Interview

Frédéric Felder et Olivier Besseron, auteurs de Mélo Biélo

Sceneario.com : Bonjour, Camarades ! Et spassiba accepter interrogatoire Sceneario.com ! Votre BD Mélo Biélo très bonne, alors dommage si lecteurs passer à côté ! Des lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas bien, d’ailleurs, voire pas du tout, même si à l’exposition permanente du Musée de la BD d’Angoulême (excusez du peu !) on peut voir un dessin d’Olivier Besseron, sur la couverture d’un exemplaire de la revue Ferraille… Car c’est bien par là qu’il faut chercher vos débuts dans la BD, non ? Ferraille, Les Requins Marteaux… Alors dites-nous un peu, l’un et l’autre, qui vous êtes et quel a été jusqu’à aujourd’hui votre parcours artistique…

Frédéric Felder : Bonjour, Scenario.com. Hummm… Par où commencer ? J’ai fait mes classes avec Cizo et Winshluss, dans un fanzine des plus formateurs, UPSA COMIX, qui a d’ailleurs été réédité par Indus Valley. Ensuite, comme un bon soldat, j’ai essayé de rentrer chez Fluide Glacial, puis au Psikopat (ça a marché une fois, pour une 4ème de couv’ avec Nikola Witko). Tout ça était bien évidemment avant de découvrir Ferraille en Kiosque. Quand je suis tombé sur les planches de Moolinex et de Bouzard, j’ai su que j’avais trouvé ma famille. Quelques-une de mes planches on été publiées, ainsi que Muerto Kid en tant que scénariste avec Witko au volant. L’espace de création dont on peut jouir en toute quiétude au sein des Requins Marteaux m’a permis de travailler sur des projets aussi ambitieux que rafraîchissants : le Supermarché Ferraille, le Musée Ferraille, Ferraille Illustré, Les films entre 4 planches (réa. E. Bellegarde), Villemolle 81 (Réa. Winshluss) et dernièrement la cérémonie de remise des prix du festival d’Angoulême.

Olivier Besseron : Bonjour Scenario.com. En ce qui me concerne, j’ai démarré début 90 dans le milieu du fanzine Rock et BD, avec une bande de chiens fous comme Bouzard, Pierre Druilhe et Moolinex, avec qui j’ai également partagé pas mal d’activités avec la fanzinothèque de Poitiers et fait de bien belles rencontres. Puis, très vite, j’ai été publié dans des éditions indépendantes, comme les Requins Marteaux, qui m’ont édité entre autres des albums comme : Haute Couture, Le chalet de l’horreur, et de véritables contes de fées T1 & T2. Auteur régulier du magazine Ferraille, j’ai aussi collaboré dans divers collectifs, journaux et magazines comme Ogoun, Stripburger, My Way, CQFD, JADE et le PSIKOPAT. Site : http://besseronolivier.free.fr/

Sceneario.com : A en croire le délirant et accrocheur site www.melobielo.com qui en fera venir plus d’un vers votre bande dessinée, on imagine qu’il y a eu un sacré travail en amont de ce livre… Un bon nombre d’idées, aussi, toutes plus loufoques les unes que les autres et probablement pas étrangères à quelques cervezas que vous avez dû vous envoyer derrière la cravate ! Parlez-nous donc des origines de ce projet commun, de vos motivations et de vos muses…

Olivier Besseron : L’album terminé, Fred m’a de suite parlé de faire un site. J’ai dit bingo, car je savais que ça allait être tout simplement du pur Francky Baloney : faire rire tout en attisant la curiosité, que dire, c’est un métier.

Frédéric Felder : A part les pieds ou les oreilles, j’aime tout ce qui est disproportionné. Faire un site super précis et exhaustif qui accompagne l’album, comme pourrait le faire une grosse infrastructure, faire croire au gens qu’on les implique grâce à de multiples détails, autant techniques que juteux, pour finalement atteindre un seul but : vendre l’album. La voilà ma motivation. Imiter l’emballage et mettre n’importe quoi dedans ! Le site c’est exactement ça, car on peut le lire sans le livre : c’est une belle pantalonnade. Evidemment, si les gens veulent acheter le livre après, je pose la question, suis-je responsable ? Sans être un cador en droit civil, la réponse est bien évidemment non.

Sceneario.com : Lorsqu’un scénario est truffé de trucs farfelus, comme dans Mélo Biélo, la tentation n’est-elle pas grande, en cours de réalisation, d’ajouter des tas de choses qui vous viendraient à l’esprit, germant des gags déjà « validés » ?

Frédéric Felder : Vous savez, je suis né à la fin des années soixante, en 1970 pour être plus exact. Les gens de ma génération "beaucoup ont fait les scouts" ont pour habitude de se tenir à ce qu’ils disent. Pour Mélo Biélo, nous avons établi un programme que nous avons suivi à la lettre.

Olivier Besseron : 1969.

Sceneario.com : Dans quelle mesure êtes-vous intervenu l’un et l’autre dans le travail de l’autre ?

Frédéric Felder : Dans la mesure du possible, mais avec beaucoup de difficultés. Peu de gens le savent, mais Olivier Besseron est une petite bête sauvage et malheur à celui qui touche à sa gamelle…

Olivier Besseron : C’est pas faux, il a su me caresser dans le sens du poil, mais bon, cela faisait déjà longtemps qu’on mangeait dans la même gamelle et avant même de démarrer la première page, je lui avais donné carte blanche sur mon travail. Je tiens également à remercier Karine pour sa patience et ses belles couleurs.

Sceneario.com : Avez-vous eu recours à de la documentation spécifique pour Mélo Biélo ? Dans quelles mesures le récit devait-il être « réaliste » pour plaire ?

Frédéric Felder : Pour plaire, il suffit de savoir agencer les couleurs, une chemise turquoise avec un pantalon marron et des sandalettes translucides, par exemple. Bien se coiffer peut s’avérer bien utile, aussi. En ce qui concerne Mélo Biélo, le sujet est développé sur le site dans la section "Repérages". Nous ne pouvions pas nous permettre de décevoir nos lecteurs : nous savons qu’ils voyagent beaucoup. Tous les lieux qui sont traversés au long de Mélo Biélo ont été au préalable visités par Olivier. Sur place il exécute des « croquis minute » sur lesquels nous appuyons pour donner plus de véracité au récit.

Olivier Besseron : Ce qu’il ne dit pas, c’est que pour les visites de repérage, Fred était également présent, car il m’était difficile parfois de faire mes croquis minute tout en conduisant.

Sceneario.com : Mélo Biélo est l’un des quatre titres lançant la nouvelle collection « Factory » des éditions Desinge et Hugo&Cie… Pouvez-vous nous dire comment s’est faite votre recherche d’éditeur et nous toucher mot de cette initiative de collaboration entre ces deux maisons d’édition ?

Frédéric Felder : En tant qu’artistes, il est de notre devoir de ne pas nous mêler de ce genre de détails techniques. Par contre, le choix de notre éditeur, Hervé Desinge secondé d’Annie Pastor lui n’est pas innocent. C’est le genre de type qui vous fait une clef de bras jusqu’à ce que les planches lui plaisent mais une fois au restaurant il n’insiste pas pour que vous preniez le menu à 12€. Votre liberté d’action est totale. C’ est ce qui nous a plu et c’est d’ailleurs pour ça que nous l’avons suivi sans l’ombre d’une hésitation lorsqu’il a été remercié par Albin Michel, chez qui Mélo Biélo fut originellement signé.

Olivier Besseron : Hervé et Annie font partie des rares personnes dans ce milieu qui savent encore travailler tout en s’ amusant et ça c’est plaisant.

Sceneario.com : Mélo Biélo et les trois autres titres étaient présentés au public à Angoulême, fin janvier 2010. Mais c’est en marge du festival que vous avez rencontré vos lecteurs. Comment s’est passé votre séjour angoumoisin et quel accueil avez-vous perçu de la part des festivaliers venant à vous ?

Frédéric Felder : Les Angoumoisins, connus pour leur caractère affable, ont été des plus accueillants, et la presse locale nous a traités comme jamais. Allons plus loin, c’est en lisant la Charente Libre que j’ai repris confiance en la démocratie. Pour ce qui est de notre rencontre avec les lecteurs, je ne saurais trop vous en dire, j’ai passé mon temps dans les navettes. J’en appelle d’ailleurs au maire d’Angoulême. M. le Maire, je vous en conjure, faites quelque chose pour l’infrastructure routière. De grâce !

Olivier Besseron : C’était parfait.

Sceneario.com : Elle est toute récente, et déjà votre BD Mélo Biélo s’est vue couronnée par le Prix Charlie Schlingo 2010… Bravo ! « Chez Francisque » avait reçu ce prix l’année dernière (c’était alors la toutoute première fois qu’il était attribué). Pas mal, d’être nommé dans la foulée de Larcenet et Lindingre, non ? Quelle importance accordez-vous à ce prix « off » et qu’est-ce qu’il changera pour vous ?

Frédéric Felder : Tout d’abord, c’est un honneur, c’est la plus belle récompense « off » que l’on puisse espérer. Charlie Schlingo est rentré au panthéon de la bande dessinée avec « N comme cornichons ». Cet album est une de mes pierres angulaires. Ce que cela va changer, c’ est que les 12 prochaines bouteilles de vin que je vais boire seront d’excellente qualité (Le prix Charlie Schlingo est constitué de 12 bouteilles de Saint- Emilion 2005, cuvée Charlie Schlingo, fournies par le Bordelais Gérard Descrambe). Cela nous a permis également de déjeuner avec Florence Cestac et Philippe Druillet, eux-mêmes d’excellente qualité. Quant à Lindingre, j’avais déjà eu l’occasion de lui toucher les fesses.

Olivier Besseron : C’est vrai, c’est la plus belle des récompenses, d’ailleurs je te remercie Fred de m’avoir fait partager ce bon moment et pour ce qui est des 12 bouteilles, je confirme, c’est du bon vin. J’ai eu l’occasion de rencontrer Schlingo, une ou deux fois, inoubliable.

Sceneario.com : Le succès de Mélo Biélo pourrait-il vous faire faire remonter André dans son camion ?

Frédéric Felder : Pour du fric je suis prêt à faire n’importe quoi.

Olivier Besseron : De même.

Sceneario.com : Actuellement, quels sont vos projets en cours, et… sont-ils communs ?

Frédéric Felder : Je travaille sur des adaptations en français de Kinky & Cosy de Nix, je m’implique de plus en plus dans Picsou Magazine, je suis également en train de passer un C.A.P de chauffeur-livreur car je ne compte pas donner dans l’artistique toute ma vie. Entre temps, je ferai équipe à nouveau avec Olivier Besseron. Nous partons bientôt pour le sud de l’Espagne afin de réfléchir à nos futurs projets.

Olivier Besseron : En ce moment, je me prépare pour une future compétition de baby foot, j’ai quelques projets en cours et nous partons effectivement bientôt dans le sud de l’Espagne pour de nouvelles aventures, d’ailleurs mon sac est déjà prêt.

Sceneario.com : Merci, camarades, pour avoir répondu moi. Bravo encore Mélo Biélo. Et question subsidiaire : quelle marque vodka meilleure à vous ?

Frédéric Felder : Sans aucune hésitation : Celle de Leader Price !

Olivier Besseron : Zubrowka à l’herbe de bison.

Livres

Frédéric Felder et Olivier Besseron, auteurs de Mélo Biélo

Auteurs, séries ou albums liés.

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