Interview

Interview de Jean Auquier, directeur du Centre Belge de la Bande Dessinée

Interview de Fef pour Sceneario.com  réalisée en novembre 2013.

Sceneario.com : Quel est votre parcours ?

Jean Auquier, directeur du Centre Belge de la Bande dessinée : il y a 25, 30 ans, j’étais journaliste. Quand le journal dans lequel je travaillais s’est arrêté, j’ai regardé ce qu’il y avait comme travail dans le quartier et il y avait ce projet du centre de la bande dessinée. Au départ du centre, je m’occupais de communication et un peu d’exposition, ensuite le chemin a évolué.

J. Auquier

Sceneario.com : Vous venez de renouveler vos expositions permanentes par rapport à ma dernière visite pour l’expo Spirou, il y a quelques mois.

Jean Auquier : Il y a 4 ou 5 mois, l’exposition « L’invention de la bande dessinée« , qui se trouve juste derrière l’accueil, était déjà accessible. La nouvelle exposition permanente c’est « l’Art de la BD« . Cette nouvelle exposition est le prolongement de l’invention de la BD.On y raconte comment on s’y prend, et quels sont les enjeux quand on cherche à réaliser un roman graphique, une BD jeunesse, …

Le principe de cette exposition, c’est que son squelette est fixe et définitif, enfin, ça va veut dire dix ans peut-être !

Mais toutes les illustrations, qui ne sont que des originaux, sont variables, donc au fil du temps on pourra être amené à changer une vitrine, puis une autre, ainsi de suite, …

Pour nous, c’est plus facile à gérer et cela veut dire aussi qu’il y aura toujours de nouvelles choses à montrer.

Sceneario.com : Cette exposition est articulée autour de deux parties, la première partie montre les étapes de la conception d’une bande dessinée, du scénario à l’impression en passant par le crayonné, l’encrage, … et ensuite on trouve une autre partie, thématique, avec les différents styles de bande dessinée : jeunesse, science-fiction, …

Jean Auquier : Cette exposition s’adresse à nos visiteurs avec ce qu’ils connaissent ou pas de la bande dessinée. Alors on les prend par la main et on leur explique le langage de la bande dessinée.

Sceneario.com : Les expositions sont trilingues.

Jean Auquier : C’est primordial pour nous, toutes nos expositions sont trilingues, français, néerlandais et anglais. Nous avons 10% de visiteurs chinois, et tous les textes des expositions permanentes sont aussi en chinois, espagnol, italien, … et téléchargeable en PDF sur le site du centre.

On est en un grand musée de Bruxelles et pas un centre culturel pour érudit. On veut que les érudits s’y retrouvent aussi, on sait bien qu’ils ne seront jamais forcément contents, évidemment ils seront frustrés de pas voir tout ce qu’ils veulent, et on sait bien que le grand public aussi, il n’y aura jamais assez de Schtroumpfs ou de Tintin, …

Mais, dans le foisonnement de créativité qui est autour de ce langage-là, entre tout ce qui est populaire et ce qui se fait par les descendants de l’Association, les fanzines, … Tout cela existe et à sa place dans notre musée.

C’est aussi pour cela que l’on a, depuis 2008, une galerie où sont présentées des œuvres dans l’actu de la bd. Cela peut être très variable, en ce moment c’est Seediq Bale, un roman graphique taïwainais.

Tout a le mérite d’exister, tout a le mérite de cohabiter.

Sceneario.com : Qui décide pour les expositions temporaires ?

Jean Auquier : On fait le choix collégialement à trois, ça veut dire qu’on essaye sur une période de deux ou trois ans, d’avoir à la fois des auteurs belges francophones et néerlandophones de différents niveaux, et à la fois des grands acteurs de la bande dessinée internationale et aussi de nouveaux talents.

En juin prochain, on fait une exposition sur les cent ans de bande dessinée dans les Balkans, ce n’est pas pour raconter uniquement Sarajevo en 1914. C’est surtout pour montrer la créativité qui existe aujourd’hui dans les pays de l’ex-Yougoslavie notamment, et sans s’arrêter à un genre particulier.

On l’a déjà fait avec les Québécois, les Hollandais, avec les Russes, et avec un tas de monde.

Sceneario.com : Comment rassemblez-vous les pièces présentées lors des expositions ?

Jean Auquier : Il y a différents manières. Nous avons des réseaux que nous faisons travailler de temps en temps, et il y a des contacts sur place. Dans le cas des Balkans, on a un commissaire d’exposition qui connaît admirablement son sujet, on le laisse travailler, il est en relation avec quelqu’un de chez nous qui connaît nos moyens et nos possibilités. Tout cela se place dans un programme qui s’inscrit dans la durée, ce qui est pour moi le principal. On doit brasser tous les courants à la fois, les grands acteurs, les Belges, les Français, … Cela fait toujours de grands débats.

En automne prochain, pour les 25 ans du Centre, nous avons décidé de faire une exposition qui s’appelle « Bruxelles, ma bulle« . Il y aura majoritairement des alternatifs qui ont raconté leur ville à la manière d’aujourd’hui. On verra aussi des choses faites par des anciens de Saint Luc, des gens d’un peu partout qui ont fait des choses fantastiques sur les quartiers nord de Bruxelles, qui sont des endroits dont on ne parle jamais.

On va raconter Bruxelles avec des auteurs en grande partie d’aujourd’hui. Évidemment Bruxelles est un prétexte pour parler des auteurs de cette grande famille si on considère qu’ils utilisent le même langage pour s’exprimer. Cela peut être des auteurs dont les bd sont tirées parfois à 100 000 exemplaires, c’est plutôt rare, et parfois cela peut être des planches faites pour concourir à un prix à Bruxelles.

Sceneario.com : J’essayerai de revenir à ce moment là !

Jean Auquier : Vous serez toujours le bienvenu.

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