Interview

Le Mal Tome 3 par André HOUOT

Sceneario.com : Bonjour André, pour bien commencer cette interview, pourriez-vous nous raconter comment vous avez intégré le monde de la bande dessinée ?

André Houot : Ça s’est fait sur le tard, pour moi… Ma première bd, je l’ai signée à l’âge de 40 ans. J’avais déjà un métier mais j’étais en manque de créativité.

Sceneario.com : "Chroniques de la nuit des temps, Le Khan, Septentryon, Le mal" sont les séries sur lesquelles vous avez oeuvré. Quel est votre sentiment sur le travail accompli ? Y a-t-il une série que vous préférez par rapport à une autre ou ont-elles, chacune, une importance particulière ?

André Houot : J’ai toujours eu du mal à remettre le nez dans les séries que j’ai faites. Il n’y a pourtant aucune que je renie car c’est moi qui ai choisi de traiter les thèmes que j’ai voulus. C’est un risque, certes, mais c’est cela la vraie liberté de création à laquelle j’aspirais. Si je devais choisir l’une de ces quatre séries, je dirais "Septentryon" : je l’avais dans la tête et je l’ai découverte au fur et à mesure que j’avançais dans cette histoire. C’était une thérapie, en plus !

Sceneario.com : Aujourd’hui, sort le dernier opus du triptyque annoncé "Le mal". Quel degré de satisfaction avez-vous atteint ?

André Houot : La première satisfaction, comme toujours, c’est d’avoir en main une histoire au grand complet… Après, on ne peut que se contenter d’éprouver l’inquiétude du père qui regarde son adolescent de fils entrer dans le monde… On est anxieux, on espère qu’il y trouvera sa place, mais on ne peut plus grand-chose pour lui.

Sceneario.com : Comment êtes-vous parvenu à monter ce projet qui s’est étalé sur près de 3 ans ? Comment s’est passée votre rencontre avec Py, votre scénariste ? Et qui se cache derrière ces deux lettres ?

André Houot : Py est avant tout un conseiller spécialiste des énigmes militaires et politiques du 20ème siècle. Je le connaissais bien avant le projet du "Mal" mais c’est une autre rencontre qui est à l’origine de cette série : une troublante rencontre avec un village qui nous arrive en bonne et due forme du fond des âges et qui transpire le mystère quand on connaît l’histoire qui s’y est égrainée depuis sept siècles… SAINT-ANTOINE est un vrai décor de cinéma.

Sceneario.com : Comment vous êtes-vous partagé le travail ?

André Houot : J’avais le décor, j’avais des données personnelles concernant les légendes qui tournent autour de ce village (sa crypte mystérieusement disparue, la présence d’un lac souterrain, les églises successives enfouies sous le site : de quoi dramatiser un maximum. Py m’a apporté des données historiques fiables pour rendre crédible tout cela, pour faire une fiction fortement amarrée à des faits réels.

Sceneario.com : Pour cette série, vous avez fait réaliser une bande annonce percutante (www.le-man.com) qui n’est pas sans rappeler les premières planches ? Pourquoi cette vidéo et quels ont été les effets de cette promotion ?

André Houot : Concernant la bande-annonce, je ne sais pas si elle servira la BD comme je l’espère. J’ai cassé ma tirelire pour faire la bande-annonce d’un film qui n’existe pas… Enfin, comme je le disais tout à l’heure : on a l’histoire, on a le décor, on peut toujours se faire un film pour un film.

Sceneario.com : Au vu des exactions du professeur De Bressieux, êtes vous de ceux qui s’insurge contre toute forme de sectarisme ?

André Houot : Ce qui m’insurge le plus, c’est la propension qu’ont les hommes à exploiter l’incrédulité de leurs congénères. La manipulation des esprits m’insupporte depuis toujours. Ceci dit, j’en ai autant au service des intégristes de tout poils que des oiseaux de mauvaise augure qui relancent les grandes "peurs de l’AN MIL" par écologie interposée, ça part du même pincipe pour envoyer au casse-pipe des générations de gens… Vous verrez, ce n’est pas fini, "LE MAL" est toujours bien là.

Sceneario.com : Vos graphiques ont, semble-t-il, double rendu. Ils ont un effet caricaturiste, poussant à l’extrême certaines visions morbides et par ailleurs, ils développent une sensualité féminine agréable. Est-ce que ce style ambivalent vous colle vraiment à la peau ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

André Houot :Non, ce n’est pas un genre graphique. L’histoire demandait un peu cela : je n’ai pas cherché à lancer un style, d’autres sont plus forts que moi pour cela. D’ailleurs, je ne sais toujours pas si, pour le lecteur, ce mélange passe bien ou non.

Sceneario.com : Comment organisez-vous votre dessin ?

André Houot : Là non plus, je ne suis pas un innovateur… J’essaye modestement de faire un dessin efficace pour servir un récit déjà assez complexe car j’ai pour habitude de le construire comme un puzzle qui s’organise au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire.

Sceneario.com : Pour toutes vos productions, Jocelyne Charrance intervient en tant que coloriste. Est-ce à dire que votre partenariat est… éternel ?

André Houot : On ne change pas une équipe qui gagne… En plus, on travaille ensemble en atelier, je l’ai donc sous la main en permanence… C’est chouette, non ?

Sceneario.com : Est-ce que l’association avec Py va se renouveler pour de nouvelles aventures ? Êtes-vous prêt à faire revenir Sonora l’archéologue ?

André Houot : Py est un homme précieux, il a des réponses à tous mes "champs d’ignorance". On verra si une nouvelle collaboration est possible. Pour Sonora, il faudra qu’un jour, il réapparaisse pour que nous reparlions d’Yvonne (peut-être pour l’intégrale du "Mal").

Sceneario.com : …Ou entrevoyez-vous de nouveaux partenariats avec d’autres auteurs ?

André Houot : Pour l’instant, je prends un peu de temps pour réfléchir sur ma condition de dessinateur BD… et j’ai aussi du grillage à mouton à poser avant le printemps.

Sceneario.com : Merci pour vos réponses. Sceneario.com vous souhaite tout le bien pour "Le mal".

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