Interview

Frédéric PEYNET et sa série Le Feul

Sceneario.com : Bonjour Frédéric, afin de faire plus ample connaissance, pourriez-vous nous expliciter votre parcours d’auteur au sein du 9ème art ?

Frédéric Peynet : J’ai débuté en 1999, chez Pointe Noire, aux côtés de la scénariste Isabelle Plongeon. Nous avons publié « Les Apatrides », un tome qui resta sans suite pour cause de faillite de l’éditeur. Parallèlement, toujours avec Isabelle, nous avons créé une trilogie intitulée « Toran », parue chez Nucléa entre 2001 et 2003. Puis j’ai rencontré Jean-Luc Istin qui démarrait « Les Contes du Korrigan » et cherchait des dessinateurs pour illustrer les histoires des frères Le Breton. Ce fut l’occasion pour moi d’entrer chez Soleil par le biais d’un album collectif. Comme je connaissais déjà Jean-Charles Gaudin depuis quelques années, et que l’envie de créer une série tous les deux était présente, nous avons lancé « Le Feul » dont le dernier tome est sorti mi janvier.

Sceneario.com : Vous venez de clôturer votre première série grand tirage, semble-t-il, dans laquelle vous avez œuvré en duo avec Jean-Charles Gaudin. Quel est votre sentiment sur ce travail d’un peu plus de 3 ans ?

Frédéric Peynet : J’ai commencé en 2003 et le dernier tome vient de sortir en 2009, c’est effectivement plus de 3 ans. Je suis très fier de cette série, de ma collaboration avec Jean-Charles. J’ai beaucoup aimé sa façon de traiter ce sujet, sa subtilité, sa narration. Côté dessin, j’ai quelques regrets concernant mes couleurs, je n’ai jamais trouvé à mon sens la parfaite harmonie entre mon dessin et mes couleurs. Il y a un déséquilibre. Mais sur le dessin pur, je crois avoir progressé d’album en album. J’ai en tout cas beaucoup appris.

Sceneario.com : Comment s’est effectuée votre rencontre avec le scénariste ? Comment avez-vous mis sur pied cette trilogie ?

Frédéric Peynet : Je crois que ma rencontre avec Jean-Charles remonte à 1997 ou 1998, je ne sais plus. Nous nous sommes rencontrés dans un bar où se réunissaient tous les auteurs de la région où je vivais à l’époque, qu’ils soient publiés ou non. C’était l’occasion de nous confronter à la critique des autres et de progresser tous ensembles. Il y avait une saine émulation. Jean-Charles et moi avons sympathisé. Nous avions tous les deux du respect et de l’admiration pour le travail de l’autre.

Sceneario.com : Qui a décidé de l’apparence des différents personnages qui interviennent dans « Le feul » ?

Frédéric Peynet : J’avais une description générale des personnages dans le scénario, mais j’étais libre de la suivre ou non. Je crois avoir eu l’idée de l’apparence de Kaliam et en avoir fait part à Jean-Charles par la suite. Jautry est quant à lui inspiré par une photo de mon beau-frère lorsqu’il avait 10 ans. Pour Valnes, j’ai réalisé plusieurs croquis jusqu’ à ce que l’un d’entre eux nous convienne.

Sceneario.com : Lorsque Jean-Charles Gaudin vous a confié cette aventure, l’a-t-il fait en vous donnant les aboutissants ou au contraire a-t-il préféré ne pas vous mettre dans la confidence dès le départ ?

Frédéric Peynet : Je connaissais toute l’histoire depuis le début. Certes avec le temps elle a évolué un peu, mais dans les grandes lignes, c’est le scénario tel qu’il me l’avait raconté en 2003 lors du lancement du projet.

Sceneario.com : Comment Jean-Charles Gaudin intervient dans votre travail de dessinateur ? Vous laisse-t-il une certaine latitude de choix ou oriente-t-il vos dessins selon un synopsis bien précis ?

Frédéric Peynet : C’est surtout à l’étape du story board qu’il est le plus interventionniste. C’est un réalisateur de cinéma, et il veut donc que mes cadrages correspondent à ses attentes. Pour le reste, je suis libre de dessiner comme je l’entends.

Sceneario.com : Sans en dévoiler la teneur, comment jugez-vous le final surprenant de ce triptyque ?

Frédéric Peynet : Je ne le juge pas, je n’ai plus aucun recul à ce sujet. Je pense qu’il va partager les lecteurs. Il y aura les sceptiques, et les enthousiastes. Pour l’instant, les retours sont plutôt positifs, ouf !

Sceneario.com : Considérant que les mésaventures de Valnes sont restées "ouvertes", prévoyez-vous un nouveau cycle à cette série ?

Frédéric Peynet : Non, le lecteur pourra ainsi se faire sa propre idée de la suite à donner à cette histoire.

Sceneario.com : A la sortie de "L’héritage", les deux premiers tomes ont vu leurs couvertures modifiées. Pour quelles raisons ?

Frédéric Peynet : Les premières couvertures ne reflétaient pas l’intérieur de l’album et il y avait des problèmes de perception de l’époque et du genre, principalement sur la première. La forme n’était pas en cause, c’était plutôt le fond qui n’allait pas. Moi qui ai un blocage vis à vis des couvertures – Depuis une remarque mal venue de l’éditeur Nucléa2 – cela m’a donné l’occasion de travailler avec Didier Gonord, le directeur artistique de Futuropolis, et d’apprendre, de comprendre comment se construisait une couverture. Ce fut laborieux pour moi, mais Didier a sauvé mes illustrations.

Sceneario.com : Vous intervenez à double titre, en tant que dessinateur et coloriste. Pourriez-vous nous expliquer votre technique de travail (crayonné, encrage et couleur) ? Êtes-vous un utilisateur acharné d’applications informatiques ?

Frédéric Peynet : Je travaille essentiellement à la plume pour l’encrage, et j’utilise des encres acryliques pour les couleurs. Elles sont d’ordinaire utilisées pour les aérographes, mais je m’en sers comme s’il s’agissait d’aquarelle. Je peins sur des reproductions de mes planches, comme cela se faisait traditionnellement depuis les années 50. Je ne suis pas un acharné de l’informatique, mais je ne suis pas non plus hermétique à cela. Il y a eu quelques retouches de couleurs faites sur ordinateur, c’était plutôt pratique. Il m’arrive également de faire quelques petites illustrations à l’ordinateur afin de mieux comprendre et assimiler les différents logiciels de dessin.

Sceneario.com : Quels sont les auteurs qui vous inspirent ou vous conseillent éventuellement ?

Frédéric Peynet : Rosinski, Loisel, Vicomte, Urasawa, Inoue, Franck, Lepage, Rossi, Franquin m’inspirent, m’influencent. Je suis le résultat de ce curieux mélange et j’essaye de trouver ma voie.

Sceneario.com : Avez-vous d’autres projets en cours ou en attente dans les cartons ? Avec le même scénariste ou avec d’autres ? D’un genre nouveau ou dans la même lignée que "Le feul" ?

Frédéric Peynet : Nous travaillons, Jean-Charles et moi, sur un thriller contemporain. Refaire de l’Heroïc Fantasy nous aurait peut-être amené à nous répéter… J’avais envie de changer de registre, voir si je pouvais dessiner d’autres choses. Je crois que Jean-Charles avait cette même envie. Le projet commence à avancer doucement, et nous en sommes très content pour le moment.

Sceneario.com : Merci pour vos réponses et bonne chance pour "Le Feul".

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