Interview

Roger Seiter

Sceneario.com :Bonjour Roger. Vous avez lancé La Mort Rouge chez tous les libraires de France et de Navarre. Pensez vous que les lecteurs seront infectés par cette « peste » lorsqu’ils ouvriront le livre ?

Roger Seiter: Le risque n’est pas négligeable. Mais ce n’est pas très grave. D’après les écrits laissés par le docteur Ponnonner, il semblerait que le vaccin contre la grippe A guérit également la Mort Rouge. Du coup, je crois savoir de source sûre que le gouvernement dispose de stocks suffisants pour faire face à l’épidémie. Vous n’avez donc rien à craindre …

Sceneario.com :Cette fois-ci, pour cette nouvelle aventure, vous vous inspirez de la nouvelle Le Masque de la Mort Rouge, du Chat noir et Le Roi Peste. Pourquoi ce choix cette fois-ci ?

Roger Seiter: Il faut rajouter « La Vérité sur le Cas de Monsieur Valdemar ». Le choix des nouvelles se fait en commun avec Jean-Louis Thouard. Nous avons choisi des textes qui nous semblaient incontournables et emblématiques et qui permettaient de bien illustrer l’univers d’Edgar Allan Poe.

Sceneario.com :Comment arrivez vous encore à relier ces histoires pour n’en faire qu’une ? Quel est votre secret ?

Roger Seiter: A vrai dire, c’est un exercice plutôt amusant. Et puis, j’ai aujourd’hui une solide expérience en matière de scénario original. Du coup, j’utilise ce savoir-faire pour composer une histoire inédite à partir d’un certain nombre d’éléments imposés. Il n’y a pas vraiment de recette. Je me laisse plutôt porter par l’inspiration du moment. Mais cela n’a rien de bien compliqué. J’imagine que la plupart des auteurs travaillent ainsi.

Sceneario.com :Vous faites évoluer vos personnages aussi. Mais je trouve que l’inspecteur Brannan, même si nous le voyons moins prend plus de présence, s’impose . Découvrirons nous un jour qui il est ?

Roger Seiter: L’inspecteur Brannan ? C’est une bonne question. La réponse se trouve dans une nouvelle de Poe dont le titre est « William Wilson ». Hé oui, même le nom du héros n’a pas été choisi par hasard.

Sceneario.com :Vous situez cette histoire dans la ville de Baltimore, ville où vécu Poe. Vous y êtes vous rendu pour y découvrir l’architecture, l’ambiance, à quoi elle ressemble vraiment ?

Roger Seiter: J’ai eu l’occasion de voyager aux États Unis, mais pas sur la côte est. Mais on trouve beaucoup de choses dans les livres et sur le net. De nos jours, se documenter ne pose pas vraiment de problème. Et puis, il faut bien avouer que la ville de Baltimore présentée dans l’album est plutôt issue de notre imaginaire. La nouvelle du « Roi Peste » se passe dans un port européen. Utiliser celui de Baltimore où Poe est mort me semblait une bonne idée.

Sceneario.com :Mais, une question. Le fantôme de Poe ne viendrait il pas vous inspirer ???

Roger Seiter: C’est une question que je me pose régulièrement. Et je dois avouer que cette perspective me fiche un peu la trouille. Le côté gentleman de vieux sud de Poe ne me déplaît pas, mais je n’aime pas particulièrement le rhum et je crois savoir que Poe en buvait beaucoup

Sceneario.com :Que nous préparez vous pour le prochain tome ?

Roger Seiter: Désolé, mais rien. Pour l’instant, nous allons nous arrêter au tome 3. Mais on ne sais jamais. Il y a encore pas mal de chose à faire avec l’univers de Poe.

Sceneario.com :Revenons sur H.M.S. Le tome 5 est sorti ces derniers mois. La encore, vous arrivez à surprendre le lecteur. Est-ce facile de passer d’un univers marin à un univers gothique ?

Roger Seiter: C’est une question d’habitude. Voilà déjà quelques années que je publie en moyenne quatre à cinq albums par an. Un scénariste a l’immense avantage de travailler en amont du dessinateur. Il a donc toujours un temps d’avance. Pour ma part, j’essaye de découper et de dialoguer les albums les uns après les autres. En principe, quand un dessinateur commence la réalisation des planches, il dispose du découpage complet. Je travaille donc très rarement sur plusieurs univers à la fois. Je passe plutôt de l’un à l’autre. En principe, j’alterne des périodes d’écriture intense et des périodes de lecture. Dès que j’ai fini un scénario ou un découpage, je m’empresse de dévorer une dizaine de romans (surtout des polars) afin de me ressourcer et de me redonner envie d’écrire. Je fonctionne donc plutôt par cycles. J’essaye aussi de traiter des sujets différents pour ne pas tomber dans une routine. En principe, je ne travaille que sur des séries dont j’ai moi-même choisi le thème. Et je n’écris que quand j’ai le sentiment d’avoir quelque chose à raconter. Cela évite de faire des albums uniquement pour faire des albums.

Sceneario.com :Quelles sont vos nouveaux projets et titres à sortir ?

Roger Seiter: Vaste sujet. Chez Casterman, il y a bien sûr le tome 6 de « HMS » avec Johannes Roussel.. Il y aura également un album dans la série Rivages/Noir. L’adaptation du « Policier qui Rit » de Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Un polar suédois de la fin des années 60, avec Martin Viot au dessin. Il y a également de nouvelles séries publiées chez Glénat. Tout d’abord une trilogie dont le titre est « Special Branch » avec HAMO au dessin. Il s’agit un peu de la suite de « FOG ». Ensuite, une autre série prévue en quatre albums dont le titre générique est le « 12 Septembre ». Il s’agit d’une uchonie ayant pour thème l’attaque des Twins Towers en septembre 2001 (sortie prévue en septembre 2011). Chez Flammarion sortira début 2011 le tome 1 des « Colombes du Roi Soleil ». L’adaptation en BD de l’excellent roman jeunesse d’Anne-Marie Desplat-Duc avec Mayalen Goust au dessin. De son côté, Vincent Wagner travaille actuellement sur le tome 3 de « Wild River » qui sortira en 2011 chez un nouvel éditeur. Voilà les projets signés et en cours de réalisation. Pour les autres, ce serait vraiment trop long…

Sceneario.com :Votre dernier coup de cœur pour une BD ?

Roger Seiter: J’ai beaucoup aimé la suite des « Passagers du vent » de Bourgeon, parue aux éditions 12Bis. Et j’ai lu avec plaisir la série « Achab » de Patrick Mallet chez Treizeétrange.

Sceneario.com :Votre dernier coup de cœur pour un roman ?

Roger Seiter: Les romans de Preston and Child qui mettent en scène l’excellent inspecteur Pendergast. A lire absolument. Il faut commencer par « La Chambre des Curiosités ».

Sceneario.com :pour un film ?

Roger Seiter: J’ai trouvé assez sympa l’adaptation d’Adèle Blanc-Sec par Luc Besson (oui, je sais, c’est du mainstream, mais pourquoi pas …).

Sceneario.com :Pour une musique ?

Roger Seiter: La musique, ce n’est pas mon truc. Je me contente d’écouter France-Inter et ce qui me tombe dans l’oreille. Mais bon, maintenant qu’ils ont viré Stéphane Guillon et Didier Porte, je vais peut-être changer de station.