Interview

Jean-Yves Duhoo : Le candidat le plus à gauche c’est Bayrou !

Julien Derouet : Comment t’est venue l’idée de faire une BD reportage sur les coulisses du PS ?
Jean-Yves Duhoo : Il s’agit en fait d’un travail de commande. En 2003 Bang!  m’a d’abord demandé de dessiner un reportage sur Arnaud Montebourg. Nous n’avions pas encore digéré le séisme du 21 Avril 2002 et ce jeune homme politique avait un discours frais qui renouvelait le discours habituel : il présentait son projet de VIeme  république. Ca m’intéressait d’étudier le sujet de plus près, j’ai accepté.
Le journal Libération m’a lui aussi commandé des reportages, notamment un portrait de Ségolène Royal. Mais c’est en fait à la suite de ma collaboration avec Beaux-Arts Magazine que s’est décidée la création de cet album. Vincent Bernière étant à la fois rédacteur en chef du magazine et directeur éditorial au Seuil, il m’a proposé sur le salon d’Angoulême 2006 de faire d’autres reportages en vue d’en faire un album, qui sortirait un peu avant les présidentielles 2007.

Julien Derouet : L’album est rythmé par une alternance de mini-reportages et d’interviews. Mais qui sont ces illustres inconnus que tu interroges?
Jean-Yves Duhoo : Ce sont des gens de mon entourage, sympathisants ou militants politiques, essentiellement de gauche. Ce sont des copains, des collègues, des amis d’amis qui ont des choses à dire sur les hommes politiques. Le plus difficile dans cet exercice est que je repartais de cet échange avec une dizaine de page de texte et que je devais par la suite synthétiser leur propos en une page de dessin.

Julien Derouet : Et toi, es-tu militant?
Jean-Yves Duhoo : Non. Enfin Le directeur de Beaux-Arts Magazine l’est. Disons que je collabore au sein d’organes plutôt orientés à Gauche : Beaux-Arts Magazine,  Libération…

Julien Derouet : Aurais-tu accepté de faire un reportage sur l’UMP ?
Jean-Yves Duhoo : Pour cela il aurait fallu que les leaders de droite acceptent de témoigner pour un auteur de BD, ce qu’ils n’auraient peut-être pas fait. Et puis je m’en fous, de la droite.

Julien Derouet : Comment as-tu été accueilli par les pontes du parti?
Jean-Yves Duhoo : Pour Montebourg…Je ne l’ai rencontré que deux ans après le reportage qui m’avait été commandé à son sujet. Il n’avait à l’époque pas pris le temps de me rencontrer. C’est un personnage intéressant mais plus je le connais, moins il m’est sympathique… C’est un politique politicien, n’hésitant pas à changer de courant pour accéder au pouvoir.
Quant à Ségolène, elle a accepté que je la suive toute une journée. C’est une grande séductrice, comme tous les politiciens. Il est très difficile de ne pas être séduit par un personnage politique que l’on rencontre. Ségolène c’est un semblant de timidité mais une poigne de fer. D’ailleurs j’admire son OPA sur le parti.

Julien Derouet : Mitterrand il aurait pensé quoi de la candidate Ségolène?
Jean-Yves Duhoo : Il aurait apprécié sa prise de pouvoir au PS en disant "Bien joué fifille !". Ce coup de force est un peu semblable à celui de Mitterrand face à Rocard avant les élections de 1981.

Julien Derouet : C’est quoi, pour toi, le PS, aujourd’hui?
Jean-Yves Duhoo : Une rose avec des épines… C’est un peu commun comme réponse. Plus sérieusement ce sont les démocrates américains. Le PS n’est pas contre la mondialisation libérale. Au pouvoir il l’admet. La vraie gauche c’est le PC. D’ailleurs le PC ne se qualifie pas d’extrême gauche. Les socialistes sont des socio-libéraux. Le problème des socialistes aujourd’hui…c’est qu’ils ne sont plus socialistes. Le candidat le plus à gauche c’est Bayrou ! Ségolène est la candidate du centre droit et Sarko celui d’une droite beaucoup plus dure !

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