Interview

Durieux : bien plus qu’un auteur honnête

Sceneario : Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

Christian Durieux : Je suis né le 18 janvier 1965 et je suis originaire de Bruxelles. Mais, depuis peu, je suis un nouvel habitant du Sud-Ouest de la France. J’avais envie de campagne. J’ai fait des études de lettre avant de me diriger vers la BD. J’ai notamment démarré avec Dufaux pour Avel. J’ai fait pas mal de livres mais j’étais dessinateur réaliste et je ne me reconnaissais plus. Ça me coinçais un peu. J’ai changé de style avec Benito Mambo puis Oscar. Mais le moment-charnière est, pour moi, Central Park, un mixe entre la souplesse d’un dessin plus rond et le réalisme dans les émotions. C’est ce style qui a poussé Jean-Pierre à me proposer Les Gens Honnêtes.

Sceneario : Comment avez-vous rencontré Gibrat ?

C. Durieux : On ne se connaissait pas du tout. C’est Claude Gendrot, lorsqu’il était encore chez Dupuis, qui a montré des pages de Central Park à Jean-Pierre. Ce dernier commençait Matteo. Nous avons mis au point une méthode de travail à deux, faite de courts séjours afin de construire ensemble le livre de façon évolutive. Jean-Pierre voulait retrouver cette symbiose qu’il avait eu avec Berroyer. La complicité entre nous a été très rapide.

Sceneario : Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’histoire des Gens Honnêtes ?

C. Durieux : Outre le thème, j’ai été très motivé par la façon de Jean-Pierre de parler de son projet. Il a un don d’imitateur extraordinaire et il me présentait l’histoire et les personnages avec des dialogues. J’ai aussi apprécié le fait que ce ne soit pas un projet misérabiliste. Il l’a écrit dans une forme de jubilation. Nous étions souvent pliés de rire et nous avons développé beaucoup d’affection pour les personnages. Nous en parlions comme si c’était des amis communs.

Sceneario : Avez-vous démarré le travail sur le tome 2 ?

C. Durieux : Non, pas encore. Mais nous en avons parlé dans le train, juré ! (rires) Pour l’heure je travaille sur un nouveau livre chez Futuropolis avec, au scénario, Hervé Bauris et Christophe Conty. C’est moins joyeux ; nous racontons l’histoire d’un homme au stade final d’une maladie et qui en profite pour faire ses comptes et régler les choses qui ne l’étaient pas dans sa vie. Une fois ce projet terminé je m’attaquerai à la suite des Gens Honnêtes. J’ai aussi beaucoup d’autres envies, notamment pour des projets en solo. Mais il faut avoir le temps et pas mal d’appétit. Je veux aussi changer un peu de style, travailler en couleur directe. Il faut savoir se remettre en question régulièrement. Enfin, c’est mon tempérament. J’ai peut-être peur de m’ennuyer…

Sceneario : Etes vous un lecteur de BD ?

C. Durieux : Oui, même si j’en lis un peu moins car je n’ai pas de libraire dans le coin ! J’ai tout de même pu découvrir le dernier livre de Frederik Peeters et j’ai beaucoup aimé. Sinon, j’ai quelques auteurs fétiches comme Tardi, Rabaté ou Prado.

Sceneario : Merci d’avoir répondu à nos questions et bonne continuation sous le soleil du Sud-Ouest !


Christian Durieux (à gauche) en compagnie de Jean-Pierre Gibrat.

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