LES ZAZOUS
All too soon

En juin 1940, Paris subit l’occupation allemande. Dans ce climat de tension permanente, Frankie se débrouille comme il peut et subvient aux besoins de sa jeune sœur Lola. Pour cela, compte tenu des mesures de restriction imposées par l’occupant, il joue au pickpocket. Jusqu’à ce qu’il soit pris en flagrant délit par les agents Hilaire et Célestin. Soumis à un interrogatoire corsé, il voit toutefois, grâce à l’intervention de Klébert, sa faute commuée en service. Acceptant d’enquêter pour le compte de la police, il est prié de surveiller la propre fille de son commanditaire qui semble avoir des activités souterraines. C’est en la suivant que Frankie va intégrer un groupuscule de jeunes se faisant appeler les Zazous. Qui sont-ils réellement ? Font-ils de la politique, prépareraient-ils quelques complots ou opérations secrètes ? A prime abord, il semblerait que leur objectif pour résister à l’occupant soit de danser et de partager entre bandes avec un brin d’insouciance leur passion du swing importé des Etats-Unis. Frankie va tenter d’en savoir plus et par là-même assister à l’émergence d’un engagement plus radical.

Par phibes, le 16 novembre 2021

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Notre avis sur ZAZOUS (LES) #1 – All too soon

Pour cette même année, après Degas, la danse de la solitude, le scénariste espagnol Salva Rubio initie une nouvelle équipée prévue en trois volets qui a pour base Paris sous l’occupation allemande. Par ce biais, il met à l’honneur ces fameux « Zazous », mouvement lancé par défi à l’oppression par la jeunesse parisienne passionnée par la culture anglo-américaine et par le swing et se distinguant dans un apparat bien caractérisé. Ce premier opus est l’occasion de nous éclairer sur ce mode culturel au travers les mésaventures d’un jeune voleur à la tire, Frankie, qui va être tout d’abord par obligation puis par conviction être lié à celui-ci.

Tout en nous plongeant dans ce contexte guerrier mondial qui vient quelque peu dramatiser la situation, Salva Rubio nous offre une autre facette de celui-ci, certes cachée mais beaucoup plus contrastée, plus libérée et plus jeune. Le concept mis en place est plutôt conventionnel mais a l’avantage de nous introduire dans une introspection bien surprenante au départ pour nous faire découvrir un microcosme rebelle au demeurant épris de musique américaine bien swinguante.

Cet épisode cale une intrigue structurée et documentée qui bien sûr bascule entre l’oppression allemande et les activités souterraines des Zazous. Evidemment, ne pouvant faire bon ménage, ces dernières vont bientôt générer une nouvelle prise de conscience et orienter les péripéties vécues par Frankie et sa bande d’adoption dans des dispositions plus tragiques et radicales à découvrir dans le prochain opus.

Par rapport à ses précédents albums comme Potlatch, Phagocytose et Maculas, Danide semble s’être remis en question en lâchant le style new wave qu’il affectionnait pour une conception assurément belle beaucoup plus réaliste. Le travail est indéniable, documenté, ne serait-ce au niveau des décors parisiens et aux tenues vestimentaires des fameux Zazous de l’époque. L’artiste a le sens du mouvement et sait capter les instantanés qui parlent d’eux-mêmes. Ces personnages sont particulièrement captivants de par leur bonhomie et leur expressivité soignées.

Un premier tome engageant qui fait un mix surprenant entre une époque sombre et des mélopées jazzies entrainantes. On attend la suite !

Par Phibes, le 16 novembre 2021

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