Interview

Eric STOFFEL et Olivier THOMAS

Questions pour Olivier Thomas:

Sceneario.com: Olivier, juste quelques mots pour qu’on vous connaisse un peu plus. Comment êtes vous arrivé à la BD?

Olivier Thomas:Par passion ! J’ai été élevé à la BD franco belge, puis au Fluide Glacial. Au lycée je me suis mis à dessiner des planches dans mon coin, et plus tard, alors que j’étais étudiant à Marseille, j’ai suivi les Ateliers de Jean Louis Mourier et Herlé.
Diplôme en poche, j’ai décidé de rester à Marseille que j’aimais bien, mais il n’y avait pas de boulot pour moi, alors je me suis mis au dessin pour en vivre… Ca a précipité les choses : J’ai rencontré Eric Stoffel, avec qui nous avons commencé ARVANDOR.
J’ai bossé un peu dans le dessin animé, et à d’autres travaux…

Sceneario.com: Et au zarmatelier?

Olivier Thomas: J’ai rencontré les membres du Zarma dans un petit studio d’animation qui a rapidement coulé. Comme on s’entendait bien et que nous étions tous isolés sur Marseille, l’idée de se regrouper pour bosser en atelier s’est vite imposée.
Richard Dimartino et Bruno Bessadi avaient déjà créé la structure de l’association et nous l’avons utiliser pour louer un local ensemble.
C’était il y a deux ans. Depuis le Zarma se développe petit à petit, avec des expos, des cours, des projets de BD… Ca tourne bien.

Sceneario.com: C’est là que vous avez rencontré Eric?

Olivier Thomas: Non, on s’est rencontré à l’atelier de Mourier en 98 ou 99. Eric passait dans la rue, a vu des gens dessiner, et est entré, car il avait dans l’idée de trouver des dessinateurs pour démarrer comme scénariste…. On a sympathisé, on est allé discuter autour d’une bière, et il a commencé à me raconter ARVANDOR… On attaqué peu après.

Sceneario.com: Comment se déroule une journée de Olivier Thomas?

Olivier Thomas: Je me lève en général vers 10h midi (pas pressé)… Ensuite c’est très variable suivant l’emploi du temps que je me fixe.
Quand il faut que je dessine (c’est quand même souvent) Je m’y mets vers midi et je ne décroche pas avant le soir. C’est la journée idéale… Mais il y a pas mal d’impondérables : Des corvées administratives, des petits boulots à faire pour l’atelier… En fait c’est rare que je dessine toute une journée, je n’arrive jamais à faire tout ce que je voudrais… Mais c’est pas grave, il faut bien vivre !!

Sceneario.com: Combien de temps vous a-t-il fallut pour clore ce tome 3 de Arvandor?

Olivier Thomas: 1 an, ce qui est plus long que pour les deux premiers tomes.
Il y a plusieurs raisons à cela. J’ai fait beaucoup de salons, festivals BD dans toute la France et ça prend du temps et de l’énergie.
D’autre part nous nous sommes beaucoup plus appliqués sur ce tome 3, qui est beaucoup plus homogène et abouti que les précédents….

Sceneario.com: Vous avez travaillé sur d’autres BD en même temps? Sur d’autres travaux?

Olivier Thomas: Presque pas. Ce troisième bouquin a été une épreuve… J’ai quand même fait quelques dessins autour de la plongée sous-marine que j’ai pas mal pratiqué, notamment 3 planches couleur pour la présentation d’une expo sur les Poulpes "Histoires tentaculaires" (Palais de la découverte – Paris du 16-12-2002 au 24-02-2003)
Il y a eu aussi eu des illustrations pour le JdR des Métabarons (Yéti / Humanos) auquel ont d’ailleurs participé d’autres membres du Zarma.

Sceneario.com: Quels sont vos projets?

Olivier Thomas: Le plus gros du moment est un polar se déroulant à Marseille avec au scénar Bruno Pradelle (coloriste sur Arvandor et Pandora) et Pascal Génot (thésard dans le domaine du cinéma). Je compte aussi développer une série humoristique, des histoires courtes ou des gags avec des petits monstres très débiles.
On relancera certainement un truc avec Eric, Arvandor 4 si l’éditeur est OK, ou autre chose…
Après, je suis ouvert à toute proposition intéressante !!

Sceneario.com: Vous vous inspiré d’un style de dessin, d’un dessinateur?

Olivier Thomas: Non. Au niveau de la BD, il y a évidemment des auteurs incontournables dont je regarde le travail avec beaucoup d’intérêt, mais j’essaie de ne copier personne. Bien sûr, toutes mes lecture BD sont des influences, mais également les travaux de grands peintres et d’une manière générale tout ce que je vis au jour le jour.
Je veux juste, humblement, trouver ma manière à moi de retransmettre ce que je ressens, ce que je rêve…. Ca ne se limite pas forcément au dessin, et encore moins à la BD. Pour l’instant je suis dans la BD, j’apprends et je découvre, mais qui peut dire quelles portes vont s’ouvrir plus tard ?

Sceneario.com: Quels sont les BD qui vous ont marqué dernièrement?

Olivier Thomas: La question piège… Disons que sur l’année passée j’ai découvert et apprécié des ouvrages récents comme anciens :
La ligue des gentlemen extraordinaires (O’Neal-Moore), Ramiro (Vance), Le Transperceneige (Rochette/Legrand), Anita Bomba et les Minettos Desperados (Cromwell-Gratien), la fille du professeur (Guilbert-Sfar) Isaac le pirate (Blain) Elektra (Sienkiewicz-Miller) Freddy Lombard (Chaland)

Sceneario.com: Avec quels auteurs aimeriez vous travailler?

Olivier Thomas: Ceux du Zarma, déjà !!…. Goscinny, mais il est mort…
Non je n’ai pas vraiment d’idée là dessus… Il y a quelques scénaristes avec qui on s’entend bien, au fil des rencontres en festival BD ou sur Marseille, mais on n’en a jamais vraiment parlé…

Sceneario.com: Eric Stoffel…. Comment le décririez vous?

Olivier Thomas: Houlà ! Attendez que je réfléchisse… D’abord c’est un passionné d’histoires et d’Histoire, bon public aussi…
Il est aussi un archiviste forcené : il a un bloc note en tête où il note tout ce qui peut l’intéresser comme concept, comme anecdote exploitable… Son cerveau doit ressembler à une bibliothèque monstrueuse, avec des grimoires et des papiers étalés partout… Ca bouillonne là dedans !!
Tout ça en fait un constructeur d’histoires bien fouillées, cohérentes, rythmées, un souci du "grand public" (c’est à dire de l’accessibilité) qui fait le talent de tous les grands scénaristes….
Au niveau professionnel, Eric est un peu "l’homme de l’ombre", scénariste qui tire les ficelles d’une dizaine de dessinateurs au milieu de pas mal d’histoires, au croisement d’une multitude de mondes fantastiques ou non…
Pour moi, c’est un frère dans la BD, puisque nous avons démarré ensemble et défriché notre ignorance de la BD à force de discussions…. On se retrouve donc avec pas mal de connaissances pratiques communes, ce qui fait que ça colle bien, et que je n’imagine pas ne plus travailler avec lui…

Sceneario.com: Vous arrive-t-il de surfer sur le net?

Olivier Thomas: Non, ça m’est arrivé assez souvent quand j’étais étudiant et que j’avais une machine à ma disposition, mais j’ai un peu décroché depuis quelques années.

Sceneario.com: Connaissez vous le site sceneario.com?

Olivier Thomas: Je ne vous connaissais pas jusqu’à il y a quelques jours… Mais c’est l’occasion de changer !

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Questions pour Eric Stoffel:

Sceneario.com: Comment avez vous rencontré Olivier Thomas?

Eric Stoffel: Alors que j’avais pris la décision de me lancer dans la carrière de scénariste BD, il me restait à trouver le plus important… Un dessinateur !
La chance fut avec moi ! Quelques jours à peine plus tard, rentrant chez moi, mon oeil fut attiré par de la lumière à travers une porte vitrée.
Un regard rapide me permis de voir des gens … en train de dessiner ! Me disant qu’un signe du destin était devant moi je franchissait anxieux le pas de la porte.
Je l’ignorais mais j’étais dans les ateliers de Marseil’ BD ! Accueilli par un barbu j’annoncai ma quête. Jean Louis Mourier, car c’était lui, me présenta alors un de ses élève prêt à faire le grand saut !
C’était Olivier vous l’avez compris ! Il travaillait à l’époque sur une histoire courte écrite par Dominique Latil, histoire qui fut publiée dans Lanfeust Mag.
Il ne fallu pas longtemps pour Olivier et moi pour tomber d’accord sur l’histoire que nous allions mettre en image… Arvandor.
Après quelques premières rencontres infructueuses avec les éditeurs, mais toujours aussi déterminés, nous avons réalisé une nouvelle mouture. Une de nos connaissance, ancien élève lui aussi de l’atelier de
Jean Louis, avait été signé quelques mois auparavant chez Vents d’Ouest… Son nom : Richard Dimartino. Il nous proposa de faire passer notre dossier nouvelle version à son directeur de collection Thierry Cailleteau.
Et voilà comment Arvandor fut signé chez Vents d’Ouest.
Le reste c’est beaucoup de travail et d’acharnement et… Trois tomes d’Arvandor !
Je profite de l’occasion pour rappeler que, comme dans beaucoup de BD, trois personnes se lèvent l’âme pour réaliser un album. Le scénariste et le dessinateur certes, mais également le coloriste.
Parfois simple travailleur de l’ombre, le coloriste est parfois beaucoup plus. C’est le cas de Bruno Pradelle qui a toujours essayé de donner le meilleur de lui même sur cette série (et sur Pandora aussi d’ailleurs), qui nous a soutenu dans les moments difficiles.
On oubli souvent ce troisième larron qui pourtant apporte ses touches colorées porteuses d’ambiance. 

Sceneario.com: Pouvez vous décrire Olivier?

Eric Stoffel: Posé, travailleur, déconneur, intelligent mais pas vantard. Autant doué pour la fête que pour le travail, Un mec bien !

Sceneario.com: Et en un seul mot?

Eric Stoffel: Doué.

Sceneario.com: Vous êtes le scénariste chez Vents d’Ouest de 3 tomes de Arvandor et de 2 tome de pandora. D’ou tenez vous ce goût pour le fantastique?

Eric Stoffel: De la littérature tout d’abord. J’imagine que le défilé de la Hache dans Salammbo (Flaubert), Jules Vernes (Voyage au centre de la Terre), mais aussi HP Locecraft !
Si on y réfléchi mes premières "références" en BD fantastique doivent être : Flash Gordon, Silver Surfer (Lee-Buscema), Fantastic Four (Lee-Kirby), Bob Morane.
Des titres mélanges de Fantastique, de SF et d’historique.
Et venu ensuite une longue phase à lire tout ce que je pouvais trouver en Fantastique ou SF (en roman principalement) De Asimov à Zelazny.
Autre source l’histoire. Fasciné par les époques égyptiennes et du Moyen Age, forte en contes et légendes.
Ensuite plaisir, puis métier faisant, j’ai essayé de découvrir ce qui se faisait dans ces domaines (Cinéma, Romans et BD !)

Sceneario.com: Vous avez fait des jeux de rôle?

Eric Stoffel: Effectivement et ceci durant plusieurs années en tant que maître de jeux notamment. (ADD, Cthulhu puis Stormbringer, Hawkmoon, Star Wars…)
Je me suis d’ailleurs servi du background d’un de mes scénars de JdR pour Arvandor. Un background forgé pendant plus de 10 ans…ça s’exploite !

Sceneario.com: Vous travaillez au zarmatelier ou chez vous?

Eric Stoffel: Les deux. Dépendant du scénario sur lequel je travaille et… De mes humeurs !

Sceneario.com: Participez vous à des forums sur internet, sur quel thème?

Eric Stoffel: Très (Très) rarement. Je répond lorsque j’ai le temps sur le formum du Zarmatelier, le Zarmaforum.

Sceneario.com: Vous arrive-t- il de rencontrer des débutants et de leur donner des conseils?

Eric Stoffel: Chaque semaine. Puisqu’avec l’Association Zarmatelier nous suivons de futurs auteurs et donnons des cours chaque semaine.
J’intervient également avec mes collègue du Zarma pour donner des cours aux élèves de Marseil’BD.
Nous n’imaginons pas avoir ni la science infuse, ni tout compris de la BD, loin s’en faut. Mais en donnant à ces jeunes le peu de savoir que nous avons cela leur fera quand même gagner énormément de temps !

Sceneario.com: Vous déplacez-vous de temps en temps dans les salons de BD?

Eric Stoffel: Assez souvent ! En moyenne trois week-end par mois ! . Pour connaître les dates il suffit d’aller voir dans le Zarmagenda (site Zarmatelier)

Sceneario.com: Qu’est ce que cela vous apporte?

Eric Stoffel: Je reconnais apprécier de rencontrer mes lecteurs. C’est le seul moment où je peux réellement avoir un feedback autre que celui commercial.
C’est un moment privilégié pour l’auteur, bien souvent rendu autiste de par la teneur même de son travail.

Sceneario.com: Qu’est ce que lit un scénariste comme Eric Stoffel?

Eric Stoffel: Tout ce qui lui tombe sous la main ! Cela va de Duby (Historien) à Hawking (Physicien) mais également des comics pocket "Zembla", "Yuma" (où on trouve de bonnes choses signées Cortegianni, Lofficier…) .
Des BD récentes comme "Volunteer" et plus oldies comme "Chaminou" (Macherot) !

Sceneario.com: Quels sont vos coups de coeur BD de ces derniers mois?

Eric Stoffel: J’ai bien aimé "Le régulateur", "Volunter", "Torso" de Bendis et découvert avec du retard "Powers" de Bendis et "Le pouvoir des Innocents"

Sceneario.com: Ou en est le projet de comics avec Richard Di Martino?

Eric Stoffel: En cours de réalisation. La mini série Kit Kappa comprendra 4 épisodes.
La publication commencera en Mars 2003 dans Spécial Rodéo (bimestriel) aux Editions SEMIC, collection Semic Pocket.
La version grand format couleur est à l’étude pour une parution ultérieure.

Sceneario.com: Et les projets suivants?

Eric Stoffel: Assez nombreux et diversifiés. Certains projets de nouvelles séries ne devraient pas tarder à atterrir sur les bureaux des éditeurs. On croise les doigts et on touche du bois !
Dans ce métier rien n’est gagné d’avance et il faut parfois longtemps pour mettre un dossier au point !
Les projets prioritaires étant bien entendu ceux des séries en cours !
Donc d’abord terminer le scénario de Pandora 3, puis le scénario du 4ème épisode de Kit Kappa, ensuite boucler Dark Tome 1, Terminer Maledictis 2, boucler le scénar de Derm 1 et enfin finir le synopsis du Tome 4 d’Arvandor !

Ceci devrait m’occuper jusqu’à cet été !

Sceneario.com: Que pensez vous du nombre de BD publié tous les ans?

Eric Stoffel: Ces dernières années les éditeurs (dont beaucoup de nouveaux) ont permis à de jeunes et nouveaux talents de pouvoir faire leur album.
Soyons clair, je ne vais pas critiquer ce fait qui nous a permis de signer !
Cependant, il est clair que parfois certains albums auraient demandé à être travaillé plus longtemps.
Le nombre de BD publié n’a cesse de croître, et cela au delà du seuil d’absorption du marché, et le lecteur, déjà surchargé par toute cette production, voit arriver de plus fréquentes réeditions !
Face à des choix et des oeuvres très inégales, j’ai l’impression que les lecteurs – dont je fais également partie- adoptent une position plus protectionniste.
On s’appuie sur les valeurs sûres et on attend que les nouveaux arrivants le deviennent !
La situation a aboutie à la fermeture de plusieurs boites d’édition, à pas mal d’auteurs sur le carreau et à un serrage de vis actuel des majors.
Je ne crois pas qu’il faille interprêter les évênements actuels comme annonciateur ni de paradis ni d’enfer ! C’est "juste" une remise en conformité du marché !
La seule chose c’est que ce n’est pas le plus agréable pour les auteurs !
En bref… "Le mieux est l’ennemi du bien" Comprenons ici "Un plus est parfois un moins !"

Sceneario.com: Vos BD arrivent-elles à se frayer un chemin?

Eric Stoffel: Sans rentrer dans les détails, il est clair que vu le nombre de sortie à l’année un album reste très peu de temps en "Facing" (En expo nouveauté) lui laissant peu de temps pour trouver son lecteur ! J’ai eu la chance d’avoir une assez bonne mise en avant avec le premier Pandora et ce qui évite à mes autres titres de disparaître dans les stocks dès le lendemain de la sortie !
Les festivals BD et dédicaces permettent d’informer les lecteurs de l’existence de nos albums ! (Et les sites internet aussi !) 

Sceneario.com: Vous aviez répondu à une première interview en mai de l’an passé. Comment trouvez vous sceneario.com maintenant?

Eric Stoffel: Pourquoi pensez-vous qu’on y revient ? Vous retourneriez dans un resto qui vous a mal accueilli, ou ça sent le graillon et où on mange mal ?
Non ! Et ben voilà ! Et c’est pour ça que je je reviens faire un petit tour chez vous avec plaisir !

Sceneario.com: Ca vous arrive de venir surfer sur sceneario.com?

Eric Stoffel: J’aimerai pouvoir le faire plus souvent ! Avec votre newsletter cela permet de ne pas louper trop de chose !