Interview
Guillaume LAPEYRE
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Sceneario.com : Bonjour Guillaume. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la BD ?
Guillaume Lapeyre : Je dessine et j’aime raconter des histoires depuis tout petit, et j’ai toujours plus ou moins voulu en faire mon métier.Mais c’est ma rencontre avec Elsa dans une association de Bd qui a tout changé pour moi. Elle m’a donné la force nécessaire pour surmonter les obstacles des débuts … et il y en a eu !! |
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Sceneario.com : Comment votre trio s’est-il formé ? GL : J’ai rencontré Elsa dans une association de BD à Sète pendant que je débutais des études de Droit et elle faisait une formation internet/multimédia.Je suis tombé amoureux d’elle et on a tout quitté pour pouvoir devenir pro. C’est après quelques années, à force d’écumer les festivals notre book sous la main qu’Arleston nous a proposé de faire une histoire courte pour le Lanfeust Mag’. Il m’a parlé de ce projet qui parle d’un monde glacé où plein de gens meurent à longueur de pages… attends …. ça s’appelle comment déjà ?….. les chroniques de Baygon, un truc comme ça…. bref… c’est mon troisième album de cette série et je sais toujours pas le titre…. 🙂 On a signé le premier tome chez Delcourt en septembre 2001 si je me souviens bien, et depuis, ca va plutôt bien !! |
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 extrait du tome 2 |
Plus sérieusement, je crois que Nicolas m’a écrit une histoire forte et j’y ai trouvé tout ce que j’attendais d’une BD.
Puis à partir du moment où ton scénariste arrive en quelques mots à te faire visualiser une scène, tu fonces !!!…. On est très en phase au niveau imaginaire. Sceneario.com : Quelles sont tes influences artistiques ? GL : Les lecteurs assidus de Bd européenne vont être peut-être déçus mais les Bd qui m’ont marquées sont toutes japonaises. Akira d’Otomo, Dragon Ball de Toriyama, l’Habitant de l’Infini de Samura, et plus récemment, Monster et 20th Century Boys de Urasawa. Je suis profondément marqué par les mangas, mais il y a beaucoup de séries européennes que je suis et que j’aime « le sursis » ou « l’histoire de Silöe », etc… Je m’inspire également beaucoup des jeux vidéo comme Resident Evil, Silent Hill, ou Final Fantasy. Et plus récemment tous les films du cinéaste Britannique Georges Pavlou. Puis en marge de ces sources d’inspiration qui me servent directement pour faire mes images, il y a tous les films et les BD que j’ai digérées et qui sont latentes dans tous ce que je fais. |
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Sceneario.com : Qu’est-ce qui t’a plu dans le scénario des " Chroniques de Magon "? GL : Nicolas m’a proposé d’emblée les bases d’un univers que j’attendais de trouver dans une BD.Son style de narration, les relations entre les personnages, et l’action m’ont donné une forte envie d’illustrer cette histoire. C’est ce que j’attendais depuis longtemps sans avoir le talent pour la raconter tout seul. Sceneario.com : Qu’est-ce qui t’a demandé le plus de travail ? GL : En terme de temps ce sont les décors, mais en terme de sueur dépensée, ce sont les personnages. |
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J’ai encore du mal aujourd’hui, mais petit à petit, je les améliore, je les rends moins statiques, plus « vivants », et je prends de plus en plus de plaisir à les dessiner au fur et à mesure que je résous mes problèmes techniques.
Sceneario.com : Quelles ont été tes sources d’inspirations pour " Les chroniques de Magon "? Tu as effectué des recherches? GL : Nicolas m’avait dit : Magon est un grand empire qui s’est effondré. Un cataclysme l’a emprisonné dans la glace. La Russie d’avant guerre s’est donc naturellement imposée, d’autant que les architectures baroque et gothique sont démentielles à dessiner. Nous avons donc acquis des revues d’architectures sur ces mouvements. Mais à partir du moment où on comprend plus ou moins comment ces bâtiments ont été pensés, on peut sortir du poids de la documentation. C’est en majorité à inspiration baroque. Il y a beaucoup de bâtiments de St-Petersbourg, mais aussi Paris et Venise. Le choix s’est vite fait, à partir du moment où c’est grandiose, il faut le représenter, tant pis si on y passe 6 heures…c’est nécessaire la crédibilité de Magon. |
 extrait tome 2 |
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Sceneario.com : Qu’est-ce que tu as le plus apprécié dessiner ? GL : Les décors, inévitablement. Les persos, c’était une torture… ça va un peu mieux maintenant…Sceneario.com : Comment êtes-vous tombés d’accord tous les 3 sur l’interprétation du scénario ? GL : Je ne sais pas trop… ça c’est fait comme ça. On a dû tous se dire qu’on se lançait dans une aventure commune et créer un univers tous ensemble. Pour qu’il y ait une richesse, il fallait apporter son petit truc personnel qui nourrit le tout,… et je crois que ça fonctionne bien. |
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 extrait tome 1 |
Sceneario.com : Comment s’est faite la conception des Xieux, de la relique, leur genèse ?
GL : Avec de la souffrance… surtout pour la Relique.Dans les croquis, elle est passée par tous les aspects : mécanique, cybernétique, un sarcophage avec des pattes, un gros robot. Et puis on a gardé l’allure la plus proche d’un homme, et je ne sais toujours pas si on fait le bon choix…. J’espère que si quand même !! Sceneario.com : La première planche du tome 1 est quelque peu morbide. Il ne semble pas faire bon vivre en dehors de la cité ? GL : L’illusion d’un confort citadin dans Magon Centre disparaît dès le deuxième tome… à l’intérieur comme à l’extérieur, c’est l’épreuve de la survie, partout et tout le temps. Sceneario.com : On ne discerne pour l’instant pas trace d’un système religieux dans le mode de vie des habitants. Les traces d’une civilisation qui a perdu ses marques ? GL : On peut penser que le pouvoir central de Magon à purement et simplement interdit à un moment donné les regroupements dans des lieux de cultes, quels qu’ils soient. |
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Ceci dit, Nicolas compte depuis longtemps développer les systèmes religieux… mais ce n’est pas pour le tome suivant…et encore…….. quoique….
Sceneario.com : Quels sont les moments forts de ton parcours BD ? GL : Je crois que la sortie d’un premier album fait toujours beaucoup d’effet. Mais le meilleur moment pour l’instant ont été les dédicaces à Angoulême cette année. Ca faisait plusieurs années qu’Elsa et moi y allions faire la queue pour avoir un rendez-vous avec les éditeurs. Mais cette année, c’était la première fois qu’on passait de l’autre côté…j’ai été malade mais c’était géniiiiiiiial !! |
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 extrait tome 2 |
Sceneario.com : Il semblerait que tu sois daltonien. Cela t’a t’il causé des soucis dans ton travail ?
GL : Etre daltonien signifie pour moi de ne pas pouvoir faire de couleurs, sinon c’est peau verte et ciel rose…Mais je n’y perds vraiment pas au change avec une coloriste aussi talentueuse qu’Elsa (et pis elle est jolie aussi…). Ceci dit, contrairement à ce que peuvent penser pas mal de gens qui me regarde en se disant : ho le pauvre, il doit pas voir les belles couleurs du monde, ce n’est pas un gros handicap. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on me le fait remarquer aussi souvent !! 😉 Sceneario.com : Quels sont tes techniques de travail ? Comment gères-tu ton rythme de travail ? GL : Pour le rythme de travail, c’est une page tous les 2 ou 3 jours maximum parce que je vis avec Elsa depuis 6 ans environ, et elle nous prépare le planning des pages à faire sur 1 an, mois après mois … Et si on s’écarte du planning… ça chauffe sec !!!…. |
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Mes techniques ?
Je fais un story-board assez détaillé pour que Nicolas et Elsa puissent avoir une vision la plus précise possible. On ajuste certaines choses au besoin, on refait des textes, puis je dessine chaque strip sur des feuilles à part. Je n’y dessine que les personnages et j’y trace les lignes de perspectives. Je reprends les personnages sur les bonnes feuilles au crayon très sec, je dessine directement les décors, puis je repasse les perso avec un crayon plus gras. Et hop… au scannage, et hop à la couleur, vive Elsaaaaaa!!! |
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Sceneario.com : Pour quand le 3e ?
GL : Mars 2005, c’est long hein ?…. On va tenter de sortir le 4ième dans la même année… je suis fatigué par avance ! 😉Sceneario.com : Des surprises ? ;o) GL : De quoi ?… un truc du genre Pif gadget ? … Quand on a commencé à voir ce qu’on pourrait faire au niveau pub pour la sortie du 3, on a proposé à Delcourt d’inclure dans la BD un Cd où il y aurait les pages entièrement bruitées à la bouche, musique comprise, mais je comprends pas pourquoi ils ont refusé !! |
 Personnage : Giss |
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A la place il y aura une histoire inédite de 8 pages réservée à la première édition racontant la première rencontre entre Giss et Asmo…
Après au niveau scénaristique, Nicolas voit ce tome 3 comme un tournant… on est au milieu de la série, et il lève le voile sur pas mal de choses pour se permettre de placer les personnes dans une intrigue plus vaste encore… Sceneario.com : Le 2e tome est sorti très vite après le premier. L’inspiration est venue plus facilement ;o) ? GL : Pas plus vite, mais comme je le disais plus haut, Nicolas a cette capacité de faire écho à mes goûts… Il me décrit une scène et je vois tout de suite ce qu’il faut faire… je n’ai été que rarement bloqué… la vitesse vient du simple fait que je m’améliore chaque jour (sinon ce serait triste…) et je résous petit à petit mes problème de dessins…. |
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 extrait tome 1 |
Sceneario.com : Et pour le 3e, ça y est la machine est bien rôdée ? :o)))
GL : Ben oui, au bout du troisième on commence à s’approprier le monde, on comprend ce qui fonctionne dans ce type d’histoire ou d’ambiance…C’était l’inconnu au début, je me demandais sans cesse ce qui convenait de faire au niveau graphique pour rendre le monde crédible… C’est pour ça que j’ai passé autant de temps à faire des centaines de fenêtres sur mes immeubles….. TT Puis d’une autre coté, la nouveauté pour moi vient de la nouvelle importance d’Asmo… Sceneario.com: Quels sont tes autres projets en cours ou a venir ? Des envies ? GL : Je finis mon troisième tome de Magon puis j’enchaîne sur une histoire inédite de huit pages prévu à l’intérieur de la première édition de ce tome 3, pis….pis…. ben, c’est le tome 4 déjà quoi !! 😉 |
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J’aimerais me lancer dans de la fantasy, mais faire un truc un peu différent de ce qu’on a l’habitude de voir.
Pour l’instant, j’ai pas mal à faire avec la série… |
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