Interview

Christian DENAYER

SCENEARIO: Bonjour Christian. Pour ceux qui ne vous connaissent pas pouvez vous vous présenter en quelque mots.
Christian DENAYER
: Né à Ixelles (Bruxelles), le 28 septembre 1945, j’habite une petite ville du Brabant Wallon (à 30 Km au sud de Bxl) depuis 1975, où résident également quelques auteurs comme Bédu, Bob de Groot, Yvan Fernandez(Tanguy et Laverdure) ou encore Roger Leloup, à quelques encablures de Jacques Martin, Dany, TurK, Benoît Roels et encore beaucoup d’autres… sans oublier ce cher Dupa trop tôt disparu. Vous voyez, côté professionnel, il y a des rencontres pas tristes dans l’air, les restos du coin font de bonnes affaires !

SCENEARIO: Comment êtes vous arrivé à la BD?
Christian DENAYER
: Par hasard !
Ayant fait des études d’enseignant, le dessin me passionnait et j’avais envie de travailler comme graphiste dans une agence de pub. Avec un incroyable naïveté je me suis présenté chez « Publiart » qui était – je l’ignorais – l’agence des Editions du Lombard. Le directeur de l’agence absent, ce fut le rédacteur en chef du magazine Tintin qui me reçut. Voyant les nombreux dessins de voitures que je lui présentais, il m’aiguilla vers Jean Graton chez qui je commençai le lundi suivant. J’y suis resté 8 ans! Pour les décors, voitures et couleurs de Michel Vaillant (et des Labourdet).
Les choses s’enchaînant parfois d’elles-même, j’y ai rencontré Tibet qui m’a proposé le même job pour lui sur toute sa production. J’étais aux anges ! Le pied total ! J’ai travaillé 7 ans avec Tibet, simultanément avec Graton. J’ai beaucoup bossé à cette époque car j’ai créé aussi Yalek avec A.P. Duchâteau. Ce fut le début d’une longue et très amicale collaboration. (« Alain Chevallier », « Les Casseurs », « L’inspecteur Spirou » etc…)

SCENEARIO: Est ce votre premier et seul métier?
Christian DENAYER
: En effet ! Je ne sais rien faire d’autre, a part laver ma voiture. Bien que tout m’intéresse. En fait, j’ai renoué par la bande (dessinée !) avec ma formation d’enseignant, car j’ai fait de très nombreuses animations dans les écoles sur mon sujet de prédilection. J’en ai même fait en France et à l’étranger: à Séoul, en Corée du Sud, à La Réunion, aux Pays Bas, en Suisse, aux Etats-Unis…
Mais, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, c’est un métier très prenant mais aléatoire. Et il me semble très difficile de le mener de front avec un autre job. Si on veut le faire correctement.

SCENEARIO: On vous connaît aussi pour vos nombreuses illustrations pour l’automobile, est ce que vous avez un penchant pour l’automobile?
Christian DENAYER
: Outre les séries automobiles que j’ai faites et l’omni présence de tout ce qui roule ou vrombit dans mes séries, j’ai fait de nombreuses pubs pour des marques automobiles. (Volvo, Renault, Citroën, Mercédes. Pendant près de 10 saisons, j’ai conçu le design de voitures de course en « production ».
Cela m’a plu énormément. deux de mes modèles ont été réalisé au 43e par Bburago. J’ai toujours adoré la bagnole depuis mon tout jeune âge.

SCENEARIO: Quelle est votre voiture? Et celle dont vous révez?
Christian DENAYER
: Je roule en Mercédes et mon rêve… une Aston Martin. Tout simplement…
(Un rêve, vous m’avez dit, hein ?)
Cette marque m’a toujours fait rêver. Bien plus que Ferrari.
J’ai dessiné avec délectation une « Vanquish » dans le T3 (Le Contrat) de Shelton

SCENEARIO: Vous avez vu le film Michel Vaillant? Qu’en avez vous pensé?
Christian DENAYER
: Je ne l’ai pas vu. Personnellement, je n’aime pas trop les transposition BD au cinéma ou à la télé. Je ne connais que très peu de réussites. En revanche, Spyderman en est une assurément, Superman aussi. Pour le reste, je suis très sceptique… Je ne retrouve jamais la même impression que dans les BD.

SCENEARIO: Comment vous êtes vous retrouvé à travailler sur Wayne Shelton?
Christian DENAYER
: En 1999, à la fin du contrat « Génération Collège », j’ai terminé le « Gord 4 » tout seul. ( Franz avait écrit les trois autres.) Presque au chômage technique, Jean Van Hamme m’est apparu sur son cheval blanc en me disant: « Christian, j’ai quelque chose qui te conviendrait ! ». Tu parles, si cela me convenait ! j’ai foncé dans le Midi et le temps de terminer un gros travail publicitaire et Wayne Shelton naissait graphiquement. Ce personnage étant né chez Jean depuis 1982 déjà ! Sous forme de scénario … pour la télé.

SCENEARIO: Comment se passe le travail avec Jean Van Hamme?
Christian DENAYER
: Idéal ! Parfait ! J’ai été ravi de travailler avec lui. On se connaissait depuis longtemps et le moment était venu de travailler ensemble. Sa façon de travailler correspond exactement à la mienne: organisé, précis, fouillé et très professionnel. Il me donnait l’entièreté du découpage avant même que j’illustre le premier dessin. On discutait beaucoup préalablement sur l’aspect graphique des personnages ou des décors. Jean est très exigeant et j’ai mis encore plus de rigueur dans mon travail. Conséquence: je suis plus lent dans ma productivité !
En trois ans, nous sommes devenus de véritables amis.

SCENEARIO: Vous travaillez chez vous ou dans un atelier?
Christian DENAYER
: Je travaille chez moi, dans une petit studio de 40 m2 avec Liliane, mon épouse, qui fait les couleurs ( sur Mac) de plusieurs dessinateurs. Dont « Les Psy » de Bédu ou encore « Clifton » de de Groot et Rodrigue.

SCENEARIO: Comment se déroule une journée type de Christian Denayer?
Christian DENAYER
: Je me lève à 8H et commence mon travail vers 9h jusqu’à 12h. Je reprends vers 13h30/14h jusqu’à 18h. Et reprends encore très souvent jusqu’à 23 ou 24h. Ca, c’est pour les jours où je bosse. Car, lorsque la main ne veut rein « entendre », je vais me promener ou faire les magasins à la recherche de doc.

SCENEARIO: Maintenant Thierry Cailleteau a pris la relève sur cette série. Quelles sont les différences entre les deux auteurs?
Christian DENAYER
: J’ai appris à travailler avec Thierry car la méthode est assez différente. Il travaille par séquences. Je m’y fais très bien, mais j’avoue avoir eu un peu de mal au début. Maintenant, tout roule. Et je dois dire que le résultat du travail de Cailleteau est parfait. Je dirais même « Van Hammien ». N’est-ce pas le plus beau compliment ?

SCENEARIO: Comment voyez vous l’avenir de Wayne Shelton? Combien d’albums sont prévus?
Christian DENAYER
: Après trois titres, je crois que l’on ne peut que se montrer ravis des résultats auprès du public. Mais rien n’étant jamais acquis, il nous faut travailler encore mieux afin de confirmer et de continuer à garder la confiance du public.
Nous n’avons pas de limitation du nombre d’albums. Le plaisir de travailler ensemble sera déterminant ainsi que la volonté de l’éditeur.
Mais, en définitive, c’est TOUJOURS le public qui a raison.
Certains jeunes auteurs l’oublient parfois.

SCENEARIO: Quels sont vos projets?
Christian DENAYER
: Après quelques jours de vacances aux sports d’hiver ( avec JVH ), je m’efforcerai, batteries rechargées, de mener à bien le tome 4 pour sa sortie en novembre.

SCENEARIO: Et votre plus grand rêve?
Christian DENAYER
: Faire de la Bd le plus longtemps possible et mener Shelton le plus haut possible, avec l’aide des lecteurs.

SCENEARIO: Lisez vous de la BD? Quels ont été vos coups de coeur l’an passé?
Christian DENAYER
: Je lis peu de BD. Pas trop le temps. Par contre je lis pas mal de magazines et de bouquins. J’aime surtout John Grisham, Ludlum, Clive Cusler et les biographies ou encore les études… de politique internationale.(!) Côté BD, Delaby m’a impressionné par la progression de son dessin.

SCENEARIO: On vous rencontre parfois en dédicace. Est ce que cet exercice vous plait?
Christian DENAYER
: Je n’ai malheureusement pas beaucoup de temps pour fréquenter les festivals et le regrette. Je réalise une planche par semaine, en principe. Mes albums en comptent 54. Ce qui me pose déjà un problème pour sortir un album par an…
En revanche, j’aime vraiment beaucoup rencontrer les gens et parler avec eux. Je parle davantage que je dessine en dédicace. Ce qui agace prodigieusement Bédu lorsqu’il se trouve à côté de moi…
C’est un peu la « récompense » du dessinateur, de la même manière que l’acteur de théâtre peut rencontrer son public après la représentation.

SCENEARIO: Que pensez vous d’internet, l’utilisez vous? Que pensez vous des sites de Bds? Et de sceneario.com en particulier.
Christian DENAYER
: J’utilise moyennement Internet. Uniquement pour la recherche de doc précise et pour mes mails. C’est super pratique et rapide. Les sites BD ? Certains sont très bien ficelés, d’autres un peu moins. Ce qui m’irrite: les critiques non constructives et les « entreprise de démolition systématique ». La critique devrait être explicative. « On aime ou on déteste parceque… »
Mais le style « c’est nul ! », ne sert à rien.
Scénario.com en particulier ?… particulier !
Plus sérieusement, je le trouve très bien structuré, clair et précis.
Les intervenants font leur job avec intelligence et bonne humeur.
C’est assez rare pour être mentionné.
(Pub gratuite !)

SCENEARIO: Merci pour le temps que vous nous avez accordé. Bonnes continuation et bonne année à vous.
Christian DENAYER
: Ce fut un plaisir pour un bavard. Bonne année à tous également.

Publicité