Interview

Servitude

Sceneario.com:  Peux-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Fabrice DAVID: C’est jamais évident de causer de soi Disons un gars comme un autre, à croiser lors d’un festival, qui sait Pour les détails techniques j’ai 30 ans, je mesure près d’1,80m pour 75kg, voir 80 quand l’hiver approche (comment ça c’est bientôt l’été ?!), je n’ai plus un poil sur le caillou et souvent quelques uns sous le menton Quoi la BD..?! ah ,oui, j’y viens Et bien "Servitude" n’est que la seconde. Avant ça on a fait "Live War Heroes" avec Eric Bourgier , déjà chez Soleil ; non sans avoir eu un parcours un peu chaotique dans le milieu de l’édition BD avant cela Mais c’est une autre histoire.

Sceneario.com: Je sais qu’Eric fait des illustrations pour des jeux, Et toi, comment "occupes" tu tes journées en dehors de la bande dessinée ?
Fabrice DAVID: Professionnellement : des jobs alimentaires, mon rythme en BD n’étant que peu soutenu, je ne vis pas de ma plume. En ce moment je participe également à l’écriture d’un moyen métrage d’animation dans un domaine plutôt scientifique pour un planétarium. Ajoutons à cela quelques projets BD dans les cartons et la préparation du second tome de "Servitude" et voilà mes journées bien remplies

Sceneario.com: Comment se gère le passage d’un one shot a une série en 5 tomes ?
Fabrice DAVID: Du bonheur !
Le One Shot est exercice très difficile, je crois même pouvoir dire que j’ai eu quelques ratés sur "Live War Heroes" ; mais il faut bien faire ses armes d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs notre démarche était différente dès le départ : l’idée de "Servitude" est en fait bien antérieure à celle de "Live War Heroes". Notre première BD aura été de coup d’essai. Nous souhaitions nous exercer un peu avant de nous lancer dans ce projet qui nous tient énormément à coeur.
La série est un luxe par bien des aspects toutefois nous nous sommes créé quelques écueils en choisissant le monde de Servitude comme personnage principal.
C’est à dire qu’il va nous falloir présenter de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, dans de nouveaux contextes à chaque tome. L’objectif est pour nous de raconter l’histoire d’une période charnière du monde en présentant différents points de vue. Chaque album devrait avoir sa teinte, scénaristiquement parlant, le premier est pour nous comme une chanson de geste, le second sera plus proche du thriller en huis-clos

Sceneario.com: Le monde de servitude a été défini avant la bande dessinée, as tu envie de l’exploiter autrement qu’en bande dessinée (livres, jeux, ) ?
Fabrice DAVID:
De Servitude sont nés nombres heures de jeu de rôle, quelques maquettes de navires (que vous découvrirez dès le Tome 4), et beaucoup d’histoires mais très peu ont été couchées sur le papier. Il nous est arrivé parfois d’en caressé l’espoir, peut-être que cela nous reprendra

Sceneario.com: Interviens-tu, et comment, dans le travail d’eric ?
Fabrice DAVID: C’est moi qui taille ses crayons, retrouve sa gomme etc non, je plaisante. On bosse beaucoup à deux : on cause d’abord de l’histoire, puis on se met au point sur la trame. Là je fais ma cuisine pour rythmer tout ça et le caser dans les planches. Ensuite on se retrouve de nouveau pour faire le story-bord, c’est à ce moment là que l’on fige vraiment les actions, et que naissent partie des dialogues. Après ça pendant qu’Eric dessine, je peaufine un peu les bulles.
Notre méthode de travail est très particulière, très imbriquée mais nous sommes amis avant d’être collaborateurs ce serait parfaitement impossible de reproduire ce schéma avec un inconnu.

Sceneario.com: Comme dans live war heroes, dans servitude on voit principalement les choix des personnages et leurs conséquences parfois désastreuses. C’est étrange dans ce genre de bande dessinée !
Pourquoi avoir fait un album d’heroic fantasy plus basé sur la politique que sur le fantastique ?
Fabrice DAVID:
Je pense que notre style correspond également à nos attentes. Pour ma part, j’en ai un peu marre des mondes creux ou l’on suit les personnages principaux qui sont l’alibi de toute une BD. Les personnages ne font pas tout, j’ai tendance à préférer les placer dans un contexte et à les faire réagir en conséquence même si bien sûr, il y a toujours une trame de fond directrice dans chacun de leurs actes.
Encore une fois, pour "Servitude", le Monde au sens large existait avant les personnages ; ils y ont prit vie petit à petit. L’adaptation au format BD nous a également obligé à revoir nos ambitions en terme de nombre de protagonistes, il nous a fallut épurer et simplifier certains aspects.
Toutes ces raisons font que la dimension politique est apparue d’elle-même, tout logiquement. Médiéval ne rime pas forcement avec chaos et fantastique avec boule-de-feu. J’ai plus en tête des films comme "La Reine Margot" ou des BD comme celles de Bourgeon lorsque je travaille sur "Servitude".

Sceneario.com: Dans l’album, il y a deux passages totalement décorrélé du reste de l’histoire, l’intro avec fl’ar et l’homme au bâton dans le désert. Il est évident que cela va avoir son importance mais pourquoi les avoir mis dans le tome 1 ?
Fabrice DAVID:
Le passage avec Fl’ar est un prologue, il s’agit du premier acte d’une guerre qui débute sous nos yeux. Il nous semblait important pour l’histoire dans sa globalité de montrer l’Incendie de Péloris. Tout commence ici, cette cité rayonnait par son savoir et les gens qui l’habitent en sont les vecteurs. Il paraissait évident que l’"ennemi" débute sa stratégie en supprimant tout d’abord ce point.
Pour ce qui est de l’homme du désert, il s’agit d’un Riddrak, un peuple que nous souhaitons présenter petit à petit mais qui ne sera réellement abordé que dans le tout dernier tome. Leur importance est capitale dans le récit, ils sont le seul peuple à ne pas avoir servi une des Puissances, les seuls à avoir refusé farouchement toute forme de "servitude" de la part des « dieux ».

Sceneario.com: Apres le contemporain/cyberpunk et le médiéval/fantastique, as-tu envie de raconter des histoires dans un autre univers ? Lequel et pourquoi ?
Fabrice DAVID:
Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire dans le contemporain, pourquoi pas du Polar ou du Sociologique mais j’avoue m’intéresser de plus en plus au domaine historique, toutes époques confondues d’ailleurs. Pour ce qui est du fantastique au sens large il m’attire toujours mais je ne suis pas partisan de coller des oreilles pointues et des peaux vertes à tout va sans réelle justification.

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