Interview

Interview de Dav

Sceneario.com: Comment es-tu arrivé à faire de la bande dessinée ?

Dav : J’avais besoin d’argent (rires) !
Non en fait, j’ai toujours voulu travailler dans le dessin depuis le collège. Je ne savais pas trop pour faire quoi au final, mais ça semblait amusant. Ma mère, qui voulait absolument que j’ai un métier sérieux, me disait de faire en sorte d’être prof de dessin. Du coup, je suis resté dans un cursus où on faisait des filières artistiques. Au lycée, j’étais en arts plastiques. En première, j’ai rencontré Cyril Trichet qui était à l’internat avec moi. C’était aussi un jeune dessinateur de bande dessinée.

Sceneario.com: Qui a bien progressé aussi (rires) !

Dav : Oui, n’est-ce pas ? A l’époque, il connaissait déjà Didier Crisse via un groupe de dessinateurs vendéens qui se retrouvaient à la Roche-sur-Yon. Il était déjà à fond dans le dessin. Il voulait faire du dessin animé et cela me semblait l’alternative rêvée pour rassurer ma maman. C’était un métier dans une entreprise, avec des horaires, un salaire. Un truc plus sérieux que la bd. Cyril et moi on est alors entrés dans le trip dessin animé. Après le bac, on a tenté le concours des Gobelins et on s’est fait recalés à l’entretien. Les années suivantes, j’ai fait de la photo et des arts appliqués. Cyril lui, est parti sur autre chose et on s’est un peu perdu de vue. A cette époque, je faisais de plus en plus de festivals de bande dessinée pendant les vacances, via le biais du fanzine le Rhinolophe.

Sceneario.com: Cela faisait longtemps que tu faisais du fanzinat ?

Dav : Ca a commencé en 95 pendant ma seconde. Par le biais du fanzine, j’ai rencontré plein d’auteurs de BD qui m’ont conseillé de ne pas faire de dessin animé. Ils m’ont dit de faire gaffe, que ça se cassait la gueule…

Sceneario.com: D’ailleurs, on voit beaucoup d’anciens dessinateurs de dessins animés qui sont dans la bande dessinée comme Keramidas, Alary, …

Dav : Leur arrivée dans la bd correspond à peu près à la fermeture des studios Disney en France, et la chute des studios traditionnels un peu partout… C’était à peu près début 2001. Je venais de recevoir une proposition de boulot dans une boîte de dessin animé à Angoulême. Au même moment, on me proposait mon premier contrat pour de la bande dessinée. C’était pour Django Renard avec Curd Ridel. J’ai donc refusé le dessin animé pour faire de la bande dessinée.

Sceneario.com: C’est ta mère qui a dû être contente !

Dav : Elle n’était pas très "jouasse" (rire). Mais tout s’est enchaîné très rapidement. J’ai eu mon entretien avec la boîte de dessin animé fin janvier, juste après Angoulême où j’avais rencontré un responsable pendant le festival. Début février, j’étais au festival de Chalonnes-sur-Loire et je rencontrais Curd Ridel, et il m’a proposé Django à ce moment là. La semaine suivante, j’appelais le studio d’animation pour leur dire que finalement je ne travaillerai pas pour eux. Bien m’en a pris, parce que le studio a coulé deux mois plus tard. En plus du Django, je commençais aussi à travailler pour Mickey Parade car Curd connaissait l’équipe de Mickey et m’avait proposé de travailler pour eux. C’est aussi lui qui m’a présenté Christophe Arleston!

Sceneario.com: Ils ont fait Tandori ensemble.

Dav : Voilà. J’ai eu Arleston au téléphone en mai 2001, 2 mois après le début de Django. Je lui ai dit que j’avais des idées de séries, dont une avec des pirates de l’espace, mais je bloquais sur le scénario. Il m’a dit qu’il y réfléchirait et c’est comme cela qu’a débuté Flibustor dans le Lanfeust Mag. J’ai travaillé en juillet/août sur les pirates et en septembre, j’avais rendez-vous à Aix-en-Provence. Tout s’est vraiment enchaîné entre février et juin, et en décembre, les premières planches de Flibustor paraissaient, deux mois après que l’on ait commencé les scénarios.

Sceneario.com: Mais ça te laissait pas beaucoup de marge non plus !

Dav : Je ne sais pas comment Christophe voulait travailler, il est peut-être parti sur un coup de cœur ou pour une autre raison, je ne sais pas. Il a réfléchi à la série pendant l’été 2001. On s’est retrouvé en septembre, pour faire les trois premières pages qui devaient paraître en décembre. En octobre, j’avais les pages pour janvier et ainsi de suite. Cela a été pratiquement tout le temps du flux tendu et c’est pour cela qu’au bout d’un moment j’ai récupéré la série. Christophe n’avait plus le temps, vu le nombre de séries qu’il écrit. J’ai continué tout seul pendant un an.

 

Sceneario.com: Tu as eu assez de gags pour faire l’album ?

Dav : Oui, l’album était terminé. Christophe avait arrêté au bout de 24 gags, soit le milieu de l’album, j’ai donc continué tout seul pendant à peu près 1 an avant de finir l’album, à raison de 2 gags environ par mois. Puis la série a continué dans le Lanfeust Mag sur 7 ou 8 gags mais cela ne m’amusait plus vraiment et je faisais pas mal de choses à côté. Dont les premières histoires du Gottferdom Studio. Tout se faisait en même temps et du coup, je m’en sortais moyen sur Flibustor. Faut dire que je m’éclatais beaucoup plus sur le Gottferdom. On a donc arrêté Flibustor.

Sceneario.com: Et une des premières histoires du Gottferdom studio c’était un Star Wars.

Dav : Non, la première histoire, c’était la parodie de Blair Witch pour Halloween. Le Star wars, c’était une parodie de Lanfeust des Etoiles qui est devenu Lanfeust de la Guerre des Etoiles pour le numéro d’été 2003. Il y a eu en même temps une parodie de Sky Doll. L’été suivant en 2004, c’était une parodie d’Atalante.
En parallèle j’avais aussi mon projet perso, Les Garnimos, qui se mettait en place. Je l’avais commencé en 2001, avant même de travailler chez Soleil. C’était une histoire que je voulais faire depuis très longtemps.

 

Sceneario.com: Déjà dans Django, tes personnages étaient des animaux !

Dav : Ca faisais partie du concept initial de Curd. Mais j’ai toujours aimé les animaux. Les Garnimos, ça date de la même période que Django. C’était une série de gags que j’avais lancée avec un copain du fanzine pour le journal de Mickey et ça se déroulait dans une cours de récré avec des animaux.

 

Sceneario.com: Ca n’avait rien à voir avec l’album qui est paru alors !

Dav : Non, rien à voir. Il y a juste le nom qui est resté. Deux strips sont passés dans Mickey, et comme on avait pas trop de retour, on est vite passé à autre chose. Pour ma part, j’avais commencé à écrire une histoire jeunesse pour un copain d’école qui n’a jamais eu le temps de s’y mettre. Ca se passait dans la savane, la série portait un nom africain. Le projet est finalement resté dans les cartons quand j’ai quitté l’école.

 

Sceneario.com: Tu étais encore aux Arts Appliqués ? Tes profs appréciaient que tu aies des projets en parallèle ?

Dav : Les profs ne me voyaient plus beaucoup en fait. J’étais en première année aux Beaux-Arts de Poitiers. Au bout de quatre mois, en février, je n’étais plus à l’école. Je faisais Django Renard dans mon appart, je montais mes projets, entre autres la série africaine.
Il y a deux ans, j’ai ressorti le projet, l’histoire était écrite et la moitié du story-board était faite, il n’y avait plus qu’à s’y remettre. Ça été un peu long et douloureux, car en quatre ans, mon écriture avait évolué. Mais c’est devenu Les Garnimos et j’en suis content même s’il aurait pu être mieux écrit.

 

Sceneario.com: Il y a deux niveaux de lecture, un pour les parents et un pour les enfants. Il y a certains jeux de mots où il faut être un peu plus vieux pour les comprendre.

Dav : C’était exactement ce que je voulais faire : Une bande dessinée pour les parents qui veulent la lire à leurs enfants. Avec des blagues pour les grands, des visuels pour les petits. C’est une histoire toute simple pour les petits mais écrite pour que les parents qui la lisent ne s’embêtent pas.

 

Sceneario.com: La méthode de travail avait-elle changé en 4 ans ?

Dav : Oui, Quand tu décortiques l’album, tu te rends compte qu’il est en deux parties. Il ne se passe pas grand chose sur les quatorze premières pages, mais à partir de la quinzième, tout va très très vite. cela vient du fait que la première moitié de l’album a été écrite en 2001 et la deuxième, quatre ans plus tard. Entre temps, certaines choses s’étaient mises en place dans ma tête, des réflexes d’écritures, des nouvelles envies de graphismes. A l’époque je travaillais beaucoup en quatre bandes à cause du gag en une page, et quand le coloriste Bengrrr est arrivé, je me suis dit qu’il lui fallait de la place. J’ai revu plein de trucs, refait plein de cadrages pour que le coloriste ait de l’espace. Ca a changé pas mal de choses, y compris dans ma façon d’écrire les scènes. Au final l’album tient à peu près debout, mais je ferai attention à pas refaire les mêmes erreurs sur le deuxième.

 

Sceneario.com: Il est donc commencé ?

Dav : Je suis dessus en ce moment, avec un an et demi de retard !

 

Sceneario.com: On a vite évoqué le fanzinat tout à l’heure. Qu’est-ce que cela apporte à quelqu’un qui commence ?

Dav : On va dire que c’est "l’école de la vie" (rires).
C’est l’occasion idéale pour tester de manière amateur tout ce qui va arriver en tant que professionnel.
– Ce sont les délais, comme livrer les pages à temps pour le fanzine, et sans être payé. C’est vraiment faire de la bd pour l’amour de l’art.
– C’est ensuite aller vendre ton album au public pendant les festivals et donc aller défendre ton travail.
– C’est affronter le regard des lecteurs. Des fois, les gens arrivent, ils passent devant la couverture et disent "ah c’est moche !" ou des fois "ah c’est vachement bien !’"
– C’est faire les premières dédicaces.
– C’est rencontrer les premiers auteurs de bandes dessinées
– C’est rencontrer pour la première fois les éditeurs en leur amenant des projets.

 

Sceneario.com: Ton coloriste est un ancien du Rhinolophe aussi ?

Dav : Tout à fait, on est toujours au Rhinolophe d’ailleurs. même si l’asso est moins présente qu’avant. En ce moment on n’a plus d’argent car ça fait des années qu’on ne demande plus de subvention et on n’a donc pas trop les moyens pour faire de nouveaux numéros. On fait quelques animations dans les écoles qui nous rapportent un peu d’argent, mais pas de quoi faire beaucoup d’éditorial. On est une dizaine de dessinateurs pour bosser sur le fanzine de l’asso, dont je suis rédacteur en chef et Esteban le trésorier.

 

Sceneario.com: C’est là que j’ai vu pour la première fois une de tes bd, le docteur Prout. Je me souviens des dessins faits par des auteurs à la fin , il y en avait de très connus !

Dav : Il y a des dessins de Guarnido, de Wendling, et aussi des copains, Olivier Supiot, Martin, Sylvain Vallée, Eric Omond, Gildo Giorgi… et les membres du Rhinolophe évidemment. Je voyais Juanjo et Claire assez régulièrement dans les festivals et ils avaient lu l’album avant sa parution et suivi un peu sa conception.
Quand je suis allé voir Claire Wendling la première fois pour lui montrer mes planches, c’était avec des animaux dessus. Elle a trouvé ça marrant et on a sympathisé comme ça.
Juanjo venait juste de sortir le premier Blacksad, il y avait déjà beaucoup de gens en dédicace, car c’était à Angoulême. Il était avec son scénariste, c’était très sympa car il était vachement accessible. C’était à l’époque où je sortais de l’école, et on a donc parlé de dessin animé. Il m’a donné des numéros de téléphone pour appeler chez Disney animation. Et on était resté en contact comme ça.
Avant d’être auteur, je reste quand même un fan. Du coup je n’ose pas trop les déranger même s’ils m’avaient dit de leur montrer des trucs… Bon ça arrivera. J’ai des projets en cours dont je leur montrerai des pages parce que ça se rapproche de leur univers. Et j’ai envie que les gens dont j’apprécie le travail voient un peu la chose, qu’ils me donnent des conseils…

 

Sceneario.com: En tant que scénariste/dessinateur qui a le dernier mot ? Tu restes collé au scénario que tu as écrit ou tu adaptes si tu as un problème pour le retranscrire en dessin ?

Dav : Malheureusement, c’est le dessinateur qui a le dessus quand j’écris. Et c’est une feignasse qui a tendance à vouloir faciliter le travail… C’est d’autant plus difficile à gérer que je n’écris pas mes histoires, mais que je les story-boarde directement. Du coup dès la conception de l’histoire, le dessinateur tend à aller vers des trucs plus simples. Mais ca ne m’empêche pas de faire et refaire des story-boards pour essayer d’arriver à quelquechose de sympa. Parfois, quand je bloque sur un truc, je raye les cases de mon story, et j’en refais à côté. Ca donne des petits crayonnés horribles qui font cinq centimètres sur trois dans mes carnets de croquis, un rectangle au centre de la page, et tout autour il y a toutes les recherches, les cases ratées, les dialogues, les croquis qui forment en fait une seule et même page de l’album. Et c’est souvent un beau foutoir où je me suis parfois perdu. Alors de plus en plus, j’essaie d’écrire.
Ma difficulté, c’est que je suis dessinateur avant d’être scénariste, donc je stoyboarde l’histoire, chronologiquement, et quand je bloque sur un passage, ça bloque tout le reste… C’est très ennuyeux, et ça explique en partie mes retards répétés sur mes séries… Il me semble avoir plus de facilités à écrire un récit court comique, bien que j’aimerais aussi écrire des histoires plus profondes, plus sérieuses, plus tristes… je le veux mais pour le moment, j’y arrive pas. Ca demande plus de travail et je suis un fainéant.

 

Sceneario.com: Comment choisis-tu les parodies pour le Gottferdom Studio ?

Dav : En fonction de l’envie et de l’idée, mais jamais par obligation. Les fois où c’est arrivé ce n’était pas bon. Pour les Gottferdomen par exemple, j’avais eu une idée de strip et je l’avais envoyé au studio à Aix, qui a beaucoup ri. Du coup on s’est dit qu’il faut absolument faire quelque chose avec ça et c’est devenu une parodie des X-men en histoire courte. Mais j’avais pas d’idée pour une histoire, même courte, juste un gag et une scène marrante d’intro, et du coup je me suis forcé et je me suis planté. C’est donc resté dans le mag et je l’ai écarté des albums, qui me paraissent plus aboutis.
C’est con, parce qu’avec du recul, j’aurai dû faire une histoire de super héros avec Batman et Robin. Mais l’avantage des X-Men c’est qu’il y a un groupe de persos, et ils sont nombreux au Gottferdom, y a 9 persos à faire vivre ! Et j’étais donc parti dans l’idée de faire des histoires avec plusieurs persos. Mais c’est un tort. L’histoire avec Totoro, elle marche super bien, alors qu’ils ne sont que trois dedans. L’histoire de Bob l’éponge, c’est la même chose.
Ce genre de petite parodie me plaît beaucoup plus. Dans les prochains Gottferdom Studio, il n’y aura plus ce problème de groupe. J’ai réfléchi aux histoires pour pouvoir mettre tout le monde, mais de plus en plus je veux revenir à des choses plus instinctives. Plutôt que d’essayer de trouver un groupe, je voudrais plutôt faire une histoire avec peu de personnages. Car quand il y a plein de persos dans les cases, cela devient illisible. C’est un peu le problème de la flemme des étoiles.

 

Sceneario.com: A la différence des autres où il y a une grosse histoire (le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter) puis des petites histoires dans des thèmes différents, dans la flemme, c’est un block complet de six histoires sur Star Wars ?

Dav : C’est ça. L’idée de base, c’était de passer dans le mag les épisodes IV,V et VI, puis I, II, III comme la sortie des films et les mettre dans l’ordre dans l’album. Cela me plaisait énormément. Je suis donc parti dessus. Ca faisait six histoires courtes à la suite, à faire tranquillement, mais je me suis retrouvé à faire l’épisode IV sans avoir écrit les épisodes I, II et III avant…

 

Sceneario.com: Je crois que quelqu’un a fait la même chose avant toi (rires) !

Dav : Oui, mais lui il avait toute une armée de gens derrière lui pour rattraper ses conneries. Moi je n’avais personne. Lucas avait pensé à sa série quand il a appelé son film épisode IV, il savait ce qu’il allait mettre avant. Peut-être pas tout évidemment, mais il connaissait les grandes lignes. Moi, je ne les connaissais pas. Donc les éléments narratifs que j’aurais pu amener et qui auraient pu mettre en place des gags et la conclusion de l’histoire, n’étaient pas là.
Je suis aussi parti avec neuf personnages à animer dans les mêmes pages dès le début, et ça faisait trop de monde pour une série gag. Je ne m’y suis pas retrouvé. Pour l’épisode IV je me suis amusé, pour le V j’ai bidouillé et pour le VI j’ai essayé de récupérer les morceaux… Y avait vraiment trop de personnages à animer sur trop peu de pages, et je me trouvais pas drôle… Par contre, je me suis éclaté pour les épisodes I, II et III, où on avait seulement 3 persos principaux, et pas mal de temps pour développer du gag.
J’ai eu un gros creux de vague pour les épisodes V et VI. Sur l’épisode VI, je réécrivais constamment la fin alors qu’on était déjà en train de dessiner l’histoire parce que le Lanfeust Mag allait sortir. On était vraiment à flux tendu. On devait faire une page tous les jours pour rendre à temps. C’est pour cela qu’il y a eu un mois où la flemme n’est pas parue dans le mag. On était en retard et ça a tout décalé.
Il y a même eu un moment où Esteban mettait une page en couleur alors que je bloquais sur l’écriture de la suivante ! Pour moi, y avait un problème de rythme, et du coup j’ai voulu refaire une séquence de la page qu’il terminait… Bon, c’était pas grand chose, trois cases à intervertir et une nouvelle qui remplaçait une autre case, mais ça n’arrivait jamais avant ça… J’étais vraiment merdeux sur cet épisode… Les deux épisodes ont été en partie réécrits pour la sortie de l’album. J’ai changé des dialogues et des cadrages par rapport aux pages qui étaient passées dans le Lanfeust Mag. Cela a bien fait chier mon coloriste qui a dû encore refaire des bouts de cases.

 

Sceneario.com: Dans l’album, tu préfères les premiers épisodes.

Dav : Oui, l’histoire est recentrée sur Yoda, Dark Vador, et Obiwan. Il n’y avait plus les droïds, Chewbacca, la princesse Leïa… Du coup je me suis rattrapé sur les extraterrestres, les robots et j’ai pu me permettre des trucs comme l’arène, la salle de clonage avec de grand plans où ça respire et où il se passe beaucoup de choses.

 

Sceneario.com: Pour la flemme des étoiles, tu as eu de la chance de pouvoir utiliser Varanda qui est connu pour travailler assez lentement.

Dav : Ca fait partie des personnages du Gottferdom, avec Nico en vantard, Manu en roteur, Dom en victime. Ils ont tous une personnalité qui est marrante à développer en scénario. C’est comme le TCM (le Terrible Complot Mondial), qui est un truc que le studio a inventé pour justifier les retards du mag’. C’est devenu un personnage à part entière de la série.
Il est devenu trop facile à utiliser, et moins marrant. Aujourd’hui, si je fais une histoire avec le TCM, on sait qu’il y a une histoire avec un méchant , etc, etc, … c’est devenu un prétexte à certaines histoires d’ailleurs…

 

Sceneario.com: C’est très lié avec le Lanfeust Mag et sa parution.

Dav : Oui et j’essaie de l’expliquer à chaque fois. Dans les trois tomes, au début on dit Terrible Complot Mondial et par la suite TCM. C’est même difficile de les placer dans les dialogues. Pour les prochaines histoires du Gottferdom, qui sont déjà en cours, je vais éviter les scénarios avec le TCM, afin de revenir à quelquechose de plus accessible dans les albums. Le TCM restera dans le mag’ (je suis suffisamment en retard comme ça !)

 

Sceneario.com: Au début de l’épisode III de la flemme, on voit beaucoup de personnages connus dans la taverne en arrière-plan.

Dav : Oui. c’était pour faire des clins d’œils aux personnages bizarres que j’aime. Il y a Shrek, Porco Rosso, Buzz l’éclair. Ce sont pas forcément des références, mais des personnages qui me plaisent. Comme on est dans la guerre des étoiles, c’était possible de mettre tout ce petit monde en guise d’extra-terrestres. Je pourrais moins les mettre dans une histoire des Garnimos.
Il y a toujours des Totoro dans les strips du Gottferdom, et un poster de Bob l’éponge, … C’est le genre de trucs que j’aime bien chercher dans les bandes dessinées des autres j’en cache dans les miennes aussi. C’est rigolo.

 

Sceneario.com: Un autre petit truc, l’Etoile Noire dans l’épisode IV ressemble beaucoup au symbole Soleil.

Dav : C’est fait exprès ça, comme l’œil de Sauron dans le Seigneur des Anneaux (rires). Mais faut pas y chercher une signification hein, c’est juste du graphisme. Je trouvais ça rigolo que l’Etoile Noire avec tous les vaisseaux garés sur les côtés, ça fasse le symbole Soleil. C’était l’occasion, comme pour l’œil de Sauron. C’est juste un p’tit truc en plus, pour rigoler, c’est tellement pas important pour l’histoire que je l’ai même zappé sur la couverture en oubliant de dessiner les destroyer !

 

Sceneario.com: Par contre à la fin, on ne retrouve pas le "générique" avec les remerciements et les noms.

Dav : Oui, car les deux premiers albums étaient en quarante-quatre pages et celui-ci en fait quarante-six. J’étais serré au niveau des pages, et comme je me suis permis de rallonger certaines histoires, j’avais donc plus la place. Et puis comme le générique avait pas changé depuis le début, c’était pas très important dans ce tome là.

 

Sceneario.com: On voit aussi assez régulièrement du texte en dehors des bulles.

Dav : J’aime bien les bulles sans bulle (rires). Cela doit venir de Maëster où il y a des personnages en arrière-plan qui disent ou font une connerie. L’avantage de ces textes sans bulle, c’est qu’ils sont déconnectés de l’histoire principale. Ils n’ont pas d’influence et cela permet d’y mettre un gag. Ça permet d’en rajouter une petite couche sans que cela ne nuise à l’histoire principale. J’en profite beaucoup dans le Gottferdom.

 

Sceneario.com: Personne ne t’a reproché en dédicace de ne pas avoir utilisé son passage préféré du film ?

Dav : Pour le moment, cela ne s’est jamais présenté. Je pense n’avoir pris que des films où les passages étaient plutôt divers et variés. Si je prends le Totoro, le passage préféré des gens c’est quand ils attendent le bus et la poursuite dans les buissons pour arriver à l’arbre. Pour le Seigneur des Anneaux, il y a l’araignée, la forêt avec les Ents, et l’anneau dans la montagne du destin. Par contre, pour Star Wars, il peut y avoir une chose qu’on peut me reprocher, c’est qu’il n’y a aucune scène de combat de vaisseaux galactiques, ni la course de pod-racer dans l’épisode I.
Ce qui marche dans le Gottferdom Studio, ce sont les gags visuels et les dialogues entre les persos, mais jamais les scènes d’action. Je n’ai pas voulu faire de scènes d’action car cela allait prendre du temps et de la place dans une histoire qui devait être consacrée aux gags. J’ai pourtant fait quelques croquis, avec les tie-fighters sur l’étoile noire, mais je les ai vite écartés.

 

Sceneario.com: Tu as utilisé un découpage assez particulier sur certaines pages, on est très loin du 4 bandes classique !

Dav : J’ai voulu essayer de nouveaux cadrages, pour servir l’histoire et me préparer à des projets à venir. C’était un nouvel exercice pour moi et j’ai donc fait plein d’erreurs. il y a des pages où il y huit bandes et d’autres où il y a dix-sept cases. Le truc qu’il ne faut pas faire. C’était une des choses que je disais aux jeunes qui venaient nous montrer leurs planches à l’atelier du Rhinolophe. En moyenne, il faut faire dix cases, douze maxi, mais là j’ai fait des pages avec dix-sept cases ! N’importe quoi… Je manquais de place pour amener les différents éléments du scénario, et je m’étais pas assez préparé dans l’écriture avant, donc je me suis planté. Ce sont entre autres les pages avec Barbucci, à la fin de l’épisode V. D’ailleurs, elles ont été refaites pour l’album. On n’a pas changé de cases mais j’ai fait changer les couleurs à Esteban pour faire ressortir des trucs. C’est aussi l’avantage du mag’, de pouvoir voir ses erreurs avant la parution de l’album. L’épisode III, par exemple, est sorti en album au moment où il paraissait aussi dans le mag’. On n’a donc pas eu le temps de relire les pages et y a une erreur qui est passée… A vous de la découvrir !

 

Sceneario.com: Merci

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