Interview

Entretien avec Stephano Martino autre Nosferatu au dessin

Sceneario.com : Bonjour Stephano.. Ce mois-ci voit donc la sortie de Nosferatu chez Soleil dont tu signes la partie graphique. Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Stephano Martino : Bien sûr. Je m’appelle Stefano Martino et je travaille en tant que dessinateur professionnel depuis 1996. Pendant toutes ces années, j’ai travaillé pour la maison d’édition italienne "Sergio Bonelli Editore" dans différents titres, dont Zona X et Nathan Never. J’ai étudié en autodidacte et j’ai appris sur le tas les ficelles du métier. Depuis l’année 2006, j’ai partagé mon travail entre l’Italie  et des publications en Espagne et aux les États-Unis, soit avec des numéros comme auteur complet, soit avec des collaborations dans des séries telles que Angel ou Dr. Who

Sceneario.com : Quelles ont été tes influences ? Les auteurs qui t’ont marqué ?

Stephano Martino : Quand j’étais petit, disons entre 8 et 12 ans, je lisais sans arrêt l’édition italienne de Metal Hurlant en découvrant Moebius, Druillet, Caza… Peu après, je me suis intéressé à la BD américaine, au trait de Buscema et Romita Jr. En grandissant,  j’ai commencé à m’intéresser au Japon par le film Akira et le manga Ghost in the shell. On pourrait dire que je suis le résultat d’un mélange infini et constant puisque, ayant dû apprendre tout seul, mes maîtres ont toujours été les plus grands de l’histoire de la BD

Sceneario.com : Comment t’es-tu retrouvé sur le projet Nosferatu ?

Stephano Martino : J’ai habité à Mulhouse pendant un an à peu près, et à cette époque j’ai décidé d’essayer sur le marché français, fasciné par le soin des détails, l’impression raffinée et les récits adultes et profonds. Parmi toutes les maisons d’édition, j’ai choisi "Soleil" parce qu’elle me semblait la plus proche de mon style. Je trouvais sur le net des adresses où je me suis renseigné. Immédiatement j’ai eu la réponse de Jean Wacquet qui s’est occupé de tester mes capacités et de choisir le projet le plus approprié pour mes dessins

Sceneario.com : Connaissais-tu le travail d’Olivier Peru avant d’accepter cette collaboration ?

Stephano Martino : Je le connaissais alors seulement en tant qu’illustrateur pour les couvertures des Bandes-dessinées, mais je n’avais encore lu rien de son crû, un erreur que j’ai vite réparée…

Sceneario.com : as-tu choisi facilement le « design » de tes personnages ?

Stephano Martino : En effet, Olivier m’a envoyé une histoire si fascinante que les personnages arrivèrent presque sans aucun effort…

Sceneario.com : Comment as-tu choisi les personnages ?

Stephano Martino : Le caractère des personnages est le résultat de leurs actions et leur apparence ne fait que refléter ce caractère… En conséquent, j’ai relu plusieurs fois le scenario et j’ai imaginé les traits physiques qui auraient été les plus appropriés.

Sceneario.com : As-tu été tenté de donner le look du Nosferatu du film de Murnau a ton personnage ?

Stephano Martino : Absolument pas ! Il y a peut-être quelques ressemblances physiques mais ils n’ont en fait rien à voir, comme  personnages.

Sceneario.com : Est-ce facile de dessiner la période romaine (sous Caligula) et revenir à l’époque actuelle juste la page d’après ?

Stephano Martino : Le vrai souci n’est pas tellement changer la scène, mais plutôt parvenir à reconstruire les deux périodes historiques de façon cohérente et crédible. En ce qui concerne Mubay, l’immense quantité d’images dont on peut se servir aide énormément mais, par rapport à une période précise de l’histoire ancienne de Rome, il manque parfois des renseignements plus précis, des détails que l’on ne peut qu’imaginer. Dans la planche sept, par exemple, j’ai dû intégrer la documentation dont je disposais avec un plan spectaculaire de Vladeck qui marchait dans le forum. Mais, tous les temples n’étaient  pas encore construits à ce moment là. Par conséquent, j’ai dû créer une sorte de "carte" avec tout ce qui était construit à l’époque de Caligula et ce qui ne l’était pas encore avant de commencer à travailler.

Sceneario.com : Comment travailles tu ? Comment se déroule ta collaboration avec ton scénariste ?

Stephano Martino : Je trouve qu’il y a une collaboration assez serrée, par rapport à la façon de développer le travail à laquelle j’étais habitué soit en Italie que aux États-Unis. Je lis cinq ou six pages de scenario, à peu près, je prépare les personnages s’il y en a de nouveaux, ou la scène si l’on change la période où cela se déroule. Ensuite, je griffonne un storyboard pour choisir les plans et les expressions des personnages. Une fois discuté avec Olivier le storyboard proposé, et après avoir ajouté ou levé des détails qui ne vont pas bien, je commence la planche avec le crayon et ensuite l’encre de Chine. J’envoie la planche à Jean et à Olivier qui se mettent d’accord sur le besoin ou pas de corriger quelques petites choses. Chacun apporte des idées et de cette manière la planche s’améliore.

Sceneario.com : as-tu d’autres projets à venir ?

Stephano Martino : À présent, j’écris un projet de science-fiction en tant qu’auteur complet, mais je suis tout au début, donc en train de construire le décor et de penser aux personnages pendant mon "temps libre". La plupart de mon énergie jusqu’à présent est consacrée au projet Nosferatu.

Sceneario.com : Petit quizz sur les vampires : – American Vampire ?

Stephano Martino : Impeccable en ce qui concerne la partie graphique mais j’espérais un peu plus peut-être de l’histoire.

Sceneario.com : – Dracula ( Bram Stoker) ?

Stephano Martino : Le film le plus beau de l’histoire du cinéma sur le sujet des vampires et le mythe de Dracula c’est, à mon avis et sans discussion, celui de Coppola. Sans aucun doute, un chef-d’oeuvre qu’il faut regarder de temps en temps pour s’en inspirer.

Sceneario.com : – Entretien avec un vampire ?

Stephano Martino : … le film le plus ennuyeux sur ce sujet…desolé, je ne l’aime pas tellement…

Sceneario.com : – Near Dark (le film de Kathryn Bigelow) ?

Stephano Martino : Si vous parlez du film de l’année 1987, je le trouve pas mal mais de la même periode, je préfère Lost boys.

Sceneario.com : Vampires (John Carpenter) ?

Stephano Martino : Attention ! J. Carpenter est un de mes réalisateurs préférés. Il parvient à donner quelque chose de particulier à n’importe quel sujet. Vampires… j’adore !

Sceneario.com : Buffy contre les vampires ?

Stephano Martino : En ce qui me concerne, il s’agit d’une série vraiment exceptionnelle que j’ai longtemps sous-estimée et que j’ai redécouverte récemment…En plus, j’ai eu la chance de prendre part à son spin-off en BD Angel...

Sceneario.com : Quel a été ton dernier coup de cœur pour une bande dessinée ? pour un livre ?

Stephano Martino : Universal War One de Denis Bajram et New York trilogy de Paul Auster.

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour un film ?

Stephano Martino :  Ca, c’est déjà plus compliqué. J’ai vu vraiment trop de films et c’est difficile d’arriver à me toucher… à moins que l’on ne parle de chef-d’oeuvre tel que le dernier travail de Tarantino Inglorious Basterds ou des films qui m’amusent énormément  comme Zombieland.

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour une musique ?

Stephano Martino :  Grâce à Jean Wacquet ! Il a affiché la couverture sur FB et moi, intrigué, j’ai découvert Davis Crosby sur If I could only remember my name

Sceneario.com : Merci, Stephano, pour ce temps passé avec nous.

Stephano Martino : Merci à vous de cette interview et de vous intéresser à notre projet !

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