Interview

Jean-Baptiste Andreae interviewé pour son album « La Confrérie du Crabe »

Jean-Baptiste Andrea se lance dans une nouvelle série, la Confrérie du Crabe. Beaucoup le connaissent pour sa belle (et première) série, Mangecoeur, créée avec le scénariste Mathieu Gallié et qui leur avait value l’Alph’Art Jeunesse à Angoulême en 1994. Le voici qui signe avec son complice un nouvel album fantastique.

Sceneario : Jean-Baptiste, peux tu te présenter pour nos lecteurs ?

Andreae : Je vis depuis toujours à Bordeaux. Passionné de dessin depuis tout petit je me suis orienté, à la fac, vers les arts plastiques pour devenir prof. Mais, au bout de deux ans, j’ai abandonné et je suis entré aux Beaux Arts, dans les arts graphiques, afin de travailler dans la publicité et la communication en tant qu’illustrateur.
A la fin des années 1980, Cecil (ndlr : l’auteur du Réseau Bombyce), avec qui j’étais aux Beaux Arts, m’a présenté Mathieu Gallié. Du jour au lendemain, moi qui n’avais jamais fait de bd, je me suis retrouvé dans la création d’une série en trois albums ! C’était Mangecoeur.
Toujours avec Mathieu au scénario nous nous sommes lancés dans Wendigo. Je considère cette série comme une erreur de parcours. Je ne me suis pas bien senti dans cet univers réaliste ; je le maîtrisais mal. Je ne regrette pas de l’avoir faite car l’expérience m’a enrichi et je me suis quand même amusé. Mais je ne met pas en avant cette série.
Ensuite, j’ai démarré Terre Mécanique avec Fitou. C’est un univers sur lequel je me suis cette fois bien éclaté. Il était plus dans la continuité de Mangecoeur. J’y ai fait mes premières armes en tant que scénariste puisque j’ai repris seul l’écriture de la série à partir du deuxième tome. Avec Patrick, nous ne voyions pas le développement de la série de la même façon. Il m’a donc laissé mené la barque seul.
J’ai ensuite voulu monter de nouveaux projets, notamment une histoire orientée « jeunesse » très poétique. Mais les éditeurs n’arrivaient pas à la ranger dans une catégorie. Du coup, ça ne s’est pas fait.

Sceneario : Aujourd’hui, on retrouve la paire Andrea/Gallié pour la Confrérie du Crabe. Il met en scène des enfants visiblement atteints du cancer. Ca n’est pas très gai.
Andreae : J’avoue avoir été un peu réticent lorsque Mathieu m’a parlé de ce thème. Mais, en fait, ce n’est qu’un point de départ pour rebondir sur quelque chose d’allégorique et de fantastique. Nous avons donc imaginé ce que pouvait être l’histoire puis Mathieu a contacté Delcourt pour la leur proposer. Ils ont si vite donné leur accord que cela en était écoeurant (rires). Moi qui avait tant galéré pour mes autres projets…
J’ai retrouvé le plaisir de bosser à deux. C’était très motivant. On peut même dire que nous bossions à trois tant l’éditeur s’est impliqué dans la série. Il y avait des échanges réguliers et Delcourt a joué un rôle très important dans le développement de la série.

Sceneario : Nous voici donc plongés dans le fantastique. C’est un univers que tu sembles affectionner particulièrement.

Andreae : Oui, je suis attiré par tout ce qui a trait au fantastique, au sens large du thème. Ca va de Mon Voisin Totoro à la Nuit des morts-vivants. Et puis, quand je raconte une histoire, je n’ai pas envie de parler de la réalité car c’est la vie de tous les jours. Ca ne m’amuserait pas du tout. Je suis un grand rêveur de toute façon.

Sceneario : Pourtant un tel travail ça ne laisse pas beaucoup le temps de rêvasser !

Andreae : C’est sûr qu’une série comme celle-ci demande beaucoup de travail. La Confrérie du Crabe est prévue en quatre tomes. Il y en a donc encore pour trois ans. Mais je sais vivre à côté. Je ne pourrais pas aligner les heures et les journées de boulot sans m’aérer. Je connais des auteurs qui bouclent un album en quelques mois, en bossant 14 heures par jour. Je ne sais pas comment ils font ! Moi, il me faut prendre mon temps.
Les deux parties du boulot que je préfère, ce sont la création du story-board, les crayonnés puis, à la fin, la mise en couleur. Avec Mathieu, nous sommes capables de passer une journée complète à travailler la maquette d’une seule page. D’ailleurs, cela m’intéresserait beaucoup de travailler pour le monde de l’animation et faisant les story-boards et en créant des personnages.

Sceneario : Qu’est-ce qui caractérise le mieux la Confrérie du Crabe ?
Andreae : D’abord, c’est un livre avec de très beaux dessins (rires). Nous avons créé une atmosphère particulière qui fait plein de clins d’œil au vieux cinéma fantastique des années 1930-40. Nous revisitons des monstres cultes de cette époque. Le vampire de notre album est directement inspiré du Nosferatu de Murnau, les ailes en plus.
Autre point fort de la série, ses cinq jeunes adolescents qui ont une vraie personnalité. Nous avons essayé de les faire ressortir le mieux possible à travers les dialogues.

Sceneario : Merci beaucoup Jean-Baptiste pour le temps que tu nous a consacrés !

 

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