Interview

Michel FALARDEAU

Sceneario.com: Michel, vous arrivez dans le monde de la BD, qui êtes vous?
Michel Falardeau:
Je suis natif de Notre-Dame du lac (le même village où a grandi Roch Voisine !) dans la région du Témiscouata, une petite ville de 3000 habitants. J’ai quitté la région à l’age de 16 ans pour étudier les arts au cégep de Sainte-foy. Le cours d’arts plastique n’y était pour rien, la seule et unique raison de mon inscription à cette école était le Basket-ball. À cette époque, le dessin comptait peu pour moi. Je n’avait aucune idée de ce que voulais faire dans la vie. Rapidement, j’ai délaissé le sport et pris gout aux arts. Malgré tout, je n’était pas plus avancé dans mon choix de carrière après ces 2 années d’études, ou plutot, ces 2 années de fêtes… 😉
C’est mon père, à l’été 98 qui appris qu’il y avait un nouveau cours d’animation traditionnel qui débutait la session suivante au cégep de Rivière-du-Loup. Je fus accepté. Ce fut ma meilleure d’année d’école, malgré un cours mal organisé. Je fus embauché l’année suivante à Québec dans une boite de jeu vidéo qui incorporait beaucoup d’animation dans leurs jeux. J’ai passé 4 ans à cette endroit, mais comme beaucoup de jeunes compagnies multimédia, ils eurent des difficultés financières et durent fermer leur département d’animation. Et c’est là que je pris la décision de me lancer dans la bande dessinée. J’était frustré par l’animation traditionnel et son coté « travail à la chaine ». La bande dessinée m’apparaissait comme le seul médium où je pourrais m’épanouir.

Sinon, je suis un amateur de jeux vidéo (maniaque !), de musique (Fantômas, Tomohawk), de dessin animé et bien sûr, de BD !

Sceneario.com: Existe t-il des écoles au Canada?
Michel Falardeau:
Je crois qu’il y a une école à Montréal, mais même si je l’avait su à l’époque, je ne crois pas que je m’y serais inscrit. Pour certains, l’école peut être un endroit formidable pour apprendre et développer ses talents, mais… pas pour moi ! J’ai beaucoup lu de BD et observé attentivement des films avant de me lancer. De plus, j’avais une formation de storyboardiste qui m’a grandement aidé.

Sceneario.com: Quelles sont vos sources d’inspirations?
Michel Falardeau:
Le cinéma, les dessins animés et la musique. Le cinéma principalement pour la structure des scénarios. J’adore les films où le personnage principal raconte son histoire (Orange County, Fight Club). Ça permet de se rapprocher du personnage et d’y couvrir un coté plus humain.
Le dessin animé surtout pour les idées folles et l’humour. Parmi mes préférées on peut retrouver : Daria, Clone High, Aeon Flux, South Park …)
Et la musique, et bien… pour planer, s’inspirer des ambiances.
J’adore la BD , mais il est rare qu’après une lecture je me sente rempli de de bonnes nouvelles idées. Exception, je me souviens qu’après la lecture du Donjon Zénith 2 (le roi de la bagarre), j’était frustré. J’aurais aimé avoir créé cette histoire !

Sceneario.com: Pourquoi vous êtes lancé dans cette histoire?
Michel Falardeau:
Mertownville est mon 4e projet de BD et le premier accepté. Avant de débuter, j’ai longuement consulté ma liste de synopsis. Au départ, Mertownville était l’histoire dune fille qui débutait l’université. Il n’y avait rien de fantastique (cours de justice/héros)et l’histoire devait être traité beaucoup plus humoristiquement . Finalement, j’y ai collé des morceaux de 2 autres histoires. L’une a emmené le coté super héros et l’autre, la façon de traiter l’histoire c’est-à-dire, la narration. Sinon, c’était l’histoire qui m’inspirait le plus à cette époque et je tenais à faire quelque chose de différents de mes projets précédant ( dont vous découvrirez peut-être un jour !).

Sceneario.com: Quels sentiments éprouvez vous pour l’héroïne, Lydia?
Michel Falardeau:
Ah ! Lydia, c ‘est mon bébé ! Il y a beaucoup de moi en elle. Elle m’a fait revenir beaucoup d’évènements du passé. Je l’adore ! 😀

Sceneario.com: Est-ce que cette histoire est une histoire vraie? Peut-elle le devenir?
Michel Falardeau:
Il y a beaucoup de choses vraies, mais très loin d’être une histoire vraie. Je m’inspire beaucoup des choses que j’ai vécu à l’école et des lieux que j’ai fréquentés. Les résidences et l’université sont très ressemblant à ceux du Cégep de Sainte-Foy. Les personnages sont tous fictifs à l’exception d’un professeur qui fait une brève apparition dans le 2e tome.
Peut-elle le devenir ? Plus l’histoire avance, plus elle s’éloigne de mes inspirations de bases et je crois que c’est très bien comme ça. J’ai donné une touche de vie à mes personnages et maintenant c’est à eux de continuer !

Sceneario.com: Vous travaillez sur la suite actuellement, le scénario quant à lui est-il déjà terminé?
Michel Falardeau:
Le scénario est terminé depuis l’automne 2004. Présentement, le 2e tome est dessiné, je suis à l’étape de l’ encrage.
Le scénario du 3e tome est terminé dans ma tête, il me reste qu’à l’écrire 😉

Sceneario.com: Pourquoi vous faire éditer en Europe (Suisse chez Paquet) plutôt qu’au Canada?
Michel Falardeau:
Ah, ça c’est la faute des éditeurs ! J’ai envoyé ce projet à plusieurs maison d’éditions d’Europe et quelques-unes au Québec ( il y en a pas des tonnes ici !). 3 éditeurs étaient intéressés (dont un du québec), mais les négociations étaient longues. D’un coup je me suis souvenue des éditions Paquet, cette fameuse maison d’édition dont j’oubliais toujours de montrer mes projets. Explications : J’envoyais toujours mes projets sur Cdrom par la poste, mais les éditions Paquet offraient de les présenter par courriel. Donc, un coup mes projets postés, je revenais à la maison et avec ma super mémoire, j’oubliais de rejoindre Pierre Paquet.
Ils ont finalement reçu mon démo 2 mois et demi après tout le monde et je crois qu’en 2 jours il était question de contrat. Donc, j’ai laissé les autres pour me joindre à l’équipe Paquet !

Sceneario.com: Comment se situe le marché de la BD au Canada?
Michel Falardeau:
Je ne suis pas très au courant, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a rien avoir avec celui de la France.
Ici, le monde achète surtout les classiques ( Tintin, Astérix ) et c’est tout. Il faut dire qu’ici la mentalité est différente, les BD c’est pour les enfants. C’est dommage car il y a tellement de bonnes BD à découvrir.

Sceneario.com: Vous lisez beaucoup de BD?
Michel Falardeau:
Pas depuis que j’en fais… Mais je compte bien m’y remettre. Mes dernières lectures étaient :UN americain en Balade de Craig Thompson et Quartier Lointain de Jirô Tanguchi. J’ai bien aimé.

Sceneario.com: Quelles sont vos BD préférées?
Michel Falardeau:
Ma BD préférée est : « Paul a un travail d’été » de Michel Rabagliati, un formidable auteur Québécois. Après, il y a « politique étrangère » de Lewis Trondheim et Jochen Gerner, « Dark Knight » de Frank Miller et bien sûr, la série complète d’Akira . Et je ne peux oublier de mentionner « Philémon avant la lettre » de Fred, la BD que j’ai lu le plus souvent étant jeune et surement celle qui m’a fait le plus rêver !

Sceneario.com: Vous allez faire une tournée en France début Juin, c’est la première fois que vous y venez?
Michel Falardeau:
Oui, c’est ma première fois ! J’ai bien hâte de voir ça, les vieux pays !… En espérant qu’on me comprenne malgré mon accent 😉

Sceneario.com: Qu’est ce que peux vous apporter ce genre de déplacement? Qu’en attendez vous?
Michel Falardeau:
Je veux me faire connaître ! Je veux qu’on achète ma bd et que je devienne riche ! Pourquoi pas le roi du monde !
Sérieusement, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Mais j’ai la fervente intention de me faire connaître !
Je crois avoir un produit accessible et différent à offrir au publique et je veux qu’il le sache !

Sceneario.com: Vous surfez sur le net à la recherche d’infos, d’articles sur votre BD? Michel Connaissiez vous Sceneario.com avant que l’on ne vous contacte?
Michel Falardeau:
J’ai commencé à surfer une fois ma BD sortie en France. Avant ça, j’allais que sur des sites d’auteurs et rarement.
Mais maintenant, je suis inscrit dans un tas de forums ! Donc non je ne connaissais pas sceneario.com . Mais j’ai été agréablement surpris que des amateurs de BD travaillent aussi fort (bénévolement) pour partager leur amour pour la BD et pour ça, je vous en félicite !

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