Interview

Hervé LOISELET scénariste de SIGURD ET VIGDIS

Sceneario.com : Bonjour Hervé. Votre actualité est la sortie du premier tome d’un dyptique intitulé Sigurd & Vigdis. Mais avant d’aborder le sujet : revenons sur votre parcours. Qui est donc Hervé Loiselet ?

Hervé LOISELET: J’ai même une double actualité, avec la sortie, 10 jours après Sigurd & Vigdis de ma 13e BD, le tome 4 de L’Histoire de France pour les Nuls en BD « La Guerre de Cent Ans » avec Vincenzo Acunzo au dessin (et non Gabriele Parma comme imprimé par erreur !).
J’ai commencé à bosser en 1989, je ne compte ni les jobs étudiants (qui sont pourtant dans mes points retraite d’après le relevé intermédiaire que j’ai reçu il n’y a pas longtemps !) ni le service militaire. J’ai appris sur le tas dans des agences d’édition publicitaire la fabrication et la maquette, la relation client, un peu de créa et un tout peu de conception rédaction. Simultanément j’ai pas mal fait la fête, organisé par exemple des « killers » dans Paris et de fil en aiguille j’ai monté une première entreprise, Halloween Concept, avec des copains. On a édité des jeux, des magazines dont Lotus Noir qui existe toujours, des romans et même un artbook consacré à John Bolton… En 1997 on a lancé BoDoï dans une nouvelle société. Deux ans après je suis allé passer quelque temps chez Mon Journal où j’ai fait de la presse enfance, ado et sportive puis je me suis mis à mon compte jusqu’à 2009.
Durant cette période, dans le secteur BD j’ai participé au lancement de Pavillon Rouge, puis j’ai réalisé pour Soleil L’Année de la BD, Suprême Dimension et BD Mag. Je me suis dit que j’avais fait le tour du sujet et qu’il fallait changer de métier et même choisir un vrai métier. Je me suis souvenu que j’avais publié chez Delcourt un dyptique au milieu des années ’90.

Avant de prendre cette décision Soleil m’avais pris un one shot, le premier Carnet Secret du Vatican, sous pseudo parce que j’avais trop de casquettes différentes. Mais 4 autres tomes ont suivi, hop hop hop et cela n’avait plus de sens, alors quand Le Lombard s’est intéressé à mes projets j’ai repris mon nom.
Je suis marié, j’ai 3 enfants et je vis dans un merveilleux bourg de Bourgogne chargé d’Histoire de manière ininterrompue depuis le Xe siècle.

Je suis fou du Xe siècle ! D’autres questions ? Ah, toute la saga de Sigurd & Vigdis ne tient pas en 2 tomes, on verra si on va au bout…

Sceneario.com : On vous retrouve sur cette saga venu des pays du Nord. Comment avez-vous eu l’idée de vous engager dans cette saga ?
Qu’est ce qui vous séduit dans ces récits vikings ?

Hervé LOISELET:Comme beaucoup de gamins je me suis passionné pour les vikings, et cela ne m’a jamais vraiment quitté. L’idée de Sigurd & Vigdis est venue quand j’ai découvert la Route des Varègues aux Grecs et le commerce de l’ambre dans l’antiquité la plus lointaine qui reliait la Baltique à l’Egypte et à la Mésopotamie… Mais je n’ai pas attiré l’attention des éditeurs sur cette route méconnue : je suis retourné vers mon Xe siècle et j’ai fait de nouvelles découvertes que je partagerais, je l’espère, dans les tomes suivants…
Le thème viking est passionnant, il existe de nombreuses facettes à creuser, on part dans toutes les directions, leur âge d’or nous emmène très loin.

Sceneario.com : Quelles ont été vos sources ? Comment avez-vous travaillé sur la façon d’amener ce récit ?

Hervé LOISELET:Les sources sont multiples, et s’accumulent en fait depuis mes premières lectures d’enfance… Récemment je me suis plongé dans l’œuvre de notre spécialiste national Régis Boyer et je fouille sur le net, avec Blary, pour chercher des pépites documentaires, des textes pointus d’universitaires. J’ai trouvé chez un bouquiniste québécois l’édition d’Actes Sud du légendaire « Voyage chez les Bulgares de la Volga » d’Ibn Fadlan.
Amener le récit ? Ouh là ! On a commencé en septembre 2010, j’ai une direction, l’Est, et j’espère bien que nous irons au bout de la route…

Sceneario.com : Vous travaillez à nouveau avec Benoit Blary. Qu’est ce qui vous plait dans son travail ? Pardon, comment l’avez-vous rencontré et choisi pour travailler avec vous ?

Hervé LOISELET: J’avais envoyé un embryon de projet à l’atelier 510TTC, je connais Lerolle depuis un moment, et puis Thomas Labourot a esquivé avec grâce en me montrant un soir, dans une chambre du Mercure pendant Angoulême, les carnets de croquis de Blary. J’adore. Je lui ai proposé « 20 ans de guerre » aussitôt et Le Lombard l’a publié dans la collection Signé. Nous avons beaucoup de références communes avec Benoit, c’est quand même pratique. Pour ma part je préfère la couleur directe qui me touche souvent beaucoup et l’aquarelle de Blary c’est quelque chose, sans compter sa capacité à dessiner par contraste au bic en tout petit.

Sceneario.com : Comment vous répartissez vous les taches ? Comment travaillez vous ensemble ?

Hervé LOISELET:Très classique, je lui envoie un script et il bosse. Après je fais le lettrage. Bon, sérieusement on s’écrit, on se téléphone peu. C’est fluide.

Sceneario.com : Comment organisez-vous votre journée de travail ?

Hervé LOISELET:Je dépose mes enfants à l’école et je vais dans mon bureau, une sorte de cabane au fond du jardin, mais avec du haut débit et du chauffage. Et je bosse.

Sceneario.com : Quels sont vos projets à venir ?

Hervé LOISELET:Continuer !

Sceneario.com : Questions viking : si je vous dis Thor ?

Hervé LOISELET:J’entends le tonnerre !

Sceneario.com : Thorgal ?

Hervé LOISELET:hat else? Au passage je suis fier d’avoir fait un tome au Vatican avec Surzhenko qui oeuvre aujourd’hui dans les mondes de Thorgal.

Sceneario.com : Asgard ?

Hervé LOISELET:Tenochtitlan ? Herman Melville ? Je n’ai pas lu le Dorison-Meyer, j’ai un mal fou à lire les gens que je connais et j’espère que Xavier me racontera son histoire un long soir d’été.

Sceneario.com : Vinland saga ?

Hervé LOISELET:C’est affreux maintenant quand j’entends ces mots résonne dans mon esprit la thèse de notre climato-sceptique national Claude Allègre quand il évoque les vignes du Groenland lors du réchauffement de l’an 1000 et je me tord de rire. Non, outrance mise à part, un conseil : Régis Boyer. Il se demande si le soi-disant pays de la vigne découvert par nos explorateurs favoris ne regorgeait pas, je cite, « de baies sauvages à partir desquelles il était possible d’obtenir un liquide alcoolisé ». Enfin bref, arrivé à un certain point, faut lire les trucs de spécialistes. Et surveiller de près ce qu’on mange chez Ikea.

Sceneario.com : Les vikings (le film de Richard Fleisher) ?

Hervé LOISELET:1958. J’étais pas né, je suis vieux mais pas autant que ça. Mais j’aime bien la scène de danse sur les rames, piquée dans la saga d’Olafr Tryggvason (le saviez-vous ?), au tout début, au retour du pillage qui ouvre le film. On la trouve sur You Tube facilement. Quant au reste, ça fait un peplum amusant, un bon gros mélange pas inintéressant. L’attaque du château est vraiment fantaisiste, mais ça se regarde. Parlez-moi plutot du Guerrier Silencieux, de Nicolas Winding Refn. Je suis vacciné contre les histoires de vikings à l’ouest mais là, chapeau, ce film contemplatif m’a vraiment marqué.

Sceneario.com : Quel est votre dernier coup de coeur pour une bande dessinée ?

Hervé LOISELET:Difficile, trop difficile.

Sceneario.com : Quel est votre dernier coup de cœur pour un livre ?

Hervé LOISELET:Pareil, depuis la découverte de Houellebecq j’ai pas eu de grand choc et c’est ce que je recherche. J’ai été ému par les Goncourt 1997, 2006 et 2012… Comme j’ai du mal à lire les copains en SF, fantasy, polar et autre je reste ancré dans le passé. Je lis par-dessus tout des essais.

Sceneario.com : Quel est votre dernier coup de cœur pour un film ?

Hervé LOISELET:Je vois beaucoup de films pour enfants et de dessins animés ces temps-ci. J’ai peut-être pas de cerveau disponible en ce moment, alors je suis les séries TV dans l’air du temps, comme tout le monde, bien qu’elles tournent trop souvent en queue de poisson comme Borgia saison 2 (ahlala, cet épisode 9 cette semaine !!!!!). J’attends Homeland 2 incessamment et la suite du Trone de Fer (eh non je ne l’ai pas téléchargée, la suite !). Mes derniers chocs cinéma datent un peu…

Sceneario.com : quel a été votre dernier coup de coeur pour une musique ?

Hervé LOISELET:Ne le répétez pas, quand je pose un casque sur mes oreilles (c’est rare) dedans c’est de la techno, et je balaye large. Quoique par ailleurs je suis en pleine période de réécoutage de Vangelis, ITN et tutti quanti et je remonte jusqu’aux débuts de la musique électronique. Dans un coin j’ai rangé par exemple Talking Heads et des trucs du genre, pour plus tard. Sinon dans la voiture je bassine mes gamins avec de la bonne vieille pop français, de 1960 à nos jours. Si, si…

Sceneario.com : Merci, Hervé, pour ce temps passé avec nous.

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