Interview

Sébastien Damour

Sceneario.com: Sébastien Damour, comment êtes-vous arrivé sur se 7° tome de Pandora Box?
Damour: Je suis arrivé le dernier sur la Série Pandora Box par l’entremise de Roland Pignault qui m’avait contacté courant 2003 en me disant qu’il restait un album à faire, l’auteur pressenti s’étant décommandé. Connaissant Sébastien Gnaegig, en charge de la collection Empreinte(s) à l’époque, j’étais le dernier auteur "recruté" par ce dernier. Je me mis à la réalisation de l’album courant 2005, ayant auparavant le Nash tome 9 à réaliser.

Sceneario.com:Avez-vous pu tout de même choisir l‚un des album à dessiner de cette série?
Damour: Arrivant bon petit dernier, il n’y avait plus le choix. Je me suis vu proposer le septième album de la série, "La Colère", traitant du thème des armes bactériologiques, thème qui me convenait bien d’ailleurs.

Sceneario.com:Avez-vous apprécié la collaboration avec Didier Alcante?
Damour: Sans tresser une couronne de lauriers à Didier, la collaboration avec lui s’est passée idéalement. J’ai reçu un découpage très précis (millimétré) de l’album. Rien qu’à la lecture, "La Colère" se révélait un scénario très captivant, avec des personnages attachants et des dialogues ciselés. Un scénario rigoureux, bien écrit… pour le dessinateur que je suis, ça a été une collaboration très agréable, bien encadrée par Louis-Antoine Dujardin, le Directeur de collection d’Empreinte(s).    
 
Sceneario.com:Comment appréhende-t-on ce genre d‚album, au milieu d’une série?
Damour: L’album étant l’avant-dernier de la Série, il fallait s’imprégner bien entendu de l’univers, des précédents albums. Didier m’avait fourni les découpages de certains albums ("la Paresse", "la Luxure") pour me familiariser avec son travail et son écriture. Ensuite il fallait créer les personnages propres de l’album, tout en reprenant certains éléments fournis par Alain Henriet dans le tome 6. Pour répondre plus précisément à la question, cette collaboration m’a permis le temps d’un album de me changer les idées, de faire un break salutaire au milieu de Nash et d’aborder un registre un peu différent de la Science-fiction (il s’agissait là d’une anticipation crédible, proche de nous).
   
Sceneario.com: Qu’est ce qui aura été le plus difficile pour vous sur cet album?
Damour: Le plus délicat aura été de traiter des personnages "vrais", réalistes, naturels et non pas des figures un peu héroïques ou "viriles" comme dans Nash (notamment la figure de l’enfant Timothy). Le registre contemporain/réaliste aura été aussi nouveau pour moi et c’est agréable, ça change de la SF.

Sceneario.com:Que pensez-vous de l’ensemble de la série?
Damour: Je trouve que c’est une bonne série d’anticipation très contemporaine, qui traite des angoisses et des grandes incertitudes de notre société liées au progrés technologiques considérables. La série est une illustration habile et rigoureuse de ces grands thèmes à travers des récits concrets et crédibles. Mélange habile de mythe, de parabole et de suspense.Je vois cette série comme une série classique, pas "révolutionnaire" mais basée sur des scénarii solides et des protagonistes crédibles, auxquels on s’attache.
 
Sceneario.com:Ces sujets qui y sont abordés vous font-ils peur?
Damour: Nous vivons aujourd’hui avec ces questionnements, ces inquiétudes. S’il on est pessimiste, on peut tout à fait penser que l’homme possède la capacité technique de détruire son environnement et de se détruire lui-même (et ce depuis en gros la moitié du XXème siècle). Si l’on est optimiste, on peut se réjouir du fait qu’il ne l’a pas encore fait. Le progrès technologique, on le contaste, n’est ni bon ni mauvais en soi, tout dépend de l’usage qui en fait. Et force est de constater que l’usage qui est fait des avancées technologiques est plutôt dans le sens de l’opression, de la destruction ou des conflits entre les peuples. Pandora Box livre à mon sens une vision non pas pessimiste mais assez objective de notre monde contemporain, inquiétant, sombre mais riche aussi de nouvelles possibilités. L’espèce humaine progresse-t-elle grâce au progrès technologique ? on serait tenté de dire non… l’humanité vit-elle globalement mieux aujourd’hui qu’auparavant ? …difficile de répondre…  
 
Sceneario.com:Quelle est votre plus grosse crainte?
Damour: Je n’ai pas de crainte à proprement parler… rien qui ne m’empêche de dormir en tout cas. Mais le thème des armes bactériologiques (de destruction massive) tel qu’il est évoqué dans l’album a de quoi faire frémir en effet… Jusqu’à aujourd’hui, aucun groupe fanatisé ou terroriste n’a pu se procurer ce type d’agent viral…jusqu’à quand ?…

Sceneario.com:Y-aurait-il un album que vous auriez aimé faire à la place d’un autre dessinateur?
Damour: L’album d’Alain Henriet peut-être ("L’envie") mais à vrai dire "La colère" était ce qui me correspondait le mieux. le hasard a de bons côtés…

Sceneario.com:Premier album chez les Editions Dupuis, quelles différences chez cet éditeur par rapport à Delcourt?
Damour: La grosse différence concerne les droits d’auteur. Dupuis est le seul éditeur qui rémunère ses auteurs en "fixe" c’est à dire sans que l’auteur ait à rembourser l’avance qui lui a été faite sur les premières ventes…cela fait de bonnes conditions de rémunération. Ensuite il y a le souci chez Dupuis de faire en sorte que les auteurs se sentent bien et travaillent dans de bonnes conditions matérielles. Mais attention, les conditions de travail chez Delcourt n’en restent pas moins bonnes et agréables.
 
Sceneario.com: J’ai un peu l’impression que le héros de ce 7° tome ressemblait étrangement à Nash… Est-ce moi qui me fait des idées?
Damour: Pour ma part, je ne trouve pas qu’Eric (le père de Timothy) ressemble tant que ça à Nash… il a un menton en galoche certes (je peux pas m’en empêcher décidément) mais j’ai essayé de le faire différent. Certains automatismes graphiques (façon de faire le visage) font penser à Nash certainement…
 
Sceneario.com: Et pour Nash ?
Damour: Je commence le tome 10 (après de longues vacances…). Je n’en suis qu’à la phase du storyboard et les premières planches devraient voir le jour fin mars début avril. Le tome 10 est le dernier album de la série promis !
Avec Jean-pierre Pécau, nous préparons une nouvelle série (deux/ trois tomes) dans un registre tout à fait différent. Fini la SF ! pour quelque temps en tout cas…

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