Zeste

Elle était amoureuse de lui, mais leur histoire ne pouvait pas être aussi simple que celle des autres… Lui était accro à la drogue, à l’héroïne. Alors, lorsqu’il prenait la main qu’elle lui présentait volontiers, il l’entraînait inévitablement sur ces chemins peu sûrs jalonnés par l’insalubrité, le spectre de la mort, la perte de repères ou encore le jugement des autres…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Lire les premières pages de Zeste

Publicité

Notre avis sur Zeste

 
Avec du recul, l’auteure Céline Wagner revient sur une période de sa vie qui a inspiré cette bande dessinée, une période chaotique pendant laquelle elle a conjugué l’Amour avec un homme qui se droguait. Loin de redonner vie à ses souvenirs dans de sombres décors, Céline Wagner a au contraire préféré faire exploser ses confidences dans un tourbillon de couleurs, de symboles et de métaphores.

La couverture en dit d’ailleurs assez long sur différents aspects de cette œuvre, évoquant à demi mots des sujets abordés dans le récit comme la jeunesse en marge (le tag) et la drogue (le mot zeste) mais donnant aussi le la en ce qui concerne le style graphique que Céline Wagner a choisi d’utiliser pour nous inviter dans sa rétrospective : la peinture, la couleur directe.

Après les autres bandes dessinées qu’elle a co-signées avec Edmond Baudoin aux éditions Dupuis et Tartamudo, l’artiste a cette fois pris en main la totalité de la réalisation de Zeste : le scénario, le dessin et les couleurs ; des couleurs franches, lumineuses, épaisses… vivantes, quoi ! C’est vrai qu’elle ne font pas atteindre aux vignettes un niveau de détail très poussé, c’est compréhensible, mais elles réussissent cependant à faire de la bande dessinée une sorte de diaporama qu’on prend vraiment plaisir à parcourir. Et quand je parle de diaporama, c’est voulu : la narration comme le dessin, très poétiques et pleins de métaphores, permettent à des sujets aussi divers que des animaux, des nus, des tableaux, des caricatures, etc, d’apparaître au beau milieu du livre traitant quand même d’un sujet de société grave !

La narration, principalement en voix off, est très recherchée. Les phrases sont toutes savamment construites, bien formulées, peut-être au point qu’une concentration minimale est obligatoire pour ne pas se noyer, au début, dans les flots de mots. Elle se superpose cependant par moments à des dialogues, faisant de certaines séquences des séquences à deux vitesses de lecture où les paroles de l’auteure se détachent de l’action décrite par les images. Une manière de ne pas lasser le lecteur avec un rythme trop monocorde.

Inutile de préciser que Zeste est quand même une œuvre spéciale, qui ne parlera pas forcément à tout le monde. Difficile, même avec la manière la plus belle, de faire pénétrer quiconque dans ces univers bien spéciaux. Le lecteur saura certes entendre, saura lire toutes ces situations qui lui sont présentées (à l’hôtel, le passage à tabac, les séjours dans les toilettes à l’abri des regards, etc…) mais est-ce que cela ne restera pas pour lui qu’un témoignage qu’il ne peut percevoir que de très loin ?

Quoi qu’il en soit, Céline Wagner a réalisé un très beau roman graphique et c’est aux éditions Des Ronds dans l’O que vous pouvez découvrir son témoignage, celui d’une femme pleine de volonté qui a choisi de prendre sa vie en mains alors même que sa moitié tendait elle à l’attirer sur des terrains beaucoup plus incertains…

Banlieue, amour, drogue… "Si tu vas en prison, je ne t’attendrai pas"
 
 

Par Sylvestre, le 14 octobre 2008

Nos interviews, actus, previews et concours

À propos

Actualités, interviews, previews, galeries et concours.

Publicité