Interview

Rencontre avec Nicolas Dumontheuil pour La Colonne

Interview réalisé par Melville et Placido au FIBD d’Angoulême 2014

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On voulait commencer par parler de la création du projet, parce que si on regarde votre bibliographie, vous êtes quasiment toujours seul sur vos BD et là vous travaillez avec un scénariste.

Oui, c’est pratiquement la première fois. J\’avais déjà travaillé avec quelqu\’un, on avait fait le scénario à deux, pour Le Singe et la Sirène, mais là c\’est différent car on m\’a vraiment proposé un scénario. Christophe Dabitch c\’est un copain, on travaille dans le même atelier à Bordeaux, il y a longtemps qu\’on se connait, on est parti en voyage en Afrique ensemble… Et puis on a entendu parler de cette histoire – parce qu’il est tiré de faits réels ce scénario – je ne sais plus comment mais en tous cas ça nous a intéressé et on s\’est dit que ça serait bien de faire quelque chose avec ça. Et puis c\’est Christophe qui s\’y est collé, qui m\’a proposé ce scénario. Moi ça me changeais, c\’était vachement agréable d\’avoir une histoire toute faite. Après j\’ai rajouté ma patte quand même parce que le scénario était plus dramatique, enfin dramatique il l\’est toujours, mais il était plus sérieux, quoi. Il était plus réaliste, donc moi j\’ai rajouté des touches d\’humour, d\’humour noir, de grotesque… Je l\’ai tiré plus vers quelque chose comme une pantalonnade militaire grotesque. Donc j’ai un peu participé quand même, sans dénaturer le scénario, mais j\’ai changé un petit peu le ton.

Et justement, comment s\’est passé le travail de collaboration, le fait que vous changiez des choses ?

Ça s\’est très bien passé. Mais il s’y attendait un peu, parce qu’il avait travaillé notamment avec Jean-Denis Pendanx, pour faire Abdallahi et Jéronimus, et c\’était un dessin très réaliste qui rendait l\’histoire vraiment pesante. Enfin, c\’était ce qu\’il fallait d\’ailleurs, c\’était ce qu\’il désirait. Christophe en s\’adressant à moi, il savait. Il connaissait mon dessin, savait qu\’il était plus humoristique, un peu moins réaliste, un peu plus grotesque, donc il savait que j\’allais tirer l\’histoire vers ça. Donc lui il était content, il s\’attendait à ce que j\’apporte des petites choses nouvelles, que je mette mon grain de sel dans le scénario. Ensuite j\’ai fait un premier découpage à partir du scénario où j\’ai rajouté tous les éléments que je désirais y mettre, j’ai changé un petit peu le ton, certaines tournures de phrase. Et puis je lui ai proposé, il était très content, l\’éditeur aussi d’ailleurs, car il y a quand même eu une légère transformation du scénario. Ça s\’est passé très simplement, c\’était très agréable.

 

Le sujet c\’est donc l\’Afrique, déjà avec Le Landais volant, une grande partie de l’histoire se déroulait en Afrique et vous évoquez aussi la colonisation. Quel est votre lien avec ce sujet ?

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En fait, c\’est un peu le hasard mais j\’y suis allé souvent – six fois quelque chose comme ça – donc je n\’ai pas forcément choisi mes sujets en rapport avec l\’Afrique, mais c’est bien sûr en rapport à mes voyages que j\’ai fais là-bas, qui font que j\’ai été sensibilisé à certains sujets. Et puis plus tard, forcément, je suis devenu un peu soupe-au-lait avec le problème de la colonisation. Mais après, je n\’ai pas forcément choisi de m\’intéresser à l\’Afrique particulièrement, c\’est un peu le hasard qui m’y a mené. La première fois j\’ai suivi un copain dessinateur, Jean-Denis Pendanx justement, qui lui avait fait la coopération, il y a vingt ans maintenant. Et puis après j\’y suis retourné, du coup, parce que j\’avais envie d\’approfondir. Il y a quand même pleins de choses qu\’on ne comprend pas quand on va là bas, enfin moi j\’étais un peu largué ! Donc j\’y reviens pour essayer de comprendre et puis ça m\’attire, ça me plait. Ensuite Le Landais volant, oui, c\’est inspiré de mes propres voyages, même si c\’est délirant et évidemment il ne m\’est pas arrivé ce qui arrive au personnage. Mais je m\’inspire quand même de mon ressenti sur place, de doutes que j’ai, d’interrogations, de maladresses que je peux avoir aussi, comme tout le monde. J’appuie là-dessus, je grossi le trait, pour nourrir les histoires du Landais volant.

Au niveau du scenario, il n’y a pas l’aspect documentaire mais cela n’empêche que c’est très documenté. Quelle est votre approche du dessin par rapport à ce scénario historique très précis ? Est-ce que vous avez cherché à être aussi précis ou est-ce que vous vous êtes accordé de la liberté, de la fantaisie ?

Je me suis quand même documenté, j’ai surtout cherché pour les uniformes, pour essayer de voir comment étaient habillés les deux corps d’armée, l’infanterie marine – ça c’est du côté de Boulet – et les Spahis – du côté de Lemoine. Donc les cavaliers en rouges sont des Spahis, les autres sont des tirailleurs sénégalais et pour tout ça, j’ai recherché de la documentation visuelle. Mais après, pour le reste, c’est assez fantaisiste quand même, c’est fait d’une manière assez affective. Et comme on le disait tout à l’heure, j’ai déjà dessiné l’Afrique pour Le Landais volant. C’est le même coin en plus, l’Afrique de l’Ouest, le Sahel, donc je sais quelle végétation il y a, les baobabs, la savane… Donc ça je l’ai fais de tête, en gros. Il y a une reine dans le deuxième épisode, une reine qui s’appelle Sarraounia, qui a réellement existé et qui s’est vraiment opposé à La Colonne. Une des seules qui a réussi à imposer une résistance. Bon après, elle a quand même dû fuir mais ils ne l’ont pas attrapé, ils ne l’ont pas tué et elle leur a donné du fil à retordre. Et c’est une reine avec des amazones, donc en plus c’est assez chouettes à dessiner ! Mais vraiment, ça a existé, quoi. Bon là, j’avoue que j’ai fais un peu n’importe quoi au niveau visuel, je n’ai pas trouvé beaucoup de documentations en images. Alors j’avais des photos d’amazones du Bénin, mais ce n’est pas les mêmes coins, alors j’ai fais un truc fantaisiste. En puis ça relevait un peu du fantasme, quand même, cette histoire de Sarraounia. Enfin, cet épisode ça les rends un peu fous, là, les deux officiers, parce qu’elle est un peu insaisissable, on dit que c’est une sorcière… Enfin bon c’est un peu toute l’Afrique qui est symbolisé à travers ce personnage. Donc c’était bienvenue aussi de déliré un peu et d’imaginer. Mais c’est vrai qu’à la base, je n’ai pas trouvé grand-chose là-dessus.

 

La voix off de Dabitch est particulièrement présente et occupe une place importante et ce qu’on a particulièrement apprécié c’est que votre dessin ne répète pas ce qui est écrit mais le complète.

Oui, j’ai essayé de faire ça.

 

Et ça vous a semblé être un exercice difficile ?

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Non, ça s’est fait assez simplement, à partir du moment où le scenario était vraiment bien posé, bien carré. Ensuite, j’ai imaginé assez facilement les premières scènes avec l’esprit par exemple. J’ai essayé de développer ça par qu’au début, je ne savais pas comment le représenter. Finalement j’ai fais une espèce de marionnette assez simple avec un masque et avec des galons pour le grotesque, toujours. Mais les premières scènes, je me souviens pas très bien mais s’est venu assez naturellement, au fil du découpage. Je me souviens que la voix-off aidait pas mal à avoir un recul par rapport à l’histoire et après ça me laissait du champ libre pour imaginer ce que je pouvais mettre en scène dans les cases. Non, pareil, c’était très agréable à faire. Le découpage, c’est vraiment la partie que je préfère, voir comment on met en place la page, où le dessin n’est pas poussé, il est très esquissé – comme un story-board, en fait – mais c’est là que tout prend forme, tu as la mise en scène qui apparaît. Et puis ça va vite, on fait des pages très vite, en 20 minutes, quoi. Donc on peut avancer, on peut commencer à lire ce qu’on a fait, voir si ça marche. Après dessiner c’est intéressant aussi, mais c’est plus laborieux.

 

Le découpage, c’est un découpage très « BD », avec des plans comme peut retrouver au théâtre, des plans d’ensemble où on peut voir les personnages en entier, ce qui se différencie plus des plans cinématographique avec des gros plans, etc.

Le découpage que je fais – il est assez mal dessiné, mais on reconnait quand même les personnages – c’est ce que j’envoie à l’éditeur pour lecture et quand je travaille tout seul je ne fais pas de scénario écrit. Donc il faut que ce soit quand même lisible et en fait dans mes cases, il y a vraiment exactement le même cadrage, en général je ne bouge pas grand-chose après, quand je dessine. Donc toute la variété de plans qu’on peut voir dans l’album, ça apparaît déjà dans le découpage.

 

Et vous avec des influences par rapport à ce découpage ?

Non, je ne sais pas, ou du moins je n’en ai pas conscience. Il y en a forcément, ça peut-être d’autres BD, des pièces de théâtres, des films, des tas de choses… Mais c’est vraiment le récit qui impulse la mise en en scène ou le découpage.

 

Pour adoucir un peu le côté sérieux du scénario de Christophe Dabitch, vous avez apporté de la fantaisie et ça passe notamment par les deux personnages principaux, avec par exemple Boulet, le petit gros tout rougeot, qui souffle et secoue les bras… Et on retrouve clairement des influences au niveau des personnages de vos autres BD.

Oui c’est possible, mais alors je ne m’en rends vraiment pas compte. Enfin je vois bien qu’il y a une filiation d’un album à l’autre, que j’aime bien grossir le trait, que mes personnages sont en général assez expressifs… Mais après, je ne m’en rends pas compte. Pour moi c’est quand même différent de Big Foot, du Landais Volant aussi… Mais bon effectivement les personnages sont bien campés, les deux sont contrastés. Mais pour ça aussi je me suis inspiré de ce qu’on peut trouver d’écrit sur les personnages réels, c\’est-à-dire qu’il y en avait un qui venait vraiment du peuple – le Capitaine Boulet – qui était assez sanguin, assez massif, ça se voyait sur les photos, donc je l’ai représenté comme ça, brun et massif. Et l’autre c’était un aristocrate, blond avec des moustaches… Enfin voilà je me suis vraiment inspiré des photos, il y avait un blond et un brun, ça fait un peu Laurel et Hardy, un tandem comme ça. Il y en avait un qui avait l’air d’être plus dans la réserve, mais assez tordu et finalement tout aussi dangereux sinon plus que Boulet. Là autant le scénariste que moi on s’est inspiré des vrais personnages, pour bien les campés après ! C’est sûr, on a pas mal extrapolé, mais il y a vraiment beaucoup d’écrits qui décrivent ce qu’ils étaient dans la réalité.

 

Et votre côté fantaisiste avec la dureté de l’histoire, l’apport de l’humour, de l’humour noir…

Je sais que c’est un point de vue personnel, dans toutes mes BD avant, il y a souvent un mélange de dramatique et de drôle. C’est ce que j’aime, ce sont mes goûts dans le cinéma, dans la littérature, ce mélange… Les comédies dramatiques c’est ce que je préfère dans le cinéma en général. Et je trouve que ça renforce le côté dramatique, en fait, d’opposé les séquences où tout d’un coup on rit. C’est un truc de base, comme dans les films de Charlie Chaplin où souvent on rit et puis la scène d’après il y a quelque chose de très néo-dramatique. Et le fait d’avoir rit avant, le côté dramatique est accentué et inversement, le côté comique aussi, parce qu’il y a une tension… L’opposition des deux marche bien et est assez complémentaire, finalement. Et moi j’aime bien ça. C’est le parti que j’avais envie de prendre pour cette BD, Christophe était d’accord de toute façon et puis parce qu’au delà du drame de l’histoire, si on prend du recul, il y quelque chose de vraiment grotesque là-dedans, et de comique : dans l’état d’esprit qui préside dans cette aventure, un état d’esprit de colonialiste, les personnages se sentent vraiment supérieurs aux Africains, il y a cette espèce d’arrogance de l’occident, de l’Europe… Qui est bête quoi ! Et on donc on peut en rire en même temps, même s’il y a des massacres et tout ça… Bon dans la bande-dessinée on ne rit jamais aux dépends des victimes de toute façon, c’est plutôt au dépend de l’armée et des officiers. Souley, il est moins grotesque que les deux officiers. Donc voilà, le comique n’est pas à n’importe quel prix non plus, il est orienté.

 

L’alternance comique permet aussi de donner du rythme. Et dans tous vos albums, il y a toujours beaucoup de rythme.

C’est peut-être aussi un défaut chez moi mais j’ai tout le temps peur du vide. Alors c’est très rempli mes dessins. J’essaye de travailler ça, aérer un peu. Mais j’ai peur du vide aussi dans le récit, c’est pareil. Alors c’est assez rythmé, il faut toujours qu’il se passe un truc… Mais c’est vrai que j’aime ça, je trouve que c’est important, le rythme, j’ai toujours peur de perdre le lecteur à un moment donné. Que tout d’un coup on s’ennui et qu’on lâche l’histoire. Donc quand je fais le découpage, encore une fois, j’essaye vraiment travailler le rythme.

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Quand vous faîtes votre découpage, après vous ne le touchez plus du tout ou vous y retourner un peu pour quelque petites modifications ?

Il peut arriver que j’y revienne, mais ça sera plutôt quand je réalise les pages définitives, c’est là que je peux faire des transformations. Le découpage je le travaille vraiment beaucoup, justement pour ces histoires de rythme, de cadrage… Et en général je ne le retravaille pas, une fois qu’il est posé, il est posé. Et c’est vrai qu’après, avec le recul, avec le temps parce que faire des pages c’est plus long – il peut se passer 3-4 ans depuis la fin du découpage – je suis sur une page et je peux transformer certaines choses. Mais faut faire attention, je respecte pas mal le découpage parce que je l’ai beaucoup travaillé et je sais qu’il marche tel que je l’ai créé. Et ensuite quand on fait une planche, c’est tellement plus lent comme travail, qu’on n’est pas dans la lecture, on n’est pas dans le rythme justement, on est dans le détail du dessin… Et j’aurais tendance par exemple à rajouter des dialogues, rajouter une bulle, une connerie… Mais bon si je ne l’ai pas mis dans le découpage, c’est que ça alourdirait la lecture sur la longueur. Donc j’essaye toujours de me retenir de rajouter des trucs. Mais quand je fais les pages, je me dis « oh, une bulle de plus dans la case qu’est ce que ça change ? Rien ? Il y a la place. ». Mais en général je ne le fais pas, je l’enlève. Je la mets puis je l’enlève. Je reviens au découpage initial.

 

Dans vos BD précédentes, vous avez la double casquette et on se demandait quel était votre envie première ? Est-ce plutôt l’envie de faire des illustrations, ou plutôt l’envie de raconter des histoires ?

Je ne sais pas trop en fait. Le scénario je m’y suis mis dès le départ parce que je voulais faire de la bande-dessinée et je ne connaissais personne dans le milieu, j’avais vingt ans, ou vingt-deux, quand j’ai fais ma première. Et bon, j’étais obligé de faire un truc tout seul. Mais quand on a envie de faire de la bande-dessinée plutôt que de l’illustration ou de la peinture ou je ne sais quoi, c’est qu’on a envie de raconter des histoires de toute façon. C’est ça qui me plaît, je suis client de ça, je lis beaucoup, je regarde pleins de films, j’aime bien qu’on me raconte des histoires sous quelque forme que ce soit. Voilà, je suis encore un enfant qui a besoin d’une histoire pour s’endormir.

 

Dans tous vos albums il y a toujours une vraie histoire. En opposition à d’autres BD qui sont beaucoup dans la forme et moins dans le scenario…

Oui, j’aime bien les récits bien construits. Je vois par exemple pour Big Foot, je me suis inspiré d’un roman de Richard Brautignan, et il a fallu que je m’en écarte. Je m’en suis vraiment écarté et j’ai inventé un scénario original, en fait, à partir du roman. J’ai conservé les mêmes personnages et le même ton mais j’ai inventé d’autres péripéties. Parce que dans le roman il ne se passe rien, les personnages sont enfermés dans une maison et c’est tout. Mais en littérature ça marche, on peut raconter le vide et tout ça, en plus Brautignan a un style très drôle, donc le bouquin se suffit à lui-même comme ça, ça marche. Mais dans une bande-dessinée, j’avais envie qu’il se passe plus de choses, donc j’ai fais sortir les personnages de cette maison puis il a fallu que j’invente une autre quête, une quête qui n’existait pas dans le bouquin. Enfin voilà, j’avais envie d’un récit plus que d’une atmosphère. J’ai gardé cette atmosphère là, parce qu’elle est dans le bouquin et qu’elle m’intéressait mais il fallait que j’approche des événements, que je fasse vivre des choses aux personnages. J’ai envie de ça, à chaque fois, c’est ce que j’aime, encore une fois. Je suis plus là-dedans.

Et dans cette idée d’avoir beaucoup de remplissage, vous avez un rapport à la couleur qui est assez fin, avec beaucoup de couleur, des richesses de ton…

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Et ben là, je fais comme je peux ! Oui des fois c’est un peu trop bariolé, je me dis que ce serait bien de faire plus de camaïeux… J’ai tendance à vraiment mettre des couleurs assez vives. Mais ce n’est pas forcément un choix, ça non plus, c’est vraiment comme ça que ça sors, que j’imagine dans ma page quand elle est encore en noir et blanc. Généralement j’avance petit à petit, je ne mets que quelques couleurs et puis ensuite c’est avec les premières couleurs que j’accorde les tons et que je monte la page progressivement… Des fois je me dis que ça serait pas mal d’avoir une vision un peu à l’avance, du coup je poserais moins de couleur pour avoir des ambiances plus douces, plus fondues… Mais c’est difficile aussi, je trouve, d’imaginer à l’avance un camaïeu. Je n’arrive pas à le faire.

Sur le Landais Volant, vous avez travaillé avec une coloriste, Isabelle Merlet. Comment ça s’est passé ?

Isabelle Merlet je la connais depuis très longtemps, on était à l’école ensemble au lycée d’Arts Appliqués de Toulouse, il y a un peu plus de vingt-ans, donc on se connaît très bien, elle habite pas loin de Bordeaux, elle aussi. En fait j’ai commencé à travailler avec elle sur Big Foot, c’était son mari qui avait fait les couleurs pour moi avant et puis elle a fait un hold-up ! Elle a pris les pages, elle a piqué ça à son copain et elle a fait les couleurs à sa place. Elle me les a proposé et c’était tellement bien que je lui ais dis « ben ouais, c’est toi qui le fais alors ». Il y a eu une période de réglages au début, elle m’a fait des propositions, moi je lui indiquais quelques trucs sur les ambiances que je voulais, etc. Donc il y a eu quelques retouches au début, comme ça, et puis quand on a compris tous les deux ce qu’on voulait et qu’on s’est mis d’accord, elle a avancé toute seul. Vraiment, ça s’est fait naturellement, à chaque fois moi je suis hyper content, j’en reviens pas des couleurs qu’elle fait !
Et pour Le Landais Volant on avait travaillé d’une façon un peu particulière, c\’est-à-dire que j’avais fait un lavis et les pages n’étaient pas seulement en noir et blanc, il y avait des valeurs de gris. Donc j’ai fais des ombres en gris et elle ensuite elle a mis des couleurs en aplats derrière. Ça donne un côté en relief et puis on a presque l’impression que les couleurs sont faites à la main, parce que le lavis apporte de la matière et sur le rendu, c’est un compromis qui est vraiment pas mal. C’est bien d’utiliser l’ordinateur comme ça aussi. Alors les gris elle les a transformé en marron, elle a mis du sepia, du brun dans les valeurs de gris pour pas que ça soit sale, parce que par exemple, si on met du jaune sur du gris, ça devient vert kakis un peu dégueulasse, quoi. Donc les gris deviennent des marrons et ça permet aux autres couleurs de bien passer derrière.
Voilà, ça s’est fait comme ça et c’est vraiment agréable de travailler avec elle. Mais bon, pour La Colonne, j’ai refait mes couleurs. Ça faisait longtemps que j’avais envie de m’y remettre. Et puis il y a un aspect financier aussi, parce qu’un coloriste il faut le payer. Là déjà je partage avec un scénariste donc si je veux vivre à peu près correctement, j’avais intérêt à faire les couleurs moi-même. Mais j’en avais envie de toute façon. Et puis l’Afrique c’est chouette à colorier aussi, la terre est rouge, tout est très coloré, c’est agréable.

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