Interview

Interview de Igor Baranko auteur des Princesses Egyptiennes

Traduction assurée par Les Humanoïdes Associés

Sceneario.com : Pouvez-vous nous dire ce que représente pour vous la bande dessinée ?

Igor Baranko : Quand j’étais petit, j’adorais toutes les sortes de dessins. Mais quand je voyais une illustration décrivant une scène ou un événement, je ne voyais qu’un instant de la réalité. Et à chaque fois, je voulais connaître la suite : quand, par exemple, tu vois une bagarre (tous les petits garçons aiment voir des bagarres) et que l’un des personnages lève la main pour mettre l’autre à terre, va-t-il réussir ? Ou bien son ennemi réussira-t-il à l’éviter ? Enfant, l’art classique ne me satisfaisait pas. C’est quand j’ai découvert la bande dessinée que j’ai compris ce dont j’avais réellement besoin : du grand art et des histoires qui allaient avec. Bon, toutes les histoires n’étaient pas bonnes et toutes les bandes dessinées n’étaient pas du grand art, mais cela ouvrait quand même sur d’autres horizons. Et comme la plupart des choses que mes professeurs me racontaient ne me touchaient pas, j’ai commencé à créer mes propres histoires, en secret, pendant les heures de classe. C’est comme ça que je suis tombé dans la bande dessinée. J’ai alors compris que c’était le seul métier que je voulais faire. Mais hélas, il faut gagner de l’argent en ce monde, pour vivre. Comme c’était impossible de vivre de la bande dessinée dans les pays de l’ex bloc soviétique, j’ai commencé à travailler pour des sociétés étrangères, françaises et américaines. Etant moi-même quelqu’un d’assez « cosmopolite », cela ne m’a pas posé de problème. Voilà, j’ai résumé ma vie professionnelle, et je vais finalement répondre à votre question… Qu’est-ce que la bande dessinée représente pour moi ? mmm… Le plaisir.

Votre parcours n’a pas toujours été des plus simples. Dans quelles mesures cela impacte-t-il sur le regard que vous portez sur votre travail ?

Que voyez-vous de si compliqué dans ma vie ? La plupart du temps, les européens et les américains sont très impressionnés d’apprendre que j’ai servi deux ans dans l’armée soviétique. Mais c’était la norme à l’époque. Tout le monde devait le faire. Et ça n’a rien de romantique – il en est resté, chez moi, un peu de déception sur la nature humaine et une haine du système soviétique. Mais à cette époque, le système soviétique déclinait déjà – d’une certaine manière j’étais dans l’air du temps ! J’ai ensuite fait plusieurs voyages en Asie centrale, vécu l’effondrement économique de l’Ukraine post-soviétique (une époque par ailleurs intéressante, avec son propre charme, mais que je ne voudrais pas revivre pour autant), puis j’ai immigré aux Etats-Unis – c’était aussi intéressant. Je suis arrivé là-bas sans aucun point de chute, choisissant Los Angeles uniquement parce qu’il y faisait beau. J’ai alors rencontré Les Humano et travaillé avec eux, jusqu’à aujourd’hui, après que je sois rentré en Ukraine… Et je suis encore en train de vous raconter ma vie. Pour répondre à votre question… Franchement, je ne sais pas. Il est probable que ma vie ait influencé mon travail d’une certaine façon, mais d’un autre point de vue, mes bandes dessinées me permettent de m’évader – je n’ai jamais fait quelque chose de réaliste qui traite du monde qui nous entoure. Et pour certaines raisons, j’évite de le faire – mon travail n’est que fiction et fruit de mon imagination.

Sur la plupart de vos séries (L’Empereur-Océan, La danse du temps, Maxym Osa et Princesses Egyptiennes) vous travaillez seul. Pouvez-vous nous parler de ce choix ?

Je ne l’ai pas choisi. Pour commencer, j’ai travaillé pour Les Humanoïdes Associés sur un scénario de Jodorowsky, puis sur un autre scénario de Dionnet. Mais comme Dionnet était tout le temps pris par ses projets, j’ai proposé aux Humano mon propre scénario, et ils l’ont aimé. Depuis cette époque, je travaille seul. Mais si quelqu’un me proposait un scénario que j’aime, j’y travaillerais avec plaisir. J’aime réaliser mes propres projets parce que je suis vraiment dans mon univers, et que je peux faire ce que je veux. Si c’est quelqu’un d’autre qui écrit le scénario, je ne suis plus que le dessinateur…

Vous aimez l’Histoire et notamment les périodes où les croyances mystiques étaient fortes. Qu’est-ce qui vous plaie dans ces époques ?

J’ai toujours été intrigué par la manière dont les choses s’organisent autour de nous. Ce que je veux dire, c’est : le libre arbitre existe-t-il, ou bien tout est-il déjà écrit, la fatalité est-elle la seule voie ? Y a-t-il des créatures supranaturelles qui nous observent (Dieu ? des dieux ?) ou bien sommes-nous seuls ? Du coup les personnages qui essayent de répondre à ces questions m’intéressent, forcément. J’aime dessiner des personnages en action, mais ces actions sont généralement motivées par des raisons existentielles.

La part de mysticisme est très présente dans Princesses Egyptiennes et abordée sous deux angles différents. Il y a la magie « vraie » de l’ordre de l’irrationnel et la magie de l’illusion, reposant sur des tours de passe-passe. Les deux cohabitent et se mêlent parfois.

Oui c’est vrai. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter.

Dans Princesses Egyptiennes, les bases du récit reposent sur une dimension historique qu’ensuite vous vous réappropriez pour écrire votre histoire. Est-ce que vous vous êtes documenté sur l’Egypte ancienne ?

Effectivement, cette civilisation exerce un certain attrait sur moi – et je ne suis pas le seul. Chez mes parents, il y avait un grand livre sur l’art de l’Egypte Ancienne, qu’enfant j’adorais regarder. Les pharaons sont donc des bons copains d’enfance et aujourd’hui encore je les connais bien. L’idée d’établir un lien entre Akhenathon et l’exode biblique m’est d’abord venue d’un livre de Sigmund Freud, L’Homme Moïse et la religion monothéiste. Il est étrange qu’il en soit arrivé à ces conclusions en s’appuyant seulement sur la psychanalyse. Et aujourd’hui, les égyptologues trouvent de plus en plus de preuves confirmant les thèses de Freud. J’ai toujours voulu dessiner l’Egypte Ancienne, et quand j’ai eu cette idée ambitieuse et un peu iconoclaste, j’ai trouvé que ça valait le coup d’essayer. A cette époque, j’étais sur un autre projet, mais petit à petit je rassemblais tout ce que je trouvais, livres ou DVD, ayant un rapport avec la culture et l’histoire de l’Egypte Ancienne. Une autre raison, c’est que lorsque j’ai commencé mon histoire, en Ukraine, il y avait de la neige partout. J’avais ainsi trouvé un moyen de me plonger dans un monde ensoleillé.

Comment est né le projet des Princesses Egyptiennes ? Pourquoi le choix du règne de Ramsès III comme toile de fond ?

Je ne voulais pas faire de fresque reprenant l’histoire de personnages historiques. Bien sur, j’avais besoin de personnages pour mon histoire, pour lesquels l’époque de « Celui dont on ne prononce pas le nom » serait aussi une époque ancienne et inconnue, afin qu’ils en découvrent les mystères en même temps que le lecteur. J’ai donc déplacé le personnage principal 200 ans plus tard et trouvé cette intrigue. Ce qui faisait une bonne histoire.

Quand vous faites apparaître Hercules dans le premier tome, on a comme l’impression que vous vous amusez un peu avec ce personnage mythique.

Oui, et pourquoi ne le ferais-je pas ? Il y a un vrai mythe d’Hercules en Egypte. Entre deux exploits, il a visité l’Egypte, a été capturé par des prêtres égyptiens, les a tous tués puis s’est échappé. Il y a des peintures sur des vases qui le montrent tenant un prêtre par la jambe et s’en servant pour frapper les autres. C’est cette scène que j’ai reprise. On peut donc dire que mon histoire est presque basée sur une « histoire vraie » ? La seule chose qu’on peut rétorquer, c’est que si Hercule a vraiment existé, il a vécu avant Akhenathon, alors que je le fais apparaître 200 ans plus tard… Mais je trouve qu’il a l’air bien, là, non ? Par ailleurs, il y a un lien fort qui unit le héros de l’Ancien Testament, Samson, et Hercule. Et il y a une théorie selon laquelle la tribu de Dan – dont Samson est issu – faisait partie des Danayens, tribu de la mer, qui attaqua l’Egypte exactement sous le règne de Ramsès III, et devint l’allié puis une partie du peuple d’Israël. Donc dans ce cas, tout concorde…

Les femmes sont à l’honneur dans Princesses Egyptiennes et c’est quelque chose d’encore assez rare en bande dessinée. Que ce soit les deux héroïnes Titi-Nefer et Kiki-Nefer, la sorcière Ka-Bouboui ou même Néfertiti l’épouse d’Akhenaton, les femmes occupent des places clés dans le cheminement l’intrigue. C’était important pour vous ?

J’aime dessiner les femmes, et j’aime les femmes de manière générale. Dessiner l’Egypte ancienne, c’est l’occasion de dessiner plein de jolies femmes nues ou à moitié nues, sans que personne ne vous dise que c’est trop érotique et que c’est une histoire pour adultes. Donc oubliez tout ce que j’ai pu dire au sujet de ma passion pour le mysticisme et les civilisations anciennes, en réalité je dessine sur l’Egypte pour avoir un bon prétexte pour dessiner tout un tas de filles nues… (je plaisante). Les femmes sont les amies des hommes, mais les hommes ne pourront jamais les comprendre. Parfois, ça vire à la tragédie, mais généralement c’est très intéressant pour les hommes et les femmes d’essayer de se connaître et de se comprendre. En tant qu’homme, c’est donc intéressant pour moi de choisir une fille comme personnage principal, et de ne pas la faire se comporter comme un homme le ferait. Je ne sais pas si j’ai réussi à le faire dans mon livre ?

L’histoire débute dans le tome 1 avec une intrigue basée sur un complot contre le pharaon Ramsès III. Mais à mesure que les personnages apparaissent, le récit dévie vers une autre intrigue, celle de l’histoire d’Akhenaton. Elle occupe près des trois quarts du second tome pour finalement s’intégrer dans celle des débuts… Pouvez-vous nous parler de cette approche narrative ?

Comme je le disais tout à l’heure, je ne voulais pas faire juste une histoire qui illustrerait des théories risquées sur l’exode, la religion d’Akhenaton, ou le lien entre ces évènements et la tragédie de l’île de Santorin – qui est, pour moi, l’empire de l’Atlantide. Je voulais faire une histoire sur la magie et la destinée de personnages de fiction – et je me suis servi de ces théories pour cela. Cette version de l’histoire de l’Ancien Monde m’apparaît comme évidente, en même temps mon livre est juste une fiction, une histoire d’aventures mystique.

Contrairement au premier tome, dans le second vous avez principalement recours à la voix off.

Dans le premier volume, le narrateur n’est pas incarné, mais la seconde partie est une mise en abîme, une « histoire dans l’histoire », c’est l’histoire d’Amenkhotep Hapu racontée par lui-même – on a évidemment besoin de connaître ses commentaires personnels. Mais c’est ce qui explique beaucoup d’éléments de l’histoire… C’est pour cela qu’il y a autant de texte dans la seconde partie, peut-être trop. Dans la première partie j’ai essayé de tout expliquer au sujet de ce monde, et avec le point de vue d’un magicien de l’Ancienne Egypte ? Ce n’était d’ailleurs pas facile.

Comment procédez-vous pour écrire votre scénario ?

Je fais d’abord un storyboard très brouillon – personne ne peut le déchiffrer à part moi ! A ce moment-là, j’écris aussi les ébauches de dialogues. Puis je commence à dessiner en changeant quelques trucs en passant. Le plus difficile pour moi, c’est d’écrire la version finale du texte.

Une part de la narration passe également au travers du dessin. On ressent une réelle volonté de travailler et d’affiner la mise en scène, notamment dans le choix des cadrages et plans de vues.

J’essaye de faire de mon mieux. Ravi que ça vous plaise ! 🙂

Vous jouez également sur les rapports de taille et de perspective entre les personnages et les bâtiments, notamment les temples.

Je pense que ces immenses temples sont typiques de l’incroyable civilisation égyptienne, et qu’ils étaient faits pour impressionner les gens par leur grandeur. C’est donc naturellement que je me suis servi de cela pour impressionner le lecteur.

Vos planches sont extrêmement détaillées avec une finesse d’encrage qui fait plaisir à voir ! Est-ce comme un défi que vous vous êtes lancé, un plaisir de dessinateur ?

J’apprécie la finesse graphique chez les autres (mon modèle dans le domaine professionnel est Jean Giraud/ Moebius), et j’essaye de dessiner aussi bien moi-même. Je ne pourrais absolument pas lire une BD si je n’aimais pas le dessin, même si l’histoire était géniale. Enfin, si c’est vraiment génial (à mon goût), je me forcerais à la lire, mais avec beaucoup de peine et en pleurant tout du long : "pourquoi ce fantastique auteur ne confie-t-il pas le dessin à un autre artiste ???" Je suis donc très sensible là-dessus, et parfois je ne suis pas content de ce que je dessine. Je suis loin de la perfection…

Quelle est votre technique de dessin ?

A l’ancienne : papier, crayon, encre.

Pour Princesses Egyptiennes vous avez opté pour le noir et blanc. Etait-ce un moyen de ne rien perdre de la finesse de votre travail ?

Si l’artiste ne met pas lui-même en couleur ses albums et qu’il confie ça à un autre, ça lui vaut toujours un bon paquet de crises de nerfs. Mais ce n’était pas seulement mon choix. Les Humano avaient envie d’expérimenter d’autres choses au moment où j’ai commencé à travailler avec eux sur ce projet, et ils m’ont proposé de le réaliser en noir et blanc. Moi j’aime ça, mais je sais qu’en France les gens sont habitués à lire des BD en couleurs et que le noir et blanc n’est pas très populaire. D’ailleurs si vous lisez les commentaires des lecteurs sur le web pour le premier tome, ce qui revenait le plus c’était "Oui, c’est intéressant, mais où est la couleur ?" Mais globalement je ne suis pas contre la couleur, et si un jour les Humano décidaient de donner à ces livres un BON coloriste pour les réimprimer en couleurs (en me laissant contrôler le processus), cela pourrait être intéressant.

Pouvez-vous nous parler du noir et blanc, de ses jeux de contrastes ?

Non. Ce sont mes petits secrets. 🙂 Franchement, je ne sais pas quoi dire. Je trace les traits avec un feutre fin, puis je couvre les endroits ou doivent se trouver les ombres avec un feutre épais… Hmmm… Est-ce que je m’explique bien ? 🙂

L’interview touche à sa fin, mais avant de conclure, voici la question bonus. Igor Baranko, est-vous un grand lecteur de bande dessinée ? Avez-vous envie de nous faire part d’un de vos récents coups de cœur ?

J’en lis, mais pas autant qu’avant. Mon genre préféré reste avant tout la BD européenne, mais je lis aussi bien des comics ou des mangas. La dernière BD que j’ai aimée, c’était Le Jardin armé et autres histoires de David B.

Igor Baranko, merci beaucoup d’avoir passer un peu de temps avec nous.

Merci de l’intérêt que vous portez à mon livre.

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Retrouvez ci-dessous l’Interview en anglais (version réalisée par Les Humanoïdes Associés)

Sceneario.com : What do comics mean to you?

 

Igor Baranko : In my childhood, when I loved all sorts of drawings. But when you see any picture or painting (i mean, not abstract one), depicting some event or scene, you see just one little moment of reality. And I always wanted to see the continuation: when you see for exemple the battle (all boys like to see the fights): one character rises his hand and want to kill another. Will he succeed? Or his enemy will avoid the fatal blow and strike back? So in my childhood i was unsatisfied with the classic art. And when I discovered the comics stories, that was exactly what I needed: good art with the story going on. Well, not all the stories are good and not all comics have a good art–but still it opens a great possibilities. And as far as most part of things which teachers told us in the school didnt touch my heart at all, I created my own stories secretly during the lessons. That’s how I’ve got in this trap. And then I understood that I don’t want to do in my life anything but this (sure, I mean only proffesional part of life). But one of the worst things in this world is that everybody must earn the money, and as far as it was impossible in the countries of ex-USSR, I started to work for foreigners–for French and US companies. I always used to be sort of cosmopolit person, so psycologically that was not hard. So here I told already my professional byography in short. Yeah, and I should finally answer your question… What do comics mean to me? mmm…The pleasure.

Sceneario.com : You have a very unusual life story. How does that impact how you view your work? What do you see so unusual in my life?

Igor Baranko : Usually people from Europe and USA are very impressed that I served 2 years in Soviet Army. But it was a normal thing then–everybody was obligated. And that was nothing romantic–the results were just a bit of dissapointment in human nature and hatred to Soviet sistem. But Soviet system already was slowly falling that time, so I appeared to be even in fashion. Then it was several interesting trips to Central Asia, life in the time of total economic collapse in post-Soviet Ukraine ( by the way, really interesting time, it has some specific charm, still I wouldnt like to repeat this experiense), then I immigrated to USA–that was interesting too–because I came with no connections, choosing Los Angeles only because it’s warm there. There I met Les Humanos and still cooperating with them, after I came back to Ukraine… And here I told my byography again. But to unswer your question… Frankly, I don’t know. Probably my life influented my comics in some way, but from other side–usually my comics are the full escapism–I never made enything realist about the real world around us. And for some reason I avoid to do it–my works always is a fiction and fantasy.

Sceneario.com : You have chosen to work on most of your series alone. Could you talk a little bit about this choice?

Igor Baranko : I didn’t choose it. First I made for Les Humanos the short story on scenario of Jodorowsky, then started another one on scenario of Dionnet. But as far as Dionnet was always busy, I proposed to Les Humanos my own scenario, and they liked it. Since that time I’m working on my own, but if somebody propose me a scenario which I like, I can do it with my pleasure. I like to do on my own–because it’s a totally my world and I do there whatever I want. If it’s a scenario of other author–I’m just an illustrator…

Sceneario.com : You like history, particulary periods when mystical beliefs were strong. What in particular draws you to these time periods?

Igor Baranko : I always was interested in the question, how everything is working around us. I mean:is there a freedom of will or everything is already written and fatalism is the only way, is there any mmm…supernatural creatures which observe us (god? gods?) or we are alone, etc. So the characters who try to find these solutions are automatically interesting for me too. I like to draw action, but for these action my characters usually find very existentional reasons.

Sceneario.com : Mysticism is very present in Les Princesses Egyptiennes and is approached in two different ways. There is the “real”, irrational magic, and then there are illusions—tricks and sleight of hand. Both of them exist and sometimes they are mixed together.

Igor Baranko : Yes, you’re right. I don’t see the question here 🙂

Sceneario.com : In Les Princesses Egyptiennes, the story is rooted in history, which you then modify and use in your comics. Have you done a lot of research about Ancient Egypt?

Igor Baranko : Yes, this civilisation has some strange charm for me–and not for me only. In my parents house there was a big book about Ancient Egyptian art, and I loved to observe it being a child. So the faraons were my good friends from my childhood and I recognize their faces until now. The idea of the link between Akhenathon and biblical exodus first I’ve read from the book of Sigmund Freud "The man named Moises and monotheist religion". Strange that he came to these conclusions just from his psychoanalitic ideas, and now the egyptologists find more and more proves for it. A lot of materials from Egypt and from surrounding it countries confirm now this idea.So I always wanted to draw about Ancient Egypt, and when I’ve got this ambitious and a bit iconoclastic theory, i thought it worth to try. I was busy that time with another projects, but little by little bought everything I found around, books or DVD, touching Ancient Egypt culture and history. And another thing–it’s hot there (in Egypt). When I started the story, here in Ukraine the snow reached my windows. So I found the way to deceive reality and plunged myself into sunny world.

Sceneario.com : How did you come up with the idea for Les Princesses Egyptiennes? Why did you decide to have your story take place during the reign of Ramses III?

Igor Baranko : I didn’t want to make a "historical" characters story. I mean–I needed a fiction characters,for whom the times of Great Vilain would also be the ancient and unknown and who will discover the ancient mysteries together with the reader. So I moved the main characters to 200 years ahead–and found about this plot. Which was good to make an intrigue.

Sceneario.com : When Hercules shows up in the first volume, you seem to enjoy playing around with the idea of this mythical character.

Igor Baranko : Yeah, why not? But there is a real myth about Hercules in Egypt. Between his feats he visited Egypt, was captured by egyptian priests and then killed them all and escaped. There are the pictures on the vases, depicting him holding one priest by the leg and beating by his body other priests. That’s where I take this scene. So, my story is practically documental "true story" 🙂 The only thing: if Hercule really existed, he lived a bit earlier, in the time before Akhenathon, and I put him 200 years later… But I think he looks good on this place, no? But from other side–there is a strong link between Jewish hero Samson and Hercules. And here is a theory that the Israeli clan Dan–where Samson came from–were no other as part of Danayens–"people of the see", who attacked the Egypt exactly the time of Ramzes III, and became the allies and later the part of Israeli people. So in this case everything coinsident right…

Sceneario.com : Women play a very significant role in Les Princesses Egyptiennes, which is still unusual in comics today. They play very strong characters in your story. Was this important for you?

Igor Baranko : I like to draw women, and I like them generally. If you draw Ancient Egypt, it’s a good possibility to draw a lot of nude and half-nude nice girls and nobody will tell that you over-use erotism and this is a story for adults. So forget all this my talking about my passion to mystisism and ancient civilisations–really I draw Egypt just as exuse to draw a lot of nude girls… (kidding). Women are good friends of men, but men never can understand them. Sometime it creates the tragedies, but generally it’s very interesting for men and women to research each other. It’s interesting for me as for man to make a girl the main character and do not make her behave as a boy. I don’t know, did I succeed in my book?

Sceneario.com : The story begins in volume 1 with a plot based on a conspiracy against Ramses III. But little by little, the reader discovers another storyline: Akhenaton’s life. The comic focuses on this facet of the plot during almost the entire second part and finally links back up with the story of the conspiracy. Can you explain this narrative choice?

Igor Baranko : I think I already mentioned it in the question 7. As well I didn’t want to make just a story illustrating some risky theories of Exodus or Akhenathon religion, or connection of this events with the tragedy of Santorin island–which is the part of Atlantis empire in my theory. I wanted to make story about magic and fates of fictional characters–and used for it these theories. This version of the history of Ancient World looks for me very evidental, but from other side my book is just a fiction, adventure and mystic story.

Sceneario.com : Unlike the first volume, you use a lot a voice-over in the second volume.

Igor Baranko : Because we see the adventure in first volume from the of reader, but second book is the "story in the story", the personal story of Amenkhotep Hapu, told by himself–sure thing we need there his personal comments. But as well this is his explanation of a lot of things in the history… That’s why there is so much of text in the second book, maybe too much. In the one book I tried to explain everything about this world, and from the point of view of Ancien Egyptian Magician 🙂 That was not too easy, by the way.

Sceneario.com : How do you go about writing a scenario ?

Igor Baranko : I make a very rough storyboard at the beginnig–nobody can understand it but me. There i write a dialogues too, but very raugh. Then i start to draw and change something by the way. The most difficult for me to write the text for final version.

Sceneario.com : Some of the narration of course occurs through your drawings. We really get a sense of hard work and great attention to detail in your composition, particulary with the way you frame your drawings and what you choose to show to the reader.

Igor Baranko : Trying my best. Glad you like it:)

Sceneario.com : You also play with the perspective and the proportions between the size of the characters and the buildings (I’m thinking about the temples).

Igor Baranko : I think these huge building are one of the amazing signs of Egyptian civilisation and they were made with the purpose to impress people by their size. So it’s natural to use it in story to impress the reader just one time more.

Sceneario.com : Your drawings are very detailed and your inking is very well-done. Is it a challenge that you enjoy giving yourself as an illustrator?

Igor Baranko : I enjoy the fine graphic in stories of other people (my professional icon is Jean "Moebius" Giraud) and I try to do it fine myself. I absolutelly couldn’t read the BD if I don’t like the drawings, even if story is genial. Well, if it’s genial (for my taste) I will force myself to read it, but with a big pain and crying all the time: why this genial writer does not give it to draw to other artist??? So I’m sensitive about that and sometime very unhappy with what I’m drawing. I’m far from to be perfect…

Sceneario.com : What drawing techniques do you prefer?

Igor Baranko : Very old fashioned: the papier, the pen, the ink.

Sceneario.com : You chose black and white for Les Princesses Egyptiennes. Was it a way to ensure that your work kept a high attention to detail?

Igor Baranko : If the artist do not color his graphic himself and give it to other colorist, it always costs him a piece of nerves. But that was not only my choise. Les Humanos had a mood for experiments in the moment when I started this project for them, and proposed me to make it B/W. I like it, but still I know that in France people used to see BD in color and B/W is not too popular. If you see the comments of the readers in the web to my first Egyptian book, the most spread one is: "Yes, it’s interesting, but where is the color?" But generally I’m not against the color, and if one day Les Humanos will decide to give these books to some GOOD colorist to re-print them in color (and let me to control the process), that would be interesting.

Sceneario.com : Can you tell us more about balck and white, and the way you use contrast?

Igor Baranko : No. It’s my secrets:) Franckly I don’t know what to tell. I draw the fine lines by the thin pen, then I cover the places where the shadows should be by the thick pen… Hmmm… Do I explain comprehensible? 🙂

Sceneario.com : Before ending this interview, here is the bonus question: do you read a lot of comics books? Would you tell us the last good comic that you read?

Igor Baranko : Yes I do, but now not so much as before. My favorite style is first of all European BD, but I like as well some projects from US comics or Asian Manga and Manhwa. The last what i liked was ‘Le Jardin Arme et Autres Histoires" of David B.

Sceneario.com : Thank you very much for your time.

Igor Baranko : You welcome. Thank you for the interest to my books.

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