Interview

Interview de Philippe Saimbert

   

Sceneario.com : Bonjour. Pourrais tu te présenter pour nos amis lecteurs ? Quel fut ton parcours avant de faire de la BD ?

Philippe Saimbert : Bonjour à toi et aux lecteurs de Sceneario. Je suis scénariste de bandes dessinées depuis une dizaine d’années. Après une tumultueuse période en tant qu’étudiant à la Fac de Pau, j’ai bossé 4 ans dans une banque. Mais ne me voyant pas finir ma vie entre quatre murs, j’ai donné ma démission pour me lancer dans la voie plus que périlleuse de l’écriture. Je réalisais des sondages en parallèle pour subsister.

Sceneario.com : Tu as scénarisé « Break Point », « Les Brumes Hurlantes » (avec Mutti au dessin), « Les âmes d’Helios » (avec Ricci), « Les processionnaires » (avec Séra). Peux tu revenir sur ces quatre œuvres ?

Philippe Saimbert : Ce sont toutes des œuvres crépusculaires. Abordant les thèmes de la Rédemption et mettant en exergue cette fameuse « part de cristal » (l’expression n’est pas de moi) qui subsiste chez le plus vil des hommes. Ou le plus désespéré. Il n’y a pas de héros immaculés dans mes univers et surtout pas de happy-end. Par contre, j’aime les fins surprenantes, dérangeantes.

 

 

Sceneario.com : Comment étaient tes relations de travail avec tes dessinateurs ? Comment travaillais-tu avec eux ?

Philippe Saimbert : « Les processionnaires » a été la première série BD que j’ai signée. Le projet le plus noir et métaphysique. Le plus douloureux pour moi également. Pour nombre de raisons, je suis moi-même rentré dans la Procession. De plus Séra et moi-même n’avions pas du tout la même approche du projet. Il a imprimé une vision surréaliste, baroque. C’était un choix artistique. De mon côté, il s’agissait de ma première œuvre, ma première collaboration : j’ai dû faire de multiples concessions.Travailler avec Andréa Mutti et Roberto Ricci fut beaucoup plus simple car nous fixions les mêmes horizons. De plus, ils ont considérablement enrichi mes univers. Surtout au niveau de l’atmosphère et des décors. Nous sommes restés très amis. Même si nos chemins professionnels se sont quelque peu séparés.

Sceneario.com : Comment sont nés ces quatre différents projets ? Quelles ont été tes influences ?

Philippe Saimbert : Avec le temps, je me suis rendu compte que j’écris toujours la même chose, ou tout du moins, que je reviens aux mêmes thèmes et personnages : la rédemption, les loosers magnifiques, les âmes brisées, les intrigues tortueuses et les fins surprenantes.Il est indéniable que mes influences sont largement cinématographiques. « Break Point » est largement influencé » par « Usual suspects », « Les diaboliques », « Les spécialistes », « L’arnaque », « Reservoir dogs ». Le challenge était de renouveler le « casse du siècle ».L’esprit de la série télé « Le prisonnier » se retrouve dans « Les processionnaires ». Patrick McGoohan a écrit l’une des séries télé les plus intelligentes et prenantes qu’il m’ait été donné de voir.« Les brumes hurlantes » est une sorte de « Chien des Baskerville » à la sauce OGM. Intrigue tortueuse sur fond de brume en Sologne.Tandis que « Les âmes d’Hélios » transpire nombre d’influences telles « 1984 », « Brazil », « Alien », Mad Max » et nombre de reportages sur la secte de l’OTS (Ordre du Temple Solaire).

 

 

Sceneario.com : Quels sont tes projets actuels ? je crois que tu sors un roman ? Quel en est le thème ?

Philippe Saimbert : Oui, les éditions L’Olibrius Céleste m’ont honoré d’un contrat. Il s’agit d’un roman écrit il y a plus de dix ans : « Du fond du cœur… ». Je l’ai remanié à plusieurs reprises, transposé dans le Béarn (il se déroulait dans le Lot et Garonne à l’origine). Comme il s’agissait d’une comédie familiale se déroulant dans une région bien typée, je me suis dit qu’il était certainement intéressant de profiter de la dynamique du film « Bienvenue chez les Ch’tis » et de le représenter aux éditeurs. Ma « stratégie » s’est révélée payante.

Sceneario.com : Peux-tu nous en faire le pitch ?

Philippe Saimbert : Le plus simple est que je vous donne la quatrième de couverture :

Des « histoires d’héritage », le notaire qui a convoqué la famille Castet, en a connu. Mais le testament que laisse la terrible Tata Lucie à ses neveux dépasse l’entendement. Pour toucher l’héritage, ils devront s’installer avec leur famille dans la masure de la défunte et se lancer dans une quête aussi éprouvante que rocambolesque.
De Pau à Lembeye, au cœur du Béarn, ils vont être entraînés dans une aventure qu’ils n’oublieront pas de sitôt…
Philippe Saimbert brosse des personnages hauts en couleurs dans une comédie où suspense et truculence alternent avec des séquences plus intimistes et nostalgiques.
Comique de situation, dialogues savoureux et coups de théâtre vont s’enchaîner jusqu’à un dénouement pour le moins surprenant…

Sceneario.com : Ecrit-on pareil un roman et un scénario de BD ? Quels sont les différences de travail ?

Philippe Saimbert : Ecrire un scénario de BD est un exercice difficile qui demande des notions de découpage et de narration propres à la BD, elle-même très proche du cinéma. Mais l’écriture d’un roman est à mon sens un exercice encore plus ardu. Le scénario BD ou cinéma est très elliptique dans tout ce qui est description des décors et persos. Les effets de style sont prohibés. Un scénario est d’ailleurs très désagréable à lire car il ne contient que l’essentiel.
Par contre, en ce qui concerne le roman… l’auteur est le seul maître à bord. Dans un scénario, on est jamais seul. On prend toujours le risque que notre enfant nous échappe.

Sceneario.com : Et tes autres projets ? Une nouvelle bande dessinée en préparation ?

Philippe Saimbert : Une BD doit être publiée dans un grand magazine italien à la rentrée. Il s’agit d’un thriller en one-shot se déroulant dans le milieu de la télé-réalité. Avec toujours une fin très surprenante. Je m’investis énormément sur un autre projet de Thriller fantastique mais destiné au cinéma cette fois : un jeune réalisateur a mis une option sur ce dernier. Nous sommes en train de préparer un teaser pour appâter une grosse production. Même si ces premiers jalons sont très aléatoires, tout cela est très excitant.

Sceneario.com : Quel a été ton dernier coup de cœur pour une BD ?

Philippe Saimbert : J’ai relu dernièrement le merveilleux album d’Emmanuel Guibert : « Brune ». Une œuvre puissante, dure, à la frontière du fantastique et traitant de l’ascension d’Hitler au pouvoir. C’est l’une des œuvres qui m’a donné envie de travailler dans la BD et d’envoyer mon premier projet chez Albin.

Sceneario.com : Ton dernier coup de cœur pour un roman ?

Philippe Saimbert : J’ai lu tout naturellement les romans publiés chez mon éditeur : « Le cycle d’Alamänder » (Alexis Flamand) et « Cavatines » (Laure Eslère) . L’un est un bijou d’Héroic-Fantasy, débordant de personnages hauts en couleurs, aux univers foisonnants et parcouru de saillies humoristiques. L’autre une œuvre romanesque et fantastique, écrite d’une plume délicate.

Sceneario.com : Ton dernier coup de cœur pour un film ?

Philippe Saimbert : Sans aucune hésitation « Old boy » de Chan-wook Park. Un film culte. Véritable choc cinématographique. Une claque magistrale. Un scénario diabolique, une fin surprenante. Dur, violent, vénéneux. Et une musique prenante. Incontournable !

Sceneario.com : Ton dernier coup de cœur pour une musique ?

Philippe Saimbert : La BOF de « Requiem for a dream ». Sublime. A l’image du film.

Sceneario.com : Merci pour ce temps passé avec nous.

Philippe Saimbert : Merci à vous pour l’intérêt que vous portez à mes projets. Longue vie à Sceneario.

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