Interview

Nicolas PONA

Sceneario: Salut Nicolas, peux-tu te présenter, décrire ton parcours ?
Nicolas PONA: Rapidement alors.
D’abord rêveur feignant, j’ai été viré du cursus normal à 14 ans pour devenir menuisier. Quelques temps, rabotages et diplômes plus tard j’ai terminé mes études d’architecte en écrivant mon premier scénario.
Mes études m’avaient appris l’art de concevoir.
En lieu et place de bâtiments j’allais monter des histoires. C’était il y a six ou sept ans.
Ah oui j’ai aussi été maître du monde.
Dans une pâtisserie.

Sceneario: Comment est née l’histoire d’Ectis ?
NP : A ce moment là je venais de terminer mon déménagement dans un taudis trop vieux que je venais d’acheter trop cher.
Ça avait fichu un coup à ma réputation d’homme sans faille.
Aussi pour redorer mon blason j’ai écris une honnête histoire violente, sanglante et bien solide : Ectis.
Ce n’est pas parce-qu’on fait pas de bonnes affaires qu’on est pas capable de faire de bonnes histoires, non ?
Une couche de peinture a aussi donné une bonne gueule à ma maison.
C’est pas original mais c’est aussi ce qu’on a reproché à Ectis.

Sceneario: Il y a de cela 1 an et demi, nous avons eu le scénario
d’Ectis entre les mains, à l’époque tu cherchais un dessinateur si ma
mémoire est bonne.
Raconte nous un peu tout ce qui s’est passé depuis ?

NP : A l’époque, Sandro était déjà sur Ectis. C’est l’éditeur qu’on cherchait.
Mais je vais te raconter le début, avant « Il y a de cela 1 an et demi… ».
Ectis écrit, il avait trouvé preneur chez un éditeur que je ne citerai pas.
En même temps un autre de mes scénars intéressait « Vent d’Ouest » Aussi je cherchais sérieusement des dessinateurs pour mes deux bébés.
Un soir alcoolisé, un ami m’a collé plusieurs dossiers de dessinateurs,
dont celui de Sandro, entre les mains. L’ami n’était pas éditeur, mais
il bossait dans une usine de retraitement de déchets et je crois que
ce sont les poubelles d’un célèbre directeur de collection qu’il venait
de récupérer là.
Le lendemain j’ai appelé Sandro pour lui demander s’il voulait jeter un œil sur deux histoires ayant déjà leurs éditeurs.
Je crois qu’à l’époque Sandro en avait assez de se faire rembarrer par les éditeurs. La période était difficile et il se demandait s’il n’allait pas lâcher le métier.
Il a néanmoins choisi de croire en Ectis.
Et il s’y est accroché.
Merci et bravo Sandro.

Sceneario: Apparemment, la recherche d’un éditeur fut la partie la plus difficile ?
NP : Houllala !!! L’épisode fut effectivement long et difficile. Mais je laisse le résumé à Sandro. Il sera moins énervé que moi…

Sceneario: En combien de tome est prévu Ectis ?
NP : Trois.
C’est court hein comme réponse ?
Allez j’en rajoute.
Je n’aime pas les séries à rallonge. D’abord, ça fatigue le dessinateur et puis si un jour je perd tous mes albums, j’aimerai pouvoir les racheter sans avoir l’impression de me faire voler en payant des aventures interminables.
Chaque tome est géré comme un one shoot rapide où toutes les clefs de l’épisode doivent se retrouver. Je relance juste l’aventure à la fin.
Le tout sur le concept de fond qui tient sur une trilogie.
Non c’est pas Star wars.

Sceneario: Peux-tu nous parler un peu de l’histoire ?
NP : Je vais être très vague alors. Sinon où sera le plaisir de la découverte…
La base est ultra classique: Le héros sauvera t’il le monde ?
Désolé pour les chercheurs d’histoire originale…
A partir de là le traitement est plus personnel. il n’y a que violence,
action ultra rapide et ambiance noire de cyberpunk.
Le tout est saupoudrée d’une légère couche de folie furieuse mâtinée de surréalisme.
Ehk ! Mais je suis en plein quotidien là …
Une autre question ?

Sceneario: Tu as d’autres projets sur le feu ?
NP : Pleins.
846,5 exactement. Mais je ne vais pas tout dévoiler par pudeur d’artiste.
Allez, je vous parle d’un steampunk qui pousse au portillon.
Le dessinateur est un suisse nommé Christophe Dubois.
Il est d’un enthousiasme ravageur quand on lui donne de bonnes histoires.
Et il a l’air d’aimer celle que je lui ai écrite.
Je joins une page du projet pour les amateurs.

Sceneario: Quelles sont les dernières bds qui t’ont marqué ?
NP : « Sam and Twitch » chez les Américains. Pour les
fabuleux scénars de Bendis Les derniers albums de Manu Larcenet pour
leurs richesses humaines et leur technique irréprochable. « Noise »
de Tsutomu Nihei. C’est rapide et violent comme j’aimerai savoir faire.

Sceneario: Comptes-tu réutiliser le personnage de Virgin dans d’autres Séries ?
NP : Connaissant la fin d’Ectis je ne pense pas remettre Virgin en héros principal.
Par contre des êtres comme Matzie eux, ont déjà des histoires sur le dos.
Même un roman.
Alors pourquoi pas une série avec elle…
Mais c’est une autre histoire et j’en ai tellement en projet.
896 exactement.

Sceneario: On commence déjà à voir quelques interviews de vous sur le Net, un site
sur la série est en cours de création.
Pour toi, le web est un bon moyen de promotion ? Comptes-tu beaucoup dessus
et sur les sites BD en particulier ?

NP : Eh bien, si un jour j’ai avion privé, je le dédierai au Web en général et à toi en particulier.
Pour le reste je ne sais pas. Ce qui est fait sur le net est toujours fascinant.
Ma femme a trouvé l’autre jours, un site dédié à un poulet portant mon nom.
J’étais ému.
Mais… et dieu dans tout ça ?

Sceneario: Tu as appris le métier avec des grands, Cailleteau et Duval en
particulier,
que peut-on apprendre de pro comme eux ?

NP : Qu’une passion porte son lot de douleur et de patience.
Wahou la phrase !!!
En règle général ils ont essayé de me faire gagner du temps en m’évitant de faire de trop gros pains. Et je n’ai pas souvent écouté…

Sceneario: Tu travailles avec Sandro Masin au dessin, et Pask à la couleur. Comment
s’organisent vos journées de travail ?

NP : Simplifions. Le scénario a été écrit d’une traite.
Puis le board a été réalisé d’une traite et l’album encré, envoyé par gros paquets à Pask et à son ordinateur plein de peinture.

Sceneario: Soyons un peu sentimentaux : qu’est ce que ca fait de voir le fruit de
son imagination prendre petit à petit
forme en dessins et couleurs ?

NP : Je ne répondrai qu’en présence de mon album imprimé.
Le reste n’est qu’affaire d’insomnie, de stress et d’angoisse.
Mon chien avait les même symptômes avant les départs en vacances.

Sceneario: En écrivant le scenario d’Ectis, savais-tu déjà quelle tête allait avoir
tes héros, ou as-tu attendu de voir ce que te proposait Sandro ?

NP : Si j’avais mes idées précises, Sandro avait ses envies à lui.
On s’y ai mis ensemble et nos héros sont nés. Quand un perso fait des bêtises, C’est toujours le perso de l’autre.

Sceneario: Un coup de cœur, un coup de gueule ? A toi le micro :
NP : J’aime beaucoup les lapins. Aussi merci à toutes ces oreilles douces et longues qui rendent le métier plus supportable.

Sceneario: Comment as tu connu sceneario.com et que penses-tu de notre site?
NP : Eh bien j’ai un peu honte de l’avouer, mais c’était sur un site dédié aux lapins rose en chantilly.
Dans les liens il y avait ton site.
J’y suis allé et j’ai pas été déçu.
Depuis j’aime aussi la BD.
Merci sceneario.com

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