Interview

Laurent MAFFRE, auteur de l’Homme qui s’évada

Sceneario.com : Laurent MAFFRE, auteur de l’Homme qui s’évada, paru en juin 2006 chez Acte Sud, peux-tu nous parler de cet album ?
Laurent Maffre :
C’est mon premier album. J’ai déjà été publié chez Acte Sud il y a deux ans dans une petit revue. Ca été les premiers pas dans cette aventure de la Bande Dessinée pour moi.

Sceneario.com : Qu’est ce qui t’a donné envie de te lancer dans cette histoire ?
Laurent Maffre :
Comme c’est une adaptation d’un roman documentaire paru en 1928 d’Albert Londres, j’avais vraiment envie de faire connaître cette enquête et traiter du sujet du bagne qui n’est quasiment pas abordé. Aujourd’hui c’est un sujet qui fait encore apparaître des problématiques contemporaines.

Sceneario.com : Comment as-tu appréhendé cette aventure ?
Laurent Maffre :
Je me suis documenté sur les travaux d’Albert Londres. Il avait fait un premier voyage en 1923 au bagne, pour montrer les conditions de détention des bagnards. A cette époque on pouvait partir au bagne si on avait fait un homicide ou si on était voleur récidiviste. Le premier journaliste qui est allé sur les lieux et du fait, est devenu l’un des premiers journalistes des temps modernes à s’être rendu sur place, a vu ce qui se passait et a donné l’info à l‘opinion public, telle qu’il l’avait vécue.
La première enquête qu’il a réalisée, c’est une série de courts chapitres qu’il mit bout à bout et qui montrent quel était le fonctionnement général du bagne. Il a fait de nombreuses interviews de surveillants, de personnes qui géraient le bagne, mais aussi de bagnards (Roussin, Dieudonné..).
A son retour en France il a publié son livre qui a eu un énorme écho auprès de la population. Il y a eu une prise de conscience du public, mais aussi des parlementaires.
Quelques années plus tard il a appris que l’un des bagnards qu’il avait rencontré, en l’occurrence Dieudonné, s’était évadé. Et qu’il se réfugiait alors au Brésil. Albert Londres est donc allé l’y retrouver et Dieudonné lui a raconté son évasion. La publication de L’homme qui s’évada s’ensuivit avec, par rapport au premier livre, une narration très linéaire. J’ai donc travaillé sur une adaptation des deux ouvrages en essayant à la fois de faire comprendre ce qu’était le bagne et en racontant cette histoire individuelle dans cet environnement.

Sceneario.com : C’est un hommage aux bagnards ?
Laurent Maffre :
C’est un hommage aux personnes qui étaient parquées à l’ombre de la société, loin de tout. C’est un hymne aux personnes qui arrivent à mettre en lumière et qui sont les porte-voix de ce que l’on écoute et que l’on ne voit plus.

Sceneario.com : C’est quand même une histoire assez dure. As-tu des retours du public ?
Laurent Maffre :
Oui quelques uns. Mais cette histoire est dure car le sujet est dur. Rien n’a été édulcoré et je pense que c’est important car il ne faut pas, sinon on fait quelque chose qui passe partout et qui n’aurait plus d’intérêt.

Sceneario.com : Certaines planches sont sans case, sans gaufrier…
Laurent Maffre:
Je travaille beaucoup sur la narration. Dans l’histoire 3 bagnards s‘enfuient. L’un est sur le point de mourir, et ils arrivent dans une ville, et alors qu’ils goûtent tout juste la liberté ils se retrouvent en plein carnaval, qu’ils sont obligé de traverser avec leur compagnon mourant. J’avais envie de travailler cette scène en BD, afin de montrer une rupture et de recréer l’effet de surprise qui existe dans le roman. Je cherche toujours à mettre le découpage le plus juste par rapport à la scène en cours.

Sceneario.com : T’es-tu déplacé sur place pour voir les paysages, les villes, les lieux ?
Laurent Maffre :
J’ai fait de nombreuses recherches. Je vais à présent m’y rendre. Des personnes qui connaissent l’endroit parce qu’elles y sont déjà allées, ont été surprises de savoir que je n’avais travaillé que sur documents. J’ai travaillé avec des livres, des peintures, des gravures, des livres sur la Guyane et beaucoup de cartes postales.

Sceneario.com : Que vas-tu faire après un album comme celui-ci ?
Laurent Maffre :
J’ai envie de travailler sur des histoires qui nous interpellent aujourd’hui. Des albums où la BD peut avoir une résonnance soit sur l’actualité, soit sur le monde actuel. Ou encore travailler à nouveau sur une adaptation.

Sceneario.com : Merci Laurent et bonne continuation à toi.

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