Interview

Eric Corbeyran et Brice Bingono pour Pavillon Noir chez Soleil

Sceneario.com : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Eric CORBEYRAN : C’est Jean Wacquet (de chez Soleil) qui nous a mis en contact. A l’époque Brice n’habitait pas loin de Bordeaux, nous nous sommes donc rencontrés "pour de vrai". Le courant est passé tout de suite…

Sceneario.com : Eric, qu’avez vous apprécié chez Brice pour avoir envie de travailler avec lui ?

Eric CORBEYRAN : D’abord, j’ai vu quelques uns de ses anciens travaux, des pages de bd mais aussi des illus. Ca a été très positif tout de suite. Le déclic s’est produit et la machine s’est mise en marche dans ma tête. Ensuite, j’ai rencontré le bonhomme et il m’a plu d’emblée. Après, je n’ai cessé d’être enthousiasmé par les planches de Pavillon noir. Chaque livraison était un petit événement tant son trait est énergique et attachant. Le style de Brice rend les personnages extrêmement vivants et les actions particulièrement explosives. Son noir et blanc est haut de gamme. Cela devient rare de nos jours.

Sceneario.com : Brice qu’est-ce que cela fait de travailler sur un scénario signé Corbeyran ?

Brice BINGONO : J’étais très intimidé à l’idée de le rencontrer dans son atelier, dont je suis très jaloux (rires). Par la suite j’ai très vite apprécié le personnage, son humour, son humilité, son enthousiasme et le calme qu’il impose. Je me suis rapidement senti en confiance. Eric m’a d’abord proposé diverses idées de scenarii dont une histoire de pirates. La description qu’il m’en a fait m’a très vite donné l’envie de travailler le sujet, de mettre en images ses idées folles.

Je me suis vraiment régalé à dessiner ce premier tome, de la première à la dernière planche. Le "chef" a vraiment assuré !

Sceneario.com : Eric, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans une série touchant aux pirates, sujet ô combien traité et retraité ?

Eric CORBEYRAN : Par jeu. C’est en discutant avec Jean Wacquet que l’idée est née de créer une histoire de pirates. J’ai fait un premier script que je lui ai proposé. Jean l’a jugé trop historique, trop classique. J’ai revu ma copie et j’ai écrit une histoire plus déjantée. Banco ! nous sommes partis là-dessus…

Sceneario.com : Eric, quelles ont été vos influences ? Tant BD que littéraires ? L’île au trésor ? Barbe-Rouge ? Nick le pirate ?

Eric CORBEYRAN : J’ai lu l’île au trésor, bien sûr, la référence absolue. Quand j’étais gamin, il m’est aussi arrivé de tomber sur un Barbe-Rouge (je me souviens notamment avoir gagné un album souple dans une station Total) mais je n’étais pas fan du dessin d’Hubinon que je trouvais trop statique, et qui cassait un peu le rythme des actions. En revanche j’adorais les couv prometteuses d’Yves Thos ! J’ai vu aussi quelques films dont celui de Polanski, et des trucs plus anciens avec Burt Lancaster et Errol Flynn. Mes références pour Pavillon noir sont cependant ailleurs. Un mélange de film d’aventure de série B et de bd américaine fantastique et légèrement second degré, dans la veine de Hellboy et de The goon.

Sceneario.com : Brice, vous avez un trait très clair et précis, quels sont vos maîtres à penser en matière de dessin ? (Pour autant que vous en ayez ?)

Brice BINGONO : J’ai de l’admiration pour de nombreux auteurs, dans la Bande dessinée, l’illustration et la littérature, et dont les travaux sont une grande source d’inspiration. J’ai des influences clairement visibles telles que Loisel, Lauffray, Wendling, Springer, Buscema… que je considère comme des « magiciens » de l’encrage. Et d’autres influences bien moins évidentes comme Paul Pope et Ashley Wood que j‘ai découverts récemment et qui ont un graphisme vraiment détonnant.
Je n’ai pas de maître à penser mais je reste surtout très admiratif du travail de Loisel et Letendre dont je garde toujours quelques albums à portée de main pour me motiver lorsque je cale sur un encrage.

Sceneario.com : Cette histoire débute sur les chapeaux de roues, bagarres, taverne, femmes, sexe et trahisons, carte au trésor, monstre et peuplade indigène … Whaou ! Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas le temps de s’ennuyer … Les autres tomes seront-ils tous de cet acabit ou peut-on s’attendre, au vu de la fin de l’album, à une ambiance plus glauque voire oppressante ?

Eric CORBEYRAN : Vous avez parfaitement défini l’objectif de Pavillon noir : ne pas s’ennuyer ! Brice et moi proposons un divertissement haletant, dynamique, échevelé, tout en restant dans un vrai récit parfaitement structuré et à la mise en scène élaborée. Une série B comme je les aime, sans prétention mais qui remplit son office. Pour la suite, rassurez-vous, une fois nos héros entrés dans le mystérieux monument, les choses ne vont pas s’enfoncer dans le glauque. Le ton et le rythme restent le même.

Sceneario.com : Votre équipe de héros m’a fait penser à certains égards à une bande de jeunes écervelés, inconscients du danger, fanfarons et toujours de bonne humeur, ne s’inquiétant de rien … Quel est le but de cet état de fait ? Amuser le lecteur ou faire partir les héros sur un terrain plus "sympathique" aux yeux du lecteur, plus appréciables ?

Eric CORBEYRAN : Le but était de s’amuser avec les codes du genre (carte au trésor, baston, etc.) et de créer une joyeuse équipe de bras-cassés autour de Dark Dan, le capitaine, notamment en lui associant deux seconds très singuliers : Bonnie, une lesbienne vaguement sado, et Howie, un sauvage sans aucun vernis social.

Sceneario.com : De nouveaux venus rejoindront-ils l’équipe ?

Eric CORBEYRAN : Peut-être. Mais les personnages sont tout juste posés, on peut encore s’amuser avec sans craindre de se lasser.

Sceneario.com : Combien avez vous prévu de tomes ?

Eric CORBEYRAN : Minimum 3, pour boucler l’histoire.

Sceneario.com : Sont-ils tous écrits ou vous réservez-vous la possibilité de modifier le script plus tard ?

Eric CORBEYRAN : J’ai écrit le tome 2 complètement. Mais si le succès est au rendez-vous (ce que je souhaite) on peut facilement imaginer d’autres missions, d’autres aventures sous forme de cycles courts.

Sceneario.com : Vu la qualité de l’album je pense me faire le porte parole des bédéphiles en disant "pourvu que ça dure" …

Eric CORBEYRAN : On est comme vous, on croise les doigts !!!

Brice BINGONO: Merci.

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