Interview

Laurent ASTIER l’auteur de Cirk et Gong

Sceneario.com: Nous t’avions déjà rencontré en avril dernier, depuis quelques mois ont passé. Le tome 2 de Cirk est sorti 1 an et demi après le tome 1, entre temps il y a eu Gong… Peut on dire que Laurent Astier est un auteur productif?



Laurent Astier : Salut mister Aub et toute l’équipe de Sceneario ! Alors comment ça va depuis la dernière fois ? vous avez … oh, pardon ! c’est une interview … Bonjour les gens qui lisez. Euh, je peux dire un petit bonjour ? Alors bonjour à tous mes potes, à mon papa, ma maman (hey, m’man, je passe à la télé ! ben oui, quoi, ça ressemble drôlement à une télé votre truc), mon frangin etc …… Au fait, c’était quoi la question ?!?! Ah oui …et la réponse est :
Je crois que je ne peux pas dire non.

Bon allez, je blague, je vais faire un peu plus long que ça.
Il ya plusieurs raisons à ça. Je suis de nature plutôt impatiente. J’aime voir les projets prendre forme assez rapidement (même si je les ressasse pendant pas mal de temps avant de les coucher sur le papier).
De plus, j’ai toujours plein de projets en tête.
Et puis j’aime bien les écoles américaines ou japonaises (pas au niveau de la taylorisation du travail)mais le rythme soutenu permet d’essayer des choses, de s’améliorer en faisant …
et puis, je ferais mieux à la prochaine planche. (et oui, comme c’est un travail monastique, on a tendance à se parler à soi-même !)
Je pense que les erreurs servent aussi à avancer.
Et il n’y a jamais de pages parfaites.
Et ce sont même parfois les imperfections qui donnent du chien à une page.
L’autre raison est plus terre à terre, gagner sa vie pour acheter tous les nouveaux produits qui passent à la télé (le yaourt moins acide, le liquide vaisselle plus dégraissant, la merde sans l’odeur …).

Sceneario.com: Toutes tes planches sont pleines, les cases étant superposées sur des
illustrations. Comment procèdes-tu pour réaliser de telles planches?



Laurent Astier : Ben je bosse mes planches comme tout le monde, avec du papier, des crayons, des plumes, un pinceau, une gomme etc…
Non, je vois ce que tu veux dire : je ne fais pas mes images séparées (si c’est à ça que tu penses).
Je prépare mes compos au moment du story board.
Le petit truc, c’est que je bosse directement en double-page (pour éviter de faire des raccords de la mort. Chose que j’avais faite sur le premier Cirk et qui m’avait fait perdre un temps fou). Ca me permet aussi de mieux gérer les masses et de voir directement ce que ça donnera en ouvrant l’album.

Sceneario.com: Dans Cirk, sais-tu exactement où tu vas nous mener, ou est-il encore
possible que des ficelles te tirent les bras pour nous emmener ailleurs?



Laurent Astier : Et non, je sais exactement ce qui va se passer. D’ailleurs tout mon story board est prêt. Je suis en train de bosser sur les crayonnés.
Mais vous ne saurez rien …
Tout ce que je peux vous dire, c’est que ça va vraiment vous emmener ailleurs !!!

Sceneario.com: Quelle technique de colorisation utilises-tu ?



Laurent Astier : Je fais la couleur sur ordinateur, mais je l’aborde comme une mise en couleur à la gouache ou à l’acrylique.
Et en essayant que ça se voit le moins possible (pas trop de dégradé, 0% de filtre, 0% d’effet)
Je sais qu’on aura jamais le rendu de la peinture sur papier (encore qu’avec Painter, si ce n’était pas une usine à gaz), mais ça en donne au moins l’illusion.
Et notre travail n’est qu’illusion.

Sceneario.com: Quel est le plus long : Dessiner ou colorer?



Laurent Astier : Pour le deuxième opus de Cirk, j’ai vraiment passé beaucoup de temps sur la couleur et eu beaucoup de plaisir à le faire.
J’ai quasiment passé autant de temps sur la couleur que sur le noir.
Et puis je voulais ouvrir ma palette de couleur pour le tome 2 car l’histoire s’y prêtait.
Je voulais, avec la couleur, montrer que le changement de gouvernement n’avait été qu’un coup de peinture sur une façade lézardée.
Et qu’en vérité, rien n’avait changé.
Pour le premier tome, j’avais bouclé la couleur un peu dans l’urgence et ça se voit sur certaines pages.

Sceneario.com: Quelle a été ta première envie lorsque tu as vu le tome 2 de Cirk dans
les bacs des libraires?



Laurent Astier : Je pourrais dire l’ouvrir, l’acheter mais ça serait juste prétentieux.
J’étais content.
that’s all !

Sceneario.com: Comme prévu tu travailles déjà sur le tome 3 de Cirk?



Laurent Astier : Hé oui. La sortie est prévue en juin 2004 (donc il ne faut pas que je traîne et que je perde du temps)

Sceneario.com: Et après Cirk?



Laurent Astier : Un autre projet en Intégra (enfin, que je vais proposer à Vents d’Ouest). Une trilogie sur des histoires de femme (un peu évasif, mais si j’en dis plus, je dévoile tout).
Un autre projet avec mon frangin au scénario, un polar bucolique fantastique.
Et quelques autres en mûrissement …

Sceneario.com: Pourrais-tu travailler plus vite pour satisfaire ton public?



Laurent Astier : Si je faisais un album tous les 10 ans, peut être …

Sceneario.com: Est ce que Gong a su trouver son public? Le succès est au rendez vous?



Laurent Astier : Gong a l’air de pas mal fonctionner (sûrement grâce au bon accueil des chroniqueurs, des journalistes, des sites BD etc …), enfin pour un album de plus de 100 pages en noir et blanc (Tout est relatif).
En tout cas, il y a quelques d’auteurs de ma génération qui sont venus me féliciter pour mon album (et ça, ça fait chaud au coeur)

Sceneario.com: Tu nous avais dit lors de la précédente interview, que des propositions
de scénarii t’avaient été faites. Qu’en est-il de ta carrière solo?



Laurent Astier : Voir plus haut.
Non, en fait, pour l’instant les quelques projets qui m’ont été proposés étaient trop énormes pour que je puisse jongler avec mes albums solo. Et comme je ne m’investis jamais à moitié, j’ai préféré refuser.

Sceneario.com: Qu’as tu lu dernièrement?



Laurent Astier : Goldfish
(bon polar de Bendis, même si le dessin pêche toujours un peu)

W.E.S.T
(bonne mise en bouche et les découpages de Rossi sont toujours aussi beaux)

La Grippe Coloniale
(chouette album sur une horrible histoire. « Non, Olivier, je n’ai pas dit scénario horrible. » Mais je suis quand même sûr qu’il va faire exprès de comprendre à l’envers !!! Allez, faut faire le 2 maintenant !! A ce propos, un petit bonjour à Serge et à Olivier de mon trou en France à leur verrue à la Réunion)

Sceneario.com: Tu surfes souvent sur le net? Et sur sceneario?



Laurent Astier : Ben, je vais voir un peu les nouveautés, les avis sur les sorties et aussi sur mes albums (pour avoir un peu de retour et voir ce qui ne va pas).
Et sceneario en fait partie.
Mais je ne vais jamais dialoguer sur les forums. Pas l’habitude et je préfère faire des albums plutôt que d’en parler.

Sceneario.com: Tu as réalisé une planche du cadavre exquis… Que penses tu de cette
idée?



Laurent Astier : Si je l’avais trouvé nulle, tu n’aurais pas eu de planche !!!

Ben voilà, c’est fini !

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