Interview

Nicolas Mitric

Sceneario.com : Le nouveau tome de Kookaburra est dans les bacs, pouvez-vous nous raconter son histoire ?
Nicolas Mitric :
Sans dévoiler le dénouement, c’est assez délicat, mais je vais vous donner des pistes ! Je dirais surtout que ce cinquième tome permet de faire la jonction avec tous les précédents tomes de l’univers Kookaburra (que ce soit la série mère, mais aussi les "escales" de Kookaburra Universe).
Retour à Terradoes verra enfin la réunion des 5 enfants, dont parle le message prophétique ancestral dans le tout premier tome de la saga.
Mais on pourra aussi y découvrir les rôles réels de chacun des protagonistes, tout va prendre sa place ! Par exemple, les lecteurs apprendront pourquoi les Dakoïds, eux qui ne font jamais de prisonniers, ont épargné Kubilaï Khàa le dernier des Chevaliers Sorciers. Ce passage faisant écho au Kookaburra Universe tome 6 consacré aux Dakoïds, sorti en juin.
De même pour l’origine exacte de "Terradoes", la supposée fabuleuse planète aux mille richesses évoquée dans le premier opus de Kookaburra Universe, qui révélera sa véritable nature dans Kookaburra tome 5 !
Le plus important, c’est que cet album marque la FIN DU PREMIER CYCLE de Kookaburra, avec un dénouement qui risque d’époustoufler bien des lecteurs (je rêvais depuis longtemps de pouvoir faire cet effet de narration, et je suis vraiment heureux que Soleil m’ait suivi dans cette voie), mais je n’en dis pas plus pour laisser à chacun découvrir ce qui les attend…

Sceneario.com : Et l’histoire de la série complète ?
Nicolas Mitric :
Au commencement trois secteurs de l’univers connu se livrent une guerre féroce depuis des siècles jusqu’à ce qu’une paix précaire soit signée.
Mais tout est remis en cause à cause de 5 enfants, des enfants très particuliers… les plus hautes instances de l’univers ont entrepris de les retrouver par tous les moyens, chacun convoitant leurs immenses pouvoirs !
Les ordinateurs de l’Alliance Terrienne ont capté un étrange message… une prophétie émise depuis la Terre voilà 20 000 ans !
Celle-ci annonce l’avènement de 5 enfants-Dieux qui, une fois rassemblés, auront un pouvoir absolu… cosmique ! L’oracle prétend également qu’en eux s’éveillera l’âme du mystérieux Kookaburra… Mais qu’est-ce réellement que ce Kookaburra ? C’est au travers des nombreux héros très charismatiques créés par Crisse, que l’on accède petit à petit, par un savant jeu de chassé-croisé galactique à cette ultime révélation !

Sceneario.com : Jusqu’où irez-vous avec cette série ?
Nicolas Mitric :
Le plus loin possible, j’espère ! À partir du tome 6 débute un tout nouveau cycle, dans un lieu extraordinaire, endroit de toutes les convoitises, mais aussi de toutes les utopies, de toutes les déchéances, de tous les extrêmes : "l’Arche-Monde" ! Pourquoi ce lieu est-il devenu depuis des millénaires le centre de l’univers, existe-t-il un lien avec les 5 enfants-Dieux… et le Kookaburra ?!
Il y aura toute une galerie de nouveaux personnages mais nous en retrouverons aussi quelques-uns, emblématiques, issus des premiers tomes ! Ce cycle pourra soit se lire indépendamment du premier (pour tous ceux qui découvriraient la série à ce moment-là), mais il s’inscrira également dans la continuité des 5 premiers tomes. Sachez seulement que ce 6 ème volet est déjà bouclé dans mon esprit, il ne reste plus qu’à le story-boarder… et à le réaliser ! Ce que je vais commencer dans une semaine…
Ma volonté sur cette série (puisque désormais je vais être seul aux commandes tant au dessin qu’au scénario ou encore en qualité que directeur de collection sur Kookaburra Universe) est de reprendre le flambeau que Crisse m’a confié, et de tout faire pour qu’elle s’impose comme LA série Space-Opéra de référence en bande dessinée européenne !

Sceneario.com : Et avec Kookaburra universe ?
Nicolas Mitric :
Les 2 séries sont à considérer comme une entité globale, ce qui renforce le concept de Space-Opéra ! Le tour de force est de faire en sorte que chaque album de la série Kookaburra Universe puisse se lire indépendamment des autres albums, mais en même temps ils doivent s’inscrire dans une continuité narrative éclairant le tout d’une façon pertinente, juste et sensible. Je pense que c’est le cas sur ces 6 premiers albums de la saga !

Sceneario.com : Le succès de la série Kookabura n’est plus à prouver… Quel effet ressentez-vous ?
Nicolas Mitric :
Le terme "succès" est assez relatif à mes yeux pour l’instant, je serai un peu mieux fixé quelques semaines après la sortie du tome 5 sur ce point. Ce qui me plaît surtout à l’heure où j’écris ces lignes, c’est que Soleil a joué à fond le jeu : éditorial, marketing, service presse… Tout le monde croit à la force de la série Kookaburra et les répercussions médiatiques se font clairement sentir, c’est important pour un auteur, car bien souvent nous travaillons seuls pendant des mois, en aveugle, avec la responsabilité et l’envie de de passionner, faire rêver, divertir les lecteurs. Et là, sentir tout le monde frémir à la sortie de la fin du cycle, c’est jouissif ! 

Sceneario.com : Avez-vous peur de décevoir votre public ?
Nicolas Mitric :
Il faudrait avoir une sacrément haute opinion de soi-même pour ne par avoir peur de décevoir ! Moi je fais ce métier parce que j’ai envie de faire partager au plus grand nombre les histoires qui traversent sans cesse mon esprit, je suis indissociable de ce que je crée. Maintenant, une fois l’album réalisé je n’ai plus aucun contrôle sur rien. Même l’histoire ne m’appartient plus vraiment, chaque lecteur se l’approprie suivant son vécu, ses rêves, ses attentes. Voilà pourquoi la meilleure chose à faire est de donner tout ce qu’on a en soi, d’être à 100% de ses facultés artistiques au moment où l’on crée et réalise son album, au moins cela on ne pourra pas se le reprocher… Pour le reste, je le répète, au moment de la sortie de l’album celui-ci s’envole de ses propre ailes. Moi je le regarde s’envoler et je jette un œil curieux sur ceux qui contemplent son vol… 

Sceneario.com : Travaillez-vous de la même façon lorsque vous êtes seul sur un album (Arkeod, Kookaburra) par rapport aux albums où vous êtes avec un scénariste ou un dessinateur ?
Nicolas Mitric :
Oui lorsque c’est un dessinateur, car je fais dans presque tous les cas le story-board dialogué de tous les albums sur lesquels je travaille. Ensuite, suivant les auteurs, ils proposent quelques petites modifications (5 à 10% en moyenne). Mais j’ai toujours une vision très précise de ce que j’ai envie, en fait le film "défile" devant mes yeux et j’essaye de transmettre au mieux toutes les scènes qui traversent mon esprit !
Non dans le cas de la collaboration avec Crisse, comme pendant longtemps j’ai estimé que c’était exclusivement sa série, je me basais intégralement sur son story-board. 

Sceneario.com : Comment s’est passée la transition avec Crisse ?
Nicolas Mitric :
De façon très naturelle en fait, et en deux étapes. Tout d’abord nous étions rendu au milieu du tome 5, et je lui ai rendu visite en voiture, pendant les 5 heures de route je me suis dis "la fin de Kookaburra je la sens !". Je lui en ai parlé en arrivant et il était emballé, deux jours plus tard il m’a dit qu’il avait bien réfléchi à quelque chose : "Pour moi l’héritier naturel de Kookaburra c’est toi, je voudrais aussi que tu t’occupes de Kookaburra Universe".
Crisse souhaitant se consacrer à 100% à sa Mythologic/Fantasy, ajouté au fait que nous totalisons autant d’albums sur les 2 séries lui et moi (3 au dessin et 1 au scénario), tout ceci a donné une transition très fluide. 

Sceneario.com : Pensez-vous que ses fans vont "bouder" la série ?
Nicolas Mitric :
Je ne le pense pas sinon ils l’auraient fait au tome précédent. Non ce qui les intéresse vraiment c’est la destinée des personnages de Kookaburra (j’ai croisé des lecteurs qui découvraient la série au tome 4). Et puis Crisse et moi sommes de la même famille graphique, les lecteurs sentent cela. De plus les résultats sont là, la série ne cesse de progresser en terme de lectorat ! 

Sceneario.com : Quel travail préfèrez-vous ? Scénariste, dessinateur ou les deux à la fois?
Nicolas Mitric :
Je préfère être scénariste/dessinateur ou scénariste.

Sceneario.com : Pourquoi ?
Nicolas Mitri c:
Parce que dans ces 2 cas, ça me permet d’être maître d’œuvre sur un album (même si dans le cas où je travaille avec un dessinateur il se produit de nombreux échanges qui viennent enrichir l’histoire). C’est ce qui correspond le mieux à ma personnalité.
Lorsque je suis juste dessinateur je n’y trouve pas mon compte finalement et je me mets à écrire des tas d’histoires pour les autres. Ainsi je retrouve les 2 casquettes et tout va bien.

Sceneario.com : Qu’impliquent vos fonctions de directeur de Collection sur l’Univers Kookaburra ?
Nicoals Mitric :
Plusieurs choses, mais principalement la recherche de scénaristes et de dessinateurs qui vont pouvoir mettre en scène et illustrer les nouveaux opus de la saga. Ce qui m’intéresse surtout c’est de créer des duos (ou solo) dont les styles seront les plus justes en fonction du chapitre qu’ils vont réaliser. J’ai envie d’insuffler aux scénaristes l’envie d’écrire leur meilleure histoire et aux dessinateurs celle de faire les planches dont ils seront les plus fiers. Kookaburra est pour tout professionnel de la BD un superbe exercice de style où peut s’opérer une magnifique alchimie. Pour les 2 albums auxquels j’ai participé, c’est ce qui s’est produit. Pour le premier volet j’ai évolué dans mon style par rapport à ma première série, Arkeod, et Crisse a écrit un scénario avec un parfait mélange de ce qu’il sait faire : rapports entre personnages, sentiments, intrigue, action. Et pour le 6ème tome que j’ai écrit à leur demande pour les frères Péru, ils ont certainement réalisé le plus bel ouvrage de la série…

Sceneario.com : Pour Kookaburra Universe, est-ce vous qui choisissez les intervenants ? Ou avez-vous également des "candidatures spontanées"?
Nicoals Mitric :
C’est moi qui contacte en règle générale les auteurs avec qui j’ai envie de travailler, mais il est exact que j’ai déjà eu plusieurs candidatures spontanées que j’étudie attentivement. Ce qu’il faut comprendre avec cette série, c’est que pour les premiers tomes elle était dans la situation d’un jeune champion de boxe remettant son titre en jeu à chaque fois. Autant la série mère avait acquis un public qui la suivrait progressivement, autant le système de one-shot (histoire complète en un tome) ainsi que le changement d’artistes sur chaque album de Kookaburra Universe pouvaient fragiliser chaque tome. Mais je pense que c’est de moins en moins vrai, j’entends de plus en plus lorsque je vais en dédicace les lecteurs apprécier énormément la qualité des scénarios et des planches de chaque "escale" de Kookaburra Universe. De plus, les lecteurs ont adhéré au principe de Space Opéra et ils en redemandent.  

Sceneario.com : Et pour Arkéod, qui sera dessinateur du 3° tome ?
Nicoals Mitric :
Je ne peux rien encore dévoiler à ce sujet, mais je tiens à rassurer les lecteurs de la série, pour la première fois j’ai trouvé un dessinateur qui me convient et qui est passionné par le projet. À l’heure qu’il est il réalise des essais qui je l’espère convaincront. Mais au vu de son dossier, je suis optimiste. Si tout va bien, on commencera le troisième et dernier tome fin octobre… 

Sceneario.com : Qu’est-ce qui vous a amené à faire Anatole et Compagnie ?
Nicolas Mitric :
L’envie de m’essayer à ce genre très particulier qu’est le gag en une page ! 

Sceneario.com : C’est un style de bd (humour/jeunesse) totalement différent de ce que vous faites habituellement (sf ado/adulte). Pourquoi et comment un tel changement?
Nicolas Mitric :
J’avais une galerie de petits héros en tête et une dizaine de gags en poche, alors je me suis dis: "Tente le coup !"
Je ne saurais plus dire si je l’ai fait par défi envers moi-même ou pour faire des gags qui feraient rire ma fille ! Ce qui est certain c’est que ma rencontre inopinée avec Philippe Fenech a été déterminante. Il a un talent naturel assez phénoménal pour ce type de dessin, je ne sais pas si sans lui je serais passé de la simple envie à la réalisation de la série. Pour ce qui est de la mécanique narrative des gags en une page, j’ai dû tout apprendre et une fois de plus c’est avec Fenech que j’ai le plus progressé. C’est une gymnastique de l’esprit très particulière (comme peuvent l’être dans leur genre le dessin de presse ou le strip en 3 cases).
Et il faut l’avouer j’ai le côté éclectique de la création, il n’y a rien de plus chiant que de voir un peintre faire des toiles qui se ressemblent toutes, ou un écrivain se copier sans cesse. Je suis beaucoup plus admiratif d’un Kubrick ou d’un Spielberg car leur démarche les a conduits à visiter plusieurs genres… 

Sceneario.com : Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Nicoals Mitric :
Actuellement je suis en train de scénariser le tome 4 de Tessa Agent Intergalactique pour Louis et le tome 2 d’Anatole et compagnie avance bien également en parallèle. Dans la foulée je commence le tome 6 de Kookaburra et je démarre la mise en chantier de plusieurs Kookaburra Universe. Enfin, je suis aussi sur la co-écriture d’un roman jeunesse avec Rémi Guérin. Une belle fin d’année en perspective…

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