Il s'appelait Ptirou

Ce soir de Noël 1959, dans une demeure de la banlieue de Charleroi, trois enfants retrouvent leur oncle Paul et lui demandent un de ses fameux récits. Ce dernier s’exécute et revient sur un épisode vieux de presque trente ans, à l’origine du personnage de Spirou…
Oncle Paul revient alors pendant la Grande Crise économique de 29. Les entreprises ferment, les gens n’ont plus d’argent, ils font la grève pour tenter d’obtenir un tant soit peu de justice, mais rien n’y fait. Henri de Sainteloi, grand patron de la Compagnie Générale Transatlantique, poussé par ses actionnaires, doit licencier de nombreux employés. Pour échapper un temps à la tourmente, il décide de se rendre à New York et d’y emmener Juliette, sa fille unique, atteinte d’une grave insuffisance cardiaque.
Non loin de Paris, le cirque Marcolini vient de perdre sa trapéziste vedette, Madly, qui laisse orphelin Ptirou, son fils. Ce dernier décide de quitter les saltimbanques pour partir en Amérique. Embarqué clandestinement, il rencontre sur le paquebot Juliette et son père…

Par fredgri, le 23 novembre 2017

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Notre avis sur Il s’appelait Ptirou

C’est en découvrant les confidences de Rov-Vell qui révéla s’être inspiré d’un jeune mousse, embarqué sur un paquebot ou il travaillait, pour créer le personnage de Spirou, que Yves Sente et Laurent Verron auraient eu l’idée de cet album assez atypique !
Après tout, en plus de la série mère "Spirou et Fantasio" on a eu l’habitude de voir de temps à autre arriver les albums "Vu par…", mais ici, il n’est plus question de proposer une énième version, mais bel et bien de revenir aux sources du personnage, cette essence qu’un jour capta l’artiste dans le regard de ce gamin, dans ses mèches folles et cette énergie incroyable !
Sente en profite pour glisser une petite référence à cet Oncle Paul, figure mythique du journal pendant des décennies, qui va nous raconter alors l’histoire que nous découvrons dans cet album.

Sente appuie tout de suite sur la corde sensible en forçant les bases émotionnelles de ses personnages. Ainsi, Ptirou perd sa mère, tandis que la petite et fragile Juliette peine à échapper à la maladie qui la ronge. On est touché profondément par ces personnages marqués par la vie, mais qui ne baissent pas les bras, qui sourient et restent curieux du monde qui s’ouvre à eux !
Mais très vite, le scénariste rythme le récit d’un enchainement de petits rebondissements particulièrement captivants. On suit Ptirou qui s’introduit sur le paquebot, on découvre que certains syndicalistes entreprennent de saboter le bateau pendant sa croisière, on observe les premiers regards échangés entre le jeune garçon et Juliette, tandis que se tissent deçi delà des liens qui vont avoir leur importance dans la suite de l’histoire !

Mais ce qui est vraiment bien vu dans cet album, c’est la subtilité avec laquelle Sente brosse ces divers portraits. Certes, il insiste beaucoup sur le côté pathos, mais il ne tombe pas non plus dans la surenchère. Malgré le fond assez dramatique, le récit reste vif, avec une pointe de légèreté qui rend tout ce petit monde très attachant. On est à leur côté, on les entend rire ou crier, on regarde Ptirou qui virevolte, qui tente tout ce qu’il peut pour venir en aide à la jeune fille pour qui il a beaucoup d’affection…

J’ai réellement beaucoup aimé cette lecture, d’autant que le dessin de Laurent Verron est absolument magnifique, plein de vie, d’expressivité, une vraie leçon de bande dessinée à chaque page.

Je ne suis juste pas très fan de cette fin. Je ne vais pas plus développer cette partie de ma chronique, car ça serait trop vous en dire, mais j’aurais nettement préféré autre chose !

Toujours est-il qu’on a ici un remarquable album, plein de finesse et très dynamique. Un excellente lecture !

Par FredGri, le 23 novembre 2017

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