Interview

Blaise, par Dimitri Planchon

Sceneario.com : Bonjour Dimitri Planchon ! Avant tout, pourriez-vous vous présenter aux internautes et nous parler de votre parcours artistique ?

Dimitri Planchon :  : J’ai 32 ans. Je suis né à Paris. J’ai fait mes études à Strasbourg, aux Arts Décoratifs. J’ai commencé à être publié dans Fluide Glacial en 2003 chez qui j’ai sorti l’album « Jesus et les copains » (excellent, soit dit en passant ! Si votre libraire ne l’a pas, réclamez-le !!!). Je publie depuis un an dans l’Echo des savanes. Je fais aussi un peu d’illustration. Voilà…

Sceneario.com : Votre actualité, c’est l’album Blaise, aux éditions Glénat. Cet album est réalisé de manière originale (j’ajoute cependant que ce n’est pas le premier que vous faites ainsi) puisqu’on n’a pas affaire à du dessin mais plutôt à du découpage et à du collage. Pouvez-vous nous dire deux mots sur votre méthode ? (ou même plus, hein, pas de souci !)

Dimitri Planchon :  : Mon outil, c’est la photo. Je dessine avec de la photo. Je compose mes décors et mes personnages à partir d’innombrables morceaux d’images que je découpe, distords et transforme. Généralement la partie montage se fait en noir et blanc. Je garde rarement la couleur des photos originales. Je préfère la retravailler moi-même par la suite.

Sceneario.com : Quelle importance a l’outil informatique dans votre travail ? L’utilisez-vous beaucoup (et à quelles phases) ou tout est-il resté très artisanal ?

Dimitri Planchon :  : Pratiquement tout mon travail se fait sur ordinateur. Il y a bien sûr la partie en amont qui consiste à rechercher de la documentation photographique ou à effectuer moi-même des prises de vues. Mais une fois que tout ce matériel est scanné dans la machine, je ne quitte plus l’écran.

Sceneario.com : La réalisation d’une vignette est-elle plus ou moins rapide que celle d’une case « classique » ?

Dimitri Planchon :  : Ce qui est long, c’est le travail de préparation. La création des personnages, des décors… Mais une fois que tout cela existe, je ne le recommence bien sûr pas à chaque case. Il ne reste donc plus qu’à faire bouger ses acteurs virtuels dans leur environnement. Comme un marionnettiste… J’exagère un peu, car chaque case pose tout de même ses propres problèmes de position de corps, d’ombre, d’éléments que l’on ne retrouve pas forcément aux autres pages… Mais bon, c’est vrai qu’il y a ces deux étapes très distinctes dans l’élaboration des images.

Sceneario.com : Créez-vous tous vos personnages à partir de parties de corps et de visages différents ou bien certaines trombines que l’on voit dans vos planches sont-elles entières, par exemple celles de potes à vous ou d’autres choix anecdotiques du genre ? Et comment faites-vous si le personnage est créé de toutes pièces pour en obtenir des vues de face, de profil, de trois quarts, etc… ?

Dimitri Planchon :  : Non, il n’y a jamais de visage réel. Tout est retravaillé. Si je fais souvent appel aux copains pour poser, ce n’est toujours que pour des morceaux d’eux-mêmes. Leur nez, leur bouche, leur main… Si mon style graphique peut sembler assez réaliste, il est tout de même en décalage avec la réalité. Un personnage dont le visage serait une photo non retravaillée se fonderait très mal dans mes images. Et puis ça ne m’intéresse pas, je suis malgré tout un dessinateur, pas un photographe. Même si je n’utilise ni crayon ni encre de Chine… Quant aux différentes profils, ça c’est le long travail de création d’un personnage.

Sceneario.com : Le président a un air de quelqu’un de connu, d’ailleurs… Mais à bien y regarder, sur la couverture, par exemple, les yeux de Blaise rappellent aussi ceux de Nicolas Sarkozy. Me trompé-je sur ce point ou bien aurez-vous quelque chose à dire pour votre défense à ce sujet-là ?!?

Dimitri Planchon :  : Ah non, c’est involontaire. En tout cas pour le gamin…

Sceneario.com : Votre titre « Jésus et les copains » était paru chez Fluide Glacial. Blaise y a d’ailleurs fait ses premiers pas, pour ainsi dire. Le passage de chez Fluide à chez Glénat est-il « naturel » éditorialement ? Et… est-ce Blaise qui a poussé à la création de la collection 1000 feuilles pour accueillir des « ovni » du 9ème art, ou bien est-ce la collection qui a appelé Blaise à venir l’inaugurer ?

Dimitri Planchon :  : Pour Blaise, j’avais vraiment envie de faire un livre cohérent, qui ne soit pas juste un recueil de mes histoires pré-publiées dans Fluide. J’en ai supprimé pas mal, j’en ai ajouté beaucoup, je les ai triées, liés, homogénéisées, redessinées, réécrites… Je les ai vraiment pensées comme les pages d’un livre. De la même façon que lorsque je les faisais pour Fluide, je les pensais comme un strip mensuel. Ce sont deux écritures assez différentes. Le passage chez Glénat s’est fait très agréablement. Glénat m’a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. Travailler avec Franck Marguin a été formidable. Au moment où je suis arrivé, il y avait cette idée de nouvelle collection « 1000 feuilles » et je me suis naturellement greffé dessus. Mais Blaise n’en est pas à l’origine.

Sceneario.com : Et, euh… Comment ça se passe, des séances de dédicace de Dimitri Planchon ? Vous arrivez avec le catalogue Camif, une paire de ciseaux et plein de tubes de colle ?

Dimitri Planchon :  : C’est assez variable. « Jésus et les copains », mon précédent album, racontait l’histoire des évangiles sous forme d’un roman-photo à l’eau de rose. Du coup, souvent en dédicace, j’amenais des piles de journaux style « Nous Deux » dans lesquelles je redécoupais les cases et reécrivais les dialogues. Sinon, parfois je dessine tout simplement…

Sceneario.com : La collaboration avec un scénariste titille-t-elle parfois l’artiste-colleur que vous êtes ? N’avez-vous pas maintenant un œil qui analyse tout en pensant à ce que ça rendrait en collages ?!!

Dimitri Planchon :  : J’ai du mal à dissocier l’écriture du texte à l’écriture de l’image. Comme mon style graphique est un peu long à mettre en place et que j’ai parfois trop d’idées et d’envies par rapport à celles que j’ai le temps de réaliser, j’essaye d’en écrire pour d’autres. Mais tout de suite, il me vient des envies de découpages, de réalisation d’images et je me les mets de côté pour les réaliser moi-même après… Ce que bien sûr je ne fais pas… Mais je crois tout de même que j’aimerais bien essayer de collaborer avec quelqu’un… Cela me reposerait de ne me concentrer vraiment que sur un seul des deux aspects… L’ écriture ou l’image…

Sceneario.com : Quels sont vos projets ? Toujours du collage ?

Dimitri Planchon :  : Oui, le photomontage est pour l’instant le seul moyen graphique dans lequel j’arrive à accoucher à peu près convenablement de mes idées. Mes projets en cours ne sont pas encore assez avancés pour en parler mais disons que j’aimerais laisser provisoirement les histoires courtes et m’atteler à un récit plus développé.

Sceneario.com : Allez, merci beaucoup pour avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Bonne continuation et bon vent à Blaise !

 

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