Interview

Denis LAPIERE pour Peur Géante

Sceneario.com : Bonjour Denis. Ton actualité est la sortie de l’adaptation de La peur géante, l’œuvre de Stefan Wul avec Mathieu Reynes au dessin. Avant d’aborder le sujet, peux tu nous parler de ton parcours ?

Denis LAPIERE : Mon parcours est très simple, j’ai près de 120 albums de BD derrière moi, ainsi que deux long-métrages cinéma et je suis toujours aussi passionné par l’écriture et la narration qu’à mes débuts, peut-être même plus encore. Avant cela, durant mes études de sociologie j’ai été critique BD et cinéma pour un hebdo belge puis j’ai fondé une librairie avec des amis et j’y ai travaillé pendant cinq ans. Enfin, de 2006 à 2011 j’ai été éditeur chez Dupuis (les collections Puceron et Punaise).

Sceneario.com : Ce mois-ci, sort La Peur géante. Comment est tu arrivé sur ce projet ?

Peur Géante

Denis LAPIERE : J’ai toujours été attiré par les structures éditoriales qui ont une âme. Et assurément, Ankama est un éditeur particulier avec une équipe éditoriale qui possède une vraie personnalité. Je me suis donc rapproché d’eux pour voir s’il y avait une possibilité éventuelle de collaboration. L’éditrice Elsa Sztulcman m’a alors parlé des adaptations de l’œuvre de Wul et la collaboration a démarré à ce moment-là…

Sceneario.com : Est qui a eu son mot à dire pour le dessinateur ? L’éditeur ou toi ?

Denis LAPIERE : Je suis un fan de Mathieu. Je l’ai amené sur ALTER EGO et tout naturellement nous avons pensé à lui pour LA PEUR GÉANTE.

Sceneario.com : Connaissais tu l’œuvre de Stefan Wul auparavant ?

Denis LAPIERE : Je ne connaissais rien de Stefan Wul ni de son œuvre. Absolument rien. Avant de me décider j’ai donc lu le roman LA PEUR GÉANTE. C’est ensuite que je me suis lancé dans l’adaptation. Car dans ce que j’avais lu, il y avait à mes yeux assez de choses intéressantes à développer. Je savais qu’il y avait matière à prendre du plaisir à l’écriture.

Sceneario.com : Comment as-tu travaillé pour cette adaptation ? As-tu fait des choix sur certaines parties du livre ? As-tu modifié certains passages ?

Peur Géante

Denis LAPIERE : J’ai fais, en accord avec Mathieu, une adaptation au sens large du mot. Tout le roman y est et en même temps tout y est différemment. Je me suis approprié le roman et ses personnages et j’ai essayé de les rendre modernes. Avec Mathieu, nous nous sommes efforcé de donner une vision, forcément subjective, de ce que pourrait être un monde futur en fonction des particularités et des réalités d’aujourd’hui. Stefan Wul avait fait de même avec son époque, les années cinquante. Son époque et la nôtre sont évidemment radicalement différentes, c’est ce qui fait que la BD et le roman d’origine ne sont pas identiques. Le contexte dans lequel nous avons inscrit l’histoire est différent.

Sceneario.com : Qu’est ce qui t’a plu dans ce livre ? Qu’est ce qui te plait dans l’univers de Stefan Wul en général ?

Denis LAPIERE : Il y a un cliché en narration qui veut que tout ce qui se passe sur terre est « la réalité consciente » et tout ce qui se passe ou vient de la mer soit « de l’ordre de l’inconscient ». Or dans l’univers de Wul, dans trois romans sur quatre, le danger est issu des mers… Un créateur qui aurait peur de son propre inconscient ?, voilà qui était pour me plaire…

Sceneario.com : Est-ce que la science fiction est un genre qui te plait ? Est-ce que, pour un scénariste de bandes dessinées, ce genre là ouvre de larges possibilités ?

Denis LAPIERE : Il n’y a pas de genre qui permette plus ou moins de possibilités narratives. Pas plus la science-fiction qu’un autre. C’est à nous les auteurs de nous donner les libertés et les contraintes que nous allons explorer. Personnellement, je ne suis pas un fondu de S-F même si j’apprécie les grands classiques du genre en littérature et au cinéma. Par contre j’avais très envie de me frotter à cet univers en compagnie d’un dessinateur qui avait le talent pour ce faire.

Sceneario.com : Comment s’organise t’on entre le scénariste et le dessinateur pour travailler sur cette adaptation ? En fait, comment procèdes tu avec Mathieu Reynes ?

Peur Géante

Denis LAPIERE : J’avais la volonté, et Mathieu m’a immédiatement emboité le pas, de réaliser une mise en scène débridée faites de cases immenses, imbriquées parfois les unes dans les autres et de jumeler ainsi les séquences à grands spectacles avec les moments d’émotions purs. Après tout nous avions à traiter en même temps des cataclysmes planétaires tout autant que l’affrontement de la mort, la peur de l’Autre et la naissance d‘une histoire d’amour. Entre Mathieu et moi, tout s’est donc organisé autour de la réalisation de ces mises en pages particulières. Le cœur de notre travail commun se trouve là.

Sceneario.com : Comment organises tu ta journée de travail ?

Denis LAPIERE : Si j’organisais mes journées de travail, je m’ennuierais. Par exemple, ce matin, il n’était pas prévu que je réponde à vos questions…

Sceneario.com : As-tu lu les adaptations déjà sorties des autres œuvres de Wul ? Si oui, qu’en as-tu pensé ?

Denis LAPIERE : J’ai lu les trois premiers bouquins parus (OMS en série, Piège sur Zarkass et Niourk) et je les trouve tous les trois formidables !

Sceneario.com : Après cette adaptation, referais tu une autre adaptation d’un roman ?

Denis LAPIERE : Je me suis déjà frotté à l’adaptation de roman et je le ferai encore. Par exemple, je suis occupé à écrire l’adaptation de MARTIN EDEN de Jack London avec Aude Samama pour Futuropolis (un autre éditeur qui a une âme…). Un roman graphique de 150 pages qui sera vraisemblablement sur les tables au premier semestre 2015.

Sceneario.com : Quels sont tes projets à venir ?

Denis LAPIERE : Hé bien… La saison 2 de ALTER EGO (4 albums), la suite de MICHEL VAILLANT, un album très particulier, très personnel, avec Marianne Duvivier dans le cadre de la collection Secret, une nouvelle série pour Dupuis avec Valérie Vernay, le roman graphique avec Aude Samama, un autre avec Daphné Collignon, un nouveau projet en six tomes avec Ruben Pellejero et quelques incursions dans le cinéma ou la télévision… Cela fait beaucoup mais je suis maintenant le plus souvent en co-écriture avec des ami(e)s scénaristes, comme Pierre-Paul Renders , Emilie Alibert et Gani Jakupi. Sans oublier Clarke avec qui nous mettons en place un gros projet… de science-fiction.

Sceneario.com : Merci, Denis, pour ce temps passé avec nous.

Denis LAPIERE : De rien les gars, avec plaisirs…

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