Young Romance

Ce volume de Young Romance, de Kirby et Simon, rassemble en un seul et même album deux recueils parus aux US chez Fantagraphics, et qui reprennent une sélection de numéros de Young Romance entièrement restaurés. Ce titre, crée par le duo d’artistique, va ensuite être en partie responsable de l’essor des séries de romance aux Etats-Unis d’Après Guerre et va rapidement battre des records de vente. Il est ici question de jeunes mariés qui doivent refaire leur vie, de belles jeunes filles amoureuses du mauvais garçon, de femmes intéressées par l’argent, mais qui découvrent l’amour vrai…

Par fredgri, le 27 août 2018

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Notre avis sur Young Romance

Quand on commence cette lecture on ne peut, malgré tout, oublier de contextualiser.
On est bel et bien dans les années 50, les super-héros ne sont plus (momentanément) à la mode et il faut redynamiser un genre assez peu mis en valeur, la romance. D’autant que très vite, dans cette ambiance d’après guerre, il y a une vraie volonté de présenter une sorte de perspective progressiste et volontariste, bien dans l’axe de l’American Way tel qui est défendu alors.
Toutefois, nous sommes aussi dans une période pré-Comic Code, Kirby et Simon gardent peut-être un schéma global ou tout finit bien, ou les personnages arrivent forcément à s’en tirer, mais il est aussi question de mettre une certaine Amérique face à ses préjugés, avec des héroïnes qui prennent les devants, qui prônent une certaine indépendance. Et même si leur rêve ultime c’est de se marier, de vivre heureuses, avec un mari aimant, le chemin pour y arriver n’est pas si facile et elles sont assez souvent confrontées au regard des autres, aux idées reçues !

Et c’est certainement en ça que cette lecture devient plus intéressante, en fait. Car non seulement il est dressé devant nous le portrait d’une Amérique qui arrive à se sortir de toutes les situations, mais qui doit aussi apprendre à composer avec les générations qui se suivent, qui ne se comprennent pas toujours, avec cette société qui se stigmatise beaucoup. Ce qui rend tout de suite chacune de ces histoires assez prenante, voir même divertissante !
Et il ne faut pas tomber dans le piège de n’y voir qu’un vague relent d’une époque depuis longtemps révolue, un document passéiste qui met en avant le Kirby pré Marvel version Stan Lee. Car au delà de ce contexte, c’est surtout un regard sur les rouages d’un genre qui a été depuis digéré et qui dévoile devant nous sa dynamique. Une première page choc qui met en avant une situation qui va être ensuite décortiquée dans un court récit de 8 pages environ. On retrouve exactement le même processus narratif que dans les EC Comics par exemple et c’est probablement ce qui inscrit, en effet, le plus ces histoires dans une période très précise de l’histoire des comics.

Alors, c’est vrai que Kirby & Simon peuvent parfois se répéter, qu’ils restent tout du long extrêmement scolaires dans leur construction, insistant bien sur chaque points du récit, sur les éléments importants à bien garder en tête. On est dans une approche très didactique ou il n’est nullement question de se creuser davantage els méninges pour comprendre ce qu’on lit.
A cette époque, les jeunes lecteurs se réfugient dans les comics de Western, de SF et de Romance, ils s’évadent ou espèrent se rassurer avec le reflet d’une Amérique rassurante, et les Young Romance deviennent vite le fer de lance d’une mouvance qui va vite envahir les rayons des comics shop, qui va se décliner en une multitude de copies (à la façon des comics de super-héros qui pullulèrent dans les années 40, reproduisant souvent les mêmes variations !) Kirby et Simon gardent une cadence infernale, produisant des centaines de planches qui animent le titre pendant des années. Le dessin s’affine, quelques fois devient un peu trop rapide, mais il garde une sorte d’énergie, de vie qui préfigurent la fulgurante que l’artiste va ensuite atteindre avec Marvel !

Encore une fois, bien plus que d’être un simple document, Young Romance nous propose des histoires qui restent vraiment agréables à grignoter de temps en temps.

A consommer sans modération…

Par FredGri, le 27 août 2018

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