dans vos façons de faire, depuis vos premiers albums ?

Vincent Pompetti : C’est une question qui revient souvent pourtant elle n’est pas si facile à quantifier. La réalisation pure, je dirais environs 7-8 mois. Avant et pendant, il faut ajouter le travail de documentation, qui n’est pas mince sur Sir Arthur Benton, le story-board et les croquis. Disons que je n’aime pas me limiter, j’ai envie d’embrasser et de synthétiser tout ce que j’aime dans l’art et la narration. Raspoutine m’a permis de me concentrer sur le dessin noir et blanc, et de travailler séparément sur des projets en couleurs, des illustrations. Œil Brun, oeil bleu était déjà en route à ce moment-là. En fait, je m’adapte à chaque projet, une fois que le ton est décidé, je me lance. En réalité, ma façon de travailler, gouache et acrylique, plus trait de contour à la fin lorsque c’est nécessaire, je l’ai fixée depuis longtemps. Ce n’est visible que partiellement (enfin en grande partie quand même) dans Œil Brun, oeil bleu et Sir Arthur Benton.

Sceneario.com : Pensez-vous que la couleur directe porte mieux certains genres de bandes dessinées que d’autres ?

Vincent Pompetti : Oui, je pense que dans un projet déterminé, il ne doit y avoir rien de gratuit, tout est utile. Mais parler de genre, c’est difficile… Prenez des gens comme Rosinski, Gibrat, qui travaillent en couleur directe, mais ce sont des récits très différents. Pour l’histoire des corsaires, la couleur permet de faire ressentir l’impression des embruns, le bois qui travaille, l’air du large, la voilure salie, etc… On peut aller au fond des choses. Une BD de science-fiction avec un univers technologique froid, la couleur informatique se justifie par contre. Dans Raspoutine, on a décidé de faire quelque chose assez proche de l’esprit Art Nouveau-oriental, c’est le pourquoi du trait avec des couleurs thématiques. Je me suis inspiré de l’illustrateur russe Bilibine. Par exemple, je l’ai donné comme indication au coloriste et la personnalisation s’est plus déplacée sur le trait délié, avec Raspoutine dont l’aspect évolue, la barbe et les coupes de cheveux changent, etc… Au cinéma, dans un drame intimiste, le cinémascope ne sert pas forcément, alors qu’il sera le bienvenu dans une fresque épique moyenâgeuse. Pour revenir à la BD, cela me fait souvent bizarre ces BD d’Héroic fantasy où l’on sent clairement l’effet « flashy » de l’informatique (dans ce domaine on peut faire de belles choses.). Mais il n’y a pas de recette miracle, où il suffit d’appuyer sur un bouton, hop, « couleur directe » ou « hachures hésitantes » et le chef-d’œuvre apparaît. Tout dépend du but que l’auteur s’est fixé. Les techniques suivent la volonté.

Sceneario.com : Sur quels autres styles d’histoires aimeriez-vous travailler ? Quels sont vos projets après Sir Arthur Benton ?

Vincent Pompetti : Ce qui me plaît le plus, ce sont les personnages qui portent une histoire avec leur psychologie. Pour les genres, principalement, la science-fiction, mais aussi le moyen âge et l’Antiquité. C’est de ces côtés-là qu’il faudra me chercher, mais de l’espionnage n’est pas à exclure.

Sceneario.com : Merci à vous aussi pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions ! Et bonne continuation à vous deux !

Liens :

http://www.tarek-bd.fr
http://www.youtube.com/user/elzar58
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sir_Arthur_Benton
http://pompetti.canalblog.com/
http://www.sirarthurbenton.fr
http://www.facebook.com/pages/Tarek/61494093368?/pages/Tarek/61494093368?v=wall&viewas=1224298385
http://www.facebook.com/groups.php?ref=sb#/group.php?gid=118505500062

Sir Arthur Benton :

Sir Arthur Benton (Avec Stéphane Perger) – Ier cycle

Tome 1 : Opération Marmara – 2005

Prix du meilleur premier album, Moulins 2005
Prix du meilleur scénario, Decines 2005
Prix du meilleur scénario, Marly 2005
Nominé au prix historique, Blois 2005
Nominé au prix du meilleur album, Chambéry 2005
Nominé au prix du meilleur scénario, Chambéry 2005

Tome 2 : Wannsee, 1942 – 2005

Prix du festival, Rouans 2006
Album de l’année, Caen 2006
Album de l’année, Vannes 2006
Scénario d’or, Brignais 2006
Nominé au prix saint Michel de la presse, Bruxelles 2006
Nominé au prix saint Michel de l’avenir, Bruxelles 2006
Nominé au prix du meilleur album, Chambéry 2006
Nominé au prix du meilleur scénario, Chambéry 2006

Tome 3 : L’assaut final – 2006

Prix de la meilleure série, Rives de Gier 2006
Prix saint Michel du meilleur scénario, Bruxelles 2007

Sir Arthur Benton (Avec Stéphane Perger) – Intégrale

Sir Arthur Benton (Avec Vincent Pompetti) – IIe cycle

Tome 1 : L’Organisation – 2008

Nominé au prix historique, Blois 2008

Tome 2 : Le Coup de Prague – 2009

Tome 3 : La mort d’oncle Joe – à paraître en 2010

Expositions :

Synagogue de Strasbourg, 2005
Salon BD d’Arnage 2005
Librairie Album, Rennes 2005
Librairie Critic, Rennes 2005
Académie de l’Ardèche depuis 2006
Mémorial de Caen
Librairie des Champs libres à Rennes, 2007
Salon de Faches-Thumesnil, 2009
Salon BD d’Illzach, 2009
Paris (Galerie des Arts Graphiques), 2009

Editeur Emmanuel Proust
 

Publicité