Interview

Olivier Jalabert pour Il Faut Flinguer Ramirez

Sceneario.com: Olivier Jalabert, qui êtes-vous?
Olivier Jalabert:
Bonjour Aubert Bonneau, je suis un homme de 55 ans, éditeur à plein temps au Éditions Glénat depuis plus de 6 ans déjà. Ça fait 26 ans que je traine mes guêtres dans la bande dessinée : 13 ans libraire chez Album Comics à Paris et 13 ans éditeur successivement chez Soleil, Ankama puis Glénat.

Sceneario.com: Olivier, en quoi consiste votre métier?
Olivier Jalabert:
C’est l’un des plus beau métier du Monde. Je ne pense pas être capable d’en exercer un autre, en tout cas je n’en ai pas envie. On dit parfois qu’on exerce un métier-passion, c’est assez vrai en somme. Mon travail consiste à accompagner des auteurs.trices de bande dessinée dans leur création originale, les assister et leur donner les meilleures conditions possibles pour « accoucher » de leur œuvre. Je vois ça comme un vrai partenariat entre les auteurs.trices et moi : on travaille ensemble au service de leur création.

Sceneario.com: Comment arrivent sur votre bureau les projets de BDs?
Olivier Jalabert:
De tous les côtés : dans ma boite mail, par Messenger ou Instagram, par des appels, par des courriers papier. Mais une partie des projets que je développe sont de ma propre initiative.
Outre les projets sur lesquels je travaille, chaque année je reçois plus de 200 projets non sollicités, quand c’est pas 250. Le tri est parfois dur…

Sceneario.com: Et pour Il faut Flinguez Ramirez… comment cela s’est-il passé?
Olivier Jalabert:
Merveilleusement bien. Je connaissais déjà Nicolas quand nous étions tous les deux dans les locaux d’Ankama Paris. Il était DA de Café Salé et moi je travaillais pour l’édition. Quelques mois après mon arrivée chez Glénat, il m’a envoyé le dossier de IFFR acte 1, j’ai trouvé le projet génial et révolutionnaire. C’est ma « came » comme on dit d’une œuvre à laquelle on adhère immédiatement. On s’appréciait déjà avec Nico et le courant est super bien passé. L’envie de faire ce projet était une évidence pour moi. Après, il ne me restait plus qu’à convaincre ma direction. Ça n’a pas été très compliqué, elle m’a suivi immédiatement…


Sceneario.com: A quel moment avez-vous senti que cette série ferait un carton?
Olivier Jalabert:
J’aurais envie de dire dès le moment où Nicolas m’a déroulé son récit. J’ai compris que ce garçon avait un sens précis des choses, une vraie histoire, construite, solide et quand on ajoute à ça, sa virtuosité graphique ; ça fait un cocktail parfait. Mais en vrai, je rêvais qu’on fasse un « petit » score sans oser imaginer que deux ans plus tard on aurait passé la barre des 110.000 ventes. Ce succès, on le doit à l’excellence de Nicolas au premier chef et puis au formidable travail de prescription des libraires qui se sont littéralement emparés de la BD pour la mettre en avant. C’est un succès collectif lié à un travail collectif de toute la chaine du livre.


Sceneario.com: A quel moment sait-on que c’est un carton?
Olivier Jalabert:
C’est variable mais dans le cas de IFFR1, j’avais parié avec Nico que si on vendait plus de 10,000 exemplaires je lui offrirai une télé vintage que j’avais dans mon bureau. Je me suis dit, je suis peinard, on fera un p’ti score mais je vais garder la télé. Résultat des courses, je suis allé lui livrer la télé chez lui au bout de quelques semaines… Donc, si tu dépasses 10,000 en gros, tu fais déjà un joli carton.


Olivier Petit (Editeur Petit à Patit) invité de Sceneario.com: Quel est l’apport d’un Editeur quand un auteur a pensé à tout (ou presque…. Je vous laisse une ouverture la 😉 )
Olivier Jalabert:
Demandez-le à Nicolas !

Vincent Libraire chez BBFugue Annecy invité de Sceneario.com: Libraire, Editeur, n’avez vous jamais eu envie de devenir auteur???
Olivier Jalabert:
Si, j’y ai songé bien sûr. J’ai fait pas mal de piges dans des magazines divers mais je n’ai jamais « créé » une œuvre. Je dis souvent en plaisantant que je suis éditeur car je suis un auteur frustré 😉
Mais au fond, j’y songe de plus en plus, j’ai quelques idées, je devrais leur dédier du temps, c’est ça le plus dur quand on « vit » la BD en permanence : trouver du temps. Mais qui sait, un jour peut-être. D’ailleurs, si vous connaissez des dessinateurs.trices sympas, faites passer l’info !

Cécile Dumas markéting de chez Glénat invitée de Sceneario.com: Je voudrais savoir combien de pintes de bière ont péri au cours de cette épopée… mais c’est sûrement parce que j’attaque la 2°!!
Olivier Jalabert:
Faudrait vérifier avec Jason Philippe, c’est lui qui tient les comptes du CE de la Robotop, mais je dirai une bonne giboulée, ouaip !

Sceneario.com: Combien de tomes prévus au final ? Devant le succès, est-il tentant d’augmenter le nombre de tomes ?
Olivier Jalabert:
IFFR est une saga en 3 tomes et sera une saga en 3 tomes. Si quelqu’un vous vend un tome 4, c’est un fake.

Sceneario.com: As tu changé d’aspirateur récemment ? Ou cherches tu un bon réparateur à moustaches ?
Olivier Jalabert:
J’ai toutes les moustaches et tous les aspirateurs de la création, je n’ai besoin de rien.

Sceneario.com: D’ailleurs que doit Ramirez à Mario Bros ?
Olivier Jalabert:
5€ pour un produit défectueux du S.A.V mais ça a déjà été payé en bitcoin

Cécile Dumas markéting de chez Glénat invitée de Sceneario.com: Ou et quand voudrez vous aller au volant de la DeLorean
Olivier Jalabert:
Dès et où que possible !

Sceneario.com: Quel a été ton « accompagnement » de Nicolas Pétrimaux dans ce second accouchement : as tu dû réfréner ou accroître l’imagination de l’auteur ? Encourager à développer le côté Starsky et Hutch / kitsch de la côte ouest ? Donner plus de matière à la relation père-fils ou au cartel de la drogue? Fouetter l’auteur pour qu’il rende ses travaux à l’heure ? Veiller à la cohérence des 2 tomes ? Tout cela en même temps ?
Olivier Jalabert:
Le même que pour le tome 1, lui donner à la fois l’espace et l’attention dont il a besoin. Nico sait où il va, et moi, je monte à bord avec lui pour essayer de lui faciliter la vie.

Sceneario.com: Et la question fatidique… Quand sortira le tome 3 ?
Olivier Jalabert:
Quand Nicolas l’aura fini tel qu’il le veut.

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