Interview

Jacques Lamontagne… un Druide au sommet de son art.

Sceneario.com : Jacques, Qu’est ce qui vous a accroché dans le scénario des Druides ?
Jacques Lamontagne : J’aimais bien la période dans laquelle l’action se situait. Je voyais déjà les ambiances que je pourrais poser avec les cellules monastiques, les constructions en pierre sèche. Faire progresser une enquête dans les décors de Bretagne était pour moi fort prometteur.

Sceneario.com : Habitant au Canada et à priori assez éloigné des traditions Celtiques, comment vous êtes vous imprégné de cet univers ?
Jacques Lamontagne : Pas facilement ! ☺
Thierry est une véritable encyclopédie en la matière, Jean-Luc a également un bagage drôlement imposant. Alors, j’arrivais comme ça, à l’intérieur d’un projet qui mettait en scène des lieux et des traditions qui m’étaient complètement obscures.
Au début, comme mes deux co-auteurs échangeaient à propos de triskels, d’oghams etc , aussi familièrement que si on avait parlé de la pluie et du beau temps, j’étais gêné d’avouer mon ignorance en la matière. J’ai donc dû poser mille et une questions sur telle ou telle chose. Je me suis bien rendu compte par la suite que la plupart des français n’en connaissaient pas énormément plus que moi en matière celtique.

Sceneario.com : Vous avez une science du découpage très cinématographique, entre de superbes plans de bataille et la capture d’un regard, quelles sont vos références dans ce domaine ?
Jacques Lamontagne : Comme vous l’avez dit, je suis un grand amateur de cinéma et de séries télé. Il est donc évident de constater que cette passion pour le septième art influe sur mon travail. Je me nourris d’un peu de tout ce que je visionne. Aujourd’hui, il est étonnant de constater comment le cinéma et la bd s’influencent mutuellement.


Sceneario.com : D’où vous vient ce plaisir, cette volonté de dessiner des « gueules » aussi expressives ?

Jacques Lamontagne : J’adore dessiner de sales bobines. Les personnages secondaires me permettent de le faire. Ces gueules donnent beaucoup de substance, de saveur et crédibilité à ces personnages. Il faut bien se l’avouer, on peut difficilement se permettre cela avec les « héros » qui doivent correspondre d’avantage à l’image que les lecteurs attendent.

Sceneario.com : Vous utilisez Photoshop comme « une boite de crayons de couleur », comment êtes vous parvenu a aussi bien maîtriser cette nouvelle technique ?
Jacques Lamontagne : Je crois honnêtement qu’une fois que l’on a réussi à maîtriser les médias traditionnels que sont l’aquarelle, l’huile, les encres etc…que l’on travaille de manière numérique avec des logiciels comme Photoshop ou bien Painter, cela ne change pas grand chose. Les défis sont les mêmes, soit de bien rendre les ombres et lumières, et d’installer des ambiances. La seule chose qui est difficile au début est de comprendre comment fonctionnent ces logiciels. Pour le reste, c’est l’expérience acquise au fil des ans qui entre en jeu.

Sceneario.com : Vous accueillez beaucoup de lecteurs en dédicaces, quel est le public des Druides ?
Jacques Lamontagne : Difficile de le cerner…Je dirais qu’il se situe entre 14 et 77 ans pour presque paraphraser un slogan qui nous est familier. Si on veut être un peu plus précis, je dirais que je rencontre beaucoup de lecteurs dans la tranche d’âge 30-40 ans, hommes et femmes.

Sceneario.com : Sculpteur, graphiste, publicitaire, illustrateur, la bande dessinée a-t-elle pris le pas sur tous ces travaux ?
Jacques Lamontagne : Lorsque j’ai fait ce passage à la BD, je m’étais donné 3 ans afin d’évaluer la viabilité d’une telle entreprise. J’avais donc gardé certains contacts avec des clients issus de la pub. 4 ans plus tard, je dois admettre qu’il ne m’est presque plus possible de prendre des mandats extérieurs à la BD. J’ai beaucoup de difficulté à briser ma routine de travail.

Sceneario.com : Votre actualité est bien entendu la sortie du tome 4 des Druides, mais pouvez vous nous dire quelques mots des Contes d’outre tombe, de votre travail de scénariste en collaboration avec Ma yi et de ce mystérieux triptyque que vous dessineriez et scénariseriez en parallèle à la série Les Druides ?
Jacques Lamontagne : Les Contes d’outre tombe marquèrent pour moi mon retour à la BD. Je n’avais jamais envisagé la bande dessinée comme une façon de gagner ma vie. Comme plusieurs le savent, ici au Québec, il est plus que difficile de vivre du 9e art. Ces contes me permettaient donc de pouvoir renouer avec cette passion. C’étaient de petites histoires d’humour noir, sorte d’hommage aux célèbres histoire qui paraissaient dans les publication Creepy, Eery etc.
Ce fut pour moi l’occasion d’expérimenter au niveau de la mise en scène, du découpage et de la scénarisation. Le tout était publié une fois par mois dans un magazine québécois. Il y aura donc un recueil de ces contes qui paraitra à l’automne aux éditions québécoises les 400 coups, qui comptera 70 pages. Les lecteurs pourront vraiment assister à mes premiers pas en BD.

Concernant Yuna, le travail avance lentement mais sûrement avec le dessinateur chinois Ma Yi. Les lecteurs seront à coups sûrs charmés par les pages que Ma Yi abat. C’est un dessinateur remarquable !!!

Quant au triptyque que je me proposais de dessiner et scénariser, j’ai dû le mettre de côté pour l’instant. Je ne sais toujours pas si j’y reviendrai. Parfois, lorsque l’on s’éloigne d’un projet pendant une certaine période, il est difficile d’y revenir et de retrouver le même enthousiasme qu’au départ.

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