ANGE relance Nemesis

Sceneario.com :

Qu’est ce qui t’a poussé à relancer Némésis ?

Ange : Pourquoi relancer Nemesis ? parce qu’on pouvait ! C’est une série que nous avons toujours adorée, et qui a une « base » de fans très motivés! Alain était d’accord pour s’y atteler à nouveau. Bref, trois auteurs très heureux de se replonger dans cet univers. Il n’y avait qu’à résoudre un seul petit souci : ce qui se passait dans Rebirth, le dernier tome de la série originale, sorti au début des années 2000 (les lecteurs de l’époque comprendront ce que je veux dire…)

Sceneario.com :

Pourquoi avoir choisi de ressortir la saison 1 de Nemesis en albums et non pas sous forme d’intégrale des cinq premiers tomes ?

Ange : Si on veut relancer une série, il faut que tous les tomes soient disponibles… Ce qui tue la plupart du temps une série c’est quand certains tomes manquent dans une continuité… Une intégrale, c’est bien, c’est pratique, on est sûrs que rien ne manque, mais c’est un format différent, c’est souvent un achat de fans, ceux qui, justement, connaissent déjà la série. Le fait de ressortir les cinq premiers tomes montre que la série est "en cours" et nous espérons qu’elle sera découverte par de nouveaux lecteurs.

Sceneario.com :

Cette fin alternative était-elle déjà inscrite quelque part dans tes cartons lorsque tu as écrit la série avant que le choix ne se porte sur la version Rebirth ?

Ange : Absolument! On ne sort pas le scénario d’un chapeau magique. Pour ceux qui ont bien lu le tome 5, et pour les autres qui peuvent aller vérifier, on s’était laissé cette possibilité. Quelques scènes avaient été conçues spécialement dans l’idée de cette nouvelle suite.
Mais en fait, ce n’est pas une fin alternative. C’est bien le vrai tome 6 de Nemesis qui vient de sortir.

 

Sceneario.com :

qu’est ce qui t’a poussé à réécrire cette nouvelle fin ?

Ange : Personne n’était satisfait de Rebirth, l’ancien tome 6. En BD, on ne peut pas trop faire de remake, de relaunch (même si ça, c’est un peu plus possible, mais avec des séries emblématiques et best sellers…). Par contre, avec une série de SF, en jonglant avec les paradoxes temporels, il est faisable de réécrire l’histoire et d’éliminer le maillon faible, ou plutôt de le transformer en « What If »… Et il faut avouer, cela faisait longtemps que nous rêvions tous les trois d’un futur noir, dystopique, de science-fiction pure et dure, bien sombre, mais avec une fin optimiste. Et Alain en avait très envie aussi pour des raisons graphiques. Une dystopie; ce n’est pas agréable à vivre, mais c’est agréable à dessiner (et à raconter!).  

Sceneario.com :

Est-ce le signe que Némésis ne s’arrêtera finalement pas avec ce 6ème tome et qu’une suite est prévue, une seconde saison ?

Ange : Et comment! Non seulement elle est prévue, mais elle est en cours – Alain a dépassé la moitié du tome 7… mais au-delà d’une seconde saison, c’est la suite de Nemesis. Il y aura deux tomes, les tomes 7 et 8, et ensuite, tout dépendra du résultat des albums. (message aux lecteurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire…)

Sceneario.com :

Cette nouvelle fin est-elle le signe que le temps a réellement des soubresauts, c’est un nouveau futur possible de la série ?

Ange : Tout est possible – c’est une réponse de scénaristes qui ne veulent pas se fermer des options. Mais il faut faire attention de ne pas trop jouer avec le temps, si rien n’est fixé, si tout peut être réécrit, les lecteurs n’auront pas de raison de s’attacher à l’histoire racontée – s’ils pensent qu’elle ne "compte" peut-être pas et que nous allons lé détricoter dans le tome suivant. Une fois, c’est sans doute assez! 

Sceneario.com :

La réflexion sur l’avenir de l’humanité qui est implicite dans ces récits d’anticipation te tient particulièrement à cœur ?

Ange : Honnêtement… Non. Je me souviens, à la création de Nemesis, notre directeur de collection nous avait demandé quel était le message de Nemesis, et nous lui avions répondu: "Il n’y en a pas". Il était un peu choqué… et amusé… et peut-être soulagé d’entendre des auteurs qui n’essayaient pas de lui faire passer une philosophie approximative. Nemesis est de la "littérature de genre", le nouveau tome 6 est un jeu sur les codes du futur dystopique, de la fin du monde, du paradoxe temporel, etc. C’est un hommage à toutes nos lectures de SF, ce n’est pas une réflexion sur l’avenir de l’humanité. Nous ne pensons pas que la fin du monde va venir d’Entités Aliens passant par des failles créées par les essais nucléaires. 
(En fait, nous savons d’où viendra la fin du monde, mais nous avons juré aux Grands Anciens de ne rien révéler.)

Sceneario.com :

Que répondrais-tu à la question que se pose Fisher : Est-ce que le bonheur est la résultante d’une succession de choix ?

Ange : Oui! Il a raison. Et a contrario, on connait tous pleins de gens qui font volontairement les mauvais choix pour être à chaque fois malheureux…

Sceneario.com :

A côté de la distraction apportée par la lecture d’un album, la bande dessinée doit elle aussi servir à bousculer un peu les neurones ?

Ange : Bien sûr! Mais il y a de nombreuses manières de les bousculer et être chiant et se prendre au sérieux n’est pas une obligation…

Sceneario.com :

La création d’un monde ou d’un être parfait te fait peur ?

Ange : Non. 

Sceneario.com :

Bon, allez, est-ce qu’il y aura une saison 2 de Némésis ?
Oui. Enfin il y aura d’autres tomes, qui sortiront sans doute tous les deux l’année prochaine.

Sceneario.com :

Merci beaucoup de nous avoir consacré un peu de ton temps, nous avons hâte de voir les prochains développements de ce thriller futuriste.