Interview

Magus tome 3 – L’Insoumise

Sceneario.com : Bonjour Cyrus. Comment est née l’idée de départ de Magus ?

Cyrus : Au départ plus qu’une histoire c’est surtout l’envie de travailler ensemble qui nous a menés droit sur Magus. A l’époque j’étais tombé sur des planches d’Annabel, des planches qu’elle avait envoyées à plusieurs éditeurs. J’avais été frappé par sa capacité à rendre ses planches narratives. Impossible de ne pas avoir envie de lire ce qui ce passait et ce alors qu’il n’y avait aucun dialogue sur ses planches. Au même moment nous avions envie de collaborer moi et François sur une histoire commune, je lui ai montré le travail d’Annabel. Il a bien sûr été conquis. Les planches d’Annabel avaient pour sujet un monde imaginaire qui ressemblait à notre Moyen-âge. Moi j’avais en tête depuis un moment une histoire qui mettrait en scène un fossoyeur durant les guerres médiévales. De fil en aiguille notre petite communauté s’est mise en ordre de marche pour arriver jusqu’à Magus tel que vous l’avez lu.

Sceneario.com : Cyrus, vous êtes avec François Debois coauteur de cette série, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu davantage sur votre travail ? Comment écrit-on a quatre mains ?

Cyrus : On a chacun notre domaine de prédilection il me semble, moi j’ai une préférence pour la construction de l’histoire séquence par séquence, François a plus de métier et pour la partie découpage, il est clairement plus à son aise que moi. Mais ce qui compte le plus ce n’est pas notre tambouille interne, c’est l’esprit de notre collaboration à 4 mains. Pour qu’elle fonctionne, il faut être humble et se dire que la meilleure idée n’est pas forcément la sienne mais la suivante, peu importe de qui elle vient. Sur ce modèle là on est sur un mode challenge avec François pour aller toujours plus loin et rendre l’histoire meilleure.

Sceneario.com : Le Moyen-âge est une époque assez fantasmée dans l’imaginaire collectif du grand public, quelles sont vos propres représentations ?

Cyrus : Tout à fait y compris dans notre imaginaire. Nous ne sommes pas des érudits du Moyen-âge. C’est une période très vaste de notre histoire et on a parfois tendance à oublier qu’elle couvre des époques très différentes. Nous avons situé notre histoire quelque part vers l’an mille. Mais nous ne souhaitions pas donné dans l’historique, certains l’ont déjà fait et beaucoup mieux que nous. Ce qu’il fallait c’était être crédible mais pas historiquement authentique.

Sceneario.com : Comment avez-vous procédé pour les coucher sur le papier ?

Cyrus : Tout passe par les personnages. Nous ne faisons pas de recherches et n’accumulons pas de la documentation. C’est un parti pris au risque d’être un peu anachronique sur certains aspects. Du moment qu’ils ne boivent pas du coca et qu’ils n’utilisent pas google earth 😉

Sceneario.com : Dans Magus la dimension de la magie est assez « discrète », est-ce que vous pouvez nous parler de cet « équilibre » entre les différentes composantes, historiques, religieuses et magiques, que vous avez mis en place ?

Cyrus : Merci d’avoir noté ce point sur lequel nous avons particulièrement été sensibles. Nous souhaitions en effet avoir un équilibre entre différents ingrédients. Certes nous aimons avoir un point d’encrage fantastique dans nos histoires mais on essaie de ne jamais le faire au détriment d’une certaine crédibilité et surtout ce sont les personnages qui amènent cette dose de fantastique et non l’inverse. C’est important car je crois vraiment que le fantastique est affaire de bon dosage pour maintenir l’intérêt sur les personnages. Si votre fantastique est trop visible, les ressorts du scénario deviennent plus compliqués à maitriser car on se dit rapidement que tout ou son contraire est possible et le lecteur n’y est plus. Surtout si vous n’êtes pas un habitué du genre.

Sceneario.com : Vous avez particulièrement soigné les caractères des acteurs qui s’éclairent dans ce troisième tome avec des confessions assez dramatiques, est-ce que cela ne se fait pas un peu au détriment de l’action ?

Cyrus : C’est vrai. Là vous mettez le doigt sur un aspect essentiel du travail du scénariste, bien doser son récit pour permettre l’intimité du lecteur avec les personnages tout en donnant du grain à moudre au dessinateur pour qu’il puisse s’exprimer et donner de l’ampleur au récit. Il faut donc trouver des situations qui permettent à la fois d’incarner des sentiments tout en faisant avancer le récit. Vraiment dur de le faire sur 46 pages. C’est un exercice délicat en bande dessinée. Une question de dosage sans être non plus dans la retenue, il faut permettre au dessinateur de pouvoir se lâcher. Il faut qu’il se sente à l’aise. C’est au final lui le maitre de la narration. Mais si les intentions au départ sont mauvaises, même le meilleure des dessinateurs ne pourra rien à faire. Il n’aura pas compris ce qui était important à ce moment de l’histoire. Après libre à lui de le faire passer à la mise en scène avec son point de vue.

Sceneario.com : Quelle est la finalité de votre série ?

Cyrus : Rendre les personnages le plus attachants possibles. Qu’à la fin on les garde en bouche un moment.

Sceneario.com : Avez-vous des influences revendiquées pour Magus ?

Cyrus : En ce qui me concerne quelques unes, en BD les Tours du Bois Maury. J’ai beaucoup pensé au Clan des Otori également.

Sceneario.com : Le tome 3, L’insoumise, est annoncé comme la conclusion d’un premier cycle, cela implique qu’il y en aura au moins un second. Pouvez-vous nous glisser quelques mots sur sa teneur, est-ce qu’elle sera dans la mouvance de ce premier cycle ou bien allez vous recentrer le récit sur un ou des personnages plus particuliers?

Cyrus : Je ne peux pas dire quand nous nous attaquerons à un second cycle, j’aimerais beaucoup. On a évoqué plein d’idées, mêmes les plus folles. Les histoires avec des personnages qui ont des pouvoirs permettent d’aller loin en fait. Ceci dit, j’aimerais bien projeter le lecteur quelques années plus tard et raconter l’histoire du fils de Sullivan que l’on entraperçoit dans les dernières pages du tome 3. Ce serait clairement une histoire de vengeance.

Sceneario.com : Et enfin pour terminer la petite question bonus, est-ce que vous pouvez nous parler en quelques mots d’un titre de bande dessinée qui vous est cher ?

Cyrus : Là tout de suite, je dirais L’Enigme de l’Atlantide. Mon premier Blake et Mortimer. De l’aventure avec un grand A. pour un gamin c’était magique de découvrir ce monde caché de l’Atlantide. L’imagination au service du rebondissement. J’aurais pu aussi vous parler de Iorix le Grand. Un des chefs d’œuvres de Jacques Martin. C’est d’une noirceur absolue, j’ai longtemps vécu avec Iorix une fois refermé cet album… Je pourrais aussi vous parler de mon amour pour le feuilleton populaire à travers mes nombreuses lectures de comics américains ou des journaux de mickey. Une autre fois j’espère…

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