La piste cavalière

Rose-Mai est en train d’écouter son grand-père lui raconter comment, lors de la guerre d’Algérie, il a été sauvé par un cheval, lorsque son amie Betty vient la récupérer pour descendre dans le sud de la France. En effet, la jeune fille, permis poids lourds en poche, a été embauchée par cette dernière pour aller faire ensemble des travaux de terrassement pour une piste cavalière dans un domaine audois appartenant à une lady anglaise. Après une halte à Sarcelles, au cirque Luzerne, pour admirer deux frisons, une bonne pause resto, un coup de main donné à un châtelain dans l’embarras et une nuit à rouler, Rose-Mai et Betty finissent par atteindre leur destination finale. Là, au domaine des Ecuries du Commandeur, elles sont accueillies par le gérant, Jean-Loup Walter, perturbé par l’accident de son maçon. Logées dans une caravane, les deux jeunes femmes entament leur première nuit. Le lendemain, elles font la connaissance de Tiffany Killroy-Smith, la propriétaire, et procèdent à la reconnaissance des lieux. Autant dire que Rose-Mai et Betty vont devoir s’armer de patience eu égard à la somme de travail qu’exige l’aménagement de la piste cavalière et aussi à l’œil très critique à leur égard et à la vanité extrême de la propriétaire.

Par phibes, le 24 septembre 2017

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Notre avis sur La piste cavalière

Quelques deux années après la parution du tome 2 de la série Le baron fou, Michel Faure revient, cette fois-ci en solo, sur les étalages des libraires de France pour nous intéresser à une toute nouvelle histoire qui fleure bon la passion des chevaux.

C’est au travers du parcours de deux jeunes femmes homosexuelles que l’artiste a voulu, dans une sensibilité généreuse, nous faire partager cette affection. A l’issue d’une introduction historique (qui a son importance), l’évocation qui en découle se veut plutôt linéaire et se nourrit d’une simplicité redoutable. Via les pérégrinations de ce duo féminin plein de charme et contrasté maniant sans difficulté de gros engins de chantier, l’équipée mise en place a le mérite de se dérouler certes un tantinet à l’emporte-pièce vers une finalité qu’on peine à percevoir mais qui se précise dans les dernières planches.

Il va de soi que le relationnel intimiste entre les deux filles au caractère différent est des plus rafraîchissants et qu’il génère des réparties non dénuées de naturalité touchante. De par leur périple en direction du Midi, elles donnent lieu à des rencontres humaines surprenantes au cœur desquelles le penchant pour l’équidé reste bien marqué. Par ailleurs, leur intervention au domaine des Ecuries du Commandeur est l’occasion de nous installer dans une petite intrigue policière intéressante qui a le mérite de faire triompher la sincérité et de venir boucler la boucle.

Il ne fait aucun doute que compte tenu du potentiel artistique de Michel Faure, le travail illustratif est de haute volée. Son coup de crayon est des plus adroits, eu égard au réalisme harmonieux mis en avant. Ses personnages sont dotés d’une humanité confondante. Rose-Mai et Betty, en particulier, jouissent d’un charisme désaltérant, plein de naturalité et de spontanéité. On saluera également l’esthétisme des décors et le beau travail de restitution des chevaux traduisant un réel penchant pour l’animal, le tout à la faveur d’une colorisation bien efficace.

Une histoire complète pétulante portée par des protagonistes touchants qui ont le privilège de vous transporter dans des péripéties qui allient surprise et liberté. Du très bon Michel Faure !

Par Phibes, le 24 septembre 2017

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