Interview

Interview de Christophe BEC, dessinateur de Doppelgänger

Sceneario.com : Christophe, voici le 2° tome de Doppelgänger. C’est Eric Corbeyran qui en est le scénariste, d’après une idée originale de vous-même, pourquoi avoir fait travailler un autre scénariste et ne pas vous être gardé « l’exclusivité » de cette histoire?

Christophe BEC : Parce que je déteste la routine. J’ai démarré ma carrière en temps que dessinateur, ensuite je me suis plutôt orienté vers le scénario, puis auteur complet avec « Prométhée », alors pourquoi pas revenir aux origines et travailler sur le scénario d’un autre !… Et puis c’était une façon de refermer une boucle, Corbeyran était le premier scénariste avec qui j’avais travaillé, nous n’avions fait qu’un album à l’époque, j’avais un sentiment d’inachevé. Comme nous avions fait notre petit bout de chemin l’un et l’autre, je trouvais cela amusant que l’on se retrouve 2O après. Etant donné que je savais que Corbeyran aimait bien travailler à partir d’un matériau que lui apportait le dessinateur, je lui ai proposé de travailler à partir d’une de mes idées. Pensez-vous réaliser une autre série sur ce thème du Doppelgänger ? A priori non, mais qui sait ce que nous réserve l’avenir ? Les nouveaux projets sur lesquels je travaille sont très éloignés de cette thématique.

Sceneario.com :Quelle a été votre implication dans la rédaction de l’histoire ?

Christophe BEC :J’ai juste écrit en vrac les idées que j’avais… charge à Corbeyran de mettre de l’ordre dans tout cela et d’en tirer une trame cohérente. On s’est vus chez lui pour en discuter une fois que le « chemin de fer » était établi et il a écrit seul tout le découpage et les dialogues des albums. Je lui ai juste demandé d’écrire les 2 tomes au complet avant d’attaquer le dessin, car j’avais une postproduction assez lourde du fait que j’ai travaillé avec des photos et des acteurs au préalable.

Sceneario.com :Avez-vous eu envie d’en modifier quelques parties ?

Christophe BEC :Non.

Sceneario.com :Au final, l’album ressemble t-il à ce que vous aviez envie qu’il soit ?

Christophe BEC :Non. Je ne suis jamais satisfait de mon travail. C’est pour cela que j’ai changé de technique au début du second tome. Pour le premier, il n’y avait pas d’encrage, je scannais mes crayonnés qui étaient rehaussés, mais je trouvais que le résultat donnait un trait trop gras, sans nuances. Je suis donc revenu à un encrage traditionnel pour le tome 2.

Sceneario.com : Comment s’est déroulée votre collaboration ?

Christophe BEC :Idéalement. Corbeyran est venu voir à Albi le shooting du tome 1, c’était comme un petit tournage de film… Je crois que ça l’a beaucoup amusé. Ensuite, chacun a foutu une paix royale à l’autre, c’est comme cela que j’aime travailler… sauf soucis majeur, s’il y a. Mais, j’ai la prétention de dire que nous connaissons l’un et l’autre assez bien notre métier.

Sceneario.com : Auteur prolifique, plusieurs albums sont parus en 2011, et le programme 2012 s’annonce soutenu aussi. Comment arrivez-vous à tout gérer de front ?

Christophe BEC : Je suis un gros bosseur et je suis organisé. Le tout est de savoir canaliser son énergie et de ne pas la gaspiller dans des choses inutiles ou parasitaires.

Sceneario.com : Mais alors, scénariste et dessinateur, lequel de ces deux métiers préférez vous ?

Christophe BEC : Scénariste, sans aucune hésitation. J’ai tellement plus de facilités. Le dessin, rester cloué à sa table à dessin pendant des heures, est devenu au fil des années une réelle souffrance. Et puis au dessin, je suis un truqueur, au scénario, j’ai tellement plus d’aptitudes naturelles !…

Sceneario.com : Surtout que vous vous attaquez au cinéma ?

 

Christophe BEC :Pour l’instant, je ne m’attaque pas au Cinéma, le mot est trop fort. J’ai réalisé un court-métrage autoproduit, et j’en ai un second, mais qui semble quasi impossible à financer. Il y a un projet de long, mais comme je ne serai pas payé en avance, il y a peu de chances que je me lance dans une telle entreprise. Pourquoi pour l’heure privilégier le Cinéma à la BD alors que d’une part on y a 100 fois moins de liberté et que d’autre part pour l’instant aucune boîte de production n’est prête à me payer pour écrire un scénario de film… ? Je me laisse 10 ans pour essayer de faire quelque chose. J’en ai envie, c’est vrai. Mais pour cela, il me faut trouver le producteur qui sera prêt à me suivre.

Sceneario.com : Vous aimeriez réaliser le film d’une de vos BDs ?

Christophe BEC :Pourquoi pas… Mais lorsque j’écris une BD je ne me pose jamais la question du budget, il serait impossible d’adapter mes histoires sans d’énormes moyens… il faudrait donc largement les adapter, et ça c’est déjà les trahir.

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