Interview

Serge Carrère pour Léo Loden 17

Sceneario : Comme c’est le troisième interview que l’on fait ensemble, on va parler des choses nouvelles.
J’ai vu que tu fais partie du studio Aquarium à Toulouse avec Dab’s, Tony Valente, Guillaume Chuffart, Thomas Jourdas, Simon Leturgie. Comment se passe la cohabitation/travail avec les autres auteurs ?

Serge Carrere : Éh bien, cela se passe le plus naturellement possible, Nous partageons un lieu de travail ainsi que du matériel et surtout, le plus important, nos expériences, nos points de vue et notre savoir faire. Le fait que cet atelier existe, permet de fédérer de la création, des motivations ainsi que des rencontres avec d’autres auteurs, qui passent nous rendre visite, des journalistes qui viennent nous interviewer, bref du mouvement, de la vie quoi !

Sceneario : Depuis octobre 2006 tu gères un blog
Qu’est-ce qui t’a amené à utiliser un blog au lieu de ton ancien site web ?

Serge Carrere : Le côté "pratique" du blog, Facile à gérer, et puis, mon site, je l’hébergeais moi-même sur mon propre serveur et quelquefois, ce serveur était déconnecté, lent, faut dire que c’était un vieil ordinateur que j’avais transformé en serveur. Pour les connaisseurs, processeur : un AMD 300 Mhz, 128 Mo de ram, un disque dur de 6 Go, une distribution linux dédiée : SME 6.1, bref une machine qui tourne sans problème, mais sans grande puissance non plus…

Sceneario : On y trouve beaucoup de dessins et de croquis qui montre une palette plus large de ton style. Quelle importance ont ses études pour tes bandes dessinées?
Serge Carrere : C’est le travail que j’essaie d’avoir régulièrement le matin, cela permet de se délier la main. Ces travaux de croquis contribuent à élargir sa "galerie de portraits" et, ainsi, d’éviter de tomber dans des tics de dessins. Tony Valente s’y est mis aussi, Simon est un habitué de cet exercice et c’est rigolo de confronter nos résultats. 

Sceneario : Tu as fait un article ou tu parles de Norman Rockwell, peux-tu nous en dire un peu plus sur lui ?

Serge Carrere : C’est un grand illustrateur américain, dont certaines peintures, des couvertures de Times, sont devenues hyper-connues. Nombre de dessinateurs y font référence dans leurs boulots, un des derniers en date est Guarnido, dans Blacksad. Je pense qu’il est entré dans la mémoire collective et qu’il est un des maillons, à travers son art, de l’imagerie de l’Amérique des années 50-60, tout comme Marilyn et Elvis.

Sceneario : J’aime beaucoup le work in progress pour le Asterix et ses amis. Tu penses renouveler ce genre de chose sur ton blog ?
Serge Carrere : Il y a un peu de ça avec les images du projet gag sur lequel je travaille. Je le complèterai avec d’autres étapes de création. Je pense aussi, aux scénarii que je co-écris avec Weissengel, et dont je mettrai des images.

Sceneario : Il y a aussi une image sur le collectif nationale 7 ou tu as fait une image ‘à l’ancienne’ et ou tu parles de Maurice Tillieux. 

Gil Jourdan fait partie de tes bandes dessinées préférées ? Que penses-tu de sa re-sortie en intégrale chez Dupuis ?
Serge Carrere : Gil Jourdan est une série incontournable pour moi. Je suis un enfant de Pilote, dans lequel Tillieux bossait aussi, mais c’est plus tard, à travers Spirou, que j’ai vraiment découvert son oeuvre. Ado, j’ai acheté pour 1 franc, chez un bouquiniste une vieille édition de l’album les cargos du crépuscule. Ce bouquin sentait le vieux papier et ses pages , qui avaient dû être feuilletées par des dizaines de mains, semblaient porter en elles des tas d’histoires de lecteurs. Cet album, que j’ai toujours, m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux sur ce métier de raconteur d’histoires dessinées. Il trône dans mon panthéon avec Astérix en Corse et Le cas Lagaffe.

Sceneario : Parlons de tes séries. L’héritier des étoiles est en trois albums, vous avez prévu d’autres histoires avec ces personnages ?
Serge Carrere : Non, du moins vu les résultats médiocres d’exploitation de la série, nous finissons le cycle et je ne pense pas qu’il y en aura d’autres.

Sceneario : Comment se passe le travail à quatre mains avec Weissengel. D’une part sur l’héritier des étoiles, d’autre part sur les Elfées?
Serge Carrere : Pour tout ce qui est scénario, que ce soit pour l’Héritier des étoiles, comme pour les Elfées, et maintenant aussi pour une nouvelle série "Violette", illustrée par une jeune dessinatrice pleine de talent Pakuchan, et ce pour le magazine Manon des Ed. Milan, nous bossons toujours de la même manière. Nous discutons de l’ensemble de l’album pour l’un, de la saison pour l’autre et ensuite, Weissengel va résumer tout cela. Puis lorsque nous en sommes au découpage, le travail se fait de vive voix, en rigolant beaucoup et je "storyboarde" l’ensemble. Pour moi, c’est plus facile et logique de faire un croquis que de décrire ce que le dessinateur doit représenter. Tant que cela ne bloque pas le dessinateur, on continue comme ça.
Ensuite, uniquement pour l’héritier, Weissengel et moi, nous nous répartissons les pages à dessiner. Chacun va donc crayonner ses pages, je récupère le tout prépare les pages à l’encrage en faisant le lettrage et Weissengel, à la table lumineuse, va faire le premier encrage. Il travaille aux feutres, et réalise ainsi un encrage léger au trait sans trop de nuances de noirs. Puis j’interviens à nouveau. Je travaille au pinceau et là je vais épaissir des traits, mettre les valeurs de noirs, les éclairages, bref lier l’ensemble de notre collaboration, afin de donner l’illusion qu’il n’y a qu’un seul style.

Sceneario : As-tu d’autres projets ?
Serge Carrere : Actuellement avec mes travaux de dessinateur et scénariste, je suis pas mal pris. Mais il y a toujours des idées que l’on a envie de développer. Alors, je prends le temps mais je prévois d’autres trucs. Des gags en tant dessinateur et scénariste, Dab’s me donne un coup de main là-dessus, et avec Weissengel on a encore une idée de scénario, qui a l’air d’intéresser Soleil. On verra donc.
Enfin, les Elfées sont reprises en album chez Dargaud, et il y a du travail de refonte pour lier les épisodes parus dans Julie afin d’en faire des albums d’une soixantaine de pages. Pour Weissengel et moi, le scénario va relativement vite, mais il reste du temps pour Dollphane le dessinateur. 

Sceneario : A propos du prochain Léo Loden. Est-ce que cela change quelque chose dans ton travail d’avoir une histoire écrite par deux scénaristes ?
Serge Carrere : Je pense qu’un scénario écrit de manière bicéphale, est plus riche, plus inventif, et surtout risque moins des oublis, des incohérences. Le jeu créatif à deux cerveaux est intéressant à plus d’un titre. La confrontation des idées, le regard de l’un sur le travail de l’autre permet d’éviter bon nombre d’écueils.

Sceneario : C’est la première fois qu’un personnage vient perturber le "triangle amoureux" Léo, Marlene et Loco. Dorinda va t-elle devenir un personnage récurrent ? As-tu fais des recherches particulières pour elle ?
Serge Carrere : Pour son physique, j’avais une assez bonne description du personnage. Ça allait. Si elle doit revenir, je n’ai pas la réponse. J’aimerai quand même qu’elle ne disparaisse pas de l’univers de la série, car je pense qu’elle peut représenter un bon ressort narratif, dans d’autres circonstances.

Sceneario : Les albums de Léo Loden se passe une fois sur deux à Marseille comme le dernier, sais-tu déjà dans quelle ville se passe la prochaine histoire ?
Serge Carrere : Le prochain, dont je viens de recevoir les premières pages sera un "huis-clos". Dont Marlène aura un rôle de tout premier plan, et qui permettra, si j’ai bien compris, de recentrer la série sur ses principaux personnages.

Sceneario : Participes-tu au choix du lieu et comment se passe la recherche et documentation ?
Serge Carrere :
Parfois, je donne des pistes, par rapport à des demandes de lecteurs, journalistes libraires ou autres. Par exemple, la série est très appréciée au Québec, j’en profite donc pour relancer l’idée d’une aventure au pays des orignals… Sinon, c’est plutôt le et maintenant, les scénaristes qui choisissent. Actuellement, c’est Nicoloff qui fait les photos que j’utiliserai par la suite pour réaliser l’album. Enfin, il existe internet qui regorge de documentation en tout genre.

Sceneario : Merci Serge. 

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