Entretien avec Jean-Claude SERVAIS

Sceneario.com : Bonjour, pour les lecteurs qui ne le connaissent pas, qui est Jean-Claude Servais ?

Jean-Claude Servais : Je suis auteur de BD, à la fois scénariste et dessinateur. J’habite dans les Ardennes belges. Mes récits sont principalement issus de la région, des contes et légendes, de l’histoire, des faits divers. J’ai commencé ma carrière début des années 80 dans le mensuel « A Suivre » de Casterman (Tendre Violette) et dans le journal « Tintin » : contes et légendes de magie et sorcellerie (La Tchalette). Les albums sont sortis ensuite lors du festival d’Angoulême en 1982.

Sceneario.com : Le site www.jc-servais.com qui vous est consacré officiellement explicite qu’entre la BD et vous-même, il y a une longue histoire d’amour vieille de plus de 30 ans. Quel est votre regard sur votre grand parcours ?

Jean-Claude Servais : Je suis resté fidèle à la même ligne de conduite depuis le début de ma carrière, même entre les différents éditeurs. Cela, je le dois à mon public qui me suit depuis le début.

Sceneario.com : Vous vous décrivez solitaire et sauvage. Est-ce une affirmation gratuite ou une réalité ? Et pourquoi ?

Jean-Claude Servais : Je suis sauvage et solitaire dans la création mais j’aime aller à la rencontre des gens.

Sceneario.com : Aujourd’hui et ce, depuis début 2008, les éditions Dupuis republient sous forme d’intégrales luxueuses de deux tomes, la saga « Mémoire des arbres ». Bénéficie-telle d’un même enthousiasme qu’à sa première sortie ? Et pourquoi ?

Jean-Claude Servais : C’est agréable de voir que les rééditions emportent un certain succès, c’est la preuve que le public se renouvelle et que ces histoires n’ont pas trop vieilli.

Sceneario.com : La nature prend une place prépondérante dans vos ouvrages. De même, la région ardennaise est souvent mise en avant. Pourquoi un tel engouement ?

Jean-Claude Servais : J’aime dessiner ce que je connais et j’adore ma région.

Sceneario.com : Vos œuvres sont souvent inspirées de faits ayant réellement existés et dévoilent très souvent une connotation historique. Préférez-vous vous transformer en rapporteur d’évènements authentiques (souvent émouvants et légèrement adaptés) que conteur de fictions ?

Jean-Claude Servais : J’aime passer d’un genre à l’autre. Passer du réalisme contemporain à l’historique, au fantastique. J’alterne ces genres dans chacun de mes albums : Le jardin des glaces, Les enfants de la citadelle, Déesse blanche déesse noire…

Sceneario.com : « Le jardin des glaces » est votre dernière production parue en novembre 2008. Quel a été le déclic pour une telle aventure ?

Jean-Claude Servais : Je voulais raconter une histoire se déroulant dans un jardin pour dessiner du végétal : fruits, légumes, fleurs. J’explique la genèse de cette histoire en fin d’album.

Sceneario.com : Vos graphiques sont d’un réalisme extraordinaire. Comment procédez-vous pour coucher sur le papier, et des personnages d’une grande sensibilité, et des décors d’une réelle beauté ?

Jean-Claude Servais : Je fais des reportages-photo des décors que je transforme ensuite sous mon crayon, si nécessaire. Pour les personnages, j’utilise souvent des photos de cinéma, de magazines.

Sceneario.com : Votre association avec Raives pour la colorisation de votre travail fait date. Cette fidélité ne serait-elle pas considérée comme un atout majeur à votre œuvre ?

Jean-Claude Servais : La couleur de Raives prend de plus en plus d’importance dans mon travail, surtout depuis le dernier album du Jardin des glaces (couleur ordinateur au lieu de l’aquarelle sur « bleu de coloriage »). La couleur fait dès lors partie intégrante de mon dessin.

Sceneario.com : Travaillez-vous actuellement sur un ou plusieurs autres projets ? Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

Jean-Claude Servais : Je réalise une nouvelle histoire pour « La mémoire des arbres » qui sortira en novembre et fera suite aux rééditions en intégrale des histoires précédentes. Je réalise une fiction dans le cadre de l’abbaye d’Orval (c’est à 9 km de chez moi !).

Sceneario.com : N’envisagez-vous pas de chercher de nouvelles orientations, de nouveaux partenariats avec d’autres auteurs ? Et pourquoi ?

Jean-Claude Servais : Je ne vois pas pourquoi je changerais d’orientation pour l’instant. La motivation est toujours intacte et mon public me suit toujours.