Interview

Leo Cassebonbons

Sceneario.com: Comment avez-vous été contacté par la production du film ?
François Duprat: Le hasard des dates et beaucoup de chance. Avant de débuter son tournage, Eric Civanyan cherchait une BD jeunesse que son personnage Francis (joué par Pascal Légitimus) était censé dessiner pendant le déroulement du film.
Le tome « Mon Trésor » de « LéoCassebonbons » sortait à ce moment là, et c’est cette BD qu’il a choisie.

 
Sceneario.com: Pourquoi la série Léo Cassebonbons et pas Titeuf ou Cédric ou Toto qui représentent beaucoup plus de ventes ?
François Duprat: Pour deux raisons.
La première c’est que ces autres personnages sont plus lourd en matière de droits et de finance à utiliser que "Léo Cassebonbons".
La seconde, c’est que tous les albums de Léo Cassebonbons tournent toujours autour de la relation enfant-parent, et que donc il colle au thème du film.

Sceneario.com: Comment s’est passé cette collaboration ?
François Duprat: Bien. Il y a eu une première rencontre avec Eric Civanyan à Lille, qui est venu voir comment je travaillai, et qui à choisi les planches qui lui serviraient pour le film.
Puis les rencontres sur Paris. J’étais perdu dans le monde du cinéma. C’était drôle du coup.

Sceneario.com: Quel a été votre niveau d’intervention sur le film ?
François Duprat: Pas grand chose en réalité, car la BD dans ce film n’est qu’un élément du décor parmi tant d’autres.
J’ai avant tout prêté des planches et le découpage complet de « Mon trésor », puis j’ai réalisé 7 pages
exprès pour le film, qui n’étaient pas finies. Ce sont les planches sur lesquelles on voit Pascal Légitimus travailler.
Pour cela j’ai dû rencontrer deux fois l’équipe de tournage.
Une première fois pour montrer à Pascal Légitimus comment je travaille, pour qu’il puisse prendre mes tics et donner l’illusion d’être dessinateur de BD.
Ensuite j’ai rapporté en catastrophe deux planches à l’aquarelle (technique que je n’utilise jamais) sur le tournage, et j’ai dû lui apprendre en exactement 2 minutes comment faire de l’aquarelle!
Je ne sais pas si j’ai été un très bon pédagogue pour lui, mais en tout cas il me tarde de voir le résultat sur le film.

Sceneario.com: Qu’avez-vous ressenti au contact du chaudbiz ?
François Duprat: Que je suis une vraie midinette face à Pascal Légitimus. Il a dû me prendre pour un autiste. Je n’osais pas faire de référence à tous les sketches des inconnus qui m’ont fait marrer toute mon adolescence!!!
Je suis super content d’avoir vu comment se déroulait une journée de tournage.
De voir l’envers du décors c’est toujours très enrichissant.
Et puis j’ai vu que dans le cinéma c’est comme dans la BD, tout se fait toujours dans l’urgence…on  crèvera tous d’un ulcère à 45 ans !

Sceneario.com: Parlons de la BD maintenant. Est-ce le film en BD ?
François Duprat: Non. C’est le producteur qui nous a demandé avec Olivier Petit si on voulait réaliser une BD autour du film.
On ne voulait pas refaire l’histoire du film en BD. Le scénario a été écrit pour le film et uniquement pour ce média, ça aurait été ridicule de le retranscrire en BD. Et dans ce cas, je ne l’aurais pas fait.
Le deal ça a été de garder le titre et le thème du film en intégrant certains personnages du film à l’univers de « Léo Cassebonbons » à savoir Francis (Pascal Légitimus), Marie (Sandrine Bonnaire) et surtout la jeune fille qui s’appelle Lola.
J’ai donc lu le scénario, j’ai retenu une scène un peu choc du film (qui a priori n’est plus dans le film) et je suis parti là dessus en imaginant que Lola et Léo étaient cousins.
Comme j’ai dû écrire ce scénario en 3 semaines pendant mes vacances, j’ai situé l’action à la mer, dans le lieu où je passais mes vacances avec ma mère et mon frère, puis j’ai secoué le shaker et voilà!

Au final j’ai réalisé l’album que Francis est en train de dessiner dans le film.

Sceneario.com: Que pensez-vous de votre série et de son évolution ?
François Duprat: C’est n’importe quoi, elle va dans tous les sens! Je ne la contrôle pas du tout.
Au début , j ‘ai créé le personnage de Léo pour l’éphémère magazine « la Normandie Petit à Petit ». Je voulais y participer avec une série de gags. Je présentais à la même période un projet avec un scénario de Bruno Falba, qui n’a hélas pas abouti, par contre chez Petit à Petit ils étaient emballés par Léo. Donc de quelques gags pour un magazine je suis passé à un album.
Comme je ne pensais pas en faire une série, je me suis donc imposé la contrainte du gaufrier pour le gag. Je ne suis pas franchement satisfait, alors pour le tome deux je me suis laissé aller à raconter une histoire complète, mais comme je suis très bavard dans mes histoires, les 30 pages demandées pour la collection, ne me suffisent pas, la fin de l’histoire devrait se trouver dans le tome 3.
Et puis…
Et puis Petit à Petit qui était en forte croissance a connu les inévitables difficultés financières qu’engendrent l’édition indépendante. On n’a donc pas pu réaliser le tome 3 (qui est entièrement écrit depuis 2004). Mais en 2005 la mairie de Rouen en association avec la DASS et le département de  Seine Maritime, a demandé à Olivier Petit de réaliser quelques planches sur le thème du respect du corps et du respect des autres, destinées aux écoles primaires du département.
Il leur a proposé de traiter ces sujets délicats dans la collection « Léo Cassebonbons » etd’offrir ainsi à la BD un rayonnement national.  Ils ont accepté. Le plus dur pour Olivier a été de me convaincre. Je ne me sentais pas mûr pour écrire sur ce sujet. Mais je me suis rendu avec lui à une réunion où se trouvaient également des pédopsychiatres. Ce qu’elles ont dit m’a débloqué et j’ai pu intégrer ces thèmes dans l’univers de Léo.
Cet album est sorti sous le titre de  « Mon trésor », comme un hors-série.
Ensuite il a été repéré par Eric Civanyan, et l’aventure « Demandez la permission aux enfants » a démarré.
Ce dernier album est au final le n°4, et par rapport à l’évolution des enfants et surtout de Léo,
on peut désormais considérer que «Mon trésor» est le n°5.

Sceneario.com: Avez-vous des projets pour Léo ?
François Duprat: Faire le tome 3.
Puis faire grandir Léo, sa petite soeur et faire évoluer la relation entre les parents. SI le public et l’éditeur le veulent, bien sûr.

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