Interview

Johannes Roussel nous parle d’H.M.S.

 

Sceneario.com : Bonjour. Ce mois de septembre 2008 voit la sortie tant attendue du tome 4 de la série H.M.S. qui conclut la nouvelle enquête du docteur Fenton. Mais avant de parler de cela, peux-tu nous dire quelles furent les influences qui t’ont donné l’envie de te lancer dans la BD ?

Johannes Roussel : Comme la plupart des dessinateurs de BD, le goût du dessin et de la BD vient dès le plus jeune âge. Mes cahiers d’écolier sont pleins de petites BD. Dans les années 80, je rencontre Roger qui est historien de formation et passionné de BD. Nous réalisons notre premier album en 1989, l’aventure était initiée.

Sceneario.com: H.M.S. est pour l’instant votre seule série. C’est un univers particulier que celui de la Marine du XVIIIème siècle ? Pouvez vous nous reparler du contexte où se situe la série ?

 

Johannes Roussel : La série s’inspire d’un genre littéraire très en vogue en Angleterre et aux USA : le roman maritime. Les romanciers les plus célèbres sont Forester (Capitaine Hornblower) et O’Brian (Capitaine Aubrey). Les romans de ces deux auteurs ont d’ailleurs été adaptés à la TV et au cinéma à plusieurs reprises et les deux héros ont été respectivement incarnés par Gregory Peck et Russel Crowe. Par un curieux hasard le premier tome de HMS est d’ailleurs sorti quelques mois après le film « Master and Commander » qui est l’adaptation au cinéma de deux romans d’O’Brian.

Roger Seiter avait lu tous les romans de ces deux auteurs et s’était passionné pour ce genre. Il m’a transmis le virus et m’a proposé de faire une série BD se déroulant à cette époque.
Il faut savoir que les romans maritimes se déroulent traditionnellement entre la fin des guerres d’indépendance américaines et la fin des guerres napoléoniennes. A cette période qui se situe au tournant des 18ème et 19ème siècles, l’Angleterre est en guerre contre le monde entier. Le pays va s’appuyer sur une force maritime surpuissante afin de se rendre maître de toutes les mers et de tous les océans. Cette période marque l’apogée de la marine à voile et des navires construits en bois.

Au niveau scénario, Roger ne souhaitait pas reproduire les mêmes thèmes que dans les romans maritimes. Amateur de polar, il a eu l’idée de combiner roman policier et aventure maritime historique.
 

Sceneario.com : N’est-il pas difficile pour un dessinateur de reproduire tous ces navires, ces costumes d’époque ou de retranscrire l’ambiance de l’époque ? Et n’est-ce pas gratifiant pour un auteur de pouvoir redonner vie à une période historique, de se replacer dans un contexte passé ?

Johannes Roussel : C’est un travail qui demande un investissement important en documentation. Investissement financier, mais surtout investissement en temps. Chaque album demande beaucoup de préparation au niveau scénario et recherche documentaire pour les dessins. 

Sceneario.com : N’est-ce pas difficile d’illustrer des scènes maritimes, des scènes avec des navires de cette époque ?

Johannes Roussel : Une fois que l’on a compris comment fonctionne le navire les choses deviennent plus claires et plus faciles à retranscrire. Ca devient un véritable plaisir de redonner vie à ces vaisseaux disparus.

Sceneario.com : Pour ce tome 4, et sans en dévoiler vraiment l’intrigue, pouvez-vous nous dire ce qui nous attend à bord du navire La Perle (The Pearl) ?

Johannes Roussel
:
  Les meurtres continuent et chaque fois que l’on pense trouver une piste, elle ne mène pas là où l’on pense. Les lecteurs seront étonnés par la fin de l’album et la façon dont l’intrigue se dénoue. En tout cas, à la lecture du scénario, j’ai dévoré les dernières pages avec fébrilité. L’épilogue est également savoureux… Mais je ne vous en dis pas plus…

Sceneario.com: Connaissez-vous déjà la prochaine trame ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Johannes Roussel : Je suppose que vous voulez parler des tomes 5 et 6… Roger en a terminé l’écriture au printemps. Le docteur Fenton va être envoyé en mission dans les îles Grenadines pour une nouvelle enquête qui sera plus politique que criminelle. Il y sera question d’esclavage et des Garifunas. Nous retrouverons bien sûr Byam et… la ravissante Mercy Rathbone… Ah, j’en ai déjà trop dit !   😉 

 

Sceneario.com: Où avez-vous trouvé la documentation nécessaire pour la réalisation de cette série ?
Vous êtes-vous mis à la voile pour connaître les termes adéquats, les sensations que confère ce genre de navires où tout simplement, vous ne pouvez pas monter sur un bateau car vous êtes sujet au mal de mer ?


Johannes Roussel
: Habitant en Alsace je n’ai pas trop l’occasion de sortir en mer. Notre documentation provient principalement des travaux de Jean Boudriot. C’est une source incontournable, d’une richesse et d’une précision extraordinaires. Elle est utilisée par tous les auteurs de BD qui traitent ce sujet. Les autres ouvrages sont bien-entendu en anglais ce qui heureusement ne me pose pas trop de problèmes.

 

Sceneario.com: Quelle est la méthode de travail de Johannes Roussel pour réaliser une BD ? Comment travaillez-vous la couleur ? Je trouve le rendu de la mer assez impressionnant et authentique.

Johannes Roussel : Les planches sont dessinées au crayon puis encrées à la plume sur des feuilles de papier A3.

Les planches sont ensuite scannées et nettoyées. Vient alors le travail de la couleur qui est réalisé à l’aide d’une palette graphique sur le logiciel Photoshop. J’invite les internautes à visiter le site de la série http://HMSbd.com. Dans la section vidéo, il y a de petits films qui montrent ma façon de travailler.

Sceneario.com : Quels conseils donneriez-vous à un débutant ?

Johannes Roussel
: Je conseillerais de rencontrer les auteurs dont il apprécie le travail à l’occasion de festivals. C’est le meilleur moyen de montrer ses planches et de recevoir des conseils de première main.

Sceneario.com : Comment travaillez-vous avec votre scénariste Roger Seiter ? N’est-il pas aussi tortionnaire qu’un officier de la marine anglaise de la fin du XVIIIème siècle ?

Johannes Roussel : Roger commence par faire une recherche historique et lit une somme impressionnante de livres sur la période et le sujet que nous voulons traiter. Puis nous décidons des thèmes que nous voulons illustrer dans les albums et de l’évolution des personnages. Roger écrit une trame que nous discutons, puis il écrit le scénario et me le transmet chapitre après chapitre. Une fois ce travail terminé, il écrit le découpage et les dialogues et me transmet le dossier. Une fois que je commence à dessiner, je lui envoie les planches au fur et à mesure. Il me laisse toute liberté pour le découpage graphique. Il arrive que je doive ajuster les dialogues en fonction de nouvelles idées de mise en scène que j’apporte au moment du découpage. Nous nous faisons mutuellement confiance et à chaque étape chacun enrichit le travail de l’autre.

Sceneario.com : Outre la poursuite, je suppose, de la série H.M.S., avez-vous d’autres projets ? Avez-vous envie de changer d’univers ?

Johannes Roussel : Pour l’instant HMS me prend 100% de mon temps. Nous avons d’autres projets, mais il est trop tôt pour en parler. 

 

Sceneario.com : Quel a été votre dernier coup de cœur du coté de la bandes dessinées ?
Sceneario.com : Quel a été votre dernier coup de cœur au cinéma ?
Sceneario.com : En littérature ?
Sceneario.com : En musique ?


Johannes Roussel
: J’ai été trop occupé ces six derniers mois pour suivre l’actualité BD Cinéma et Littérature…
Par contre j’écoute de la musique toute la journée quand je travaille (c’est un des avantages de ce métier). J’ai des goûts assez éclectiques. Je partage avec Thierry Girod (le dessinateur de Durango) la passion pour les musiques de film et il nous arrive de passer des heures au téléphone pour en discuter. Je suis un admirateur de Jerry Goldsmith mais en ce moment je me fais une cure « seventies » avec Roy Budd ou Lalo Schifrin. Je suis également adepte de la musique électronique Chillout. Dans ce registre, mon dernier coup de cœur va à Ulrich Schnauss.

Sceneario.com : Merci pour votre précieux temps passé avec nous, et à bientôt.

Publicité