Zone blanche

Paris est plongé dans le noir suite à une panne électrique générale. Serge Guérin qui rentrait chez lui ne peut accéder à son appartement, le digicode de la porte d’entrée étant bloqué. Aussi, considérant le froid sibérien qui sévit sur la capitale, le sans domicile d’un soir se rabat tout d’abord sur un café pour tenter de téléphoner à sa logeuse et ensuite sur l’hôtel qui se trouve à proximité. Malgré sa mésaventure, Serge est détendu de par le fait qu’électro-sensible de nature, il ne subit pas en ce moment les effets néfastes des ondes magnétiques qui l’entourent et l’agressent en permanence. Dans sa béatitude, il fait la connaissance de Claire, jeune femme qui connaît les mêmes déboires et avec qui "le courant" passe rapidement. Ensemble, ils passent aux confidences et fomentent quelques projets. Quelques temps après, Serge est retrouvé non loin d’Arbonne, mort au pied d’un arbre, une balle dans le front. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

 

Par phibes, le 10 septembre 2012

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Notre avis sur Zone blanche

Après son récit de vacances en deux tomes (Tous à Matha T1 et 2), Jean-Claude Denis, qui peut se targuer d’être titulaire du Grand Prix d’Angoulême 2012 et le futur président du prochain festival charentais, signe à nouveau chez Futuropolis pour publier son dernier roman graphique. Ce dernier fait un break avec la légèreté des ambiances souvenirs de jeunesse pour se focaliser sur une autre histoire, plus sombre comme peut en témoigner le premier de couverture menaçant.

C’est donc dans des circonvolutions policières que le lecteur est appelé à retrouver l’artiste au parcours éclectique et au travail qui n’en est pas moins. En effet, ce dernier, dès les premières planches, donne le ton de son ouvrage en présentant la base de son intrigue à savoir l’assassinat du sieur Guérin. A partir de ce drame, l’histoire qui n’échappe pas à un certain questionnement, prend son cours, en se divisant en deux flux, l’un lié à l’enquête présente, l’autre se déroulant dans le passé pour comprendre le pourquoi de ce crime.

L’on reconnaîtra bien volontiers que Jean-Claude Denis réalise ici une histoire des plus surprenantes. Loin de pénétrer les arcanes d’un thriller étouffant, celui-ci préfère s’attacher, dans une simplicité narrative et évènementielle, toujours attaché à une certaine humanité, à dresser un parcours atypique d’un homme commun, victime d’une maladie "moderne", promis à une rencontre qui va modifier sa destinée. Malgré tout, si la spontanéité est de mise, l’artiste est loin de se reposer sur ses lauriers et dans son entrelacs de séquences temporelles, nous entraîne judicieusement dans un drame, sans réelle violence, animé par un jeu de personnages abouti, porté par des inflexions sombres de manipulation et à la finalité assurément insoupçonnée.

Côté graphique, Jean-Claude Denis reste dans une évocation qu’il maîtrise au mieux. Son trait est aussi généreux que sa prose et permet de mettre en exergue, là aussi dans une naturalité picturale qui le caractérise, des personnages aux allures communes convaincants. Ses effets de lumières dans le noir et sa colorisation générale sont des plus réussis et donnent indéniablement, malgré la thématique dramatique, une chaleur des plus agréables.

Un one-shot aux accents policiers surprenant sur un drame remarquablement mis en place et fortement appréciable.

 

Par Phibes, le 10 septembre 2012

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