Interview

Philippe Fenech nous parle de son actualité chez Vents d’Ouest

Sceneario.com : Bonjour Philippe, ça va être une interview pour Sceneario.com. Pour ceux qui ne te connaissent pas peux-tu te présenter rapidement.

Philippe Fenech : Je suis… quoi il y en a qui ne me connaissent pas, c’est quoi cette histoire ?

Sceneario.com : (rires) Il y en a, nous avons de nouveaux internautes qui arrivent.

Philippe Fenech : (rires) : Bon, je m’appelle Philippe Fenech et cela fait 10 ans que je traine dans le dessin et la bande dessinée, 10 ans exactement. J’ai commencé chez Disney-Hachette par du dessin par ci par là. Puis j’ai commencé la bédé en 2004 avec une bédé avec Curd Ridel au scénario : Tuff et Koala. Et puis j’ai enchainé avec quelques albums jeunesse. Comme Leo passion Rugby. Je me suis spécialisé dans la jeunesse en enchainant ensuite Anatole Compagnie avec Mitric au scénario. Et dans un style complètement différent j’ai fait un album de science fiction qui s’appelait l’empire des Mecchas, un album à base d’images de synthèse et de dessin que j’ai fait avec Téhy.

Sceneario.com : On voit que tu as fait pas mal de bédé, et pourtant on a l’impression qu’il y a une petite coupure depuis 2008 ? Et c’est vrai que l’empire des Mecchas sonne différemment par rapport à ce que tu as fait précédemment.

Philippe Fenech : L’empire des mecchas, c’est parti d’un petit délire. Je suis très copain avec Téhy qui me suivait et me donnait des conseils. On est tous les deux fans de cinéma et il réalise quelques petits films. Un jour il a pris une photo de son fils déguisé, j’ai trouvé l’image sympa et je l’ai habillé d’un petit effet spécial. J’ai rajouté un laser et des effets vitesse. Au départ c’était une blague, il a trouvé le résultat intéressant et on a tenté de faire une bédé entièrement comme ça. Des amis, nous ont aidé en modélisant un robot comme ça. On envoyé le résultat à Soleil qui a dit banco. Mais ce fut long, on a mis 4 ans et demi à faire cet album qui du coup est pratiquement sorti sur la fin de ce que je faisais chez Soleil.

Sceneario.com : Et peux-tu décrire la technique pour faire ce genre d’album ?

Philippe Fenech : C’est un mélange de tout. Il y avait des acteurs que l’on prenait en photo devant des fonds verts. Nous avions quelqu’un qui nous faisait des armures, une autre personne nous avait fait un gros vaisseau qui faisait un mètre cinquante de large, en polystyrène. On détourait ensuite les images. Et les décors, c’était des éléments que l’on photographiait. Un couloir par exemple était en fait un assemblage de pièce de locomotive. Téhy positionnait les personnages, s’occupait un peu des décors et puis moi je m’occupais d’intégrer tout ça, je redessinais par-dessus, essentiellement pour que cela ne fasse pas trop roman photo.

Sceneario.com : En tout cas, c’était assez réussi car on évite la comparaison, ca fait plus photo réalisme que roman photo.

Philippe Fenech : C’est ce que l’on recherchait, mais bon nombre de gens n’ont pas compris que c’était de la photo. Ca me gène un peu d’arnaquer les gens, et en dédicace certains se demandaient comment je faisais pour faire aussi réaliste. Donc je le leur disais, et les réactions étaient partagées. Notre hantise c’était de ne pas faire du roman photo, et ce qui explique la longueur du projet c’est que l’on a repris beaucoup de pages jusqu’à obtenir un effet convenable.

Sceneario.com : Et pour terminer sur le sujet, en dédicace ce n’est pas difficile d’avoir à dessiner des personnages que l’on n’a pas fait soi-même car ce sont des photos ?

Philippe Fenech : Forcément c’est différent car en dédicace c’est du trait noir détouré, mais ça me permet de m’amuser. Car faire toute un bédé comme ça, très réaliste ca me prendrait du temps mais à la longue ca me lasserait. J’ai participé une bédé sur les légendes urbaines de chez Dargaud, j’ai fait 4 pages et je m’étais amusé, mais c’était 4 pages aussi. Mais en dédicace, ca me permet de tester, et les gens sont contents. Je revois des dédicaces passer sur le net et je vois que je ne m’en suis pas trop mal sortie. Voila c’était la minute autocongratulation (rires). Maintenant autoflagelation (rires)

Sceneario.com : Du coup, comment définirais-tu ton style ?

Philippe Fenech : C’est de l’humour purement franco belge. J’ai essayé d’être un peu moins classique, j’ai arrêté de faire des gros nez. Et j’ai essayé d’absorber le manga au niveau de la gestuelle notamment.

Sceneario.com : C’est-à-dire ?

Philippe Fenech : J’ai arrêté de faire des petits nuages à la suite du personnage comme on faisait avant pour faire le faire bouger, Les traits cinétiques sont donc un peu plus proches de ce que l’on fait en manga. Je trouve que cela fait plus moderne. Donc il y a quelque codes de la bédé franco belge que j’essaye d’éliminer dans la narration uniquement.

Sceneario.com : Pour revenir à ton actualité, tu reviens, après L’empire de Mecchas et Leo Passion Rugby avec « Un héros presque parfait ». Et Dans la foulée va sortir Ulysse. Donc après cette pause relative, tu vas avoir une année 2011 assez chargée ?

Philippe Fenech : C’est bien, parce qu’après une année un petit peu calme…2010 a été ma première année sans sortie…mais c’est pour mieux revenir après (rires). En plus j’en ai profité pour changer d’éditeur. Donc repartir à zéro, pour tenter de convaincre à nouveau. Et donc chez Vent d’Ouest j’ai dû convaincre pas mal car j’ai pratiquement trois albums qui sortent coup sur coup.

Sceneario.com : Justement ça apporte quoi de changer d’éditeur comme ça ?

Philippe Fenech : Moi ce que je voulais c’était revenir à mes premiers amours niveau dessin. Et visiblement mon dessin ne collait plus avec ce que savait faire Soleil. Je faisais Tuff et Koala qui commençait à démarrer, mais les premiers albums sont devenus introuvable rapidement. L’éditeur n’a pas réimprimé les premiers albums et je me suis retrouvé en colère contre cette attitude qui consiste à tuer une série dans l’œuf. Et après chez Soleil, j’étais cantonné à Leo Passion Rugby qui était un travail de commande et qui ne me satisfaisait pas particulièrement…voila mon but c’était de revenir à un dessin classique, j’ai appris à dessiner en lisant Asterix et j’avais envie de revenir à ça. Et encore plus avec Ulysse, qui est la bédé que j’avais envie de faire depuis très longtemps et qui trainant dans ma tête depuis. Ulysse je ne le voyais pas du tout chez Soleil.

Sceneario.com : Et Ulysse, c’est réalisé avec la même équipe que un héros presque parfait ?

Philippe Fenech : Oui, en effet, mais cette fois je participe au scenario, une grande première pour moi. Et puis, même si j’avais envie de faire cette histoire je ne me voyais pas la faire tout seule. En plus je suis entouré de gens avec qui j’aime travailler.

Sceneario.com : Et que tu connais depuis longtemps, notamment Delphine ?

Philippe Fenech : Alors Delphine, (Maddy pour les internautes), qui était secrétaire de rédaction a Lanfeust mag, c’est quelqu’un que je connais depuis mes débuts pratiquement. C’était une amie et quand elle m’a proposé ce projet j’étais très content. Puis j’ai fais la connaissance de Ludo et je suis ravi de travailler avec eux.

Sceneario.com : Alors mois j’ai l’impression Ulysse qui sort dans la foulée d’un héros presque parfait est une sorte de spin-off de cette série ?

Philippe Fenech : C’est exactement ça. L’éditeur nous a demandé de réfléchir sur le même principe mais pas en gags, pour essayer les deux. Donc on est parti sur un sprin-off car on aimait ce personnage que l’on identifie facilement. On avait envie de faire une aventure avec un personnage un peu idiot, mais surtout un peu candide. Il ne se rend pas trop compte de ce qu’il fait.

Sceneario.com : C’est sur que partir en voyage pendant 20 ans, il ne devait pas se rendre compte de ce qu’il faisait.

Philippe Fenech : C’et un peu ça, mais j’avais cette idée d’Ulysse depuis longtemps, c’est magnifique comme histoire, car à chaque fois il découvre plein de mondes différents, et pour faire une aventure, il n’y avait rien de mieux. Et ce personnage qui fait tout pour rentrer chez lui, je trouvais que c’était le thème parfait (il se reprend) ; presque parfait pour faire une aventure humoristique. Ce sera un aventure à la Asterix dans le mesure où chaque lieu découvert, sera l’occasion de critiquer la société.

Sceneario.com : Ce qui permet de capter plus facilement le public en critiquant sur des bases que l’on connaît déjà.

Philippe Fenech : Oui voila, et comme cela se passe dans l’antiquité, on peut faire ce que l’on veut en critiquant le pouvoir par exemple, tout en s’éloignant un petit peu.

Sceneario.com : Du coup ce serait une série en plusieurs tomes ?

Philippe Fenech : Oui

Sceneario.com : Ou une déclinaison de « presque » héros dans chaque tome ?

Philippe Fenech : Non ce serait uniquement Ulysse. On resterait sur les aventures d’Ulysse. On avait pensé à une époque faire une aventure avec un héros différent à chaque fois mais c’est déjà ce qui est fait dans un héros presque parfait. Et le personnage est suffisamment riche pour faire une longue série.

Sceneario.com : Comment est né le projet de un Héros presque parfait ?

Philippe Fenech : Un héros presque parfait est né dans la tête de Delphine. Et à cet époque moi je dessinais dans Lanfeust Mag et je lui ai fait part de mon envie de revenir sur du gag classique. Et les premiers pitchs m’ont bien plu. Au départ, c’était prévu pour Lanfeust Mag, et cela a un finit chez Vent D’Ouest.

Sceneario.com : Cela aurait pu mal interprété chez Lanfeust Mag, des presque héros dans un magazine de Héros.

Philippe Fenech : (rires): Cela aurait pu faire un bon pendant, encore que si un regarde Heroic Pizza ce ne sont pas vraiment des héros.

Sceneario.com : Ce sont des « presque » livreur de pizza.

Philippe Fenech : J’aime bien Lanfeust, j’avais eu une série dedans : Bazardoz, mais le public n’a pas accroché. Entre temps j’ai fait de l’illustration, et cela m’aurait plus d’en avoir une nouvelle. Un héros presque parfait aurait pu être celle-là.

Sceneario.com : Combien de tome sont prévus pour un héros presque parfait ?

Philippe Fenech : Il me semble (il prend son temps et sérieusement, il dit) que l’on en a prévu cinq…ante ou soixante milles.

Sceneario.com : A quand même, au rythme de … ?

Philippe Fenech : Oh deux par mois… (sérieux ) non pour le moment on est parti sur le deuxième qui sortira en janvier prochain. Ensuite tout dépendra si les gens adhèrent ou non. Forcément on aimerait en faire plein. Pour le moment, on est parti sur les héros de cinéma en termes de référence. Sur le second, on aimerait bien axer sur les héros de jeux vidéos.

Sceneario.com : Justement en parlant de jeux vidéos, le petit autocollant sur la couverture ?

Philippe Fenech : C’est tout simplement un partenariat avec eux, ils ont commencé à parler de la bédé sur leur site et nous on a mis leur site en avant. C’est l’éditeur qui gère cela. Et globalement les premiers retours viennent en particulier de joueur de jeux vidéos et de « geek ». C’est d’ailleurs à peu de chose près le même lectorat que les geeks (dont Delphine est scénariste NDA).

Sceneario.com : Et que dit un certain mogwai là-dessus ? Je crois qu’il a beaucoup aimé l’album ? (Le mogwai en question est Cedric Gasperini de Gamalive.com)

Philippe Fenech : Oui il a bien aimé, sauf le petit autocollant (rires). J’étais bien content, Cédric a un avis bien tranchant, et il n’hésite pas à critiquer ci c’est mauvais. J’en ai d’ailleurs fait les frais sur l’empire des mecchas. Et là il a trouvé le concept intéressant, et il nous pousse aller plus loin. Donc sur le second on va sans doute essayer d’être plus méchant. Déjà que l’on nous reproche d’être misogyne…c’est pourtant impossible avec une scénariste dans l’équipe…

Sceneario.com : Les retours sont donc positifs ?

Philippe Fenech : Oui globalement, les gens sont étonnés, ils s’attendaient à lire un album de gags en deux minutes et au final ils découvrent plusieurs niveaux de lectures. Il y a déjà la voix –off, très importante, qui est décalée, sans être narrative. C’est un personnage qui discute avec le héros, qui a un rôle de précepteur, et qui est souvent dépité par sa bêtise.

Sceneario.com : : Il y a aussi pas mal de références à l’intérieur et on essaye de s’attarder sur chaque planche pour voir d’où cela peut venir. Certaines sont évidentes comme les Matrix, par exemple.

Philippe Fenech : Ah ?, C’est évident pour toi mais des gens ne l’on pas vu. On m’a fait la réflexion en dédicace, et certains y ont plus vu le héros de Terminator. Ensuite, il y a Ludo le monsieur référence, qui pousse le vice à coller des références plus précises. Lui et moi on est fan de ciné donc on en profite dès qu’on peut. Moi j’ai mis un clin d’œil à Alien, en dessinant le héros en petite culotte comme Ripley.

Sceneario.com : Et pour conclure si tu devais dessiner un vrai héros lequel ce serait ?

Philippe Fenech : … J’aime un super héros, en particuliers et qui me parle, c’est Batman. D’ailleurs je me passe les deux derniers films en boucle. Sinon quand j’étais jeune c’était plus Spidey. D’ailleurs je voulais être Siper-man, mais après plusieurs chutes du premier étage, j’ai arrêté, et j’ai décidé de faire de la bédé.

Sceneario.com : Merci Philippe pour ton temps.

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