Interview

Sylvain Runberg et Serge Pellé pour Orbital tome 4

Pourquoi avoir choisi des diplomates comme personnages principaux ?

Sylvain Runberg : Des personnages principaux qui ont pour mission d’éviter que des conflits ne surviennent ou dégénèrent plutôt que d’en être les éléments déclencheurs était une ligne directrice qui nous semblait assez originale. Cela n’empêche d’ailleurs pas l’apparition de conflits très graves dans nos récits, bien au contraire. Et pour la petite histoire, un diplomate français, lecteur d’Orbital, nous a envoyé un mail où il nous disait que notre manière d’aborder le sujet, même dans le cadre d’un univers imaginaire, était assez juste. Comme quoi, Science Fiction et réalisme font aussi bon ménage.

Allez-vous revenir en détail sur la guerre Humains/Sandjarr évoquée à de nombreuses reprises dans la série ?

[image droite]

Sylvain Runberg : C’est tout à fait envisageable mais je n’en dirais pas plus pour le moment. Disons qu’il est dans nos envies de plonger plus en détails nos lecteurs dans certains éléments du passé qui rythment le présent de nos personnages.

Orbital peut-il être comparé à un Valerian des temps modernes ?

Sylvain Runberg : La comparaison est très flatteuse ! Mais j’aurais bien du mal à me prononcer sur le sujet, car jamais Valérian n’a été une de mes sources d’inspirations dans la création de l’univers d’Orbital, puisque je n’ai lu qu’un seul des albums de la série, lorsque j’étais enfant, « Les Oiseaux du Maîtres », récit qui m’avait d’ailleurs à l’époque très impressionné. Idem pour Sillage dont je n’ai lu que le premier album lors de sa sortie, la comparaison revenant aussi souvent. Les sources d’inspirations pour Orbital proviennent avant tout de notre réalité géo-politique passée et présente. Et pour ce qui est des fictions, une des sources d’inspiration est certainement le cycle de la Culture, écrit par le romancier écossais Iain M. Banks, même si au final la Confédération d’Orbital n’a pas grand-chose à voir avec « La Culture » en question. Sinon, la scène de la « Cantina » bourrée d’aliens multiformes de Mos Eisley sur Tatooine, dans l’épisode IV de Starwars, m’a énormément marqué étant petit, un de mes premières contacts avec la Science Fiction. Et l’approche graphique de Serge est évident un plaisir à ce niveau là ! C’est d’ailleurs le lieu que nous avions choisi pour notre histoire courte dans le Spirou spécial Starwars. Mais puisque l’on dit souvent que l’univers de Starwars a été en partie inspiré par celui de Valérian, voilà peut-être l’explication ! Mais oui, la comparaison avec Valérian ou Sillage est clairement un beau compliment !

Le deuxième diptyque faisant une large place au développement du contexte géopolitique de votre univers, destinez-vous cette série à un public mature ?

Sylvain Runberg : Depuis le début, Orbital est à nos yeux une série tout public dans le sens romanesque du terme. J’imagine qu’en dessous de 12 ans, elle n’est pas évidente à suivre, mais sinon, elle s’adresse à toutes et à tous, et pas seulement aux lecteurs de Science Fiction. D’ailleurs on nous dit souvent qu’Orbital attire aussi bien des fans de SF que des gens qui n’en lisent pas d’habitude. C’est bon signe vu notre postulat de départ !

Ce quatrième tome tourne, notamment, autour des préjugés sur un peuple nomade. L’actualité française de cette fin d’été 2010 vous donne-t-elle raison ?

Sylvain Runberg : Les lignes directrices du deuxième cycle on été imaginées il y a plus de 3 ans, c’est donc là un malheureux hasard de calendrier. Je dis malheureux, car ce qui se passe avec les gens du Voyage depuis quelques mois en France est particulièrement honteux. Alors que leur situation n’a en rien changé ces 15 dernières années, des politiciens choisissent sciemment de les désigner à la vindicte populaire pour essayer de s’attirer les soutiens d’un électorat xénophobe mais aussi pour faire contrefeux à certaines affaires financières qui pourraient s’avérer bien gênantes pour eux. C’est pathétique mais surtout extrêmement dangereux, et indigne de personnes qui se prétendent « démocrates ».

Serge Pellé : C\’est effectivement en 2006 à Angoulème, sous la neige, qu’avec Sylvain nous avions déjà évoqué un épisode avec un peuple nomades confronté aux sédentaires et aux préjugés des institutions. Effectivement, cela résonne avec le pataquès du mois d\’août de notre si brillant gouvernement. Aaah ceux-la, ils nous font traverser des champs de merde, parfois on aimerait leurs mettre des coups pieds au cul juste pour se décrotter les pompes !

Le personnage de Mézoké est très amer et semble peu optimiste quand à une harmonie possible entre les peuples. Alors pessimisme exacerbé ou lucidité sur les relations entre individus ?

Sylvain Runberg : Mézoké est amer quand à son propre passé, c’est certain, mais le fait que ce diplomate serve la Confédération prouve qu’à ses yeux, l’espoir subsiste toujours pour que les problématiques auxquelles ils font face puissent être résolues. Lucide oui, mais pas cynique.

Serge Pellé, quelles sont vos sources d’inspiration pour créer vos univers (décors, véhicules, races extra-terrestres…) ?

[image droite]

Serge Pellé : Ce sont trop de petits chemins à décrire. Je pense que la seule source qui m inspire c\’est l\’envie, L’envie de servir l’histoire du mieux que je peux. Je me laisse porter, c\’est un petit voyage à chaque fois sur ma feuille de papier. Plusieurs sources mais un seul fleuve, celui de mes envies et de mon plaisir. Le plaisir, voilà ce qui m’inspire.

Serge Pellé, chaque planche possède une couleur dominante très marquée, pourquoi ce parti-pris graphique ?

Serge Pellé : Je veux éviter les planches trop « carnavales », avec une multitude d\’infos et de couleurs qui compliquerait la lecture pour rien. C\’est pour plus de clarté et puis aussi parce que je suis un piètre coloriste. Je fais comme je peux.

Sylvain Runberg : c’est vrai que tu es vraiment nul niveau couleurs. C’est d’ailleurs ce que tout le monde dit en voyant tes planches dans toutes les expositions qu’on te demande de faire sur « Orbital » hahahaha !

Avez-vous déterminé un nombre précis de tomes ou d’histoires pour cette série ?

Serge Pellé : c est l’ennui qui nous donnera le chiffre.

Sylvain Runberg : Le tome 5 est entièrement écrit et les grandes lignes de l’ensemble du troisième cycle (T5 et T6) aussi. Il y a de quoi continuer à se faire plaisir pas mal de temps avec l’univers d’Orbital, alors tant que ce plaisir sera partagé, on ira de l’avant, oui.

Que réservez aux lecteurs pour la suite de cette série ?

Sylvain Runberg : Beaucoup de surprises.

Serge Pellé : Du plaisir.

[image left]

Beaucoup de scénaristes s’orientent vers des diptyques, pensez-vous que ce format est le mieux adapté à ce que souhaitent les lecteurs ?

Sylvain Runberg : Disons que ça permet de rester dans un format franco-belge classique tout en développant des histoires complètes sur deux tomes, ce qui est toujours agréable pour les lecteurs, en se réservant quand même la possibilité de développer une trame plus longue sur l’ensemble de la série. Car il faut bien le dire, certains développement scénaristiques et surtout d’ambiances sont quand même très difficiles à réaliser pleinement dans le cadre d’une histoire complète en seulement 46 pages. Donc oui, c’est un format que j’aime bien, en tant que scénariste mais aussi en tant que lecteur.

Sylvain Runberg, peut-on espérer une suite à votre autre série de Science-Fiction Hostile parue chez Dupuis ?

Sylvain Runberg : Pour l’instant, le projet est toujours entre parenthèses mais je ne désespère pas de trouver un moyen de développer à nouveau cet univers. J’y travaille en tous cas.

Publicité